L’Afrique affamée par sa démographie délirante

Selon le titre du MONDE du 8 octobre 2023, « l’Afrique est affamée par le dérèglement mondial. » Mais elle est aussi affamée par sa démographie délirante. L’état de pauvreté qui s’accompagne souvent de sous-nutrition ou de malnutrition n’est pas une donnée de base, mais la conséquence de multiples facteurs dont on ne peut jamais enlever la variable démographique sauf à faire preuve d’un biais idéologique. Mathilde Gérard est une spécialiste de ce biais.

Mathilde Gérard : L’Afrique est le continent où l’insécurité alimentaire a le plus progressé ces dernières années. Les chiffres sont alarmants. Une personne sur cinq y souffre de la faim. Ce n’est pas tant l’insuffisance de la production qui est en cause que des problèmes structurels : pauvreté, effets du dérèglement climatique, fragilisation des tissus agricoles familiaux, conflits et instabilité politique. En se spécialisant dans des cultures pour l’export, des Etats ont abandonné des cultures traditionnelles plus nutritives et ont appauvri leurs sols La fragilisation des tissus ruraux africains a déstabilisé jusqu’aux régimes alimentaires et transformé les habitudes de consommation à une vitesse fulgurante. De plus en plus, le pain à base de farine de blé – importé – prend la place des bouillies traditionnelles, et le riz, consommé sous forme de brisures, s’est imposé comme aliment de base. « Beaucoup pensent que le riz est un produit traditionnel du Sénégal. Or, ça ne l’est pas, insiste Mamadou Goïta. C’est une culture qui a relégué à l’arrière-plan le mil et le sorgho. 

Le point de vue des écologistes malthusiens

MING : Et la démographie galopante ? Elle est de 3 % en moyenne, soit le doublement de la population en 20 ans. Cela ne crée aucun problème ?

Colombe : Oui, cette donnée majeure ( 8 enfants par femme au Niger par exemple) reste un impensé absolu … Quel déni !!

Michel SOURROUILLE : Les journalistes du MONDE, ainsi Mathilde Gérard ce jour, s’évertuent à compiler toutes les causes possibles de la famine sans jamais faire référence à l’analyse démographique de Malthus (1798) qui montrait que, sans agir sur la fécondité humaine exubérante, nous allions nécessairement au désastre car la production alimentaire est soumise à la loi des rendement décroissants. Je propose à la direction du MONDE de venir faire gratuitement à Paris une journée de formation pour ses journalistes sur la validité concrète du discours malthusien…

Kiamb : De 1960 à aujourd’hui, soit en 60 ans à peine, l’Afrique est passée de 280 millions d’habitants à 1 milliards 400 millions .. soit quasiment 5 fois plus .. un peu comme si la France sur la même période était passée de 55 millions à 240 millions aujourd’hui..
Cela fait beaucoup de monde à nourrir, et le taux de fécondité moyen actuel du continent est de 4 enfants/femme .. (tous les chiffres sont disponibles sur Wi..dia) Étonnant que le Monde n’évoque même pas cette question. Un biais idéologique ?

Jean-Pierre M : Quand on a peu d’argent, on économise et on évite les dépenses superflues. Quand on n’a pas assez de nourriture on rationne la nourriture et on contrôle les naissances. C’est simple.

Munstead : Ce qui en cause serait plutôt et dans l’ordre décroissant:  démographie, conflits et instabilités politiques, mentalités et religion, exode rural, fragilisation des tissus agricoles familiaux, corruption, incompétence des dirigeants, dérèglement climatique… qui tous ont pour cause première la surpopulation.

Mathilde Gérard sur notre blog biosphere

Une normalité structurelle, la famine

Mathilde Gérard : « Les causes de la faim sont désormais bien connues : pauvreté et inégalités économiques, conflits, impacts du réchauffement climatique, la dette qui étrangle les pays en développement, les exportations de cultures de rente [coton, cacao…] qui ont été privilégiées sur les cultures vivrières, la guerre en Ukraine, la hausse des prix de l’énergie et de l’alimentation, la spéculation et le manque de régulation des marchés des matières premières. »

La famine, qui la cherche la trouve

Mathilde Gérard : Les causes de la faim sont multiples : les chocs économiques (y compris l’impact socio-économique persistant de la pandémie de Covid-19) sont la première cause de la faim dans vingt-sept pays analysés ; dans dix-neuf pays et territoires, ce sont les conflits et violences armées qui plongent les populations dans l’insécurité alimentaire aiguë ; et dans douze pays, les extrêmes climatiques sont le principal facteur de vulnérabilité.

