Fin de vie, Emmanuel Macron en décide seul

Changer la loi de 2016 sur la fin de vie qui admettait une « sédation profonde et continue » (en cas de souffrances intolérables lorsque le pronostic vital est engagé à court terme), c’était une promesse de campagne d’Emmanuel Macron. Il a plusieurs fois reporté sa décision. Cette fois, il se lance, fort de son éthique très personnelle !

LE MONDE avec AFP : Emmanuel Macron a annoncé le 10 mars 2024 qu’un projet de loi ouvrant une « aide à mourir » sous « conditions strictes » serait présenté en avril en conseil des ministres. Les patients majeurs, « capables d’un discernement plein et entier », atteints d’une « maladie incurable » avec un « pronostic vital engagé à court ou moyen terme » et subissant des souffrances « réfractaires » pourront « demander à pouvoir être aidés afin de mourir ». Les mineurs et les patients atteints de maladies psychiatriques ou neurodégénératives qui altèrent le discernement, comme Alzheimer, en seront donc exclus. En cas d’avis collégial favorable de l’équipe médicale, une substance létale sera prescrite à la personne, qu’elle pourra s’administrer elle-même, ou avec l’aide d’un tiers si elle « n’est pas en mesure d’y procéder physiquement ».

Emmanuel Macron dit avoir personnellement écrit ses propres « directives anticipées » sur les soins qu’il souhaite, ou non, recevoir en fin de vie.

Le point de vue des écologistes pré-Alzheimer

ROTZ : En clair, les Français qui souhaitent choisir leur fin de de vie devront continuer á aller en Suisse ou en Belgique… Tout ça pour ça!

Neal59 : Avril de quelle année ? Il y a eu une convention citoyenne, les propositions intéressantes restent aux abonnés absents!

Van Velde : Le président se prend clairement pour Zeus. Personne n’est compétent à lui seul, mais c’est lui qui va nous expliquer ce qui est « éthique et souhaitable » ou ne l’est pas concernant notre manière de mourir.

Michel SOURROUILLE : Un comité d’éthique s’est déjà prononcé, une assemblée citoyenne a déjà eu lieu dont Macron ne tient aucun compte, des ministres ont été mobilisés plusieurs mois et Macron hésitait hésitait tout en invitant des religieux à sa table à plusieurs reprises. Notre « jeune » président de la République ne vit pas au XXIe siècle, mais aux temps de la messe tous les dimanche. De toute façon il en est de l’avortement comme de la fin de vie, l’absence d’une loi n’a jamais empêché quiconque de vivre l’une et/ou l’autre de ces pratiques par usage de sa propre liberté. L’avis personnel de Macron indiffère.

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Fin de vie, Macron invite encore les religions

extraits : Dîner à l’Élysée le 8 février 2024. Une nouvelle fois étaient conviés les représentants des cultes pour échanger sur le sujet de la fin de vie. Macron a prévu de présenter un « plan décennal pour le développement des soins palliatifs » et indiqué son espoir de parvenir à proposer « un espace qui ne soit ni une liberté ni un droit, mais un possible qui serait un moindre mal » ???

Fin de vie, le choix de Jacqueline Jencquel

extraits : Jacqueline Jencquel a choisi la « liberté ultime » en mettre fin à ses jours en mars 2022, à 78 ans, sans souffrir d’aucune pathologie incurable. Défenseuse radicale du suicide assisté, elle expliquait en 2018, sur le site Konbini, vouloir en finir avant d’échouer « dans un mouroir », à savoir un Ehpad. Jacqueline Jencquel a été une cheville ouvrière de l’Association pour le droit à mourir dans la dignité (ADMD).

Fin de vie, le lobbying religieux

extraits : Conforme à leurs préjugés, il y a unanimité religieuse contre une loi sur la fin de vie. Étonnant qu’il n’y ait pas la même unanimité pour faire entendre raison aux Juifs et aux Palestiniens. Étonnant que leur amour de la vie que « seul Dieu peut reprendre » ne soit pas repris par les croyants pour pourfendre toutes les guerres et faire l’apologie des objecteurs de conscience opposé à l’usage des armes. Bien sûr ils peuvent parler de leurs dogmes, mais vouloir empêcher la légalisation d’une nouvelle loi en France sur la fin de vie n’est pas de leur compétence. Ils ont déjà été reçu par Macron, ils devraient bientôt revoir Macron. Ce chef d’État sort de sa compétence qui est de faire vivre la laïcité dans notre pays et non d’hésiter sur la fin de vie.

15 réflexions sur “Fin de vie, Emmanuel Macron en décide seul”

  1. Éditorial du MONDE (12/03/2024)
    Le texte présenté n’évite pas toutes les critiques. La procédure paraît complexe et la définition du « pronostic vital engagé à court ou moyen terme » incertaine. Quant à la crainte que l’« aide à mourir » ne soit introduite au détriment de l’accès de tous, primordial, aux soins palliatifs, elle n’est pas levée par des annonces présidentielles imprécises et insuffisantes. Face à des enjeux aussi sensibles et complexes, il appartient désormais aux parlementaires de prendre tout le temps de la discussion afin de continuer à faire « mûrir » le texte.

