À chaque époque son brin de folie, ça passe

Sur ce blog biosphere, on essaye de faire progresser l’intelligence collective même si nous n’avons pas l’envergure d’un influenceur(se) ou d’un compte tiktok(qué). Nous sommes toujours très, trop sérieux dans nos analyses, mais de temps en temps on tâte l’humeur du temps qui semble trop souvent allergique à l’humour. Ainsi des mouvements woke, LGBTQIA+ et Jean Passe.

Lire, La religion woke contre l’écologisme

Laurent Carpentier et Aureliano Tonet (parité non respectée!) : Ici, c’est un linguiste tenant une conférence anti-écriture inclusive qui est arrosé d’urine ; là, une professeure qui écrit « chère madame » à ses élèves et se retrouve attaquée parce que le « chère » est jugé familier. Exit Brigitte Bardot dans le plus simple appareil roucoulant « Tu les aimes mes fesses ? Et mes seins ? ». C’est jugé « male gaze » (le regard masculin érotisant le corps des femmes), c’est de ne pas avoir mieux averties les étudiant(e)s du contexte, de n’avoir pas actionné de « trigger warning » (« avertissement en amont »)… Né sur les campus américains, le lexique « woke » (le « réveil » des consciences) a gagné l’université française. « Cancel culture » (dénonciation publique et annulation d’événements comme méthode de lutte), « safe place » (lieu où l’on ne tolère pas les comportements stigmatisants). Sur quel art, quel cinéma, quel théâtre, tout cela ouvre-t-il ? On sait bien ce que produit le “trigger warning” aux Etats-Unis : de l’injustice, de la censure,

Quand le wokisme est arrivé, j’étais plein d’espoir, cela allait apporter de l’air frais, témoigne le plasticien Jean-Luc Verna, puis c’est devenu une idéologie, et enfin du marketing. Cela donne des groupes fermés, beaucoup d’entre-soi, les queers avec les queers, les racisés avec les racisés. Ces gens non binaires ont une vision très binaire. Quid du droit au flou ? Je n’en peux plus des “alphabet people” [référence à l’acronyme LGBTQIA+ : lesbiennes, gay, bisexuels, transexuels, queer, intersexe, asexuel et + si affinités]. C’est le monde d’Internet, des catégories, qui crée de la souffrance pour ceux qui n’entrent pas dans le cadre… Tout ça, ce sont des élèves qui érigent des pyramides de pouvoir. Plus ils réclament de l’horizontalité, plus ils recréent de la verticalité. » Jean-Luc Verna n’est pas du genre à se cacher derrière son petit doigt : « A Cergy, mes collègues blancs, hétéros, de plus de 50 ans, rasent les murs. Ils sont considérés comme des agresseurs potentiels, suppôts du patriarcat.  Moi qui suis une vieille pédale maquillée, qui leur ai pavé le chemin, j’ai senti du flottement quand j’ai dit qu’avant d’être homosexuel, j’étais un homme, et avant d’être un homme, un artiste. Que je n’étais pas fier d’être homosexuel : je ne l’ai pas choisi, comme je n’ai pas choisi d’être blanc. Et que j’accepterai de porter le drapeau arc-en-ciel lorsqu’il comprendra une couleur pour les hétérosexuels… »

Latiniste et helléniste, Pierre Vesperini, ’historien ne nie pas un fossé entre des professeurs « engourdis » et des étudiants « démunis », les premiers prisonniers d’un « savoir sacralisé et sclérosé », les seconds manquant de recul, faute d’avoir reçu « un enseignement suffisamment riche pour les initier à la complexité de l’histoire de la culture européenne ». Entre un paternalisme qui regarde le monde d’un point de vue dominant et des slogans qui simplifient, le vrai sujet est là : celui de la complexité..

Commentaires réveillés sur lemonde.fr

Jean Pavée : Vesperini fait un bon constat. L’inculture généralisée de cette génération ne leur permet pas d’appréhender la complexité du monde et de l’âme humaine. Le désastre risque d’être étendu quand s’y joint ce retour de l’ordre moral empêchant tout esprit critique. Les relations amoureuses vont se dégrader en relations contractuelles entre individus, les élans fantaisistes et sensuels ne seront plus spontanés et devront faire l’objet de discussions préalables. Tout cela parce que des névrosés ne trouvent pas d’autres moyens de régler leur mal-être qu’en imposant leurs sublimations dictatoriales aux autres.

Pile Oufasse : C’est le syndrome de « l’accaparement du haut parleur » par une minorité agissante. Il est décuplé par la possibilité qu’elles ont, grâce aux réseaux sociaux, de se regrouper en nombre.

BEN1 : On est très loin de la réponse faite par Etienne Klein sur une chaîne internet répondant a la question  » quel conseil aux jeunes  » :  » instruisez-vous, ne participez pas à une société de l’affect et soyez courageux ». Et on est très près de ces étudiants états-uniens qui refusent tout débat parce que la mise en cause de leurs opinions les blesse profondément. Attitude qui est l’indice très inquiétant de la progression d’une « société de l’affect », qui tend vers l’anomie, composée d’individualistes, narcissiques, tentant désespérément de définir d’illusoires identités partielles.

Surtout : « MOI c’est MOI et c’est moi qui ai raison » : il s’agit d’une « toute puissance terroriste ». Le motif affiché est secondaire, voir illusoire. Ceux qui sont intimidés, et qui laissent interdire la parole, sont finalement contre la liberté d’expression des enseignants, des experts et des savants : ils portent une lourde responsabilité. Savoir que le pire (ce qui rend fou) est de ne pas faire la distinction entre les mots, les dessins, et les faits eux-mêmes. On peut prédire que d’ici peu, un acteur sera agressé parce qu’il aura eu sur l’écran tel comportement que le film voulait précisément dénoncer.

