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Poutine / Ukraine, parfum d’hydrocarbures !

A quelques jours d’écart, les 24 et 28 février, Vladimir Poutine lançait l’armée russe sur l’Ukraine et le Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) rendait public son sixième rapport, le plus alarmant rendu à ce jour par l’organisme onusien. Rien ne semble a priori rapprocher ces deux menaces. La première tient à la folie d’un seul homme quand la seconde tient aux lois intangibles de la physique. Sur ces deux menaces plane pourtant le même parfum d’hydrocarbures.

Lire, Ukraine, bientôt le choc pétrolier ultime

Stéphane Foucart : Charbon, pétrole et gaz sont les principales causes du réchauffement, mais aussi principales sources de financement de la Russie de Vladimir Poutine. Notre addiction aux énergies fossiles a armé le maître du Kremlin ; Politico a fait ce cruel calcul , en 2020 les dépenses militaires russes (56 milliards d’euros) correspondent peu ou prou à la valeur des exportations de combustibles fossiles de la Russie vers l’Europe (59 milliards d’euros). Au total, 40 % de la consommation de gaz des pays de l’Union proviennent de Russie. En jouant ainsi avec les nerfs des populations européennes, le maître du Kremlin semble nous susurrer : « Voyez comme ces centrales nucléaires vous rendent vulnérables au moindre de mes caprices. Ne préférez-vous pas rester au gaz ? »

Quelques commentaires :

Vince : Citation du Sunday Times: « Tout en envahissant l’Ukraine et en menaçant l’Otan d’une guerre nucléaire, Vladimir Poutine tient à vendre au monde ses marchandises. La Russie a exporté 235 milliards de dollars d’énergie l’année dernière, soit environ la moitié de ses revenus d’exportation totaux. Cela signifie que chaque jour, les acheteurs de pétrole, de gaz, de diesel et de charbon russes versent plus de 640 millions de dollars dans les coffres du Kremlin, aidant à soutenir le régime meurtrier de Poutine et à payer les chars qui bombardent son voisin.  »

jcf : La corrélation entre l’exportation par la Russie d’énormes quantités d’hydrocarbures et l’invasion de l’Ukraine est d’une évidence telle qu’il est surprenant que les journalistes du Monde n’aient pas alerté l’opinion politique depuis longtemps. Ce sont sans doute les lobbys du carbone et de la finance qui les en ont empêchés. Peut-être aussi les photos sur papier glacé des produits de luxe qui prennent tant de place dans M Magazine…

Tomjedusor : Merci Stéphane. Bon le problème c’est que les lois de la physique sont têtues : on a besoin de beaucoup, beaucoup d’énergie pour se nourrir, se chauffer, s’habiller, écrire des articles. A peu prêt l’équivalent de la force 600 esclaves par an et par français. Ce serait bien de se sevrer mais comment faire ? Personne ne veut revenir au 17eme siècle, personne ne veut revenir faire pousser des poireaux a la place des tracteurs et des engrais issus de la pétrochimie, personne ne veut transporter ses récoltes en charrette pour les vendre au marché du coin. Se sevrer, oui, mais avec quoi ? Trois éoliennes en plus ? Les européens n’ont pas très bien compris l’ampleur du problème énergétique. En France par exemple se sevrer du gaz et du pétrole voudrait dire 60 EPR de plus, pas 14. Et encore on arrenterait pas les importations carbonées avec ça

Freretug : Ben quoi retournons à un monde de serfs attachés à leur terre, aux villageois d’antan qui ne quittaient leur village que deux fois pas an. Pas d’avions pas de voitures pas de voyage en Thaïlande pour aller se dorer les fesses… Le monde d’après…

Haïdouk @Freretug : Et en plus on voudrait même nous interdire le plastique ! Les sacs étaient pourtant bien pratiques. Notamment pour se suicider…

fongalop : Les bobos parisiens et les écolos en rêvaient depuis longtemps, la décroissance. Grace à Poutine, elle va enfin s’installer sans débat dans toute l’Europe.

Frog : Oui, et après il y aura la fin des énergies fossiles dans un monde très conflictuel, et les partisans de la croissance n’auront rien vu venir bien qu’on en parle depuis plus de 50 ans….

Lorange : J’avoue rêver d’assister à un repas dominical durant lequel papi boomer explique à une tablée fatiguée de ses élucubrations réactionnaires que les rapports du GIEC, synthèse des expertises scientifiques de toute la planète sont faussés, que les écologistes qui n’ont jamais été au pouvoir sont responsables du réchauffement climatique et que Macron ou la droite sont les plus à même de résoudre la crise écologique. Et, en point d’orgue, à partir du fromage, not’bon papi réactionnaire s’étranglant de rage et hurlant que lui vivant, jamais, ô grand jamais, on ne retournera vivre dans les cavernes en s’éclairant à la bougie.

Batman : Soyons clair, Poutine, les Russes, les Ukrainiens d’aujourd’hui et leurs conflits auront tous disparus dans 50 ans mais le réchauffement sera là. Je m’étonne également que face au risque de pénurie aucun appel à la sobriété énergétique ne soit fait ni aucun rationnement prévu. C’est si dur de se passer de sa bagnole et son smartphone ?

Peps72 : Y’a 7 milliards d’être humains sur Terre, alors je vois pas vraiment quel serait l’intérêt d’évaluer le coût écologique d’un conflit qui oppose 150 000 militaires russes à 100 000 militaires ukrainiens, sachant que tout ce petit monde s’entraine quoiqu’il arrive tout au long de l’année en consommant de l’essence et des munitions, à un niveau certes beaucoup moins élevé, mais au final d’un point de vue écologique ça va (absolument) rien changer du tout au devenir de l’humanité…

Lire, Pauvreté, guerre et surpopulation sont liées

Ukraine, bientôt le choc pétrolier ultime

Le monde est un baril de pétrole qui ne demande qu’à s’enflammer. Qui aurait dit en septembre 1972 que le prix du baril allait quadrupler au cours de l’année 1973, entraînant pour les années suivantes stagnation de l’activité économique et inflation (stagflation) ? La guerre du Kippour d’octobre 1973 a entraîné le premier choc pétrolier, l’invasion de l’Ukraine pourrait bien déclencher le choc pétrolier ultime !

Lire, Bientôt le choc pétrolier ultime ? (septembre 2019)

Michel Lepetit : Le conflit entre Égypte et Israël avait été le prétexte à un embargo pétrolier, qui durera jusqu’en mars 1974, et à une spectaculaire envolée des prix du brut imposée par l’OPEP. Le quintuplement des prix du brut aurait été atteint dès la mi-1974. Mais le catalyseur de cette crise est d’abord la soif effrénée de croissance économique des pays riches, assouvie par une consommation énergétique toujours plus abondante. Pour autant, cest l’embargo de 1973 qui envoient un signal politique fort et clair.La crise révèle la vulnérabilité de secteurs entiers aux hydrocarbures, en particulier l’agriculture, du fait du machinisme agricole (pétrole) et des engrais (gaz naturel). Les pays de l’OCDE doivent déployer des plans de rationnement sans précédent en temps de paix : restrictions d’approvisionnement de l’industrie  ; fermeture de stations-service ; limitations de vitesse sur les autoroutes ; normes de température dans les bâtiments publics  ; sensibilisation de l’opinion (la « chasse au gaspi ») ; interdiction de l’éclairage des bureaux et des enseignes lumineuses après 22 heures ; arrêt des émissions télévisées à 23 heures  ; interdiction de circuler le dimanche (en Suisse). L’industrie automobile se voit imposer des normes spectaculaires, favorisant les petits véhicules, plus sobres.

Michel SOURROUILLE : Rappelons ce qu’écrivait un spécialiste de l’automobile en 1979, JA Grégoire : « L’observateur ne peut manquer d’être angoissé par le contraste entre l’insouciance de l’homme et la gravité des épreuves qui le guette. Comme le gouvernement crie au feu d’une voix rassurante et qu’on n’aperçoit pas d’incendie, personne n’y croit. Jusqu’au jour où la baraque flambera. Comment l’automobiliste pourrait-il admettre la pénurie lorsqu’il voit l’essence couler à flot dans les pompes et lorsqu’il s’agglutine à chaque congé dans des encombrements imbéciles ? Cette situation me paraît beaucoup plus inquiétante encore que celle des Français en 1938. Ceux qui acceptaient de regarder les choses en face apercevaient au-delà des frontières la lueur des torches illuminant les manifestations wagnériennes, ils entendaient les bruits de bottes rythmant les hurlements hystériques du Führer. Tous les autres refusaient de voir et d’entendre. On se souvient de notre réveil en 1940 ! » (Vivre sans pétrole)

Lire, 2022, un choc bien pire que celui de 1973

Tragiquement, la crise pétrolière des années 1970 avait débouché sur le triomphe d’une idéologie du tout-marché, une économie qui ignore fondamentalement la centralité de l’énergie. Trop souvent la victime collatérale d’une crise est l’environnement. Tous les discours écologiques des années 1970 ont été remisés dans les oubliettes jusqu’à nos jours. Cinquante ans de perdus !

Lire, les limites de la croissance ou rapport au club de ROME (1972)

Carte carbone à la sauce décroissante

Sans attendre l’effondrement, Yves Cochet fait de la carte carbone un moyen efficace pour décarboner nos sociétés et la voit comme un instrument de justice sociale. Chacun recevra un quota annuel de droit d’émission de CO2 qui encadrera toute consommation d’énergie et d’alimentation. L’agence nationale de maîtrise de l’énergie (Ademe) publie des études affirment qu’une carte à puce permettra de suivre la consommation des particuliers, de renseigner leurs habitudes en matière de transport, d’énergie d’habitat et que cela présente un potentiel liberticide très faible. Le Medef se prononce pour une notation carbone des produits. L’infrastructure technique de pilotage des modes de vie est prête. Tout le monde est équipé d’ordiphone, les compteurs communicants permettent de fournir en temps réel des données personnelles. La carte carbone est donc une piste pour gouverner dans un monde aux ressources finies. Les restrictions de liberté ayant été acceptées au prétexte de la santé peuvent se poursuivre et s’approfondir.

Une telle analyse trouvée dans le mensuel « La Décroissance » (février 2022) paraît donner une solution d’avenir au problème de l’urgence écologique. Sauf que cela se trouve dans la rubrique « La saloperie que nous n’achèterons pas ». Vincent Cheynet justifie sa position critique ainsi : « Je ne rejette pas la carte carbone au nom du « je fais ce que je veux ». La décroissance suppose bien évidemment une autolimitation collective. Mais la décroissance que nous défendons a pour première préoccupation la liberté. Elle passe par une prise en main de la production, une redéfinition des besoins, une maîtrise de nos conditions de vie. Pas par un rationnement autoritaire des consommateurs sans rien changer aux structures techno-capitalistes. »

Donc, si nous avons bien compris, il faut attendre le Grand Soir du renversement du capitalisme pour pouvoir agir en toute liberté. Vincent Cheynet n’a donc aucune connaissance historique, car si le marxisme avait fonctionné (manifeste du parti communiste, 1848), nous serions 175 ans plus tard dans un monde du « à chacun selon ses besoins et l’abondance pour tous ».

Lire, Le croissanciste Rostow contre le croissanciste Karl Marx

Sauf que nous sommes déjà dans ce monde de consommation de masse, et cela grâce au capitalisme libéral. Presque tout occidentalisé possède sa voiture personnelle, le prolétaire peut partir en vacances plusieurs jours chaque année, il n’a même plus besoin de cultiver la terre. Ce n’est pas du capitalisme qu’il faut se défaire, c’est un mot vide de sens quand tout le monde peut acheter des actions ou des obligations.

