Macron en marche vers l’écologie superficielle

le pouvoir des deux ministres : En attendant de voir préciser par la première ministre Elisabeth Borne les feuilles de route avec les objectifs à atteindre pour le quinquennat, le « Journal officiel » publie le 2 juin 2022 les décrets définissant les périmètres attribuée à chacun de ses deux ministres de l’écologie. Emmanuel Macron avait voulu deux entités distinctes, l’une consacrée à la transition écologique et à la cohésion des territoires confiée à Amélie de Montchalin, l’autre à la transition énergétique dirigée par Agnès Pannier-Runacher. Les décrets indiquent de nombreuses cotutelles des directions. Le Réseau Action Climat, s’inquiète de ces responsabilités partagées. « Qui va faire quoi concrètement ? Pour Matthieu Orphelin, député écologiste, « cette architecture est totalement incohérente et contradictoire avec ce que nous disent les scientifiques : il faut traiter ensemble la biodiversité, l’énergie et le climat ».

Commentaire biosphèrique : La ministre de la nature aura pour mission principale de promouvoir la chasse à courre, la ministre des émissions de gaz à effet de serre sera chargée de mettre sous respirateur artificiel nos centrales nucléaires en fin de vie. Bref on démantèle, on divise, on rend ingérable. Bref, on n’y comprend rien. Voilà qui en dit long sur les volontés réelles de Macron quant à l’urgence écologique. Entre les mains des macronistes, la planification écologique (concept volé à Mélenchon) s’annonce comme une immense usine à gaz où l’on ne saura plus qui fait exactement quoi. En route donc vers la mise en place d’une gestion greenwashing du vieux monde business as usual. En réalité, il y a deux visions cohérentes (mais opposées) de l’écologie : soit naturaliste-décroissanciste dite aussi écologie profonde, soit technicienne-productiviste ou écologie superficielle. La première veut aller contre la production et la consommation au nom de la biodiversité et des générations futures (les acteurs absents), la seconde se contente d’amenuiser l’impact destructeur de la société thermo-industrielle (s’adapter à la catastrophe). La première ministre a bien compris ce que demande Macron, la protection de l’environnement, d’accord, mais jamais dans la douleur.

Elisabeth Borne : « J’ai pour objectif une transformation radicale de nos modes de production, de déplacement, de logement, de notre façon de nous alimenter, mais nous ne ferons pas l’écologie contre l’économie… J’exclus d’augmenter la fiscalité environnementale … Je vais permettre à chaque Français d’accéder à un véhicule électrique dans le cadre d’une location de longue durée pour un montant mensuel de moins de 100 euros… Quand on dit qu’on ne veut plus de chaudières au fioul, il faut être capable de proposer un système de chauffage abordable financièrement et qui réponde aux objectifs de confort des Français … L’écologie n’est plus la politique de quelques lanceurs d’alerte, elle est au cœur de nos politiques publiques à la condition de ne pas mettre en difficulté nos concitoyens ou les filières économiques ».

Lire, Élisabeth Borne, pragmatisme et petits pas

7 réflexions sur “Macron en marche vers l’écologie superficielle”

  1. @ Biosphère.
    Je viens de découvrir cet échange entre Vous et Coq au Vin :
    – L’écologie profonde versus l’écologie superficielle (Biosphère, juin 2013)
    Cet échange (c’en est un) est intéressant. Bien que je sois loin d’être d’accord avec tout ce qu’il raconte, je me reconnais beaucoup chez ce Coq. Lui non plus ne croit pas au consensus, il pense d’ailleurs qu’il n’est pas désirable. Toutefois il croit que ce genre d’échange est bénéfique, moi aussi. Hélas les échanges sont rarissimes. Même sur Biosphère.
    En fin de compte, comme lui je pense que vous tenez ce blog parce que vous pensez que c’est votre devoir. Je pourrais dire aussi bien que c’est votre came. Et moi j’y interviens parce que ça me fait réfléchir, et souvent rire et en même temps. Et parce que ça me fait passer le temps, en attendant. De là à dire que je le fais parce que c’est mon devoir…
    PS : par simple curiosité, j’aimerais bien savoir ce qu’est devenu ce Coq.