@chronos : Revisiter l’histoire avec une morale contemporaine c’est croire aux voyages dans le temps. Ce que la génération woke pense n’est d’aucun intérêt. Ils sont comme les talibans qui détruisent les bouddhas ou les chrétiens du 4eme siècle qui brûlaient la bibliothèque d’Alexandrie.

pierre guillemot : Nostalgie. J’imagine ce que François Cavanna aurait écrit là dessus dans Hara Kiri pour se moquer des étudiants en cinéma qui refusent de regarder un vieux film parce que ça pourrait souiller leurs âmes pures et fragiles.

Jean Pavée : C’est pour cela que le grand capital se frotte les mains de voir les aspirations révolutionnaires juvéniles se focaliser sur de telles billevesées névrotiques.

Christiane D. : Il faut être patient, le wokisme est à la mode en ce moment mais cela passera et sera remplacé par une autre marotte.

Pierre Boulle : A lire cet article, on en viendrait à penser que 100% de la jeunesse étudiante épouse le discours et la posture « woke ». Comme si tous étaient déconstruits et hyper sensibles, ultra puritains sur ces sujets. J’ai à la maison trois exemplaires, de cette génération, aucun ne ressemble à ce que vous donnez à voir. Combien d’étudiants n’osent rien dire, effrayés qu’ils sont par la furie des militants ? Je me souviens des AG lors des manifestations étudiantes (fin 80, début 90) les groupes militants avaient des techniques bien rodées pour occuper le terrain et imposer leur discours. Et quiconque exprimait la moindre nuance ou essayait d’apporter la contradiction était ostracisé, exclu du groupe.

Klaatu Vanuatu : On attend avec impatience de voir quelles œuvres renversantes va produire cette génération de révoltés.es. Un guéridon aux pieds masqués de napperons?

Iphigenie : Les jeunes français préfèrent se demander si le contrat de location d’un studio à 1200€ par mois à Paris est écrit en langage inclusif, plutôt que d’interroger le rapport de force économique qui arrive à ce niveau de loyer.

4 réflexions sur “À chaque époque son brin de folie, ça passe”

  1. Je découvre cet article après coup. En effet, bon courage pour s’y retrouver dans cette drôle de pagaille. Je parle là bien sûr de cet incroyable bordel où se mélangent LGBTQIA+ en tous genres et « Cancel culture ». Je parle de cette immonde tambouille qui mijote dans ce foutu « woke ». Bref, ce que j’appelle Grand N’importe Quoi.
    D’où, je le re-re-redis … l’intérêt de faire très très … ATTENTION !
    ( Lire À 13:58 “Lévi-Strauss, malthusien par le raisonnement” )

    Ps : Comme quoi je peux faire court, aussi, quand je veux. 🙂

    1. Tous comptes faits, comme il m’en reste trois… ce serait trop con de pas les tirer.
      – « Sur ce blog biosphere, on essaye de faire progresser l’intelligence collective […]»
      Justement j’en parlais tout à l’heure, de l’autre côté, de l’IC .
      Si Biosphère regrette de ne pas avoir l’envergure d’un influenceur, il peut toujours se réjouir d’avoir quelques beaux spécimens de toqués. Moi le premier, qui m’évertue à chanter ici ma chanson qui se moque de l’Hymne Officiel (Le Poumon vous dis-je !), tout en sachant très bien que c’est comme si je pissais dans un violon. Faut quand même être con non ? Ben oui, en plus de ce que j’en ai dit, tout à l’heure, de l’autre côté, l’IC c’est parle à mon cul ma tête et malade.

      1. Dans un autre genre, de grand malade, ce jour À 13:53 sur “Lévi-Strauss, malthusien par le raisonnement” lire cette brillante analyse :
        – « Aillez tu n’as aucun argument pour expliquer et surtout prouver [… bref tu veux des pontes encore plus massives en Afrique pour faire des quantitative easing de migrants en France […] Bref il n’y a pas plus binaire que toi ! [et patati et patata] »

        Très intelligent n’est-ce pas ? Ne manquerait plus que l’autre vienne le féliciter et l’encourager : « Assez d’accord hélas avec votre analyse [etc.] ». Ou alors qu’il vienne me chanter son refrain : « Mais, Michel C , à part vous moquer et vous cacher derrière votre pseudo… qu’est-ce que vous faites con crètement ? » À quoi je répondrais : « Ben rien, comme vous quoi ! Et même pas du vent ! »

        Rien que ça nous donne une petite idée de cette fumeuse «intelligence collective», ainsi que du genre de raisonnement que Biosphère veut faire progresser.

      2. 4ème et dernier :
        Et là je la sens venir, cette fois ON va encore me dire un truc du genre :
        – « Nous trouvons un tantinet décalé le fait que vous ne commentiez pas l’essentiel de notre article, qui est… Surtout : MOI c’est MOI et c’est moi qui ai raison » »
        Autre façon de dire « c’est celui qui l’dit qui l’est »
        Ben ouai, quand je parle du Grand N’importe Quoi tout le monde se fout de moi.
        Eh ben là vous l’ avez ! Et si vous arrivez à vous y retrouver… et à faire le lien… entre le Pasteur et le « woke »… eh ben tant mieux pour vous ! 🙂

Les commentaires sont fermés.