Lire, Dire NON au capitalisme empêche de penser écolo

Il faut lutter contre les multinationales qui, grâce aux moteurs de recherche, prélèvent déjà toutes nos données personnelles pour mieux aiguiller la publicité vers ce qui fera vendre. Dans ce système, le consommateur est tout aussi coupable que le système car c’est bien lui qui accepte de consommer Mc DO, de rouler auto, d’acheter une nourriture ultra-transformée et des gadgets communicants, de pratiquer assidûment les voyages-loisirs, etc. Nos besoin sont déjà orientés dans le mauvais sens, et ce n’est pas ce système techno-industriel qui va définir nos besoins essentiels, supprimer la publicité et défendre la carte-carbone. C’est un État responsable écologiquement qui pourrait le faire en mettant en place une carte carbone. Et il ne pourra le faire que si la majorité des citoyens deviennent écologistes…

Macron vante les EPR 2, Jadot parle sobriété

Emmanuel Macron envisage la construction de six réacteurs nucléaires de type EPR 2 d’ici à 2050, avec une mise en service du premier vers 2035. Une version plus simple et moins chère que celui de l’EPR actuel à Flamanville. Pour construire des réacteurs, il faudra plusieurs étapes avec un débat public sur le projet et le dépôt par EDF auprès du gouvernement d’une demande d’autorisation de création d’une installation nucléaire, qui sera ensuite instruite par l’ASN (Autorité de sûreté nucléaire.)

Lire, Emmanuel Macron, pour ET contre le nucléaire

Yannick Jadot : « Construire six nouveaux réacteurs de type EPR [comme l’a annoncé le président le 10 février à Belfort], ce serait le budget de l’hôpital public. Le président de la République outrepasse son mandat en planifiant un vaste projet énergétique sans aucune certitude sur son coût global, sans aucune solution sur la gestion des déchets, sans aucune garantie sur les délais de mise en route alors que l’urgence climatique exige que nous agissions vite. Pourquoi prévoir une hausse de 60 % de la production d’électricité quand toutes les lois, les rapports, les scientifiques et les instituts les plus sérieux estiment que, sans sobriété, nous n’arriverons jamais à respecter nos engagements climatiques… si ce n’est par dogmatisme ? Emmanuel Macron condamne la France à l’ébriété énergétique et à la hausse des factures d’énergie. Je fermerai progressivement les centrales au bon rythme, sans jamais mettre en danger l’approvisionnement en énergie du pays.

Lire, Question nucléaire, la démocratie bafouille

Nucléaire et gaz, le greenwashing à l’UE

L’exécutif communautaire a fini par publier, le 2 février 2022, son décret sur la taxonomie verte, classement des activités selon leur contribution à la lutte contre le réchauffement climatique. Le nucléaire classé énergie « verte » et le gaz « énergie de transition », se révèle pour ce qu’elle est, un exercice purement politicien. Le propre de l’oxymore est de rapprocher deux réalités contradictoires. Nucléaire vert, moteur propre, développement durable, agriculture raisonnée, financiarisation durable, vidéoprotection, etc. La montée des oxymores constitue un des faits révélateurs de la société contemporaine. Ces zombies nous suggèrent perfidement la possibilité de concilier l’inconciliable, c’est du pur greenwashing (écoblanchiment).

Lire, Nucléaire vert, énergie durable, oxymores

Virginie Malingre, journaliste : Les investissements dans une centrale à gaz seront jugés durables si le permis de construire a été délivré avant 2030. Les investissements dans le nucléaire, pour leur part, bénéficieront du label « vert » s’ils financent des travaux de modernisation de centrales qui auront obtenu un permis avant 2040 ou la construction de réacteurs de troisième génération qui aura été autorisée avant 2045. « Le texte doit permettre de mobiliser des fonds privés car, comme le souligne Bruxelles, « il n’y a pas beaucoup d’argent public pour ça ». Certes, ni le nucléaire, dont l’exploitation génère des déchets hautement radioactifs, ni le gaz, qui émet du CO2, « ne sont verts ou durables », admet la Commission. Mais, dans une Europe où 15 % de la production d’électricité provient encore des centrales à charbon et où les énergies renouvelables ne garantissent pas un approvisionnement stable, ils permettent de réduire l’empreinte carbone des Vingt-Sept. Trois représentants se sont déclarés contre l’acte délégué : l’Autrichien Johannes Hahn, chargé du budget, l’Espagnol Josep Borrell, haut représentant des Vingt-Sept pour les affaires étrangères, et la Portugaise Elisa Ferreira, responsable des réformes. Le Luxembourgeois Nicolas Schmit, chargé de l’emploi, et le Lituanien Virginijus Sinkevicius, de l’environnement avaient fait valoir leurs réticences. Mais les opposants au texte de la Commission n’ont aucune chance de rassembler la majorité qualifiée de vingt Etats membres représentant 65 % de la population européenne qu’il leur faudrait. Le Parlement européen peut s’opposer à l’acte délégué sur la taxonomie par une majorité absolue et l’état des forces à ce stade ne rend pas la chose inenvisageable.

Jean-Baptiste Chastand, journaliste : La petite Autriche, 8,8 millions d’habitants, a pris la tête du front du refus. Dans ce pays qui s’enorgueillit de n’avoir jamais eu de centrale nucléaire en activité sur son territoire et de produire près de 80 % de ses besoins en électricité par des sources durables, cette position fait l’objet d’un consensus transpartisan, de la gauche à l’extrême droite. Dans le combat autrichien, la France de Macron fait figure de principale adversaire.

Lire aussi, Incompatibilité de la croissance et du climat

Le numérique réchauffe grave la planète

Après la honte de partir en avion (flight shame), faudra-t-il instiller la honte du numérique (digital shame) ? Sans aucun doute ! L ’empreinte énergétique de tous nos bits représente déjà 6 à 10 % de la consommation mondiale d’électricité et 2 à 4 % des émissions de CO2. Ce gadget qui nous ensorcelle, très énergivorace, contribue au réchauffement de la planète de manière de plus en plus importante. Il nous faudra désinformatiser en même temps que démondialiser, dévoiturer, désurbaniser, etc.

Lire, La fabrique du crétin numérique

Charles de Laubier : L’écosystème numérique mondial contribue aux émissions de gaz à effet de serre deux fois plus que le transport aérien. « Pour un courriel lesté d’une pièce jointe lourde, ce sont 20 grammes de CO2 qui sont émis, soit autant que 150 mètres parcourus en voiture », indique Guillaume Pitron, auteur de L’Enfer numérique. Voyage au bout d’un like. Avec 10 milliards de messages électroniques envoyés par heure dans le monde, cela équivaut à 50 gigawatts, soit la production électrique horaire de quinze centrales nucléaires ! Mais la pollution numérique provient pour les trois quarts de la fabrication de terminaux tels que – dans l’ordre de leur empreinte carbone – les téléviseurs, les ordinateurs portables, les smartphones, les box Internet, les écrans et les consoles de jeux. Contenant une cinquantaine de métaux, un smartphone ne pèse pas 150 grammes, mais 150 kilos – ce que M. Pitron appelle « le sac à dos écologique ».

Selon le think tank français The Shift Project, « Les émissions de gaz à effet de serre des services de vidéo à la demande, de type Netflix ou Amazon Prime, équivalent à celles d’un pays comme le Chili (plus de 100 millions de tonnes équivalent CO2 par an, soit près de 0,3 % des émissions mondiales). » Les gains obtenus en émissions carbone pourraient être vite balayés par la croissance du secteur. La réalité virtuelle, les métavers accessibles par des milliards d’êtres humains demanderai tune puissance informatique mille fois supérieure à celle d’aujourd’hui. Sans parler de la lutte contre la fracture numérique dans un monde où 2,9 milliards d’êtres humains ne sont pas encore connectés à Internet.

Pour en savoir plus, quelques contributions :

BeaufistanUberAlles : Passionnante et implacable démonstration du caractère auto-destructeur de l’idéologie folle de la croissance éternelle. La sobriété est donc l’unique voie, il n’y a plus à écouter les cancres qui prétendent le contraire. La question est : comment réaliser la sobriété ? Évidemment sortir du nucléaire au plus vite. Puis limiter ou supprimer les consommations inutiles et futiles : bagnole individuelle, jeux vidéos, malbouffe, TV, presse people et sportive, congélateurs, tondeuses à gazon motorisées… Les petits ruisseaux font les grands fleuves. Il conviendra aussi de limiter le nombre d’applications et rézosociaux, c’est n’importe quoi. Supprimer twitter, tiktok, insta, whatsapp, limiter le nombre de publications sur youtube, effacer les publications au bout de 6 mois, tout ça est à débattre… On n’y arrivera jamais avec la droite, de Macron à Zemmour, ils ignorent ces sujets qui sont les plus importants.

Lire, Neutralité carbone, l’exigence de la sobriété

Ht : Ce qui est notable et ce sur quoi Charles de Laubier n’insiste pas assez, c’est à quel point les technos les plus consommatrices sont justement celles qui n’apportent rien ou pas grand chose au consommateur : cloud gaming, bitcoin, 5G. Qu’on commence par là plutôt que de culpabiliser ceux qui envoient des mails.

Kim Kitaek : On pourrait commencer par supprimer TiK Tok, Facebook, Twitter etc etc qui visiblement ne sont ni bons pour l’humanité ni pour la planète.

KAR1M : A tout ceux qui rappellent les bienfaits (réels en apparence) du numérique. Renseignez vous sur leur « effet rebond ». En effet, par exemple, si l’on compare l’impact de l’envoi d’un email avec l’envoi d’un courrier physique, il est probable que l’impact soit inférieur. En revanche, la facilité d’envoi d’e-mail fait que finalement nous envoyons beaucoup plus d’e-mail que nous envoyons de courriers physiques. La numérisation s’accompagne ainsi très souvent d’une augmentation des usages de sorte que le bienfait peut s’annuler jusqu’à provoquer l’effet inverse.

Zarastro : On peut aussi s’interroger sur l’abandon prochain des les lignes téléphoniques analogiques classiques qui obligent concrètement à laisser en permanence sa box allumée pour les applications de domotique traditionnelles comme le déclenchement du chauffage à distance… mais aussi à se rééquiper avec du matériel compatible wifi. Bref, l’obsolescence programmée avec la bénédiction de l’État. En fait chaque nouvelle génération de technologie induit plus de consommation énergétique que la précédente.

Christian Giusti : Tout cela me fait penser aux travaux de Lewis Mumford, historien reconnu des techniques qui, au siècle dernier, dénonçait dans « Le Mythe de la machine » : (citation extraite de la page Wikipédia en français) : « la tendance moderne de la technologie, qui met l’accent sur une expansion constante et illimitée de la production et du remplacement. Il explique que ces objectifs vont à l’encontre de la perfection technique, de la durabilité, de l’efficacité sociale et, globalement, de la satisfaction humaine. La technologie moderne, qu’il appelle « mégatechnique » élude la production durable, la qualité, en poussant au remplacement prématuré des objets techniques grâce à des dispositifs tels que crédit à la consommation, designs non fonctionnels et défectueux, obsolescence programmée, changements de mode fréquent et superficiels ».

