CLIMAT, supprimons totalement la publicité

Les quelque 34 milliards d’euros de dépenses annuelles en publicité et marketing promotionnel – un montant comparable à l’effort des entreprises françaises en matière de recherche et développement – continuent de doper des modèles économiques fondés sur la surconsommation et incompatibles avec les limites planétaires.

Lire, Publicité, une agression caractérisée

Mathilde Dupré et Renaud Fossard : En 2022, le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) a souligné le caractère incontournable de la sobriété dans la lutte contre le dérèglement climatique, évoquant aussi la « régulation de la publicité » comme un des outils appropriés pour promouvoir des modes de consommation plus sobres. Au cours des trente dernières années en France, les dépenses de publicité et marketing ont conduit à une augmentation cumulée de la consommation des ménages de 5,3 %, et à un renforcement du poids de la consommation au sein du produit intérieur brut. En cause, la forte pression publicitaire, qui conduit les individus à se sentir frustrés de leur niveau présent de consommation et à renouveler toujours plus rapidement des produits qui fonctionnent encore. Ce qu’on appelle l’« obsolescence marketing ». Or la consommation des ménages constitue une source importante des émissions de gaz à effet de serre. La publicité a donc un impact écologique qui est d’autant plus fort que les dépenses en la matière se concentrent massivement sur une poignée de produits et de services polluants, tels que la voiture individuelle (en particulier les SUV), le fast-food ou encore les sodas (deux types de nourriture qui, outre l’accumulation de déchets, plastiques notamment, posent aussi des enjeux majeurs de santé publique). Que faire ?

Premièrement, pour prévenir efficacement les incitations à l’obsolescence marketing et le « greenwashing », il est temps de confier la régulation des contenus publicitaires à une autorité indépendante et non aux organismes contrôlés par la profession elle-même.

Deuxièmement, l’accès au marché publicitaire doit aussi être barré pour une poignée de produits qui sont particulièrement polluants ou néfastes pour la santé publique (voitures individuelles à moteur thermique, voyages en avion ou produits alimentaires de Nutriscore D ou E), à l’instar des règles qui existent dans de nombreux pays sur le tabac ou à Singapour pour les boissons sucrées.

Troisièmement, la lutte contre la surconsommation et l’obsolescence marketing suppose également d’agir sur le niveau général de pression publicitaire. Selon l’étude précitée, un triplement du (très faible) niveau actuel de taxation des dépenses publicitaires permettrait de les réduire de l’ordre de 14 %,

Le point de vue des écologistes

La première mesure que devrait promouvoir un politique responsable ? Pour l’envoi de toute publicité, recueillir le consentement préalable des individus. L’application d’une telle mesure remettrait la filière inversée à l’endroit ; ce n’est pas au consommateur de subir sans l’avoir demandé les annonceurs dans les rues, dans les journaux et sur les écrans. Sur les boîtes aux lettres, plus besoin de mettre STOP pub, aux addicts de mettre s’ils le souhaitent OUI pub. Les journaux devraient proposer un exemplaire au choix, avec pub ou sans pub, etc. Remettons l’information à sa place, personne ne devrait être obligé de payer une publicité pour les autres.

Un programme politique écologiquement cohérent devrait même annoncer la suppression totale de la publicité pour en revenir à la réalité de nos besoins. Dans un contexte où la publicité serait totalement absente, on retrouverait une certaine pertinence au prix à payer.

Lire, Tout savoir sur la publicité qui nous dévore

4 réflexions sur “CLIMAT, supprimons totalement la publicité”

  1. Demander ou ne serait-ce que souhaiter la suppression totale de la Pub est un vœu pieux.
    C’est comme si on voulait empêcher la Terre de tourner, le climat de se réchauffer, les océans de monter, les pauvres d’adorer le Foot, et les riches le Pognon, les Profits etc.
    D’un côté on se heurte à des lois physiques, de l’autre à celles du Système (Business as usual, Pognon-Pognon, Plus = Mieux, Parce que je le veau bien etc. etc.)
    Alors qu’elles n’ont rien de naturelles (et donc d’indépassable) ces dernières, qui ne sont que conjoncturelles, dans l’air du temps et donc éphémères (pour combien de temps encore ?) sont incrustées dans nos cerveaux. Et tout est fait pour qu’il en soit ainsi, pour des siècles et des siècles amen. Et il est là Le Problème.
    En attendant, on ne peut donc que déplorer. ( à suivre )

    1. Déplorer, dénoncer, aligner des yaka-faukon, se lamenter, se pourrir la vie, s’énerver (ça calme sur le moment), déboulonner des panneaux publicitaires, démonter des Mc Do etc. Voire toujours plus pour les plus souffrants.
      Ou alors se con tenter d’imaginer un monde totalement débarrassé de la Pub. Autant dire du Système, de la Compétition, de la Connerie humaine etc. On peut toujours rêver.
      La «voie du milieu», comme celle que nous raconte là Le MONDE (Le Système), n’est encore qu’un trompe-couillons. La «Pub Responsable» ou «Régulée» c’est comme le «Développement Durable» et autres foutaises. C’est juste pour faire croire (et se faire croire) qu’on fait quelque chose, qu’on rame dans le bon sens, qu’on lutte et blablabla. Là encore il n’est pas question d’en finir de la Pub, seulement de la verdir. Par exemple en interdisant la Pub pour les bagnoles thermiques, comme on l’a fait pour l’alcool, le tabac etc. Hypocrisie totale !

      1. Pour se faire une idée de ce qu’est la « régulation de la publicité » lire cet article de Reporterre du 17 septembre 2020 :
        – “Régulation de la publicité : le ton monte entre écolos et annonceurs“.
        Ces 3 institutions ( ARPP, CPP et CEP ) ne pondent que des «recommandations» et des «avis», autant dire qu’elles ne font que du vent. Pour participer à ce CPP, les membres de ces associations de défense (des cons-sots-mateurs et de l’environnement) doivent faire preuve de beaucoup de courage, et/ou de naïveté.

      2. Et pour voir où nous en sommes aujourd’hui, lire ce que dit le Gouvernement :
        – « La réglementation relative à la publicité, aux enseignes et pré-enseignes s’inscrit directement dans un objectif de protection du cadre de vie, dans le but de concilier la liberté d’affichage avec la protection du cadre de vie et notamment du paysage, qu’il soit naturel ou bâti, urbain, péri-urbain ou rural. […] Il s’agit ainsi de trouver un équilibre entre des objectifs de préservation des paysages et du cadre de vie et des objectifs de développement économique des territoires. » ( Réglementation de la publicité, enseignes et préenseignes – ecologie.gouv.fr – 22 novembre 2022 )

        La liberté de la Pub … et (en même temps) la protection du cadre de vie et des paysages ! La protection du cadre de vie, et (en même temps) le développement économique ! Bref, le beurre et l’argent du beurre, une chose et son contraire.

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