Guerre en Ukraine, crise alimentaire mondiale

Mathilde Gérard : La guerre a directement fait grimper le nombre de personnes en situation de faim chronique de 10,7 millions (pour un total de plus de 820 millions), et le nombre de celles souffrant d’insécurité alimentaire aiguë, c’est-à-dire à risque de famine, d’environ 20 millions (pour un total de 252 millions). Les réponses à court terme – permettre les exportations ukrainiennes et faciliter l’accès aux engrais – ont primé sur les enjeux structurels. les réponses systémiques à la faim, qui est provoquée par les conflits armés, le dérèglement du climat et les inégalités sociales ont manqué.

Famine mondiale… parlons le malthusien

Mathilde Gérard : Selon le dernier rapport sur la sécurité alimentaire mondiale (rapport SOFI) publié le 6 juillet 2022, près de 10 % de la population mondiale est touchée par la sous-alimentation. Les perspectives se sont fortement assombries avec la pandémie de Covid-19 qui a mis à l’arrêt notamment le secteur informel dont dépendent les populations les plus précaires. L’état des lieux est d’autant plus inquiétant qu’il n’intègre pas encore les conséquences de l’invasion militaire de l’Ukraine qui met en jeu deux acteurs majeurs des exportations de céréales, d’oléoprotéagineux et de fertilisants.

La faim dans le monde, qui est responsable ? (2021)

Mathilde Gérard : La flambée actuelle des prix est le reflet de la progression continue du prix de l’énergie depuis 2020, de la multiplication de mauvaises récoltes dues au réchauffement (sécheresses, inondations…), du développement des agrocarburants qui entraîne une compétition entre produits agroalimentaires et énergétiques dans l’utilisation des terres arables, d’une crise des filières agroalimentaires en période de pandémie, de la violence des conflits, de la solvabilité. Trois milliards de personnes dans le monde n’ont pas le pouvoir d’achat suffisant pour se nourrir sainement.

10 réflexions sur “L’Afrique affamée par sa démographie délirante”

  1. Marcel Pingouin

    Malthus a une vision fixiste de l’histoire. Pour lui tout est à données constantes, et en plus basé sur la société ouest-européenne de la fin du XVIIIème. Il confond un instantané avec une « règle » perpétuelle. La chasse, le feu, l’outillage, et a fortiori l’agriculture, sont les premières industries « artificielles » qui ont permis la multiplication « hors-sol » des populations humaines ; multiplication qui a favorisé la concentration, l’intelligence et donc la créativité et le progrès scientifique et technique. L’industrie atomique découle des bifaces lithiques. Les néo-malthusiens, malgré des questionnements parfois justes, basent trop souvent leurs analyses sur la photographie instantanée du présent, et extrapolent. 8 milliards d’individus vus avec l’agriculture de 1790 paraissait alarmant (à plus forte raison, 8 milliards d’individus collecteurs/cueilleurs seraient probablement insoutenables).

  2. Quand Mathilde Gérard dit que les causes de la faim sont désormais bien connues (sic), qu’elle sont multiples (sic), quand elle parle des conséquences de la guerre en Ukraine, etc. que dit-elle de si mal ? Ou de faux tout simplement. Selon certains elle oublierait l’essentiel… la Cause Première et patati et patata. Pire, tellement qu’elle est engluée dans ses biais idéologiques… elle refuserait de la voir. C’est c’là oui !
    Si Mathilde Gérard est une spécialiste… que dire alors de Biosphère et des siens, biais idéologiques ? Plutôt que de se focaliser sur le Nombre, les dits écologistes malthusiens feraient mieux de regarder, entre autres, du côté de ces cultures désastreuses sur tous les plans, tous les niveaux, pour les Africains comme pour nous. ( à suivre )

    1. Mathilde Gérard nous montre la lune :
      – « En se spécialisant dans des cultures pour l’export, des Etats ont abandonné des cultures traditionnelles plus nutritives et ont appauvri leurs sols. La fragilisation des tissus ruraux africains a déstabilisé jusqu’aux régimes alimentaires et transformé les habitudes de consommation à une vitesse fulgurante. [etc.] »

      N’est-elle pas là au cœur du sujet ? Ne pointe t-elle pas, là encore, une des causes et non des moindres, de ce problème de famine et d’insécurité alimentaire en Afrique ?
      Dans ces cultures pour l’export, le cacao par exemple. Saviez-vous que l’Afrique produit plus de 70% du cacao mondial ? Et que les Africains ne mangent quasiment pas de chocolat. Le chocolat peut-il bien remplir les ventres ?
      En fait ça dépend de quels ventres ON parle. ( à suivre )

      1. Pour en savoir plus, lire : L’envers du chocolat (La Décroissance oct 2023 – P.12)
        Ainsi que le livre du Samy Manga, militant écologiste et poète camerounais :
        – Chocolaté. Le goût amer de la culture du cacao (Écosociété, 2023)

        Là derrière c’est toujours la même chose. Non pas le Nombre ou le Surnombre,
        mais le Pognon, le Business as usual, bref le Système !
        Seulement penser et dire ça, c’est un biais idéologique.
        Et ne pas le voir et le penser … c’est quoi alors, hein ?

