Quelques citations en guise de résumé, classées selon les choix de biosphere qui ne sont pas forcément ceux de Hitchens :
1/7) la religion, fabriquée par les humains
- La foi religieuse, précisément parce que nous sommes des créatures en cours d’évolution, est indéracinable. Elle ne disparaîtra jamais, du moins tant que nous ne vaincrons par notre peur de la mort, des inconnus et des autres. C’est pourquoi je ne l’interdirai pas si j’en avais le pouvoir. Malheureusement, la religion est incapable d’une telle tolérance. La religion empoisonne tout.
- Il n’y a rien de dédaigneux à souligner que les gens manifestent leur crédulité, leur instinct grégaire et leur besoin d’être dupés. C’est un problème vieux comme le monde. La crédulité peut être une forme d’innocence, inoffensive en soi, mais elle invite les méchants et les malins à exploiter leurs semblables. Elle est donc l’une des grandes faiblesses de l’humanité. Aucune description de l’expansion et de la persistance de la religion n’est possible sans tenir compter de cette réalité.
- Il semble possible, en se plaçant sur un plan psychologique, qu’il soit préférable pour certains de croire en quelque chose plutôt qu’en rien, si erroné que ce quelque chose puisse être.
- Dieu n’a pas créé l’homme à sa propre image. C’est bien sûr l’inverse : explication évidente de la profusion des dieux et des cultes, et des luttes fratricides au sein de chaque religion et entre elles, et qui ont tant retardé le développement de la civilisation.
- Si les triangles avaient des dieux, ceux-ci auraient trois côtés.
- Une preuve que la religion est anthropomorphique, c’est qu’elle est généralement élaborée par l’homme, au sens masculin du mot. Le livre saint le plus ancien - le Talmud - ordonne au pratiquant de remercier chaque jour son créateur de n’être pas né femme.
- Les religions n’auraient jamais pu naître, et encore moins prospérer, sans l’influence d’hommes aussi fanatiques que Moïse, Mahomet ou Joseph Kony (ndlr : leader de l’armée de résistance du Seigneur au Congo), tandis que la charité et l’humanitaire sont les héritages du modernisme et des Lumières.
2/7) l’élaboration historique de la religion
- Les Chinois aux premiers missionnaires chrétiens : « Si dieu s’est révélé, comment a-t-il pu laisser s’écouler tant de siècles avant d’en informer les Chinois ? »
- Sur les milliers de religions possibles, il se trouve qu’une bouture a pris racine et a poussé. En passant par ses mutations juives pour atteindre sa forme chrétienne, celle-ci a été finalement adoptée par l’empereur Constantin, et érigée en religion officielle. Quant à l’islam, il est devenu l’idéologie d’une conquête victorieuse, qui a été adoptée par diverses dynasties régnantes, codifiées et promulguée comme loi du pays.
- Combien de saints, de conciles et de conclaves sont-ils nécessaires pour pouvoir d’abord établir un dogme, puis – après d’infinies souffrances, absurdités et cruautés – être contraint de l’abroger ?
- Puisqu’il faut supposer que Marie parlait araméen et Mahomet arabe, on doit pouvoir accorder que dieu est en fait polyglotte et peut parler n’importe quelle langue. Il n’en demeure pas moins que toutes les religions ont farouchement résisté à toute tentative de traduire leurs textes sacrés en langages « compris du peuple ».
- L’islam n’est guère plus qu’une collection mal agencée de plagiats, puisés dans des traditions et des ouvrages antérieurs selon les exigences du moment.
- Mahomet est mort en l’an 632 de notre propre calendrier. Le premier récit de sa vie a été écrit 120 bonnes années après par Ibn Ishaq ; l’original a été perdu.
- La situation est encore plus incertaine et déplorable en ce qui concerne les hadiths, cette vaste littérature secondaire de tradition orale, supposé transcrire les paroles et les actes de Mahomet et les dires des compagnons du Prophète.