Lire, Enfer numérique, dictature des chiffres

Très bientôt le baril de pétrole à 100 dollars

Les prix du baril de brut pourraient bientôt dépasser 90 dollars, voire les 100 dollars. Plusieurs facteurs sont en cause, tensions géopolitiques dans plusieurs régions du globe, augmentations marginales des objectifs d’extraction de l’OPEP… mais on n’envisage pas encore la déplétions des ressources fossiles. C’est la fin de l’utopie libérale qui voulait faire de la planète un immense supermarché. Flambée des prix de l’énergie + tensions sur les matières premières + remontée des taux d’intérêt + explosion des dettes publiques et privées = ça sent le krach boursier. Les gouvernements vont avoir la lourde tâche d’arbitrer entre réponses à effondrement des ressources, maintien du pouvoir d’achat et stabilité du système monétaire. Le triangle de l’impossible.

Adrien Pécout : L’humanité peut-elle se passer d’« or noir », essentiel à notre civilisation thermo-industrielle ? Les écologistes entendent hâter la fin du pétrole. La neutralité carbone d’ici à 2050 (Europe, Etats-Unis), 2060 (Chine), voire 2070 (Inde) s’impose face au défi climatique. Ce scénario suppose d’ arrêter de brûler du pétrole, de supprimer le moteur thermique, de trouver des substituts à partir de ressources végétales, de fabriquer de l’aspirine autrement qu’à partir du benzène et du propylène, deux briques de base issues du pétrole. Tout cela posera le problème de la concurrence des terres entre les usages alimentaires et les usages non alimentaires de la biomasse. Dans notre société, le pétrole est l’équivalent du système sanguin pour un organisme, changer le système d’irrigation énergétique suppose de modifier l’organisation des organes vitaux. Efficacité énergétique ? Sobriété ? Si la première notion signifie une optimisation à niveau constant (meilleure isolation des bâtiments), la seconde nécessiterait de repenser plus en profondeur les rapports sociaux. Mais en pleine crise des prix de l’énergie, comment financer la transition vers une production bas carbone sans rogner sur le pouvoir d’achat des ménages, sachant que plus de 750 millions d’habitants dans le monde n’ont pas accès à l’électricité  ?

Lire, Quel est le véritable prix du baril de pétrole ?

Les commentaires sur lemonde.fr sont conscients des réalités ; il faudra de la sueur, du sang et des larmes pour essayer de laisser une peu quelque chose aux générations futures.

Michel SOURROUILLE : En 1892 Mendeleïev, l’inventeur de la classification périodique des éléments, présentait cet avis au tsar : « Le pétrole est trop précieux pour être brûlé. Il faut l’utiliser comme matière première de la synthèse chimique ». Thomas More en 1516 , à propos de l’or et l’argent, écrivait : « La nature, cette excellente mère, les a enfouis à de grandes profondeurs, comme des productions inutiles et vaines, tandis qu’elle expose à découvert l’air, l’eau, la terre et tout ce qu’il y a de bon et de réellement utile. » On sait aujourd’hui ce qu’il en a été ! Mendeleïev, Thomas More, ce sont des points de vue éclairés que la société thermo-industrielle est incapable d’écouter. Tant pis pour elle, tant pis pour tous ceux qui croient encore que notre niveau de vie n’est pas négociable ! Demain régnera la décroissance subie, la grande crise finale… le monde post-pétrole, on commence juste à percevoir qu’il sera invivable.. même dans LE MONDE !

Benco : Je relève une citation essentielle de cet article : “on pourrait même dire qu’il est dommage de brûler un produit d’une telle complexité”. Effectivement, quand on pense au temps qu’il a fallu et à la complexité des processus que la terre a mis en œuvre pour nous offrir une matière aussi riche, on mesure bien toute l’irresponsabilité de l’espèce humaine qui s’en est servi pour des usages plus que futiles.

Alain29 : Cet article fait une erreur sociologique majeure : » l’auto-mobile » serait un progrès pour l’humanité ! Dès lors il faudrait trouver des motorisations nouvelles économes en énergie sans augmenter l’effet de serre ! Or les voitures électriques d’aujourd’hui ne font que déplacer le problème vers une électricité nucléaire ou carbonée d’une part, et des matériaux dont les batteries qui ne sont zero-carbone qu’après 30 000 km ! En quelque sorte une imposture intellectuelle !

Michel Brunet : Comme il est dit : « Beaucoup de nos concitoyens vivent dans l’utopie d’une transition écologique et énergétique heureuse qui créera des millions d’emplois, mais la réalité s’annonce différente, étant donné les technologies disponibles aujourd’hui », »

Julius : En fait, ce n’est pas une perte de pouvoir d’achat qui est en cause, c’est une disparition massive de l’offre. On ne se rend pas compte de tous les produits tirés de l’exploitation du pétrole, des produits chimiques les plus utilisés quotidiennement jusqu’au goudron des routes, des produits textiles à bas prix jusqu’a de nombreux précurseurs de médicaments les plus courants

DouceBrise : Le vrai défi, c’est la densité énergétique de très loin inégalée du pétrole, hormis par l’uranium (difficile à extraire et impossible à démocratiser au monde entier aussi vite). La transition au monde sans pétrole sera l’équivalent de guérir un toxicomane dont le cerveau n’aurait connu aucun autre plaisir que celui de l’héroïne depuis sa naissance. Les gens sont pour la guérison sur le principe, on en reparle à la première journée de sobriété (réelle).

CED34 : La fin du pétrole est un énorme défi qui va en plus en rencontrer un autre : le problème démographique. Quand on voit aujourd’hui le nombre de gens sous-alimentés, le nombre de pays défaillants et que l’on nous prédit 9.7 milliards d’habitants en 2050, c’est à dire demain, il y a de quoi vraiment s’inquiéter. Et rien n’est fait – ou si peu – pour contrer cet autre problème qui s’annonce majeur.

Krakatoe : A un moment faudra faire des choix. 200 ans qu’on vit à crédit, gavés. On consomme 3 terres par an. Intenable. Ça va piquer. La clé est dans la justice, une juste répartition, pour amortir. Et dans un autre modèle. Il y aura la sobriété. Heureuse ou malheureuse. Mais qu’on le veuille ou non, ça s’imposera. Comme pour une drogue, ça y avoir la descente. Et ça va piquer.

Attendons Godot : Sans pétrole, tout s’arrêtera. – plus de bâtiments (le ciment étant un des produits les plus énergivores. Plus de tuiles, carreaux, joints, mastic, – plus de routes (bitume) – plus de peinture – plus de vêtements en synthétique – plus de voitures (plastique, vernis, …) – plus d’électronique (puces électroniques, cartes Électroniques) – plus d’appareils médicaux (plus de scanner, IRM, etc) – plus d’ordinateurs – plus d’électricité (les fils étant enrobés en plastique) – plus de médicaments… Regardez dans votre chambre, maison, ville. Il n’y a rien qui ne contient pas de pétrole. Honnêtement, il n‘y aura plus rien. Est-ce que c‘est une mauvaise chose ? Ça se discute.

Fchloe : Le plus simple (techniquement) est d’empêcher les 10% les plus riches de consommer inutilement (jet-ski, rallye, fusée de tourisme…) les ressources en attendant de trouver une éventuelle solution. Cela ne sera pas évidemment, les 50% de masse grouillante étant béate d’admiration et d’envie devant ceux-là. Le système va s’effondrer comme le fit le communisme. C’est notre seule chance en tant qu’espèce.

Friday : Sauf qu’à l’échelle mondiale, les 10% les plus riches ça représente une sacrée proportion parmi les Français, par exemple. Suffira pas de huer les patrons et les rentiers, loin de là. Bon courage 😊

BOLAND : Et sur qui faut-il compter pour que cela aille dans le bon sens : sur les zombies incultes rivés à leurs I-phones ? sur les champions qui courent après des balles ? sur les enfants gâtés , gavés de sodas et de malbouffe? sur les traumatisés par la parano du Covid ? ou par ceux que le Covid a mis en burn-out ? C’est foutu , car le changement va être soit trop lent, soit trop brutal , et donc le crash est pour bientôt.

Enric : La réalité est que vivre une vie confortable et polluante deviendra l’apanage des plus riches, qui ne s’en priveront pas.

Emmanuel Macron, pour ET contre le nucléaire

février 2017, Emmanuel Macron : « Ça n’est pas bon d’avoir 75 % de notre énergie électrique qui dépend du nucléaire ». Aucun nouveau projet de centrales ne figurait donc à son programme de présidentiable.

Novembre 2018, le président Macron estime que « Le nucléaire reste une piste prometteuse pour continuer à pouvoir compter sur une énergie fiable, décarbonée et à bas coût »,

Décembre 2020,  Notre avenir énergétique et écologique passe par le nucléaire »

novembre 2021, Emmanuel Macron souhaite « relancer la construction de réacteurs nucléaires dans notre pays… lLatome  garant de l’indépendance énergétique de la France reste le chemin le plus rapide vers la neutralité carbone en 2050 »

Lire, Sobriété ou Nucléaire, E. Macron a tranché

5 janvier 2022, Macron a vanté l’atome mais ans préciser ce que recouvre son plan dans les faits : combien de réacteurs, où, quand et pour quel coût ?

Olivier Faye : Sur les six scénarios présentés par le Réseau de transport d’électricité (RTE),, un seul envisage d’alimenter entièrement la France par les énergies renouvelables. Le plus cher… (Mais) un projet de nouvelles centrales fleure bon la nostalgie des années 1970, quand Georges Pompidou et son premier ministre, Pierre Messmer, décidèrent de tout miser sur l’atome, devenu fleuron national dans l’imaginaire collectif. « Si quelqu’un d’autre est élu, il pourra tout arrêter », reconnaît François de Rugy. Une saute de vent est vite arrivée.

Commentaires sur lemonde.fr :

François R. : cet article d’Olivier Faye est factuellement faux en écrivant « Sur les six scénarios présentés, un seul envisage d’alimenter entièrement la France par les énergies renouvelables. »
Sur les 6 scenarios RTE, la moitié envisage le 100% renouvelable, 1 dès 2050, et 2 autres à l’horizon 2060. Aucun nouveau réacteur (EPR) ne serait lancé dans ces scenarios. Merci de corriger ce point !

Lire, Électricité, les scénarios de RTE pour 2050

Amiral Bragueton : Invoquer l' »indépendance énergétique de la France » (bien insister sur la « Frrrance », en y mettant une pointe d’émotion et beaucoup d’autorité, comme si la France, c’était vous)…quand on sait que les mines d’uranium sont au Kazakhstan, en Australie… Mais bon, les défenseurs de l’atome, ça ose tout, c’est même à ça qu’on les reconnaît…

Matdread : Sans déconner comment on peux encore promouvoir le nucléaire, où se situent les mines d’uranium qui alimentent tout ça ? Apparemment Australie, Canada, Kazakhstan et Niger, on voit déjà que la situation géopolitique de la moitié des approvisionnements peut-être compliquée, et même l’Australie n’est pas un partenaire très fiable… Et n’espérez pas rouvrir des mines en France, on a déjà une liste d’anciennes mines de la cogema qui continuent à polluer…

PHILEMON.FROG : La décarbonation est l’alibi des productivistes qui y ont été indifférents toute leur vie, croyant en la croissance éternelle, et qui ne parviennent pas à remettre en cause leurs schémas de pensée. Le nucléaire prolonge un peu ce rêve mais cette énergie est, quoi qu’on veuille, condamnée : épuisement dans moins d’un siècle des réserves exploitables à coûts soutenables, ce qui rend absurdes les investissements ; limites technologiques : projet Astrid (4ème génération) repoussé après 2050 ! EPR, naufrage technologique et budgétaire hallucinant ; dépendance vis à vis de gisements à 80 % dans des pays instables géopolitiquement ; risques de sécurité majeurs ; problématique insoluble des déchets, etc. Le projet nucléaire est exclusivement idéologique et lié à une génération qui va passer. Macron dorlote celle-ci et tente de rameuter un électorat de droite. Mais rappelons qu’il faut d’abord é-co-no-mi-ser l’énergie ! Et l’horizon n’est ni 2050 ni 2037 mais 2030 !

