Nucléaire, François de Rugy se renie

François de Rugy, en 2016, défendait un scénario 100 % énergies renouvelables, avec un arrêt total du nucléaire en 2040. Il proposait de « supprimer le risque nucléaire qui pèse sur la France et surtout la production de déchets dont on ne sait pas quoi faire ».

Biosphere : C’était l’époque où le Vert François de Rugy avait un petit peu la fibre écolo… avant de tomber dans l’escarcelle de Macron.

François de Rugy en juin 2019 : « Il faudra tirer toutes les leçons pour voir si ce type de réacteur nucléaire EPR est compétitif. Aujourd’hui, on peut en effet avoir des doutes sur la compétitivité future par rapport aux énergies renouvelables dont les coûts de production baissent. »

Biosphere : Le coût du kWh des EPR de Flamanville et Hinkley Point ne sera connu que quand ils auront démarré et produit quelques années, de Rugy sera à la retraite depuis longtemps. De plus les factures du grand carénage (100 milliards estimés au départ, certainement bien plus en fin de parcours) vont être douloureuses. Mais de Rugy change d’avis.

François de Rugy en mars 2021 : « Dans le domaine de l’énergie, la France est en train d’inventer un nouveau modèle, dans lequel les énergies renouvelables associées au nucléaire pourraient nous permettre de nous passer totalement des énergies fossiles »

Biosphere : L‘argument d’autorité n’est pas un argument. Le nucléaire couvre actuellement à peine 3 % de la consommation d’énergie finale d’énergie mondiale et ne pourra jamais faire beaucoup mieux faute d’uranium ; le nucléaire n’est pas une énergie renouvelable. Avec ou sans nucléaire, se satisfaire des énergies renouvelables demande à réduire drastiquement notre demande d’énergie. Ne pas le dire c’est forfaiture.

François de Rugy : « J’ai pu vérifier que l’enjeu de sécurité nucléaire – le risque d’un accident est le premier sujet – était extrêmement maîtrisé en France, avec des outils de contrôle de sûreté extrêmement resserrés ».

Biosphere : Confondre sécurité et sûreté est confondant de naïveté ! S’exprimer ainsi aux lendemains des dix ans de Fukusihima (11 mars 2011) est même inconvenant pour ne pas dire plus.

François de Rugy : « Dans le combat pour le climat, le fait d’avoir une production d’électricité de base en grande quantité décarbonée est un formidable atout pour la France. »

Biosphere : Aujourd’hui, il faut 20 ans pour construire une centrale nucléaire, elle est supposée fonctionner 60 ans et sa déconstruction prend également quelques dizaines d’années. Est-on vraiment certain que dans 100 ans, il y aura encore un état français suffisamment riche et fort pour prendre à sa charge et mener à bien la sortie du nucléaire ? De plus la construction des centrales nucléaires, leur entretien, leur démantèlement et la gestion des déchets radioactifs, sans parler d’un accident toujours possible, rend nécessaire l’utilisation d’énergies fossiles, ce que les nucléocrates oublient de dire et même de penser. Que le nucléaire ait encore des adeptes montre l’état de désinformation des anti-écolos.

Pour tout savoir sur François de Rugy :

– Recension de ses livres sur le site biosphere :

2012. A quoi peut bien servir un député écolo ?

2015. Ecologie ou gauchisme, il faut choisir !

– Sur notre blog biosphere, son parcour s:

16 novembre 2019, Dialogue avec l’ex-ministre François de Rugy

29 janvier 2019, de Rugy détricote toutes les avancées écologiques

12 septembre 2018, François de Rugy, adepte d’une écologie superficielle

5 septembre 2018, de Rugy ministre de l’écologie, l’ambition au pouvoir

2 juin 2012, François de Rugy, un député vraiment écolo ?

