Gabriel Attal, la politique sans l’écologie

Le Premier ministre a donné le 30 janvier 2024 ses grandes orientation de politique générale. C’est la politique politicienne sans aucune vision d’envergure sur l’urgence écologique…

Un refus de la nécessaire décroissance économique

Lors de sa déclaration de politique générale, le premier ministre a fustigé avec vigueur la décroissance, qu’il considère comme « la fin de notre modèle social » et « la pauvreté de masse ». « Oui, nous ferons rimer climat avec croissance. Une écologie populaire, c’est une écologie qui se construit au plus près des réalités des Français. On ne fera pas l’écologie contre le peuple. Il faut entendre les préoccupations de tous les Français.»

Un oubli de la planification écologique

Le premier ministre s’est placé dans la droite ligne du chef de l’Etat en pointant ceux qui voudraient une « écologie punitive » ou des contraintes plus fortes. En défendant ceux pour qui « la voiture est un gage de travail et de liberté », M. Attal s’est vanté du succès du leasing social pour acheter un véhicule électrique. Pourtant nommé en mai 2022 » secrétaire général à la planification écologique » (SGPE), Antoine Pellion est resté aux abonnés absents. Le 30 janvier 2024, on sait que le contenu de la planification écologique est remis aux calendes grecques.

La biodiversité absente

Le premier ministre n’a donné aucun détail sur la manière dont il entendait mieux protéger la biodiversité. Tout au contraire, il a annoncé que la France avait rallié 22 pays à sa demande d’obtenir une nouvelle dérogation européenne à l’obligation faite aux agriculteurs bénéficiant de la politique agricole commune (PAC) de consacrer 4 % de leurs exploitations à des infrastructures bénéfiques à l’environnement, telles que les haies, les bosquets, les mares ou les jachères.

Énergie, une France nucléarisée

Le premier ministre a bien évoqué rapidement le triptyque « sobriété, renouvelables et nucléaire », mais en insistant avant tout sur la relance de l’atome, se disant fier d’être « dans un gouvernement pronucléaire avec une majorité pronucléaire ». Il poursuit : « Le nucléaire, c’est un atout majeur pour notre pays. Nous allons continuer à [faire] monter en puissance notre parc nucléaire, [à] investir massivement dans les programmes. » Le nouveau ministre chargé de l’énergie, Bruno Le Maire, a reporté le débat parlementaire prévu cet hiver sur le projet de loi censé fixer les grandes orientations de la France, sans annoncer de nouvelle échéance.

Service civique écologique, l’État ne fait rien, les petits jeunes ferons le reste

Évoquant la transition écologique et la crise climatique comme défi de la jeune génération, Gabriel Attal a annoncé que le gouvernement lancera « un service civique écologique qui rassemblera, d’ici à la fin du quinquennat [en 2027], 50 000 jeunes prêts à s’engager concrètement pour le climat ».

Conclusion. Rien à attendre de ce gouvernement où un jeune Président et un jeune 1er ministre se comportent comme les thuriféraires d’une économie du XXe siècle. Ils n’ont pas encore changé d’époque. Voici ce qu’ils auraient du savoir sur la nécessaire planification écologique

Jean-Marc Jancovici rappelle que le CO2 émis en Europe ne connaît pas les frontières et contamine l’ensemble de l’atmosphère. Désormais  chargé de superviser la planification écologique, le 1er ministre ne connaissait pas une des notions de base de la science climatique. Que peut-on en attendre ?

Depuis sa nomination, le chef du gouvernement n’avait presque pas parlé d’écologie, évoquant seulement, lors de la passation des pouvoirs avec Elisabeth Borne, l’impératif de « garantir l’avenir de notre planète ». Des mots extrêmement vagues. Le 30 janvier 2023, le premier ministre devait donc consacrer l’un des quatre « blocs » de son discours de politique générale à la planification écologique, une stratégie censée mettre la France sur la voie de la neutralité carbone en 2050. Cela n’a pas été fait « On revient à un logiciel des années 1970 », souligne le porte-parole de l’association NégaWatt.

En savoir plus grâce à notre blog biosphere

Planification écologique, notre synthèse

extraits : La planification écologique est annoncée comme le nouveau mantra du prochain quinquennat. Planification impérative comme aux temps de feu dans l’URSS des années 1930 ? Planification indicative à la française comme au temps de feu le commissariat au plan quinquennaux  après 1945 ? Il s’agit de déterminer politiquement les secteurs d’activité qui doivent être supprimés, réorientés ou soutenus. Autant dire que Macron ne fera pas grand-chose question déconstruction de la société thermo-industrielle, sauf à y être obligé par les pénuries croissantes qui impactent déjà la population française (sans compter les crises avérées à l’extérieur de nos frontières)…

Planification écologique, un gadget ?