      2. Et toi tu veux résumer la famine qu’à du cacao; dans le genre montrer le doigt à la place de la lune, il n’y a pas pire que toi !
        Productions de cacao dans le monde en 2017/2018 =
        1/ Côte d’Ivoire = 42,1 %
        2/ Ghana = 19,4 %
        3/ Autres pays d’Amérique latine qui ne seront pas mentionnés dans cette liste = 7,1 %
        4/ Équateur = 6,1 %
        5/ Nigeria = 5,5 %
        6/ Cameroun = 5,4 %
        7/ Indonésie = 5,2 %
        8/ Brésil = 4,4 %
        9/ Autres pays d’Afrique qui ne seront pas mentionnés dans cette liste = 2,8%
        10/ Autres (pays d’Asie et Océanie) = 1 %
        11/ Papouasie et Nouvelle Guinée = 0,9 %
        12/ Reste du monde = 0,1 %

        1. Bref, tu veux faire croire que ce sont les mangeurs de Kinders français qui sont responsables de 100 % des famines de tous les pays d’Afrique, alors que dans les faits il n’y a que 2 producteurs importants de cacao en Afrique (Côte d’Ivoire et Ghana) 2 autres productions significatifs (Nigeria et Cameroun) et environ 5 autres pays à la production insignifiante, alors que l’Afrique comporte 54 pays ! Donc comment expliques tu les famines pour les 50 autres pays d’Afrique qui ne produisent pas de cacao ou presque pas ? Penses tu qu’abandonner la culture de cacao dans ces 4 pays permettront aux africains de nourrir 4 milliards d’habitants en 2100 ?
          Alors oui Mathilde Gérard a raison les causes sont multiples ! Contrairement à toi qui veut faire croire en une cause unique du cacao en prenant pour exemple des cas isolés !

        2. Enfin ne t’inquiète pas trop, car tes souhaits d’abandons de culture de cacao seront exaucés ! En effet, il faut savoir que les marchés mondiaux ne parviennent déjà pas à absorber intégralement la production mondiale actuelle et encore moins à l’écouler entièrement ! La production mondiale est déjà beaucoup trop élevée ! Autrement dit, si des pays s’amusent à augmenter leur production alors le prix du cacao va s’effondrer et devenir encore moins rentable ! Évidemment, il y a probablement quelques pays qui ont en tête se lancer aussi à la production de cacao pour entrer en concurrence, mais d’autres pays vont devoir revoir leur production à la baisse et cultiver autre chose à la place ! Car déjà sans concurrence les producteurs actuels doivent déjà baisser leur production, alors si en plus il y a des nouveaux concurrents autant dire que ça chuter sévère !

        3. Et en plus tu oses parler de la lune. Vraiment rien ne t’étouffe !
          Encore une fois… relis ce que j’ai écrit. Le cacao n’est qu’un EXEMPLE !

          Mathilde Gérard parle des CULTURES À l’EXPORT ! Qui sont désastreuses !
          Et justement le cacao est un excellent exemple. As-tu au moins lu l’article de La Décroissance ? J’en doute. Par contre tu confirmes ce que j’ai dit, l’Afrique est le premier producteur mondial de cacao. Ceci dit j’aurais pu aussi bien parler du café, et/ou du coton, là encore regarde les chiffres. Ou encore des fleurs, cultivées en Afrique, et qui sont comme chacun sait des aliments de base pour les Africains (second degré évidemment. Bien obligé de le préciser, pour les imbéciles).
          Et maintenant il ne te reste plus qu’à me faire dire que s’ils abandonnaient la culture des roses les Africains auraient le ventre bien rempli. Misère misère !

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        4. En disant l’Afrique, tu veux faire croire et laisser entendre que ce sont tous les pays d’Afrique qui produisent du cacao, ce qui est faux ! Ce ne sont que 2 pays africains sur 54 d’Afrique qui en produisent énormément et 2 autres significativement, environ 5 pays en produisent des quantités ridicules sur les 54 ensuite 45 pays sur les 54 n’en produisent pas ! En gros tu veux faire du sophisme en faisant le buzz, afin que ça paraisse vrai en apparence en prenant l’exemple de cas isolés alors que dans le fond on est loin de la réalité des faits puisque la majeure partie d’Afrique n’en produisent pas du tout de ce cacao !

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        5. @ Modération : Si je comprends bien… cette nouvelle règle nous permet donc, théoriquement, d’en poster plus que 4. Mais pour que le 5ème, voire le 6ème, ou plus… puisse apparaître et être comptabilisé dans les commentaires, il suffit juste qu’il passe le filtre. C’est à dire il faut que vous le jugiez pertinent, intéressant, allant dans le sens de l’intelligence collective si chère à ce blog. Si c’est comme ça, à moi ça me va très bien.

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