Noël Mamère prend partie pour la castagne

L’ancien maire de Bègles (Gironde) et ex-candidat écolo à la présidentielle de 2002 fait suite, dans une tribune, aux affrontements de Sainte-Soline. Il y dénonce la stigmatisation des militants écologistes et la guerre menée contre eux. Des Internautes s’écharpent, la contre-violence de la génération climat par la violence est-elle légitime ?

Noël Mamère en avril 2022 : La FNSEA vient d’élire à sa présidence le patron d’Avril, puissant groupe agro-industriel international, dont la devise « Servir la terre » sonne comme une provocation. Parce qu’elle se sent trahie, la génération de jeunes militants constate les limites des marches pour le climat et des happenings bon enfant. Elle se contentera de moins en moins de la désobéissance civile non violente, pourtant inscrite dans notre culture politique depuis le XIXe siècle. Pour cette génération, la désobéissance est devenue « résistance », avec tout l’imaginaire qui l’accompagne. Il ne faudra pas s’étonner si certains basculent dans des formes d’activisme incontrôlables.

Les tenants du système thermo-industriel

contre le point de vue des écologistes

walhalla : C’est plutôt les écologistes radicaux qui ont décidé d’une guerre totale contre l’état de droit, non ?

Où atterrir : Euh…de la soupe sur un tableau vitré, des personnes enchaînées aux portes, allongées sur une route…c’est cela la guerre totale? La guerre totale, si on ne fait rien, vous l’aurez et elle sera sans commune mesure: mega-feux, mega-canicules, mefa-sécheresses, mega -empêtes, montées des eaux… Aujourd’hui, on peut éventuellement parler de guerre totale pour la guerre que mène l’humanité contre le vivant et le climat.

Mauvais sang : C’est clair, il s’agit d’une déclaration de guerre totale de la part de Noël Mamere. Il pose ainsi une justification préalable d’actes éco-terroristes à venir. Il fait partie des gens qui perdent régulièrement les élections et ont pourtant décidé d’imposer leur loi au peuple. Ils auront la réponse sans faiblesse d’un état démocratique, avec l’utilisation légitime des forces de l’ordre.

Aelsa : Je suis sidérée par le nombre de commentaires (suivant servilement les éléments de langage gouvernementaux) qui se réfèrent à « l’Etat de droit » ou à la « loi » comme arguments ultimes, après lesquels tout un chacun n’aurait plus qu’à observer un silence quasi religieux. La culture historique la plus sommaire devrait pourtant indiquer que dans certains cas, c’est dans le non-respect d’une loi injuste que réside la défense de l’intérêt commun. A tout le moins doit-on pouvoir débattre sur le fond et non brandir le respect de la loi comme réponse à toute interrogation sur le bien-fondé de certains projets, comme les mégabassines (l’histoire de l’enquête publique est une vaste blague). La loi évolue dans le temps pour suivre ce qu’une nation estime être juste. C’est sur ce point qu’il faut discuter : est-il juste de réserver l’eau (par exemple) à quelques-uns ? Est-il juste de compromettre par la préservation du statu quo la survie d’autres espèces, et de la nôtre ?

Daniel Lattanzio : Cette tribune justifie les exactions à venir, non celles des groupes ultra violents mais des simples militants écologistes persuadés de « défendre l’intérêt général et le bien commun ». J’appelle cela mettre de l’huile sur le feu. Et certains ici disent merci. Irresponsable.

ti Gilou : Merci M. Mamere pour votre tribune. Elle exprime clairement ce que je pense.

PERSPICACE : Dans la mesure où Noël Mamère considère légitime « la désobéissance civile », il en conclût forcément que les écologistes sont au dessus des lois de la République…

Une arlésienne : Comment doit-on faire pour s’opposer à un crime écologique, une fois que l’on a expliqué poliment que ce n’était pas bien, mais qu’on vous a juste envoyé des gendarmes armés d’armes de guerre inconnues dans les démocraties voisines ?

