Les pathogènes s’attaquent à la surpopulation humaine

Le fondateur du front national, Jean-Marie Le Pen désignait « Monseigneur Ebola » comme solution à la question de la surpopulation africaine. Il est vrai que le virus Ebola provoque une mortalité de presque 60 % (672 décès pour 1 201 cas recensés depuis fin mars 2014). Après la Guinée, le Liberia, la Sierra Leone, le premier cas de décès d’un malade vient d’être enregistré au Nigeria à Lagos*, 20 millions d’habitants. La concentration humaine accentue les risques de contamination. Cette configuration a été bien analysée par Alain Gras dans le livre « Moins nombreux, plus heureux » :

«  L’épidémie de peste noire éclata en 1347, on vit disparaître les deux tiers de la population européenne. La cause était toute trouvée, ce sont les rats qui ont transporté le bacille de Yersinia pestis. Mais en y regardant de plus près on s’aperçoit que dans les deux siècles qui précédent l’épidémie, une expansion fantastique des villes avait eu lieu, sans que soient préservées les nécessités hygiéniques minimales dans un espace au peuplement dense. Le bacille de la peste trouva ainsi un terrain favorable dans une situation de saturation urbaine. L’événement « rats » fut l’effet de seuil qui déclencha la catastrophe. Or l’on se réjouit de nos jours, d’une population urbaine qui atteindra bientôt plus de 80% sur l’ensemble de la planète, avec des mégalopoles de plus de 20 millions d’habitants. Pourtant, ne peut-on penser que nous sommes, au niveau mondial, dans une situation assez proche de celle du XIVe siècle en Europe ? »

                En fait ce risque est presque mineur par rapport aux attaques des pathogènes contre nos ressources alimentaires. C’est ce que dénonce un livre d’Alan Weisman sur les risques associés à la surpopulation, « Compte à rebours (Jusqu’où pourrons-nous être trop nombreux sur terre ?) » : « Dans l’histoire de la biologie, toutes les espèces qui ont surexploité les ressources de leur environnement ont subi un effondrement de leur population, parfois fatal pour l’espèce entière. Sur cette Terre au bout du rouleau, nous ne vivons plus dans une étendue sauvage et illimitée : nous sommes dans un parc. Nous adapter à cette réalité est aujourd’hui la condition de notre survie. Sans quoi la nature fera le travail à notre place. Par exemple la nature nous privera de nourriture. Le risque qu’une épidémie de fièvre Ebola ravage nos populations est en effet bien moins élevé que celui de voir des pathogènes soufflés aux quatre coins du monde faire s’effondrer notre production alimentaire centrée sur quelques monocultures. »

                Pourtant les malthusiens, qui voudraient mettre en place une démographie responsable, sont régulièrement attaqués quand ils ne sont pas purement et simplement ignorés par les médias.

* LE MONDE du 29 juillet 2014, L’épidémie d’Ebola progresse et atteint le Nigéria