- Nombre des hadiths n’étaient que des versets de la Torah et des Evangiles, des dictons rabbiniques, des maximes persanes antiques, des passages de philosophes grecs, des proverbes indiens et même une reproduction presque mot à mot du « Notre-Père ».
3/7) religion = soumission
- C’est au moyen des dieux que nous élevons notre stupidité et notre crédulité à un niveau indescriptible.
- Une foi qui méprise l’intellect et la liberté individuelle, qui prêche la soumission et la résignation, et qui considère la vie comme misérable et transitoire, est mal préparée à l’autocritique.
- Si la religion parle de la béatitude de l’autre monde, c’est le pouvoir qu’elle veut dans celui-ci. Comme il se doit. N’est-elle pas entièrement de fabrication humaine ? Et elle n’a même pas assez confiance en ses propres prédictions pour accepter que coexistent différentes croyances.
- La religion est le soupir de la créature accablée, l’âme d’un monde sans cœur, elle est l’opium du peuple. Nier la religion, ce bonheur illusoire du peuple, c’est exiger son bonheur réel (Karl Marx).
- La posture lors d’une prière évoque généralement le serf suppliant un monarque acariâtre. C’est un message de soumission.
- Presque toutes les religions, du bouddhisme à l’islam, présentent un prophète ou un prince qui s’identifie aux pauvres, mais qu’est-ce sinon du populisme ? Les religions choisissent de s’adresser d’abord à la majorité, qui se compose de pauvres, d’angoissés et d’incultes.
- Les chrétiens les plus dévots faisaient les propriétaires d’esclaves les plus cruels. Le Tout-Puissant s’est arrangé pour tolérer le fait que plusieurs générations naissent et meurent sous le fouet, jusqu’à ce que, l’esclavage devenant moins profitable, même l’empire britannique songe à y renoncer.
- Le totalitarisme laïque nous fournit le summum du mal humain. Mais on constate presque invariablement que ces dictateurs étaient considérés comme des dieux, ou des chefs d’église. On ne leur devait pas que l’obéissance : toute critique à leur encontre était sacrilège par définition, leur moindre parole constituait une loi sacrée.
4/7) la preuve sans dieu
- Ce qui peut être affirmé sans preuves peut aussi être écarté sans preuves. L’argument d’autorité est le plus faible de tous.
- Toutes les religions prennent soin de réduire au silence ou d’exécuter ceux qui les remettent en question. Cette tendance récurrente me paraît un signe de leur faiblesse plutôt que de leur force.
- Toute cause première présente des difficultés, puisqu’une cause nécessite elle-même une autre cause. Par conséquent, postuler un créateur ne fait que soulever la question à laquelle il est impossible de répondre : qui a créé le créateur ? La religion, la théologie et la théodicée ont constamment échoué à réfuter cette objection.
- Napoléon voulut savoir pourquoi dieu n’apparaissait pas dans les calculs époustouflants de Laplace. Celui-ci laissa tomber cette réponse réfléchie : « Je n’ai pas besoin de cette hypothèse, Sire. »
- Qu’est-ce qui est le plus vraisemblable – qu’un homme serve à dieu de transmetteur pour communiquer des révélations déjà connues, ou qu’il énonce des révélations déjà existantes en croyant, ou en prétendant, que dieu lui a ordonné de le faire ?
5/7) vivre sans dieu
- Si l’instruction religieuse n’était pas autorisée avant l’âge de raison, notre monde serait très différent.
- Quiconque se soucie de sécurité ou de dignité humaine ferait mieux de prier pour une vague massive de laïcité démocratique et républicaine.
- L’éthique et la moralité sont tout à fait indépendantes de la foi, et ne peuvent en découler.
- Les graves dilemmes éthiques sont mieux traités par Shakespeare, Tolstoï ou George Eliot (ndlr, femme de lettres anglaise) que par les paraboles des livres saints. C’est la littérature, et non les écritures, qui nourrit notre esprit.
