L’aide à mourir va-t-elle entrer dans la loi ?

« Suicide assisté », « aide à mourir » ou « euthanasie », peu importe le mot pourvu qu’on ait la délivrance. Nous pensons que dans une véritable démocratie, tout repose sur la libre volonté d’une conscience éclairée. Pouvoir s’engager dans l’armée pour aller tuer d’autres gens ne se comprend que si on laisse à chacun le droit d’être objecteur de conscience et donc de refuser la lutte armée. Choisir de garder un enfant à tout prix ou opter pour l’interruption volontaire de grossesse est un élément de la libération de la femme. Pour décider de sa propre mort, on peut demander pour soi les soins palliatifs ou l’interruption volontaire de vieillesse. L’essentiel en démocratie est de laisser aux citoyens le choix, sinon la volonté du peuple n’existe pas.

lemonde.fr : La ministre de la santé, Catherine Vautrin, rappelle que l’« aide à mourir » « n’est pas une autorisation de se suicider puisque des conditions strictes sont prévues dont un examen médical ». Il ne s’agit pas, non plus, d’une « euthanasie puisqu’une personne extérieure n’intervient que si le patient n’est plus en capacité physique de s’administrer le produit létal ». Le 6 juin 2024 l’article 5, voté par 88 voix contre 50, introduit pour la première fois dans la loi la possibilité de demander une aide à mourir : « L’aide à mourir consiste à autoriser et à accompagner une personne qui en a exprimé la demande à recourir à une substance létale. » L’article ainsi adopté dispose que « la personne s’administre une substance létale ou, lorsqu’elle n’est pas en mesure physiquement d’y procéder, se la fasse administrer par un médecin ou un infirmier ». Les élus Les Républicains (LR) et ceux du Rassemblement national (RN) l’ont âprement combattu : « Cet article 5 est une rupture anthropologique avec le principe d’inviolabilité de la vie humaine , selon un député LR. A l’inverse, les principaux zélateurs ont été les députés insoumis, socialistes et écologistes, soutenus par l’aile gauche de la macronie : l’« aide à mourir » est le moyen d’éviter aux personnes malades de « souffrir le martyre et l’enfer », selon René Pilato, député « insoumis » de Charente. Introduire l’aide à mourir dans le code de la santé publique revient à considérer que l’acte létal pourrait être un soin.

Le point de vue des écologistes qui veulent mourir dans la dignité

Daniel : L’aide à mourir ! Pourquoi ne pas utiliser les termes employés par l’association ADMD, « droit de mourir dans la dignité » car c’est bien de cela qu’il devrait être question…

Alfred K. : LR et RN massivement contre ! Il faut prendre conscience de ce qu’expriment ces droites : une rupture radicale avec l’immense majorité des Français. Et un positionnement accablant face aux nécessités de notre époque confrontée à l’acharnement thérapeutique.

Pile ou face : Ce qu’une loi peut faire, une autre loi peut le défaire…sauf pour ceux qui seront partis entre-temps bien sûr. Le principal est de déterminer la direction générale de l’évolution des lois, vers plus de conscientisation des personnes ou vers l’encadrement des gens.

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L’aide active à mourir gagne du terrain

extraits : La députée Marine Brenier avait déposé une proposition de loi le 17 décembre 2020 sur « l’aide active à mourir ». : «  A titre personnel, j’ai eu plusieurs de mes proches qui sont partis, chacun sous l’égide d’un différent dispositif de la loi. Mon grand-père, sous la première loi Leonetti (de 2005), ma grand-mère sous la loi Leonetti 2 (de 2016). Je dénonce la sédation profonde, permise par la loi Claeys-Leonetti de 2016 comme une hypocrisie de la législation. Comment considérer que de laisser partir un être cher dénutri et déshydraté permettrait de respecter sa dignité….

Canada, le droit à mourir comme soin ultime

extraits : Au Québec la loi de 2015, élaborée après une large concertation citoyenne et transpartisane, a d’emblée placé l’aide à mourir dans un continuum de soins, c’est le « soin ultime ». La loi canadienne sur l’euthanasie a ensuite été votée en juin 2016, la Cour suprême du Canada enjoignant au gouvernement de se mettre en conformité avec la Charte canadienne des droits et libertés, reconnaissant à chaque individu la liberté de disposer de son propre corps….

Mourir dans la dignité, quelle définition ?

extraits : Sur une planète saturée d’humains, l’écologie s’intéresse forcément à la démographie, qui porte autant sur le nombre des naissances que sur notre façon de mourir, autant sur l’entrée des immigrés que sur le départ des émigrants. L’essentiel est que cela se passe dans la dignité la plus parfaite possible. La dignité humaine est la promesse d’une fin de vie heureuse. Intervenir pour entraver une tentative de suicide reviendrait à briser la volonté d’autrui. La mort fait partie de la vie, et si j’ai la possibilité de me l’approprier, pourquoi devoir y renoncer ? Pour quelle raison me l’interdirait-on ? ….