Elis : Si tous les ÉPR multiplient par quatre leurs budgets, le scénario du nucléaire devient le plus cher. On veut préserver la vie humaine sur la planète en dé- carbonnant l’électricité et en même temps on charge de la gestion des déchets, les générations des 10000 prochaines années et même plus. Tout cela pour ne pas remettre en question nos trains de vie d’occidentaux gâtés. Après moi le déluge! Lire l’article de N Truong qui émet l’hypothèse que c’est le refus de cette réalité du changement en cours qui est à la source de l’ultra droitisation de la société qui préfère se faire peur en se focalisant sur les migrants ou le féminisme !!!

Michel SOURROUILLE : La stratégie nucléaire repose sur un avenir pensé comme identique au passé, basé par exemple sur le véhicule individuel qui ne serait plus thermique mais électrique. Or la voiture comme objet de consommation de masse est un phénomène récent, moins de 100 ans ; la déplétion des ressources énergétiques vont rendre ce luxe inabordable. Les choses débutent, prennent de l’expansion puis meurent, c’est la vie. L’énergie n’est pas donnée, elle est volée à la nature. La seule vraiment renouvelable à portée de notre main, c’est notre énergie physique. Notre avenir, c’est de remplacer l’énergie exosomatique par des tâches simplifiées le plus possible manuelles. Quand des étudiants des grandes écoles se mettent au maraîchage ou à l’artisanat, c’est la preuve qu’ils ont bien compris où va notre futur.

Lire, En marche… vers la sobriété partagée

Nucléaire, trop coûteux pour être valable

Entre 1976 et 1990 (14 ans), la France a mis en service 48 réacteurs, entre 1990 et 2010 (20 ans), 8 réacteurs à eau pressurisée dite de deuxième génération. Entre 2010 et aujourd’hui, rien, zéro.

Lire, tout savoir sur le nucléaire

Adrien Pécout : « Le chantier du réacteur nucléaire EPR (European Pressurized Reactor) de « troisième génération » à Flamanville connaît retard et surcoûts. EDF a commencé le chantier de l’EPR en 2007, et visait initialement une mise en service… pour 2012. La date de chargement du combustible dans la cuve du futur réacteur a été décalée de fin 2022 au second trimestre 2023. Le coût de construction était estimé à l’origine à 3 milliards d’euros, il est passé à 12,7 milliards d’euros annonce l’entreprise. En juillet 2020, la Cour des comptes considérait même que le coût total du chantier s’élèverait à plus de 19 milliards d’euros. »

Lire, Nucléaire vert, énergie durable, oxymores

Les deux premiers EPR à être entrés en fonctionnement dans le monde, en 2018 et 2019, se trouvent en Chine, à Taishan. Un phénomène d’usure mécanique de certains composants d’assemblages  a déjà conduit à l’arrêt, en juillet 2021, de l’un d’eux. 

Lire, Taishan, une centrale nucléaire en difficulté

Malgré les problèmes constatés sur le chantier de Flamanville-3, Emmanuel Macron, qui ne doute de rien même contre l’évidence, avait annoncé le 9 novembre 2021 son intention de « relancer la construction de réacteurs nucléaires dans notre pays ». On se contente de cherche désespérément comment accroître l’offre, le nucléaire un jour, l’hydrogène un autre jour, les agrocarburants parfois, la recherche du mouvement perpétuel le plus souvent. Mais absolument personne ne parle des nécessaires économies d’énergie.

Lire, Sobriété ou Nucléaire, E. Macron a tranché

Nucléaire vert, énergie durable, oxymores

Le nucléaire classé énergie « verte » et le gaz « énergie de transition », la taxonomie européenne ou classement des activités économiques en fonction de leurs émissions de CO2 se révèle pour ce qu’elle est, un exercice purement politicien. Le propre de l’oxymore est de rapprocher deux réalités contradictoires. Nucléaire vert, moteur propre, développement durable, agriculture raisonnée, financiarisation durable, vidéoprotection, etc. La montée des oxymores constitue un des faits révélateurs de la société contemporaine. Ces zombies nous suggèrent perfidement la possibilité de concilier l’inconciliable, c’est du pur greenwashing (écoblanchiment).

À lire, Croissance verte, l’oxymore de la Banque mondiale

Le Monde avec AFP : La Commission européenne a dévoilé le 31 décembre 2021 un projet de labellisation verte pour les centrales nucléaires et à gaz qui vise à faciliter leur financement. Des garanties en matière de traitement des déchets et de démantèlement des installations nucléaires en fin de vie sont exigées.

Le débat sur lemonde.fr :

Ericdesaintpaul : investir sur des éléments radioactifs qui ont une durée de vie de millions d’années : OUI c’est durable ( en terme de pollution surtout) !

Vince : Durable le nucléaire? Les chantiers durent extrêmement longtemps, s’ils aboutissent un jour, les déchets durent encore beaucoup beaucoup plus longtemps, et ça va encore durer très longtemps pour trouver quoi faire avec, s’il y a un accident ça va durer TRÈS longtemps avant qu’on puisse habiter la zone, et les cancers vont durer, durer, durer. Le démantèlement, n’en parlons pas… Le nucléaire, c’est donc vraiment durable !

PHILEMON.FROG : Rappelons les données de l’Agence Internationale de l’Energie Atomique sur les réserves d’uranium : les ressources mondiales connues, dont le coût d’extraction est supportable(inférieur à 130 dollars/kg) = 6 Mtonnes = juste 1 siècle de consommation au rythme actuel. A un coût supérieur de 130 à 260 dollars/kg, les réserves non exploitables aujourd’hui techniquement (eau de mer) = 7,5 Mt de réserves estimées. Cette réserve additionnelle, si on met au point les techniques pour l’extraire, fournirait un peu plus d’1 siècle de consommation au rythme actuel. Enfin, des études spéculatives évaluent à 10,5 Mt de réserves hypothétiques dont le coût d’extraction n’est pas concevable. Bref ! En gros, si on augmente la consommation d’uranium, dans 50 à 75 ans, il n’y aura plus de réserves ! Ajoutons que seulement 40 % des réserves connues se trouvent dans des pays de l’OCDE..

LaVénalitéenMarcHe : La seule chose de durable dans cette filière, est la lenteur des démantèlements, la durée de toxicité des déchets, et le sacrifice d’une région en cas d’accident. 1 : le principe de précaution élémentaire exige de ne PAS développer une industrie basée sur un risque aussi fou, totalement disproportionné par rapport à l’utilité du produit. 2: la production de déchets ingérables est totalement inadmissible. 3 : produire une énergie abondante ne peut pas contribuer à réduire les GES. Car une énergie abondante, c’est une surconsommation abondante d’autres ressources polluantes : pétrole (plastiques…), malbouffe (engrais pétrochimiques…), fringues (plastiques encore), etc. La sobriété de la consommation ne peut passer que par une sobriété de la production énergétique : c’est une évidence toujours nécessaire à rappeler.

Françoise B. : Pas de gaz à effet de serre, oui, quand la centrale est en activité. Mais pour la construire ? L’entretenir ? La démanteler ?

Manon Boquen : « à Brennilisl, a centrale nucléaire an fonctionné de 1967 à 1985 ; le bloc réacteur, 64 000 tonnes de déchets radioactifs, n’est toujours pas démantelé. Une enquête publique est organisée jusqu’au 3 janvier 2022 pour que toute personne intéressée expose son point de vue s : « Approuvez-vous ou non le plan de démantèlement complet proposé par EDF ? » Le dossier de 2 500 pages peut refroidir bien des ardeurs. Et le nucléaire ne mobilise plus. « La radioactivité, ça ne se voit pas, ça ne se sent pas, donc les gens s’en fichent », déplore une habitante ; elle milite pour que l’installation reste en l’état, le temps que la radioactivité diminue. La commission de l’enquête publique présidée par Danielle Faysse rendra son rapport courant février 2022, pour de potentiels débuts de travaux en 2023. »

Éditorial du MONDE : La taxonomie consiste à définir ce qu’est une activité économique durable afin de flécher les financements dans le cadre du Pacte vert pour l’Europe. Ainsi, soixante-dix secteurs d’activité, représentant 93 % des gaz à effet de serre émis sur le territoire européen (construction, transport, industrie ou encore énergie), ont été passés au crible… Sans gaz et/ou nucléaire, la neutralité carbone et la limitation du réchauffement climatique seront extrêmement difficiles à tenir dans les délais, sinon au prix d’un changement rapide et profond de mode de vie, difficilement acceptable à ce stade par l’opinion publique… Nucléaire et gaz disposent de l’immense avantage d’être pilotables, c’est-à-dire d’être utilisables à tout moment, même lorsqu’il n’y a pas de vent pour faire tourner les éoliennes ou de soleil pour alimenter les panneaux solaires… Dans le débat énergétique, il n’existe pas de solution miracle.

Lire, Taxonomie ou L’art de classer ce qui est bien ou mal

Nouveau débat sur lemonde.fr par rapport à l’éditorial :

Ecolo-geek : On ne dit pas merci au Monde pour cet édito. Le gouvernement sait très bien expliquer ces choix lui-même… On préférerait une approche plus critique et surtout ne pas voir invoquer le réalisme là où on pourrait tout à fait parler d’irresponsabilité…

Frog : Deux choses me scandalisent : 1) Qualifier de « verte » l’énergie nucléaire relève du pur greenwashing et sert à entretenir les populations dans l’idée que cette énergie serait fiable et sécurisée, ce qui n’est absolument pas le cas. « Décarboné » est le seul terme envisageable – et encore, car tout a un coût carbone. 2) Ce débat autour de l’énergie éclipse le débat qui devrait être le premier : comment économiser l’énergie ?!!! Pendant que nos politiques comptent sur le nucléaire, on étend toujours plus les zones urbaines pour utiliser toujours plus la bagnole, on vit dans des passoires thermiques avec des aides à la rénovation indigentes, on consomme n’importe quoi à l’autre bout de la planète dans une économie mondialisée… A un moment il serait temps de redevenir raisonnable !!!

moussila : J’avoue que faire passer le gaz naturel du problème à sa solution est quand même un sacré tour de passe-passe. On va se servir d’une énergie fossile pour résoudre le problème lié aux énergies fossiles? C’est grandiose ! Y en a qui osent tout… Le gaz « naturel » n’est pas du tout une énergie propre. A énergie équivalente, il n’émet que 20% de moins de GES que le pétrole (type gazole ou essence), et plus de la moitié de ce qu’émet le charbon. Et delà veut-il dire qu’il y aura un financement européen pour de nouvelles infrastructures gazières et explorer de nouveaux gisements ? Ce serait tout simplement scandaleux.

Alerte, l’envolée des prix du gaz en Europe

Nous avons un sentiment croissant d’insécurité, dérive alimentaire, érosion des ressources, surpopulation… Alerte, Alerte, Alerte. Mais pour ne pas avoir d’insomnies, nous avons adopté plusieurs stratégies. Le déni (« c’est des conneries »), la croyance (« La science trouvera bien une solution »), le greenwashing (« j’achète des crédits carbone »), le n’importe quoi (« avec la croissance verte, tout est possible »). Nous nous refusons à aborder les problèmes de fond, ainsi la pénurie de gaz qui nous pend au nez.