PMF : On s’étonne de l’incapacité des Verts à s’affranchir de cette pensée gauchiste totalement inutile à la cause environnementale. Avec N. Mamère, on se rappelle ici que ça vient de très très loin. Comme une sorte ADN. Aucun risque de mutation, sauf par manipulation génétique.

Fer : Macron et sa bande de thuriféraires vivent encore dans les Trente Glorieuses. C’est leur référence idéologique. Incapables de changer, d’évoluer, d’observer. L’obstination poussée à son paroxysme, par hubris. Nucléaire, agriculture intensive, élevage industriel, chasse pêche traditions, ventes d’armes, autoroutes, aéroports, Jeux Olympiques… C’est effarant d’en être encore là en 2023. Et de stigmatiser tous ceux qui voudraient changer.

-Alazon- Imagine-t-on la même tribune d’un nationaliste ou d’un islamiste ? Il dormirait en prison et les groupuscules auxquels il appartient seraient dissous depuis longtemps. Les appels à l’illégalité et à la violence des écologistes ne doivent plus être tolérés. Ces gens doivent apprendre à respecter les décisions des urnes.

DP4 : Merci M Noël Mamere, en tant qu’agriculteur retraité et après 44 ans dans l’élevage, j’affirme que l’on peut produire sans de mégabassines et que celles-ci ne servent que la volonté d’une minorité de vouloir faire continuer coûte que coûte un système de production obsolète. La FNSEA et ses acolytes coopératives, n’ont jamais défendu la bio, et on même tout fait pour éviter son développement, en canalisant ces marches vers ses structures, et en les étouffants. L’écologisme sera au 21ème siècle ce que le communisme a été au 20ème… un vent de révolte contre un système agro-industriel injuste et aujourd’hui destructeur.

Colette.19 : Merci pour cette tribune. Quant aux « fans » du productivisme, de l’agriculture industrielle (dont l’objectif n’est pas de nourrir les populations mais d’enrichir une minorité), de l’empoisonnement des terres, de l’eau, du vivant …, je plains leur aveuglement, ou leur paresse intellectuelle, ou leur soumission, surtout devant les conséquences de plus en plus désastreuses du réchauffement climatique. La servilité ne fait pas des humains « libres ».

Noël Mamère en novembre 2022 : Dans le cas des bassines, c’est une faute que de jeter en pâture des militants et militantes qui n’ont d’autre souci que de préserver l’avenir de l’humanité. Cette qualification infamante adressée à des militantes et militants qui, dans leur immense majorité, ne font que s’inscrire dans une longue tradition de désobéissance à de grands projets inutiles, a été mûrement réfléchie au sommet de l’État. Avec l’objectif de nous imposer son vocabulaire, relayé par de nombreux médias et réseaux sociaux, pour dicter ses valeurs ! Les tactiques militantes peuvent allier le refus de tout compromis et le recours à des actions illégales pour s’attaquer à des projets jugés nocifs pour le vivant.

Lire aussi, Mamère quitte EELV, les rats veulent diriger la danse (2013)

 

6 réflexions sur “Noël Mamère prend partie pour la castagne”

  1. Il faut remettre un peu les choses dans leur contexte … on a eu plus de 10000 manifestants et de 100 à 300 blackblocks qui étaient là pour la castagne … et qui étaient déjà là pour défendre la destruction des fonds marins avec les pêcheurs la veille. Le problème, c’est justement ce que dénonce Mamère, l’amalgame et la criminalisation de tout le mouvement et de sa lutte. Il faut rappeler que ces bassines privées sont payées à 70% avec des fonds publics et seuls 6% des agriculteurs y ont droits (seulement ceux qui pratiquait l’irrigation avant). En gros, cela permet au plus gros de préempter l’eau et de ne rien laisser aux autres. Sainte Soline est une ancienne zone humide qui a été drainée et dont les talus ont été rasés pour permettre la culture du maïs à grand échelle.