    1.  » il appartient désormais aux parlementaires de prendre tout le temps de la discussion afin de continuer à faire « mûrir » le texte. »

      Pourquoi les parlementaires ? Selon moi, ce sont avant tout les personnes malades, souffrantes et/ou mourantes qu’il faut consulter pour faire mûrir le texte dans le bon sens ! Ras le bol que ce soit des associations et autres organisations religieuses qui soient consultées !

      Les personnes malades, souffrantes et/ou mourantes sont mieux placées que quiconque pour savoir la nécessité de l’euthanasie et de ce petit droit d’aide à mourir !

      Tu sais beaucoup de personnes étaient opposées à l’euthanasie, mais une fois agonisantes sur un lit d’hôpital elles ont changé d’avis !

      1. Mais arrête donc de raconter n’importe quoi !
        Tu demandes, ou tu t’insurges : « Pourquoi les parlementaires ? »
        Sais-tu au moins comment sont élaborées les lois, qui les propose, qui les vote etc. ?

        1. Si les parlementaires avaient du bon sens, ils auraient attribué la liberté de recourir à l’euthanasie et l’aide à mourir depuis longtemps ! Les parlementaires doivent respecter chaque individu de recourir à ce souhait !

  2. « Fin de vie, Emmanuel Macron en décide seul »

    Faux ! Chaque personne remplissant les conditions, pourront choisir et décider de recourir ou pas à l’aide à mourir !

    Ce sont ceux qui veulent interdit cette aide et l’euthanasie qui veulent décider seuls sans que les principaux concernés (soit les personnes mourantes et souffrantes) soient consultés ! Ceux qui veulent interdire ce recours veulent décider à la place des autres, alors que ce ne sont pas leurs corps ! Mon corps m’appartient, donc les décisions concernant mon corps m’appartiennent !

  3. La « liberté ultime » est de pouvoir mettre fin à ses jours quand on le décide personnellement, et au moment où on le décide. Cela aucune loi ne peut empêcher l’exercice de cette liberté. Alors, faire dépendre la décision légale par l’avis collégial d’une équipe médicale semble une atteinte au libre-arbitre des citoyens. Et parler de pronostic vital engagé à court ou moyen terme semble une vision très restrictive de la complexité de chaque fin de vie.
    La pilule létale en vente libre en pharmacie ne serait-elle pas une voie à explorer ?

  4. Esprit critique

    Sur le commentaire de Michel Sourrouille. Déjà ce ne sont pas les comités d’éthique ni les assemblées (conférences) citoyennes qui font les lois. Ni le Président de la République d’ailleurs. C’est pour ça que le titre de cet article ne peut être compris que comme une simple exagération. M. Sourrouille exagère également quand il dit que l’avis personnel de Macron l’indiffère.
    Il en serait tout autrement si Macron était POUR. Quant à loi, absente ou pas, je veux bien croire en effet qu’elle indiffère totalement celui qui a décidé d’en finir. Par contre s‘il compte se faire aider, là c’est autre chose. Or c’est bien ça le problème. Maintenant c’est vrai que Macron semble décider seul … du contenu comme de chacun des mots de ce PROJET de loi. ( à suivre )

    1. Projet de loi qui devra ensuite passer par tous les filtres constitutionnels.
      Et quand bien Macron le rédigerait-il tout seul, ce projet de loi, où est le problème ?
      – « Le président de la République (en dehors des périodes de cohabitation), le Premier ministre, ou un ministre, voulant faire aboutir une réforme, peuvent initier l’élaboration d’un projet de loi. » (Comment s’élabore un projet de loi ? vie-publique.fr)

      Devrait-il déléguer ? Et si oui à qui ? Pas au Pape bien sûr ! Alors à l’ADMD peut-être ?
      En tous cas je préfère le voir bosser sur ce dossier que pour décider de la chanson d’ouverture des J.O .

  5. Macrelle ne peut plus faire de grande réformes législatives et il va gouverner par décrets comme l’au début de son premier mandat.
    Il va donc nous abreuver de réformettes médiatiques comme l’avortement ou la fin de vie aujourd’hui.
    J’aimerais qu’il assume son engagement sur les sans abris mais c’est sûrement trop compliqué pour lui et Il a mieux à faire avec ses conseillers Mckinsey.