Eléa Pommiers : Les prix du gaz européen connaissent une hausse spectaculaire depuis plusieurs mois, et la tendance ne s’inverse pas ; c’est un « choc gazier ».. Or l’Union européenne (UE) est dépendante du reste du monde pour sa consommation d’énergie : 60,7 % de sa consommation énergétique sont satisfaits par des importations. Pour le gaz, qui représente plus de 21 % de sa consommation d’énergie finale en 2019, elle est dépendante des approvisionnements extérieurs à 90 %. De nombreux incidents dans les pays exportateurs de gaz ont provoqué un resserrement de l’offre mondiale… Il existe une concurrence sur le marché du gaz à l’échelle mondiale entre l’Europe et l’Asie… L’entrée dans l’hiver 2021-2022 laisse présager une nouvelle hausse de la demande d’énergie pour se chauffer… Vladimir Poutine se sert du gaz comme d’une arme diplomatique…

à lire, Gaz à tous les étages, notre mode de vie dans l’impasse

Comme d’habitude, l’article du MONDE ne traite que d’événements conjoncturels sans s’intéresser à l’avenir. Or le gaz naturel est une ressource non renouvelable qui devrait atteindre son pic de production entre 2030 et 2040. Ce qui veut dire qu’il sera impossible de conserver le gaz à tous les étages et le confort qui va avec. Il en va du pic gazier comme du pic pétrolier, la pénurie nous menace. Le seul moyen d’éviter une explosion des inégalités et de la précarité, ce serait d’instituer un système de rationnement de l’énergie, un quota carbone égal pour tous et échangeable. Entre le règne du chacun pour soi ou le choix collectif de la sobriété partagée, nous ne pouvons pas savoir à l’avance ce qui l’emportera. Mais si on en croit l’expérience de notre passé historique, il y aura la violence des riches et le fatalisme des pauvres…

à lire, Une énergie plus chère, c’est pour bientôt

Jean-Marc JANCOVICI devient malthusien

Le spécialiste de l’énergie Jean-Marc Jancovici nous montre clairement que l’augmentation de la population est un multiplicateur des menaces, ce que s’acharne pourtant encore à ignorer bon nombre de personnes qui se disent écologistes. Voici un résumé de sa dernière publication,  une BD (Le monde sans fin) dont nous espérons que cela a été votre cadeau de Noël à toute la famille.

Lire aussi, Jancovici nous pousse hors zone de confort

p. 49 et suivantes (le texte, sans les dessins) : : Depuis deux siècle, tu vois (sur le graphique) une augmentation de la population qui tient plus de l’hyperbole que de l’exponentielle. Début de la révolution industrielle, 0,5 milliards d’humains ; 1800, un milliard ; 1930, deux milliards ; 1960, trois milliards ; 1975, quatre milliards  ; 1985, cinq milliards ; 2000, six milliards ; 2019, plus de 7,5 milliards. Est-ce que cet accroissement spectaculaire aurait pu avoir lieu sans énergie abondante ? Et si on entre dans une décrue énergétique forte, va-t-on rester 7 ou 8 milliards ? Ce n’est pas complètement sûr. C‘est même assez certain que nous ne connaîtrons pas un monde qui prolongera la tendance que nous avons connu dans le passé…

Lire, Jancovici, « sans pétrole t’es plus rien »

Entre 1930 et 2000, la génération de mes parents, la consommation d’énergie des machines a été multipliée par 10 et leur puissance a plutôt été multipliée par 50. Comme l’énergie est la marque de la transformation, la pression de l’humanité sur la planète augmente aussi vite que la quantité d’énergie qu’on utilise. Reprends le tableau de l’évolution de la population. Multiplie le chiffre qui correspond à chaque année par la quantité d’énergie mobilisée par personne. Ça te donne un bon ordre de grandeur de la pression humaine sur l’environnement. Malheureusement, notre vaisseau spatial de 13 000 km de diamètre ne peut pas supporter une pression constante sans avoir des avaries de tous les bords. Ou on fait un effort qui va nous coûter, mais qui évitera la panne. Ou on attend la panne.

p.122 et suivantes : L‘équation de Yoichi Kaya ne résout pas tous nos problèmes, mais ça donne une idée de leur taille :

GES = GES/E x E/PIB x PIB/POP x POP

GES, gaz à effet de serre, c’est-à-dire la quantité totale de gaz à effet de serre émise par les activités humaines

GES/Énergie, la quantité de gaz à effet de serre émise par une quantité donnée d’énergie

E/PIB, la quantité d’énergie nécessaire à la production totale de biens et services dans le monde

PIB/POP, le PIB par habitant, c’est-à-dire le niveau de vie moyen

POP, Population

On doit diviser le GES par 3 d’ici 2050, reste à savoir comment. En divisant la population par 3 ? La famine et les épidémies peuvent y parvenir. La guerre plus difficilement. A moins qu’elle facilite la famine et la maladie. La grippe espagnole en 1918 a tué plus de gens et plus rapidement que la seconde guerre mondiale. La grande peste du XIVe siècle a divisé la population par 2. Ça, c’est du sérieux. Sinon, il y a le contrôle des naissances, sujet délicat… Bâton merdeux tu peux dire.

Si on prend les projections démographiques, qui ne sont que des projections, la population devrait être multipliée par 1,25 d’ici 30 ans.A moins d’une pandémie fulgurante… ou d’une bonne vieille météorite. Les termes restants, il faut maintenant les diviser, non plus par 3 mais par 3,75 (soit 3×1,25)…

On prend le PIB par personne ? Qui est d’accord pour faire çà ? La France, pour sauver son régime de retraite, compte sur une croissance de 2 % par an. Croissance, croissance, croissance, croissance…

Il ne reste plus qu’à demander aux ingénieurs de diviser les termes restants par 10, c’est-à-dire gagner en efficacité énergétique. Tu comprends qu’à cette vitesse de réduction d’émissions, ça passe par une limitation des activités, donc des richesses, accompagnée d’un risque de déstabilisation sociale.

La vitesse à laquelle il faut réformer le système n’est pas compatible avec le maintien d’une liberté individuelle accompagnée du niveau de vie auquel on est habitué aujourd’hui. Tout débat sur la liberté individuelle est passionnel. Tu as une opposition entre l’urbain de centre-ville qui vit à côté de son boulot et la banlieusard qui doit prendre sa voiture pour aller bosser. Le tissu urbain moderne a été fait par et pour la voiture. On te dit maintenant, « Ne prends plus la voiture ». Tu gueules, « C’est de l’injustice ». Si tu veux limiter les naissances, tu te met à dos tous les courants religieux. Si tu parles décroissance, c’est pareil, pouvoir d’achat contre décroissance. Peut-on continuer à avoir une abondance de biens, de services, de croissance avec une population croissante ? La sobriété et la pauvreté sont deux manières de consommer moins, la première est choisie, la seconde subie, généralement dans la violence… L’approvisionnement fossile devant décliner, le temps se chargera de nous pousser vers la pauvreté.

La planète nous dit : « A cause des dommages que la croissance me fait subir, vous croyez vous enrichir alors que vous vous appauvrissez. A moins de changer les conventions de la macroéconomie. Et arrêtez de considérer le PIB comme l’indicateur unique. »

Lire, Extraits du discours décapant de Jean-Marc Jancovici (en 2017)

p.190 : Aujourd’hui nous avons un sentiment global d’insécurité, dérive alimentaire, érosion des ressources, surpopulation… Alerte, Alerte, Alerte. Pour calmer notre cortex, nous avons plusieurs stratégies. Le déni (« c’est des conneries »), la croyance (« La science trouvera bien une solution »), le greenwashing (« j’achète des crédits carbone »), le n’importe quoi (« avec la croissance verte, c’est possible »). Tout ça, ce sont différentes formes de déni.

Source : BD, Le monde sans fin (éditions Dargaud, 2021)

Du miracle énergétique à la dérive climatique, texte de Jean-Marc Jancovici et dessins de Christophe Blain.

Que faire ? Agir avec l’association Démographie Responsable

https://www.demographie-responsable.org/

Neutralité carbone, l’exigence de la sobriété

La sobriété est devenue une nécessité absolue… qui reste pourtant l’angle mort de notre société de consommation. La simplicité volontaire de certains n’est qu’un premier pas, les politiques publiques doivent soutenir le mouvement général de basculement. Pour faire passer la purge des économies d’énergie et de la sobriété partagée, non seulement les politiciens devraient imposer un revenu maximum admissible (3 fois le salaire minimum par exemple), mais ils devraient rendre obligatoire à l’école l’apprentissage de la tempérance. Quant aux parents, ne pas offrir de cadeaux pour Noël serait un grand pas dans le bon sens.

Lire, En marche… vers la sobriété partagée

Perrine Mouterde : Plusieurs « scénarios » visant à atteindre la neutralité carbone, celui de négaWatt, du Réseau de transport d’électricité, de l’Ademe ou de l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Il en ressort un messages convergents, cet objectif exigera de réduire drastiquement nos besoins. Même le gouvernement français le dit par le biais de sa stratégie nationale bas carbone, il faut une réduction par deux de la consommation globale d’énergie. Or s’interroger sur ces besoins ne va pas de soi. L’énergie n’a plus de visibilité, de réalité physique, ce que l’on consomme est totalement abstrait…

Lire, Notre défi, 100 % de sobriété énergétique en 2050

La nécessité de réfléchir collectivement à la notion de sobriété s’impose, mais cette notion, largement absente du débat public, est éminemment clivante. Sommes-nous prêts à remettre en cause la manière dont nous nous déplaçons, dont nous occupons nos logements, dont nous mangeons ? Ou souhaitons-nous préserver nos modes de vie actuels, quitte à rendre l’atteinte de nos objectifs climatiques impossible ? La sobriété, ce n’est ni un scénario du Moyen-Age ni un scénario où les trains s’arrêtent quand il n’y a plus de vent pour faire tourner les éoliennes, mais c’est clairement un scénario où le pacte de société n’est plus le même. Espérer atteindre la neutralité carbone implique de sortir totalement des fossiles, de développer les énergies renouvelables non électriques, de réformer les systèmes agricoles et alimentaires, de préserver les forêts et les océans qui sont des puits de carbone, de repenser le modèle de développement économique, l’organisation du territoire… Le défi est systémique et toutes ses dimensions doivent être prises en compte.

Lire, La transition écologique nécessite une déstructuration

Il y a urgence à agir, mais cela ne peu se faire qu’avec l’assentiment de la population et c’est là où le bât blesse. Un objectif de baisse du pouvoir d’achat n’a aucun chance d’aboutir. Et pour l’heure, on ne peut que s’inquiéter de la pauvreté des discussions sur l’écologie dans la campagne présidentielle. Il y a incapacité des Français et des dirigeants à se projeter dans l’avenir et à porter une vision de ce que pourrait être une société de la neutralité carbone en 2050.

Lire, Sobriété ou Nucléaire, E. Macron a tranché

Notre plus ancien article sur la question de la sobriété :

13 janvier 2009, sobriété énergétique ?

Nicolas HULOT et l’AVION

L’avion est comme la ville, un endroit inhumain, sans horizon, où l’on ne respire pas un air sain, où l’on vit sans possibilité d’évasion, de sortie, d’exception. Aujourd’hui, en avion, en voiture et même en train, on ne voyage plus, on se déplace ; témoin inconscient d’un spectacle trop rapide que l’esprit ne peut fixer. Pour moi l’avion n’était qu’ un métro. Si j’ai l’instinct voyageur, c’est vrai aussi que j’ai l’esprit casanier. J’aime bien m’installer dans un lieu durable. Comme un arbre aux racines étalées, mais qui ne s’incrustent pas dans la terre. Partir me demande un effort, mais demeurer m’est impossible car l’instinct de découverte me stimule : c’est ma contradiction.