    1. Les verts nous donnent depuis 50 ans un message simple: si nous ne changeons pas radicalement notre mode de développement mortifère, notre addiction à la croissance des biens matériels, notre égoïste destruction du vivant, nous allons dans le mur. Tous les scientifiques ne cessent de dire qu’ils ont raison sur l’essentiel. Mais les lecteurs du Monde, comme la plupart de nos gouvernements démagogues, ne veulent pas entendre cette vérité gênante.

  2. Ce sont ceux qui pratiquent une pêche non durable qui détruisent des biens pourtant fait pour le bien commun. De l’Office français de la biodiversité à Brest (OFB), il ne reste que des morceaux de tôle calcinés et des dossiers détrempés par les lances des pompiers : le bâtiment, construit en 1902, a subi un incendie dans la nuit du 30 au 31 mars, après une manifestation de pêcheurs ; environ trois cents fusées et feux de détresse, de ceux qui équipent les navires de pêche, ont été jetés sur les locaux de l’OFB. Est-ce du terrorisme ? Une enquête est ouverte.

  3. Comme d’autres Noël Mamère ne fait là que condamner le gouvernement au sujet de cette violence spectaculaire qui a mis le feu à Sainte-Soline. Autrement dit il l’accuse et le rend responsable de ces violences, et notamment de cette violence policière, dite violence d’État, ou encore légitime. Et alors ? Où est le crime ?
    Là encore ne faisons pas dire à Untel ou Ontel ce qu’il n’a pas dit. Et faisons attention aux mots que nous utilisons, d’autant plus que la confusion est grande et l’esprit critique en berne. Non, expliquer ce n’est pas excuser ! Encore moins cautionner ou prendre parti, être POUR etc. Non, un cercle n’est pas un carré ! NON, le monde ne se divise pas en deux camps, d’un côté des POUR et de l’autre des CONTRE etc. etc.
    En plus, nous ne devrions même pas avoir besoin de le réexpliquer.
    – « Expliquer, c’est déjà vouloir un peu excuser » : la cinglante réponse des chercheurs à Manuel Valls (Le MONDE 04 mars 2016)

    1. Sauf que Mamère commet une grave erreur en usant et abusant des mêmes «amalgames langagiers» (sic) qu’il condamne chez Darmanin. S’il a raison de dire que le gouvernement cherche à stigmatiser et criminaliser certains écologistes (voir le dictionnaire) , l’accuser de mener une «guerre totale contre les écologistes» (sic) est une absurdité.
      Et je doute que ne soit là qu’une étourderie à mettre sur le compte de cette confusion que j’évoquais plus haut. Mamère sait que les mots ont un sens.
      Ce n’est pas parce que le mot «guerre» se conjugue désormais à toutes les sauces (guerre contre le Covid, contre tout et n’importe quoi) qu’il faut jouer à ce jeu là. À ce moment là accusons le gouvernement de mener une guerre totale contre les fonctionnaires, contre les profs, les médecins etc. ( à suivre )

      1. Non, la notion de «guerre totale» (comme «terrorisme» etc.) ne doit pas être utilisée à tort et à travers. Parce qu’on voit ce que ça donne.
        Ne serait-ce qu’ici dans cette sélection de commentaires (walhalla ; Mauvais sang ; Daniel Lattanzio , Alazon…) Du grand n’importe quoi !
        Aujourd’hui le moindre mot, de travers ou pas, crée une polémique qui finalement ne fait qu’en rajouter à la confusion. Et à échauffer encore plus les esprits.
        Le risque, en plus, c’est que désormais plus personne n’ose dire quoi que ce soit. Hors-mis bien sûr tous ceux qui se régalent à balancer n’importe quoi.
        Le risque alors, c’est que notre démocratie, déjà en piteux état, ne devienne une misérable sondocratie. Que le citoyen ne soit plus capable que de cliquer sur POUR ou CONTRE. Que la connerie devienne la raison etc. etc.

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