Être objecteur de conscience au Royaume-Uni

Le paradoxe, c’est que le premier Etat ayant reconnu officiellement le droit à l’objection de conscience en 1916 envisage en 2024 un retour à la conscription. Merci Poutine !

Université de Genève, mars 2019

Le premier État ayant reconnu officiellement le droit à l’objection de conscience est le Royaume-Uni, en 1916. Depuis, la plupart des démocraties occidentales qui possèdent une armée de milice ont suivi le mouvement, sous l’impulsion principalement du Comité des droits de l’homme des Nations unies puis, plus récemment, de la Cour européenne des droits de l’homme. Le deux instances exigent de leurs membres la mise en place d’un service alternatif permettant d’échapper à la conscription. Les importantes avancées acquises au cours de ces vingt dernières années ne doivent cependant pas masquer le fait qu’à l’échelle de la planète, on comptait par milliers le nombre de personnes enfermées pour avoir témoigné de leurs convictions pacifistes.

LE MONDE, 21 novembre 1960

Le service militaire obligatoire doit officiellement prendre fin le 31 décembre 1960. L’armée britannique ne comptera plus dorénavant que des volontaires. Grâce aux nombreux avantages offerts aux soldats engagés, les recrues sont passés de 20 000 en 1957 à 47 000 en 1958 et à 45 000 en 1959, ce qui a permis, semble-t-il, d’avancer la suppression des incorporations.

Franceinfo, 25 janvier 2024

Au Royaume-Uni, le chef de l’armée a appelé à un retour du service militaire obligatoire face à la menace russe, suscitant l’opposition des Britanniques. La jeune génération s’imagine mal propulsée dans les tranchées en cas de guerre. « L’armée britannique restera une armée de volontaires », a ensuite tempéré le gouvernement. « Selon la presse, l’exécutif ne souhaitait pas que les propos alarmistes du chef d’état-major soient rendus publics », indique un journaliste de France Télévisions Londres.

LE MONDE du 31 janvier 2024

Les Britanniques doivent-ils se préparer à la guerre ? L’angoissante question a été posée sans détour par le chef d’état-major de l’armée de terre, le général Patrick Sanders, le 24 janvier. Le Royaume-Uni devrait suivre l’exemple suédois et prendre « des mesures préparatoires pour placer nos sociétés sur le pied de guerre », a-t-il expliqué. Les propos alarmistes du général Sanders ont été relayés par Richard Shirreff, ex-commandant en chef adjoint de l’OTAN, qui a estimé qu’il était temps de « penser l’inimaginable » et d’« étudier attentivement la conscription… ».

« Ces treize dernières années, les ministres conservateurs ont tellement coupé dans les budgets que nous avons une armée aussi petite que du temps de Napoléon », déplore John Healey, le secrétaire d’Etat à la défense du cabinet fantôme travailliste.

Autant dire qu’on ne parle plus des objecteurs de conscience…

1 réflexion sur “Être objecteur de conscience au Royaume-Uni”

  1. Le chef du gouvernement britannique Rishi Sunak a annoncé une augmentation significative des dépenses militaires du Royaume-Uni. Elles vont passer à 2,5 % du produit intérieur brut d’ici à 2030, contre actuellement 2,3 %, ce qui représentera, selon Downing Street, un apport financier de 75 milliards de livres sterling (87 milliards d’euros) sur six ans aux forces armées du pays.
    Patrick Sanders, le chef d’état-major de l’armée de terre, a même suggéré, début 2024, un retour de la conscription, supprimée en 1960, pour renflouer une armée de terre qui pourrait passer sous les 70 000 soldats d’ici à 2026, tant ses problèmes de recrutement sont conséquents.

    « Nous sommes tous des objecteurs de conscience » devrait devenir un mot de ralliement pour tous les jeunes…

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