En 1991, je faisais un livre, « États d’âme », à partir des anecdotes de mon expérience de baroudeur. Mais j’aimais encore plus lire qu’écrire : picorer les cinq continents, c’est cent jours d’avion, donc cent jours de lectures. Je fréquentais à l’époque des maîtres à penser, aussi bien Paul-Emile Victoire que Théodore Monod. Quand je traversais les fuseaux de notre planète au rythme des avions de ligne, à la cadence parfois accélérée de mes voyages professionnels, je prenais conscience que notre terre se résume à quelques îlots d’opulence entourés d’océans de misère et de détresse.

Dès lors que l’on s’inscrit dans le luxe, comme quand on prend l’avion, il faudrait automatiquement prélever une somme qui soit reversée à un fonds au mécanisme approuvé : l’aide alimentaire, l’accès aux soins, l’éducation… A partir du moment où l’on prétend au voyage, on s’inscrit comme citoyen de la planète et il est alors évident que l’on doit contribuer à un élan de solidarité. Le trafic aérien a été exclu du protocole de Kyoto, et par ailleurs le kérosène des avions n’est pas taxé… si bien qu’il coûte beaucoup moins cher que l’essence utilisée par les automobilistes. Ce n’est pas normal. Mettre 20 tonnes de pétrole dans un avion pour emmener 180 Français à Venise n’a pas de sens. Les hommes peuvent exprimer leurs inquiétudes sur la dégradation du climat d’un ton fort grave pour aussitôt les oublier, acheter une nouvelle voiture, mettre la climatisation ou prendre l’avion pour partir en vacances. Je ne pense pas que le fait d’accomplir les choses au seul motif que nous pouvons ou savons les faire soit une expression bien haute de notre liberté.

NB : Les extraits précédents ont été publiés dans le livre de Michel Sourrouille paru en octobre 2018, « Nicolas Hulot, la brûlure du pouvoir ». Mieux vaut rendre la pensée de Nicolas Hulot publique, la libre circulation des idées écolos contribue à la formation de notre intelligence collective…

Déprime existentielle dans l’aéronautique

Une nouvelle génération d’étudiants s’interroge sur l’avenir de l’aviation civile dans un monde en surchauffe. Les écoles misent sur les technologies de rupture, mais la décroissance des flux aériens n’est plus un sujet tabou. Margherita Nasi :

– ISAE-Supaéro, l’école d’ingénieurs qui forme les bataillons de l’industrie aéronautique : en 2020, 710 étudiants du secteur de l’aéronautique, dont 335 de l’ISAE-Supaéro, ont publié une tribune plaidant en faveur de reconversions industrielles et d’une réduction du trafic aérien.

– Le directeur des études de l’ENAC : « Le débat est particulièrement clivant, avec des questionnements brutaux remettant en cause l’existence même du secteur ». L’école va mettre en place vingt heures de tronc commun pour tous ses étudiants sur les relations entre climat et transport aérien.

– Un professeur en aérodynamique à l’ISAE-Supaéro : « Les étudiants ressentent une forme de déprime existentielle alors que, pour une partie de la population, il n’y a rien de plus grotesque que de mettre des avions dans l’air et d’envoyer des fusées dans l’espace »,

Un étudiant : « En réalité, la culture de l’aviation imprègne chaque exercice. Cette coloration m’a inquiété, parce que je suis très porté sur l’écologie. »

Lire, L’aviation au banc des accusés, coupable !

– Francis Pollet : « Interdire le Paris-Marseille en avion, c’est supprimer la première commande d’avion électrique. Et puis, les gens ont envie de voyager. Je vous garantis que l’été prochain, on va battre des records de billets low cost pour aller très ilon ».

– Jean-Marc Moschetta : « A Airbus, on s’inquiète : si leurs futurs cadres commencent à dire qu’il faut arrêter le trafic aérien et se mettent à la permaculture, autant démonter les aéroports et réactiver les diligences. Si nous n’inventons pas les avions et les fusées propres de demain, qui va le faire ? »

– Olivier Lesbre : « Il nous faut encore du temps pour décarboner l’aviation, mais ce n’est pas dramatique : l’aviation civile représente environ 2 % des émissions mondiales de CO2. Si on casse l’industrie, on aura du mal à inventer des solutions. »

Réactions sur lemonde.fr :

Pakko : Chaque jour un petit coup de canif dans nos certitudes . Les mythes tombent, les impasses apparaissent (état réel de la planète, foi dans le progrès, croissance génératrice de bonheur, supériorité de notre modèle ). Aujourd’hui c’est le tour du gratin des ingénieurs de le reconnaître , viendra celui des économistes et décideurs… Jusqu’à l’acceptation (maîtrisée ou contrainte) de la décroissance et la fin du mythe prométhéen du génie illimité, scientifique et technique, humain

zeOurs : A ceux qui veulent à tout prix tuer l’avion: je suppose que vous êtes tous cyclistes, non fumeurs, végétariens, dans un appartement de petite surface, parfaitement isolé? (il y a un intrus dans la liste, le trouverez-vous?)

Lire, Léonore Moncond’huy, seule contre les avions

Ducalme : L’aviation, un peu plus de 2 % des émissions de CO2. Ma contribution, la vôtre, l’intérnet et les réseaux sociaux 4 % des émissions de CO2 et je vous laisse imaginer ce qui croit le plus (on atteindrait 8% en 2025). L’aviation doit donc faire des efforts et contribuer comme tout le monde mais c’est inutile de la mettre au pilori.

Lire, gaz à effet de serre de l’aéronautique, ça flambe

Tiouriret : Bientôt, deux ou trois écoles d’ingénieurs aéronautiques suffiront dans le monde. Ils concevront les vaisseaux spatiaux par lesquels quelques ultra riches rejoindront leurs planètes personnelles, non polluées, vivables, alors que le port du masque à oxygène sera obligatoire sur Terre, dès la naissance.

Nicolas Hulot et le NUCLÉAIRE CIVIL

Voici quelques extraits de la pensée de Nicolas Hulot  :

Que faire dans un gouvernement pro-nucléaire ? C’était début juillet 2017. Fraîchement nommé ministre de la transition écologique et solidaire, j’annonçais sur RTL qu’il faudrait fermer « peut-être jusqu’à 17 réacteurs nucléaires » d’ici à 2025 pour faire descendre la part de l’atome dans la production électrique française à 50 %. Mi-juillet 2017, j’en appelle à EDF pour accompagner la révolution énergétique en cours. Pour diminuer réellement la part du nucléaire, il faut remettre les choses à plat, engager des trajectoires planifiées notamment sur un plan social et économique. On ne peut fermer des centrales sans prendre en compte la réalité des emplois. Nous devons modéliser les scénarios et construire ces trajectoires de transition.

Or Emmanuel Macron est pronucléaire, comme tous les présidents antérieurs, droite et gauche confondus : « Le réchauffement climatique est d’une actualité pressante. Grâce à utilisation de l’énergie nucléaire, la France est parmi les pays les plus décarbonés des pays développés. » Mais dans le programme du présidentiable Macron, il était aussi écrit : « Nous réduirons notre dépendance à l’énergie nucléaire, avec l’objectif de 50% d’énergie nucléaire à l’horizon 2025. Nous prendrons nos décisions stratégiques une fois que l’Autorité de Sûreté Nucléaire (ASN) aura rendu ses conclusions, attendues pour 2018, sur la prolongation des centrales au-delà de 40 ans. La fermeture de la centrale de Fessenheim sera confirmée. Elle interviendra au moment de la mise en service de l’EPR de Flamanville. » L’idée macroniste de considérer « en même temps » la sortie du nucléaire et sa relance pose un problème de fond, une politique énergétique est un exercice de longue haleine. Devenu ministre de l’écologie, je cultive désormais la même ambiguïté. Au lendemain de ma nomination, j’avais déclaré que la part du nucléaire en 2025 devait être de 50 % « et en même temps » que la démonstration se fera peut-être, chemin faisant, qu’on peut aller au-delà de 50 %, ou au contraire que le développement des énergies renouvelables est plus lent que prévu. Or la plupart des cinquante-huit réacteurs du parc hexagonal ont été mis en service entre la fin des années 1970 et celle des années 1980. Ils approchent donc du seuil de quarante ans d’exploitation, la durée de vie pour laquelle ils ont été conçus. D’ici à la fin du quinquennat en cours, vingt-trois d’entre eux auront atteint cet âge. Il faut donc de toute urgence savoir décider. C’est compliqué.

Que l’on soit pour ou contre le nucléaire, chacun doit être d’accord que l’on ne doit pas mettre tous ses œufs dans le même panier. Il faut rééquilibrer le mix énergétique et cela donnera une liberté et une indépendance plus grandes à la France. Il faut combiner plusieurs impératifs, ne pas se mettre dans une situation de rupture de stock. L’hiver dernier, nous sommes passés à deux doigts de la catastrophe, c’est pourquoi j’ai dans la loi hydrocarbures pris des dispositions sur le stockage de gaz. L’horizon énergétique pour 2025, c’est seulement une date « butoir », symbolique. D’ailleurs j’avais aussi évoqué 2030, 2035… les échéances ne sont que fictives, politiquement déterminées, pratiquement sans effet. J’étais tenu par les diktats d’EDF, la défense de l’emploi, les 70 % de l’électricité provenant des 58 réacteurs français. Je voulais prendre en compte l’ensemble des critères (climatiques, énergétiques, sociaux, ou encore la sûreté des centrales), étudier la faisabilité des fermetures pour mettre l’État, cette fois-ci, en situation de tenir ses objectifs. Je voulais faire la jonction avec l’ensemble de la société, mais j’étais bien seul au ministère. J’ai donc été pris au piège du politique obligé de faire des compromis. Il faut dire que je suis arrivé dans une situation où le gouvernement Hollande avait brassé de l’air. Je pensais naïvement en arrivant à mon poste qu’un plan pour réduire à 50 % de nucléaire dans la production électrique avait été prévu dans la foulée de l’adoption de la loi de transition énergétique en 2015. Mais rien n’avait été concrètement mis en œuvre, au cours du mandat précédent ! La loi sur la transition énergétique avait été une course de lenteur. C’est à l’image de beaucoup de choses pendant les cinq ans du gouvernement socialiste : tout a été fait pour gagner du temps. Il m’a fallu bien du courage pour annoncer le 7 novembre 2017 à la sortie du conseil des ministres que l’objectif de 50 % était irréaliste. J’ai même subi les foudres de la FNH, l’association que j’avais moi-même fondé. Auparavant, sur le CETA ou encore les perturbateurs endocriniens, l’ONG avait attaqué le gouvernement ou le chef de l’État, mais jamais son créateur et ancien président.