  6. Encore une fois ON vient embêter ce pauvre Manu avec ça.
    Et moi je dis que c’est pas sport ! Pas fair-play, pas sympa, pas gentil quoi.
    Manu vient de graver l’IVG dans la Constitution, c’est déjà bien non ? Oh bien sûr, le Top eut tété d’y rajouter l’IVV (interruption volontaire de vieillesse), suffisait juste de rajouter une lettre et pour le prix d’un ON avait les deux et en même temps.
    Non plus sérieusement quoique, qu’ON se mette un peu sa place, et alors ON verra que c’est pas facile. Faire des promesses ah ça oui c’est facile, surtout en temps de campagne électorale, mais après c’est une autre paire de manches.
    Déjà comment nommer la chose ? ON avait pensé à «Loi de fraternité»… c’est vrai que c’est beau la Fraternité, même que c’est dans la devise de la Raie Publique.
    Seulement ça ne plaisait pas aux curés, qui voyaient là une… tromperie (Lire La Croix).
    ( à suivre )

    1. Ah ça non plus c’est pas sport, Manu c’est quand même pas Tromp si ?
      Et pourquoi pas «Loi de Sobriété» tant qu’ON y est…, vu qu’ON doit se serrer la ceinture et économiser des milliards. Oh non pas ça… ça va encore faire jaser.
      Finalement ON va l’appeler «Aide à mourir», tout simplement, tout connement. Ben oui, tout le monde aime les aides. Manu le premier il voudrait bien qu’ON lui tienne la main si besoin, même qu’il l’aurait écrit dans ses directives, anticipées. Oui mais de là à l’inscrire dans la Constit … ça c’est une autre paire de manches. Bref c’est point commode !

      – « J’voudrais bien (ouin ouin ouin) mais j’peux point (ouin ouin ouin)
      C’est point commode d’être à la mode, quand on est bonn’ du curé !
      C’est pas facile d’avoir du style quand on est un’ fille comm’ moué !
      J’fais qu’des bêtises, derrière l’église J’peux point m’en empêcher ! »
      🙂

  7. communiqué de l’ADMD (10 mars 2024)
    Après l’annonce par le président de la République, dans une interview croisée La Croix / Libération, des principales orientations du futur projet de loi sur la fin de vie, le président de l’ADMD, Jonathan Denis, salue la sortie de la zone d’hésitation dans laquelle le président de la République semblait être enfermé, depuis la Convention citoyenne. (Mais) à ce stade le texte – tel que le Président en a dessiné les contours – n’est pas celui qui permettra de répondre le plus parfaitement aux demandes légitimes des personnes en fin de vie. Il n’est pas le texte porté par les militants du droit de mourir dans la dignité. Il n’est qu’une première étape. En effet, en excluant la prise en considération des demandes anticipées, le projet exclut toutes les maladies dégénératives, de type Alzheimer.
    (à suivre)

    1. (suite et fin) Ce texte, en exigeant que le pronostic vital soit engagé à court ou à moyen terme, condamne les patients atteints, par exemple, de la maladie de Charcot, à éprouver les drames des derniers stades d’évolution de la maladie. De plus, en ne permettant l’euthanasie (l’accomplissement du geste létal par un tiers) que de manière exceptionnelle, le patient ne sera pas pleinement respecté dans ses convictions et dans sa conscience : certaines personnes qui demandent légitimement l’aide à mourir pourraient, en accord avec leur conviction personnelle, ne pas souhaiter accomplir elles-mêmes le geste létal. Enfin, il conviendra de préciser ce que sous-entend la collégialité médicale : en faire un contrôle à priori serait une erreur et l’ADMD s’y opposera.

    2. Pour l’ ADMD Macron ne va pas assez loin, ni assez vite, et puis son texte n’est pas celui qui permettra de répondre le plus parfaitement à la Demande, etc. etc.
      Bref, c’est de bonne guerre comme ON dit.
      Rappelons que tous les membres de la Convention étaient d’accord sur le développement des soins palliatifs. Macron dit qu’un milliard d’euros de plus y seront consacrés, etc. ON verra.
      La Convention Citoyenne disait que la Loi devait évoluer. Voilà donc qui va dans ce sens. De quoi alors se plaint-ON ? C’est «une première étape» comme dit l’ADMD, «cette loi marque le début d’une nouvelle phase» comme dit Macron.
      Après il faut laisser le temps au temps, attendre que ça mûrisse, ou pourrisse…
      ON ne va quand même pas légiférer maintenant sur le Plan 75 (le film), si ?
      Oui je sais, le sophisme de la pente glissante. C’est comme avec la légalisation de la Beuh, et après ça sera la Coke et ainsi de suite. 😉 ( à suivre )

      1. En tous cas sur ce coup je trouve Macron plutôt honnête. Ben quoi je peux le dire non ? Il reconnaît l’avoir promis… je pense qu’il doit s‘en mordre les doigts.
        Il dit se méfier des sondages, moi aussi. Et il s’en tire superbement bien :
        – « Donc je plaide coupable pour être tout à la fois, en même temps, trop lent et trop rapide ! » Bref, sacré Manu va ! 🙂
        En attendant, l’ ADMD aussi me fait rire. Notamment avec ce passage :
        – « […] le patient ne sera pas pleinement respecté dans ses convictions et dans sa conscience : certaines personnes qui demandent légitimement l’aide à mourir pourraient, en accord avec leur conviction personnelle, ne pas souhaiter accomplir elles-mêmes le geste létal. »
        Que je comprends comme ça : « Moi je ne veux pas le faire ! C’est contraire à mes convictions etc. Et c’est pour ça que je demande à ce qu’ON le fasse à ma place. »
        Et moi je trouve ça un peu fort !

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