  2. Esprit critique

    – « En réalité, il y a deux visions cohérentes (mais opposées) de l’écologie : soit naturaliste-décroissanciste dite aussi écologie profonde, soit technicienne-productiviste ou écologie superficielle. […] La première ministre a bien compris ce que demande Macron, la protection de l’environnement, d’accord, mais jamais dans la douleur. »

    Même si je pense qu’il y a bien plus que deux visions cohérentes de l’écologie, je peux admettre que ces deux là représentent deux courants de pensées bien réels.
    Celle qui a le vent en poupe est sans conteste cette «écologie superficielle». C’est bien sûr celle de Macron et Compagnie, celle des écotartuffes et des petits-bourgeois. Si celle là se contente d’amenuiser l’impact destructeur de la société thermo-industrielle (capitaliste), je ne dirais pas qu’elle s’applique à ne jamais œuvrer dans la douleur.

    1. esprit critique

      Tout simplement parce que cette écologie là n’est déjà pas tendre. Ne serait-ce qu’envers ses opposants, particulièrement maltraités par les forces de l’ordre… aux ordres des gouvernements successifs, eux mêmes aux ordres des Dirigeants.
      Et puis parce qu’en fin de comptes elle fait plus de mal que de bien. Elle brouille les esprits, maintient les gens dans l’Illusion, la Confusion, la Peur etc.
      Ne nous leurrons pas, si cette écologie là préfère (pour le moment) éviter la douleur, c’est uniquement pour protéger l’Ordre Établi.

      1. Maintenant si la première (la dite profonde) veut aller contre la production et la consommation, au nom de la biodiversité et des générations futures (mais pas que), force est de constater qu’elle est loin de faire l’unanimité, ou consensus.
        Ne serait-ce déjà qu’en son sein. Nous le voyons très bien ici, sur Biosphère, qui nous le démontre indirectement. Michel Tarrier n’est qu’un exemple, on peut-être d’accord avec lui, sur ceci ou cela, et en même temps on le ferait brûler pour autre chose. Misère misère !

  3. Déjà ce n’est pas deux mais trois. Trois femmes à l’écologie ! Avec ça les féministes doivent être content(e)s. C’est déjà ça. Trois femmes avec de sacrés bagages et de superbes CV.
    La plus âgée est la cheffe, normal c’est elle qui a le plus d’expérience. Formatée chez X la dame est titulaire d’un MBA (Master of Business Administration), ce prestigieux master qui n’en a que le nom. Derrière elle une longue carrière dans les hautes sphères de l’État, ministères etc. Devant elle le sauvetage de planète. Autant dire qu’à 61 balais notre nouvelle Super Première Ministre est encore loin de la retraite. Les deux autres, des jeunettes, sont diplômées de la non moins prestigieuse école de commerce HEC, un bon tremplin là encore pour une grande et belle carrière politico-stratosphérique. Bref, trois expertes en économie, sans aucune expérience en écologie, et en même temps. Avec ça les écologistes n’ont qu’à bien se tenir.

    1. Pour ce qui est des écologies c’est pareil. Déjà ce n’est pas deux mais trois.
      – « trois registres écologiques, celui de l’environnement, celui des rapports sociaux et celui de la subjectivité humaine […] Il n’y aura de réponse véritable à la crise écologique qu’à l’échelle planétaire et à la condition que s’opère une authentique révolution politique, sociale et culturelle réorientant les objectifs de la production des biens matériels et immatériels. »
      (Les trois écologies – Par Félix Guattari sur multitudes.net/)

      1. jamais deux sans trois

        Guattari réunit l’écologie environnementale, l’écologie sociale et l’écologie mentale dans une «écologie globale», «une écosophie de type nouveau, à la fois pratique et spéculative, éthico-politique et esthétique». Avec ça les écologistes n’ont qu’à bien se tenir ! Adieu la profonde, la superficielle, la dure, la molle, celle des petits pas et Jean Pass ! En attendant, de mon côté je persiste à penser qu’il y a autant d’écologies que d’écologistes, d’écosophes, d’écotartuffes, d’écofascistes et j’en passe réunis. Mais bon.

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