Janvier 2018, lors de mes vœux à la presse. Promis, le gouvernement sera très précis sur les réacteurs qu’il faudra fermer dans le cadre de la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE). Les objectifs seront bien «tenus», y compris les 50% de nucléaire dans le mix électrique… mais pas d’ici à 2025. Parce que si l’on ferme des réacteurs sans avoir réussi à développer les énergies renouvelables et après avoir fermé les centrales à charbon, le risque existe de difficultés d’approvisionnement. J’explique dans le quotidien LE MONDE qu’il faudra dans la PPE établir un calendrier précis, avec le nom des réacteurs qui vont fermer. Mon scepticisme sur le nucléaire ne fait pas l’unanimité dans l’exécutif, loin de là. Il semble donc de plus en plus improbable que la France ferme d’autres réacteurs que Fessenheim pendant le quinquennat d’Emmanuel Macron. Mais si je n’étais pas au gouvernement, on serait reparti pour la construction de deux EPR. Du 19 mars au 30 juin 2018, il y aura débat public national sur la programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) pour dix ans. Paradoxal, voire virtuel, car les éléments soumis à la discussion escamotent la question centrale du nucléaire. Le mot « nucléaire » n’apparaît même pas dans mon éditorial qui introduit ce document. Tout au plus est-il écrit que « le rythme de fermeture des réacteurs nucléaires doit être cohérent avec l’évolution de la demande [d’électricité] et de la dynamique de progression des énergies renouvelables et du parc thermique ». La liste nominative des fermetures de réacteurs ne devrait pas y figurer, contrairement à mon vœu initial. Aujourd’hui c’est la vision pronucléaire du président de la République et de son premier ministre qui prévaut. Je m’aligne. Interrogé le 13 mars 2018 sur France Inter, je botte en touche : « 50 %, c’est un moment de vérité. Si on y arrive, on pourra peut-être aller plus loin. Si on n’y arrive pas, ça veut dire que, peut-être, il faudra garder un peu plus longtemps la part du nucléaire à un niveau élevé. »

Les arguments pronucléaires, incompréhensibles

Yves Cochet mérite d’être connu. Il ose une tribune dans LE MONDE, « L’échec du nucléaire ». Aussitôt une nuée de commentaires d’anti-écolos se précipite pour le descendre en flèche alors que ce qu’il dit paraît crédible, ce que nous montrerons en fin de cet article. Mais aujourd’hui sur les zéros sociaux, même les abonnés du MONDE ne sont pas les derniers à déverser leur bile. Exemples :

jea.vie : Pourquoi donner la parole à des guignols pareils qui ne représentent qu’eux même et encore ! Le Monde se fourvoie et se déconsidère complètement en publiant ce genre de tribune .

pierre marie 22 : La nouvelle religion de l’écologisme est inepte.

Dominique Deux : Il fallait vraiment être Jospin, spécialiste des mauvais choix, pour avoir pris ce monsieur comme ministre.

Ricardo Uztarroz : On avait oublié qu’il fut ministre tellement il fut évanescent.

Jardinier vigneron : Franchement, Mr Cochet ferait mieux de prendre sa retraite plutôt que de servir cette soupe de mensonges. Rien n’est vrai dans cette chronique. Et il oublie surtout d’expliquer la réalité : c’est bien l’irresponsabilité des antinucléaires fanatiques et idéologiques dont il fait partie qui a successivement fait barrage au nucléaire, et ainsi contribué grandement au réchauffement climatique.

Deevee : Cochet, vous devez vous renseigner et lire Jancovici, un vrai spécialiste de l’énergie avant de publier les inepties d’un idéologue qui nie les statistiques et la sciences.

Revers lifté : Tribune bourrée de biais et de mensonges ( délibérés ? ) par ce chef des Effondristes qui doit trembler dans son bunker ! Pas la place pour tout relever.

Lire, L’apocalypse éclairée d’Yves Cochet

-Alazon- : Ce garçon est un collapsologue extrémiste, persuadé que la fin de notre civilisation est pour bientôt. Il vit dans une vaste ferme en cherchant l’autarcie, possède de nombreux chevaux, deux vieilles VOITURES (si si), bref il a un bilan environnemental calamiteux par rapport à l’habitant d’un appartement dans un immeuble collectif, mais il fait la leçon aux gens sérieux. C’est la caricature de l’écologiste dogmatique, incohérent et tartuffe. Le Monde a dû consacrer une vingtaine de pages en un an à ce genre de rigolos.

Astartes : Je me demande si la rédaction du monde laisserait une tribune à un anti-vaccin. Car c’est exactement ça, les anti-nucléaire sont à l’énergie et à l’écologie ce que les anti-vaccins sont au monde médical et à la santé publique. La plupart de ces arguments sont grossiers, et on remarque, une fois n’est pas coutume, que ces tribunes sont signées par des gens n’ayant rien à voir avec l’ingénierie ou les domaines de l’énergie. Le débat sur le nucléaire est comme le débat sur la nécessité de la vaccination; laissez les activistes loin de tout ça.

Didlan55 : Encore un pantouflard d’écolo qui n’a jamais rien fait et qui bien sûr ne propose aucune solution et ne s’appuie sur aucun chiffre opposables. De tels individus néfastes sont à bannir du journal le monde

Je doute et je redoute : L’écologie politique : la plaie de l’environnement. Le dogmatisme sans avis raisonné interdisant la recherche de compromis mais favorisant le statut quo …

jean-claude meyer : Ce monsieur prétendu écolo se perd dans des élucubrations philosophiques sur le nucléaire et son avenir. Oui, il faut persévérer dans cette filière malgré ses imperfections. Les déboires des EPR sont plus dus à des manquements graves dans la gestion du programme et une incroyable incompétence technique des acteurs principaux. Les excès de l’autorité de sûreté nucléaire n’ont pas beaucoup aidé.

Scarole Chic Dorée : Il n’y a qu’un seul argument vraiment solide dans cette tribune. Mais je crois qu’il est décisif. C’est le dernier. On peut en effet être mathématiquement certain qu’un jour ou l’autre, il se trouvera des imbéciles en mesure de faire sauter quelques installations. Et ils le feront.

Biosphere: On peut voir dans les commentaires pro-nuc ci-dessus la collection habituelle d’attaques ad hominem et de dénigrements qui tiennent lieu de raisonnement. C’est très inquiétant, plus de débat réel possible. Pour faire contre-poids à ce qui précède, lire Notre ami Yves Cochet, effondriste assumé… Et savourer ce qu’il disait effectivement dans sa tribune. En résumé :

Yves Cochet : Le nucléaire ne contribue aujourd’hui qu’à 5 % de la fourniture d’énergie mondiale et à 10 % de la production d’électricité… Les investissements nucléaires ont toujours été soutenus ou garantis par les Etats. Sans ces subventions, pas de nucléaire… Quant aux réserves de l’uranium fissile, il n’y aura pas assez de ce minéral pour approvisionner les réacteurs en combustible… Pas de surgénérateurs signifie qu’il n’y a pas d’âge du nucléaire, dit le physicien Ugo Bardi… En aval de la filière nucléaire, il fallait résoudre les problèmes de la gestion des déchets et du démantèlement des réacteurs… La majorité des réacteurs nucléaires, en France et dans le monde, ne seront simplement jamais démantelés… La fascination des humains pour la force hallucinante du nucléaire relève de la croyance religieuse, celle de la toute-puissance.. Les penseurs et les acteurs du nucléaire sont des idéalistes irresponsables qui tentent de construise un empire industriel pour mille ans, sans considérer des conditions à réunir pour réussir ce pari fou. En effet, le nucléaire, civil ou militaire, réclame des sociétés stables et technologiques afin d’empêcher toute interruption de la chaîne nucléaire, du minerai au kWh ou à la bombe ; qui peut raisonnablement parier que, en 2100, toutes choses n’étant pas égales par ailleurs, les conditions d’habitabilité de la Terre et les configurations politiques mondiales garantissent encore cette stabilité et cette technicité nécessaires à l’opérationnalité du nucléaire ?

Voiture ou climat, on est obligé de choisir

Le déplacement d’une voiture gaspille une ressource fossile mise gratuitement par la nature à la disposition de la civilisation thermo-industrielle. Mais, contrairement à l’usage d’un cheval, cette source d’énergie n’est pas renouvelable : plus on fabrique de voitures, plus on accroît l’imminence du pic pétrolier, ce moment où la production de pétrole va diminuer inexorablement. Alors nous nous rendrons compte que la voiture pour tous n’était qu’un rêve, entretenu par une pression médiatique et publicitaire absurde dont même LE MONDE se faisait régulièrement l’écho. Les temps changent

Lire, LE MONDE est l’otage des lobbies automobiles

Marie Pouzadoux : La France a été redessinée par et pour l’automobile. Aujourd’hui, 85 % des foyers disposent au moins d’un véhicule, et c’est devenu un bien indispensable pour deux tiers d’entre eux, qui vivent notamment en zones périurbaines et rurales. Il n’est donc pas facile pour le personnel politique de condamner la voiture. A droite et à l’extrême droite, aucun candidat ne souhaite froisser les automobilistes. Valérie Pécresse, prétendante à l’investiture du parti Les Républicains, fustige toute « écologie punitive ». Le polémiste d’extrême droite Eric Zemmour défend la suppression du permis à points. Anne Hidalgo propose une baisse de la TVA sur le carburant à 5,5 % face à l’augmentation des prix du baril. Yannick Jadot souhaite soutenir le secteur industriel automobile français, et prévoit d’étendre le prêt à taux zéro pour l’achat d’un véhicule « propre ». Seule Sandrine Rousseau, candidate déçue de la primaire d’EELV, se positionne en faveur d’une hausse des taxes sur le carburant.

Aucune transition ne se fait rapidement sans contraintes, elle générera douleurs et crispations. Nous avons privilégié ci-dessous les commentaires sur le monde.fr qui en sont conscients, sauf le sceptique de service.

le sceptique : La Ford T a été un objet politique majeur, le moment où l’abondance moderne est devenue à portée de (presque) tous les individus. Le reste a suivi, la maison, l’électro-ménager, l’ordinateur etc. Autant de technologies et industries qui ont produit l’individuation moderne à la place du communautarisme paysan et du collectivisme de la première révolution industrielle. Pas vraiment de « casse-tête » , les bobos écolos de métropole sachant circuler en taxi-TGV-avion contre la voiture, d’un côté, le reste de la société pour, rapport 20/80.

ChP : Mon dieu, que voila avec le sceptique une belle étude sur la sociologie de la bagnole. Elle peut se résumer autrement de la façon suivante : une société organisée autour de la voiture ne peut pas se passer de voiture. Réciproquement, pour se passer de voiture, il faut réorganiser la société. Voila qui est plus dur. C’est pour cela que personne n’en parle. C‘est pourtant facile de comprendre la politique.

Lire, Quand la bagnole s’est imposée dans nos vies

Glazikbleu : OUI il faut le dire – la transition écologique sera douloureuse et contraignante et coûteuse ! Certaines contraintes seront communes ( température des habitations 17 °C, donc pulls le jour et duvets la nuit) — densification des lotissements (avec interdiction des piscines) – boutique d’entretien et de réparation des vélos dans chaque commune — jardins communaux partagés pour fruits et légumes — et recherche constante de la non consommation d’énergie — c’est la diminution réelle et constante de la consommation d’énergie qui seule sera efficace sur le long terme ! Bienvenue au pays de la sobriété heureuse et partagée !

LaVénalitéenMarcHe : « ce moyen de transport, très polluant mais indispensable à la plupart des Français » Depuis quand cette horreur est-elle devenue soi-disant indispensable ? Depuis que nous sommes gouvernés par les lobbies de la bagnole, du pétrole, du béton & bitume, de la grande distrib.ution..

ebrun : Ça pleure toujours sur le coût de la bagnole pour aller au boulot. Si on suit cette idée que la voiture coûte cher, les gens devraient en avoir un usage raisonné,. Mais les week-end il y a toujours autant de trafic, autant de bouchons. En pendant les vacances c’est encore pire. Les Français sont tout simplement accros à leur drogue.