extraits : Si la France a abandonné l’idée d’une planification au début des années 1980, c’est parce que la vitesse des innovations technologique et la diversification des modes de consommation ont empêché toute vision globale et rendu impossible la gestion de la complexité. Il n’en est pas de même en période de crise où la limitation devient la norme ; la parenthèse Covid-19 nous a d’ailleurs montré qu’on pouvait rapidement en rester à la couverture des besoins essentiels. Or le blocage énergétique et le réchauffement climatique nécessitent une baisse drastique de nos émissions de gaz à effet de serre, d’où l’urgence de limiter nos besoins de consommation et de simplifier notre appareil de production. Une planification redevient nécessaire…

la planification écologique selon Jean-Luc Mélenchon

extraits : Un des neufs points du programme de Jean-Luc Mélenchon pour 2012 porte sur la planification écologique. Il présentait déjà cette idée dans sa contribution générale au Congrès de Reims de novembre 2008 (chapitre intitulé « Proposons la planification écologique »). Il était alors au PS ! Jean-Luc exprimait alors le fait que le programme socialiste devrait être celui d’un « Etat organisateur du temps long ». Jean-Luc constatait : « Chacun sent bien que la catastrophe écologique s’avance ». Jean-Luc concluait que la planification écologique réintroduira la logique de l’intérêt général…

6 réflexions sur “Gabriel Attal, la politique sans l’écologie”

  1. Le mignon de macrelle n’est pas très mignon pour l’écologie ni pour le social. La politique sera exactement celle planifiée par Macrelle contrairement à ce que laisse entendre le mignon. La plan marketing a bien été fait par McKinsey comme pour macrelle.

  2. Moi je serais moins pessimiste. Je suis sûr que le petit Gaby lit Biosphère, et qu’il a retenu la leçon. Hier à l’Assemblée il a dit vouloir «déverrouiller, désmicardiser, débureaucratiser» la France. Vive les «dé» ! Et puis il a demandé à ses ministres «d’expérimenter la semaine en quatre jours»… dans «leurs administrations centrales et déconcentrées». Pas mal non ?
    Gaby veut «réarmer notre système de santé» et en même temps Manu veut réarmer le pays.
    Si ces deux là n’ont pas la frite, alors c’est quoi ? Mon dieu quelle paire !

    – « À l’arrière des berlines on devine, des monarques et leurs figurines
    Juste une paire de demi-dieux, livrés à eux ils font des petits, ils font des envieux
    Osez, osez Joséphine … Osez, osez Joséphine » (Bashung)

    1. – « Ma France, c’est Joséphine» (Macron au Panthéon novembre 2021)
      Chapeau l’artiste !
      – « Ma France, c’est nous tous» (Macron avril 2022)
      Tous ensemble tous ensemble ouai ouai !
      – « Être Français en 2024, c’est pouvoir être Premier ministre en assumant son homosexualité» (Gabriel Attal hier, en conclusion de son discours de politique générale devant l’Assemblée)
      Mon dieu quel bordel ! J’y comprends plus rien. Allez, un peu de Bashung pour finir :
      – « Oh Gaby, Gaby, tu devrais pas me laisser la nuit, j’peux pas dormir j’fais que des con’ries. Oh Gaby, Gaby… tu veux que j’te chante la mer, le long, le long, le long des golfes… pas très clairs. Alors à quoi ça sert la frite si t’as pas les moules, ça sert à quoi l’cochonnet si t’as pas les boules… ouh ouh ouh oule ! » 🙂

  3. Les anti-nucléaires n’ouvrent jamais leurs grandes gamelles contre le pétrole ! D’ailleurs ça serait très intéressant de voir le mode de vie intégral de nos anti-nucléaires ! Comment vivent ils ? Avec ou sans électricité ? Avec ou sans ordinateurs ? Avec ou sans smartphone ? Avec ou sans voyages en avion ? Avec ou sans voiture ? Puis s’il ne faut plus de centrale nucléaire, alors il faudrait fermer les hôpitaux non ? Vu que les hôpitaux étant ce qu’il y a de plus énergivore dans une ville ! Alors les anti-nucléaires, il faudrait renoncer aux soins hospitaliers pour tenir vos engagements et être en adéquation actes/paroles ! Non ?

    1. Parti d'en rire

      – « Le nucléaire est une fierté française » (Gaby hier à l’Assemblée)
      Ah ça c’est ben vrai ça. Ah que je suis fier de l’EPR de Flamanville !!!
      Mais pas autant qu’ ITER.

    2. Plus sérieusement…
      – Nucléaire : entre les « pros » et les « antis », pourquoi tant de débats ?
      ( linfodurable.fr 08/07/2020 )

      Cet article commence à dater, mais il reste tout aussi pertinent.
      Les guignols « pros » y trouveront la réponse à leurs questions à la con :
      – « Les anti-nucléaires quant à eux, réfutent l’argument de l’augmentation des énergies fossiles et associent la sortie du nucléaire à une diminution conséquente de la consommation d’énergie dans le pays. »

      PS : Dans le titre de cet article, j’aurais également mis des guillemets à « débats ».

Les commentaires sont fermés.