6 réflexions sur “L’aide à mourir va-t-elle entrer dans la loi ?”

  1. – « Intervenir pour entraver une tentative de suicide reviendrait à briser la volonté d’autrui. La mort fait partie de la vie, et si j’ai la possibilité de me l’approprier, pourquoi devoir y renoncer ? Pour quelle raison me l’interdirait-on ? …. »
    ( Biosphère : Mourir dans la dignité, quelle définition ? )

    Selon cette logique, intervenir pour entraver une tentative de meurtre reviendrait également à briser la volonté d’autrui. Si ON nous laissait la possibilité de faire tout ce qu’il nous est possible… de s’approprier tout et n’importe quoi… je vous laisse imaginer dans quel monde nous vivrions. Heureusement qu’il existe des interdits. Et des choses auxquelles nous devons renoncer. Et heureusement aussi qu’il n’est pas possible de tout interdire. Penser par exemple. Ou encore se suicider.

  2. les députés ont approuvé, vendredi 7 juin, les critères ouvrant le droit à une aide à mourir, réintroduisant l’idée supprimée en commission que le « pronostic vital » du patient devra être engagé : affection grave et incurable, en phase avancée ou terminale, qui provoque une souffrance physique ou psychologique réfractaire ou insupportable. Autant dire que l’aide à mourir ne sera réservé qu’à quelques heureux gagnants, choisis par une commission médicale… plus ou moins disposée à faire mourir.

    1. Cigale : Merveilleux. Une fois morts, on aura droit à une aide à mourir… à certaines conditions !
      Pascale C. : Les riches pourront continuer à bénéficier d’une aide à mourir en Suisse en cas de maladie d’Alzheimer ou ce genre de saloperie qui n' »engage pas le processus vital », et les pauvres à crever dans leurs Ehpad et dans leurs couches pas souvent changées par du personnel débordé… Génial, merci !
      La ronche : La mort n’est pas une anomalie, quelque chose qui se soigne, c’est la conclusion normale de la vie. Tout ce qu’on demande, c’est de pouvoir l’avancer un peu quand on estime que le reliquat n’en vaut pas la peine, sans avoir besoin de l’avis d’un médecin. C’est trop demander, apparemment.

    2. Quelques heureux gagnants !!?? Drôle de jeu.
      Mais après tout, c’est vrai que la vie est une loterie. Et donc la mort aussi. Pour moi, tout n’est qu’une question de hasard, de chance ou de malchance. Et les gagnants sont donc ceux qui ont de la chance. En ce qui me con cerne, jusqu’à présent j’ai toujours eu de la chance. Demain est un autre jour. En attendant, j’espère avoir la chance, un jour, de pouvoir bénéficier des soins palliatifs. Sauf que là encore c’est pas gagné d’avance.

  3. Esprit critique

    L’aide à mourir… moi ça me va. Je parle seulement de l’expression.
    Ceci dit je préfère encore euthanasie. Pour moi, il faut appeler un chat un chat.
    Quant à mourir dans la dignité … mais qui donc souhaite vivre ou mourir autrement ?
    – Que signifie « mourir dans la dignité » ? ( cafes-citoyens.fr 14/02/2009 )
    – « Mourir dans la dignité » ? ( cairn.info 2013 )
    – Que veut dire « mourir dans la dignité »? ( La Croix 25/03/2014 )
    – Que signifie «mourir dans la dignité» ? (Le Figaro 25/06/2014 )

    Puisque cette expression ne veut finalement rien dire, et que tout le monde le sait, depuis le temps … pourquoi alors continue t-ON de l’employer ?
    Qui peut m’éclairer ? ( à suivre )

    1. Quant à cette fameuse liberté… de décider de sa propre mort, et donc de choisir… entre les soins palliatifs ou l’interruption volontaire de vieillesse :
      – « seul un tiers des malades qui en auraient besoin a accès aux soins palliatifs. »
      ( Fin de vie : malgré le développement des soins palliatifs, les inégalités d’accès persistent en France – Le MONDE 13 mars 2024 )
      Où est le choix dans ces conditions ? Le choix de la marque du produit létal, peut-être ?
      Ce « choix » ne ressemblerait-il pas un peu à celui qu’ON nous offre dimanche prochain, avec 38 marques ? (élections pièges à cons). Ou encore à celui qu’ON nous a offert il y a quatre ans (la fumeuse Vaxination, qu’ON nous a vendu comme synonyme de liberté)…
      Et finalement, ne vaudrait-il pas mieux attendre 2034… pour nous offrir ce choix ?
      En attendant, je sais… ça fait beaucoup de questions.

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