Isaphan : On ne peut pas toujours avoir le beurre (la maison -plus grande surface qu’un appartement pour le même prix- et les barbecues entre amis) et l’argent du beurre (des trajets pas chers: carburants polluants pas chers.) Les français auraient dû regarder l’habitat loin de son lieu de travail sous l’angle global, coût des déplacements + coût du logement. Quand le premier monte, le second baisse et vice versa.

lire, La transition écologique nécessite une déstructuration

Walter : Il va pourtant bien falloir s’en passer, de la bagnole, fermer cette parenthèse automobile. On aura bien rigolé pendant 100 ans, perdu énormément de temps assis dans des caisses aussi, passons à autre chose. Ce sera une excellente occasion de transformer une économie caractérisée par le gaspillage (oxymore bien réel). Investir dans des transports collectifs mieux pensés, développer les trams trains, avoir des autocars cadencés en campagne, reprendre le pouvoir que les commerçants ont pris sur l’urbanisme, remettre en service des lignes ferroviaires en souffrance etc.. ce sera toujours moins cher que de mourir pollués, réchauffés, effondrés.

Michel SOURROUILLE: A l’époque de la Ford T en 1908, il n’y avait en France que 1672 voitures, aujourd’hui il y en a 38,8 millions La démocratisation de l’automobile a incité à multiplier les voies carrossable, puis les autoroutes, la mondialisation du complexe pétrolier, etc. Mais la voiture pour tous, c’est ce que Lewis Mumford appelle une technique autoritaire, qui rassemble à une échelle monumentale une nouvelle organisation de masse. Il faut donc remettre en question le processus de sur-structuration qui pousse à l’augmentation des flux de véhicules. Il nous faut déconstruire ce qu’un passé dépassé continue à imposer. Il nous faut revenir à des organisations à l’échelle humaine, rechercher localement l’autonomie alimentaire et énergétique, retrouver les circuits courts et les liens de proximité. Le dévoiturage devrait être le cri de ralliement de l’écologie politique. Ce n’est pas le cas. Alors c’est le choc pétrolier ultime qui nous obliger à changer, brutalement.

Lire, Adieux à l’automobile, le dé-voiturage en marche

Zhkarojr : Une chose est sûre, la France était beaucoup plus belle avant l’arrivée des voitures.

Danmer : Oui, avec les carrosses pour le roi et les nobles.

En Ouganda, le pétrole de TOTAL fait la loi

Dans ce pays de 46 millions d’habitants (6,8 millions en 1960), le groupe français TotalEnergie joue un rôle moteur critiqué pour ses conséquences sur l’environnement et les populations locales.

Lire, un ou deux enfants par couple, maximum admissible (en Ouganda)

Laurence Caramel : Dans l’ouest de l’Ouganda, rares sont les opposants au gigantesque projet d’exploitation du pétrole enfoui sous les eaux et les rives du lac Albert. Ce chantier à 9 milliards d’euros incarne les promesses de prospérité faites à la population par le président Yoweri Museveni. L’inamovible président répète que plus rien ne fera obstacle au démarrage de la production, prévu en 2025 pour une durée de vingt-cinq à trente années… Dans le district de Buliisa, près d’un tiers de la population doit abandonner ses terres. L’entêtement des familles ayant refusé l’expropriation décidée par Total leur a valu d’être traduites en justice pour « entrave au développement du pays »… La militarisation de la zone a encore monté d’un cran. Total vient, avec son partenaire chinois, de charger la société de sécurité privée Saracen du recrutement de 1 500 gardes supplémentaires afin de surveiller les futurs sites de production. Cinq mille autres seront bientôt embauchés pour protéger l’oléoduc. Saracen a pour actionnaire majoritaire Salim Saleh, demi-frère du président, dont il est aussi le conseiller militaire… Pour avoir voulu regarder la situation de trop près, une mission diplomatique européenne a été expulsée de la zone pétrolière le 9 novembre… L’impact du projet sur la nature préservée de cette région reculée de l’Afrique des Grands Lacs soulève d’autres craintes. Près d’un millier d’espèces de mammifères, d’oiseaux, de reptiles… y ont trouvé refuge, soulève les plus sombres interrogations. A côté des girafes de Rothschild, dont il reste moins de 2 000 spécimens entre l’Ouganda et le Kenya, éléphants, hippopotames, léopards, colobes… figurent sur la liste rouge des espèces en danger de l’Union internationale pour la conservation de la nature. Comment réagiront les animaux au vacarme, aux vibrations des 140 forages et au va-et-vient des camions ?.. L’opposition au projet de Total a désormais pris une dimension mondiale. Menée au nom de la lutte contre le dérèglement climatique, la campagne StopEacop réunit près de trois cents ONG internationales et africaines. Son objectif : faire capoter le financement du projet, pour lequel la major française et son partenaire chinois, CNOOC, ont besoin d’emprunter 3,5 milliards de dollars… Dans le sillage des recommandations faites par l’Agence internationale de l’énergie pour atteindre l’objectif de neutralité carbone d’ici à 2050, une coalition d’une vingtaine de pays, dont la France, ont annoncé, lors de la conférence sur le climat de Glasgow, qu’ils ne soutiendraient plus d’investissements à l’étranger dans le pétrole et le gaz à partir de 2022.

Quelques commentaires sur lemonde.fr :

Michel SOURROUILLE : Pour les Romains le gage de la croissance était le nombre d’esclaves, pour le monde moderne c’est la merde du diable (le pétrole). Le mal-nommé « or noir » tient dans ses barils le futur de la civilisation thermo-industrielle. Heureusement la prochaine étape se profile, lire « Pétrole, le déclin est proche », de Matthieu Auzanneau et Hortense Chauvin. Presque partout, c’est la «descendada». Les poches de pétrole de la Mer du Nord déclinent depuis l’an 2000, l’Algérie depuis 2007, le Nigeria depuis 2011, l’Angola depuis 2008, Moscou prévoit que son déclin débutera dans la décennie… La pénurie de pétrole va t-elle sauver le climat ? Non, répondent les auteurs. Il faudrait pour cela diminuer d’au moins 5 % chaque année la consommation d’énergie fossile. L’affairisme de TOTAL, c’est juste les derniers soubresauts d’un monde glouton qui s’effondre.

Lire, La « merde du diable » triomphe en Algérie et en France

Albireo : Ces ONG n’ont rien à proposer à part laisser le terrain libre aux chinois qui eux n’auront pas le centième de nos scrupules environnementaux ou sociaux…la réalité est dure à entendre, mais ça reste la réalité.

Earth @ Albireo : Vous proposez quoi ? Laisser faire parce que le voisin ferait pire ? Les chinois c’est l’excuse facile non? Pendant 50 ans les Chinois , c’était nous en Afrique…

dmg : Eh oui, la face sombre de notre développement effréné… Total est abject, Total nous enfume sur le changement climatique, Total bousille la planète, Total fricote avec toutes les dictatures (que pour la plupart nous, démocraties, avons installées et soutenons, juste pour accaparer leur sous-sol), depuis des décennies… ni plus ni moins que toutes les majors du pétrole et du gaz. Total n’est que l’exécuteur de nos basses œuvres : tant que nous serons drogués aux hydrocarbures, il y aura des Total… Lire « carbon democracy », de Timothy Mitchell.

Lire, Carbon Democracy. Le pouvoir politique à l’ère du pétrole (Timothy Mitchell, 2011)

Pb : Total est méchant. Je pense que l’Ouganda devrait rester une réserve naturelle la plus pauvre et la plus déserte possible, cela vaut mieux pour tout le monde, apparemment.

Marie Rose Poux du ciel : Je ne veux rien savoir tant que le carburant coule dans mon réservoir.

Nicolas Hulot et BURE

Voici quelques extraits de la pensée de Nicolas Hulot  :

Concernant le projet d’enfouissement des déchets radioactifs à Bure, je refuse de précipiter  les choses en tant que ministre de l’écologie. Dans le sous-sol de cette commune de la Meuse doivent être enfouis, à 500 mètres de profondeur, les déchets nucléaires français les plus dangereux : 85 000 m3 de produits hautement radioactifs et à vie longue – des dizaines ou des centaines de milliers d’années. Mon travail est de vérifier que le stockage se fasse dans des conditions de sécurité absolue. Ensuite, cela doit nous pousser encore plus à réfléchir sur le nucléaire.

Ce n’est pas ma conception d’une civilisation d’avoir des déchets que l’on délègue aux générations futures. L’article premier de la loi française de décembre 1991 sur le stockage des déchets radioactifs disait : « Les générations futures ont le droit de jouir de cette terre indemne et non contaminée ; elles ont le droit de jouir de cette terre qui est le support de l’histoire de l’humanité. » J’ai répondu à une interpellation d’une députée de La France insoumise, montrant une photo où je manifestait contre le projet de Bure. « Je n’ai pas l’impression d’être en porte-à-faux avec ma conscience. J’aurais préféré ne jamais avoir à traiter ce sujet-là, que l’on n’arrive pas à cette situation avec ces déchets dont personne ne veut mais il fallait choisir la moins mauvaise solution. » Lors de mes vœux à la presse en janvier 2018, je temporise : « Concernant le projet d’enfouissement des déchets radioactifs, ce n’est pas en 2018 qu’on va mettre au fond et rendre ça irréversible, il y a encore du temps. Si l’on m’offre des alternatives, je suis preneur. Je me serais bien passé des déchets nucléaires. Mais maintenant que je suis ministre et que j’en ai la charge, je veux bien les mettre au fond des océans ou les envoyer dans l’espace, mais je ne crois pas que ce soit très raisonnable. » Après l’abandon de NDDL, un nouveau problème de zadistes se profile. Plusieurs dizaines de jeunes antinucléaires ont choisi d’investir ce territoire, où ils ont acheté des maisons et construit des cabanes dans une forêt de 220 hectares, le bois Lejuc, qu’ils occupent depuis l’été 2016. Mon secrétaire d’État, Sébastien Lecornu, avait témoigné en conseil des ministres qu’une cabane dite « de la résistance et de la solidarité » était en voie d’installation à Bure. Mes collèges se sont marrés, « la cabane au fond du jardin », mais la situation a été prise au sérieux par le ministre de l’inétrieur Gérard Collomb : « La détermination suffit à provoquer des heurts ». J’ai dit aux zadistes que la décision d’abandon du projet d’aéroport n’était en aucun cas une licence pour reproduire ce type d’action ailleurs. Mais l’opposition à l’enfouissement à Bure va être très difficile à gérer.

Avec le gouvernement Macron, la force prime. Évacuations par la force des environs de Bure le 22 février 2018, 500 gendarmes mobiles pour quinze zadistes. Bien entendu mon secrétaire d’État Sébastien Lecornu, qui devait recevoir les associations qui le souhaitent à la préfecture, n’a rencontré personne. Il dénonce « les occupants illégaux du bois Lejuc qui appartiennent à la mouvance d’extrême gauche anarchiste ». Sébastien Lecornu a annoncé le 7 mars qu’un débat national aura lieu entre septembre et décembre 2018 sur la gestion des déchets nucléaires. Cette concertation, organisée sous l’égide de la Commission nationale du débat public, comprendra aussi la mise en place « d’ici l’été » d’un centre de ressources en ligne ouvert au public et d’une « instance de dialogue » d’experts. Mais « à projet hors norme, il est normal que la concertation soit hors norme », a-t-il précisé. C’est ma conception, associer à ce débat non seulement le public local mais aussi l’opinion publique nationale. Sur mon compte twitter, j’ai commenté : « La gestion des déchets nucléaires est un choix qui engage notre pays pour des siècles. Je pose deux principes : transparence totale et débat serein où toutes les opinions pourront s’exprimer. » Le calendrier de réalisation des travaux est encore long puisque la demande de déclaration d’utilité publique doit être déposée en 2019 et sera validée sans doute aux alentours de 2022, la phase pilote ne devant commencer qu’en 2025 environ.