- Nous sommes persuadés qu’une vie morale peut se mener sans religion. Et nous savons tout autant que l’inverse est vrai ; une religion peut se mener sans vie morale et autoriser des comportements qui feraient tiquer un nettoyeur ethnique.
- Gudo (bouddhiste japonais début XXe siècle) : En tant que propagateur du bouddhisme, j’enseigne que « au sein du Dharma il y a égalité sans supérieur ni inférieur », et que « tous les êtres sensibles sont mes enfants ». Ayant adopté ces paroles d’or comme base de ma foi, j’ai découvert qu’elles sont en complet accord avec les principes du socialisme. C’est ainsi que je suis devenu un adepte du socialisme.
- La prétendue Règle d’or nous enjoint simplement de traiter les autres comme nous aimerions qu’ils nous traitent. Ce précepte raisonnable et rationnel, que l’on peut enseigner à n’importe quel enfant, est largement à la portée de n’importe quel athée.
- La philosophie commence où finit la religion, de même que la chimie commence où finit l’alchimie et l’astronomie remplace l’astrologie.
- Nous autres infidèles n’avons besoin d’aucune béquille. Nous autres athées n’avons besoin ni de prêtres ni d’aucune hiérarchie pour contrôler notre doctrine.
6/7) La nature contre dieu
- Le doute, le scepticisme et la totale incroyance ont toujours pris essentiellement la même forme qu’aujourd’hui. Ont toujours existé des observations de l’ordre naturel qui ont noté l’absence ou l’inutilité d’un premier moteur.
- La définition que donne Spinoza d’un dieu se manifestant au travers du monde naturel revient très largement à exclure l’existence d’un dieu religieux. Et s’il y a une divinité omniprésente et préexistante, il n’y a plus de place pour un dieu qui intervient dans les affaires humaines, et encore moins pour un dieu qui prend parti dans de haineuses guerres.
- Einstein : « Je ne crois pas en un Dieu personnel, je ne l’ai jamais caché et l’ai toujours dit clairement. Si quelque chose en moi peut être qualifié de religieux, c’est mon admiration sans limites pour la structure du monde telle que notre science peut la révéler ».
- Les sciences de la critique textuelle, de l’archéologie, de la physique et de la biologie moléculaire ont montré que les mythes religieux sont faux et de fabrication humaine. La perte de la foi peut être compensée par les merveilles plus neuves et plus belles que nous avons devant nous.
- Avec la beauté et la symétrie de la double hélice de votre propre génome, vous serez fasciné d’apprendre à quel point vous faites partie aussi du royaume animal.
- Le porc nous est si proche que certains humanistes recommandent qu’on cesse de l’élever de façon industrielle, séparé de ses petits et contraint de vivre dans ses propres déjections. C’est là une décision que nous devons prendre à la pleine lumière de la raison et de la compassion, étendue aux autres créatures, et non à partir d’incantations venues du fond des âges.
- Nous avons toutes les raisons de penser que « les choses terrestres » sont tout ce que nous avons et aurons jamais.
7/7) conclusion
- Nous devrons nous réjouir de ce qu’aucun des mythes religieux ne détient la moindre vérité. La Bible peut bien encourager le trafic d’êtres humains, le nettoyage ethnique, l’esclavage, la pratique de la dot, et le massacre aveugle, rien de cela ne nous engage, parce que ce fut élaboré par des mammifères humains primitifs et incultes.
- La foi concourt à étouffer la liberté d’investigation et les conséquences émancipatrices que celle-ci pourrait apporter.
- Ceux d’entre nous qui cherchaient une alternative rationnelle à la religion dans le marxisme avaient atteint un terminus d’un dogmatisme comparable. Tu te sentiras mieux lorsque tu auras dépouillé le doctrinaire et que tu laisseras ton esprit sans chaînes penser à sa guise.
- Ce que les croyants feront, maintenant que leur foi est facultative, privée et arbitraire, ne regarde qu’eux. Nous n’avons pas à nous en soucier, tant qu’ils ne tentent pas d’inculquer leur religion par la coercition.
(Belfond - 2009)