Urgence écologique, le rôle de la violence

L’idée que la seule manière d’obtenir gain de cause serait la non-violence a été construite par les universitaires. Et il n’y a pas de loi générale disant que dès que vous commencez dans des modes de confrontation plus violents, le mouvement meurt. Les seules questions de fond à se poser sont : est-ce que ces actions consistent à réduire les inégalités entre les gens, ou à les augmenter ? S’opposent-elles aux causes de la crise écologique ou l’aggravent-elles ?

Certes il faut avant toute chose un mouvement plus large. Et on ne peut pas envisager un mouvement plus puissant avec moins de personnes. Des cibles choisies plus précisément, comme les SUV des plus riches dont on dégonfle les pneus, un aéroport de jets privés ou une usine de ciment, offrent un meilleur potentiel pour que d’autres personnes rejoignent la lutte. Mais l’essentiel est de voir qu’au slogan « pas dans mon jardin » (mouvement Nimby) a succédé des pratiques de lutte très diversifiées au niveau mondial sous la bannière « ni chez moi, ni ailleurs« .

Andreas Malm : Dans tous les conflits, la police était là pour défendre l’ordre des choses : les lois Jim Crow et la suprématie blanche aux États-Unis, le système de l’apartheid en Afrique du Sud… C’est aussi la branche armée de l’appareil d’État chargée de protéger la propriété privée, donc le statu quo. A Sainte-Soline, j’ai été très impressionné à la fois par le degré de militantisme déployé par les manifestants, et par la violence employée par la police. Il s’agit d’un événement d’importance historique : c’est le premier conflit social majeur qui se déploie autour d’un dispositif d’adaptation au changement climatique — c’est, en tout cas, ainsi que le présentent ses promoteurs. Les mégabassines ne sont pas des réponses naturelles et normales au changement climatique , ce sont des mesures pensées pour le secteur privé, qui ne prévoient pas de partager la ressource, et sont donc profondément brutales. En Allemagne, où la mobilisation était particulièrement forte et où il y a un parti Vert dans la coalition de gouvernement, l’État est allé jusqu’à rouvrir une mine de charbon et construit des terminaux de gaz naturel liquéfié. Face à ce sentiment que nous traversons un moment historique où les mobilisations de masse sont impuissantes, on se dit qu’il faut aller plus loin.

Presque toutes Les mobilisations qui ont fait changer les choses ont intégré une composante de violence. La révolution chilienne en 2019 a commencé quand des manifestants sont entrés dans le métro et ont détruit les automates. En Iran, dans la crise déclenchée par la mort de Mahsa Amini, on a parlé des écolières qui enlevaient leur hijab, mais il y a aussi eu des confrontations avec les forces armées. Les luttes sont amenées à s’intensifier, à mesure que le dérèglement climatique s’accentuera.

Le point de vue des écologistes radicaux

Nous voici déjà profondément entrés dans l’effondrement de la société thermo-industrielle, mais nous ne savons pas exactement quelle échappatoire pourrait fonctionner. La seule chose dont nous pouvons être sûrs est la suivante : nous sommes dans une spirale de mort, le temps de la protestation polie est peut-être définitivement révolu.

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3 réflexions sur “Urgence écologique, le rôle de la violence”

  1. – « Certes il faut avant toute chose un mouvement plus large »

    Ben oui, tout est là. Et tout le problème est là.
    Si nous voulons nous offrir le luxe de la non-violence, si nous voulons vraiment gagner… tout en respectant les règles de ce jeu pipé… alors nous devons être beaucoup plus nombreux.
    Au moins 10 fois plus nombreux. À nous «soulever», à nous «révolter», bref à marcher sagement dans les clous. Tous ensemble tous ensemble ouai ouai ! Non pas 30.000 à Sainte Soline mais 300.000 ! Disons 100.000 pour la Police. Non pas 2 ou 3 millions dans le pays mais 20 ou 30 millions. Sinon tout ça reste du cinéma.
    Où avons-nous vu qu’un type ou un groupuscule à lui tout seul pouvait faire tomber l’Ordre Établi ? Dans le film V pour Vendetta la dictature ne tombe qu’à la fin, lorsque tout le monde est dans la rue, avec le masque qui va bien. Mais ça bien sûr c’est du cinéma.

    1. Seulement voilà, pour que nous soyons 10 fois plus nombreux encore faudrait-il qu’un miracle se produise. Pour ne rester qu’en France, faudrait-il déjà que ces millions de gens qui en ont ras le bol de ce système (incarné aujourd’hui par Macron, et demain par ??) acceptent de dépasser pas mal de choses.
      À commencer par leurs divisions, crées et entretenues par ce même système. Que des gens millions de pas contents arrêtent de se focaliser sur le truc qui leur déplait chez Pierre Paul ou Jacques, qui justement les appellent à descendre nombreuses et nombreux dans la rue. En plus bien sûr de voter pour eux, mais ça c’est juste pour faire comme tous les autres. Autrement dit qu’ils mettent la barre à gauche. Eh oui ! Et s‘ils sont déboussolés, qu’ils la mettent alors du côté de cette «extrême» ou de cette «ultra» que leurs indiquent les Macron, Darmanin et autres défenseurs de l’Ordre Établi. ( à suivre )

      1. En attendant, on peut toujours rêver. Un dernier sondage, à la con (Elabe pour BFMTV), nous indique pour qui les Français voteraient si… demain ils retournaient aux urnes. Misère misère ! Comme si c’était avec ça que les choses pouvaient changer. En mieux, bien entendu.
        Encore une fois, retour donc à la case Départ. Ceux qui ont de la testostérone à revendre (remarquez que ce sont exclusivement des males) peuvent toujours se défouler. Et ce d’un côté comme de l’autre. Casser du flic, du gaucho ou du facho… en SUV ou en moto… là encore à chacun à came.

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