11 réflexions sur “Nucléaire, François de Rugy se renie”

  1. De Rugy rejoint le nombre de plus en plus important d’écologistes « historiques » que l’urgence climatique a fait changer d’avis sur le nucléaire : S. Tindale (ex-secrétaire général Greenpeace GB), P. Moore (cofondateur de Greenpeace), James Lovelock (auteur de l’Hypothèse Gaia), Hugh Montefiore (cofondateur Amis de la Terre GB), George Monbiot (journaliste de l’environnement), Chris Goodall (activiste), David MacKay (auteur de ‘Energy without Air’ ), Zion Tree (ex-porte-parole d’Extinction Rebelion) , J. Hansen (climatologue), Brice Lalonde, ….

    Les autres écolos font, eux, le bonheur des multinationales gazières. C’est par dizaines que les centrales au gaz se construisent en Europe dans les pays qui « sortent » du nucléaire, et ds gazoducs.
    Désolé Biosphères, mais entre objectifs climatiques et sortie du nucléaire, il faut choisir. Admet que d’autres soient un peu plus concerné par l’emballement en cours du climat que tu ne sembles l’être.

    1. Bonjour Thierry C.
      Nous constatons que tu es toujours un ardent partisan du nucléaire, tes interventions sur notre blog sont uniquement consacré à cette thématique. Au niveau débat, ce n’est pas parce que certaines personnes changent d’avis que cela incite à les suivre, encore faut-il qu’ils argumentent pour convaincre. Ce n’est pas parce qu’on construit des usines à gaz que cela fait un argument pour le nucléaire.
      Ton avis nous semble vide de considérations objectives, dommage, ce sera sans doute pour une autre fois…

      1. Je suis un ardent défenseur d’un climat stable pour mes enfants.

        Et c’est une considération tout à fait objective que de dire que le nucléaire produit des quantités significative d’énergie, même quand il n’y a pas de vent et de soleil, en émettant que 6 g CO2/kWh, et en utilisant 10 à 100 fois moins de matière et de surface que les EnR.
        C’est aussi très objectif de constater que les pays qui sortent du nucléaire construisent des centrales au gaz, et ils se foutent de leur engagements pour le climat.
        Pour les arguments, il suffit de les lire. Par ex: https://ideesrecuessurlenergie.wordpress.com/2020/06/27/chers-ecologistes-rejoignez-moi-pour-embrasser-lenergie-nucleaire-signe-zion-tree-ex-xr/

  2. François de Rugy prétend avoir « acquis au ministère une conviction ». Quand on compare ce que cet écotartufe disait il y a quelque temps et ce qu’il dit aujourd’hui, on a une idée de ce que le mot «conviction» veut dire chez ce genre de politicard.

  3. Esprit critique

    – « De plus la construction des centrales nucléaires, leur entretien, leur démantèlement et la gestion des déchets radioactifs, sans parler d’un accident toujours possible, rend nécessaire l’utilisation d’énergies fossiles, ce que les nucléocrates oublient de dire et même de penser. » (Biosphère)
    Tout à fait. Ces énergies fossiles (pétrole) sont indispensables pour extraire, transporter, traiter etc. l’uranium. Ou ce qui pourrait le remplacer. Egalement indispensables pour tous les matériaux (métaux, plastiques, béton) nécessaires à la construction et l’entretien des centrales. Ce n’est donc pas avec des bulldozers électriques qu’on règlera le problème. C’est bien pour ça que nous devrions profiter des fossiles pour Démanteler tout ça au plus vite.

  4. Oui le nucléaire en France est sûr et il n’est en rien comparable avec Tchernobyl, puisque les centrales nucléaires françaises n’ont pas de cœur en graphite comme ce fut le cas à Tchernobyl et qui est la cause de l’incendie. Ce n’est absolument pas la même technologie sur ce point, mais les escrolos ne le mentionneront pas.

    Après, il s’agit d’admettre que les centrales sont là comme amortisseur à la décroissance puisque la population n’est absolument pas prête pour vivre sans énergie du jour au lendemain. Donc on aura besoin des centrales nucléaires pour accompagner la décroissance, et non pas pour étendre la voiture à grande échelle.

    En tout cas une chose est certaine les éoliennes polluent beaucoup plus que les centrales nucléaires, vu la quantité de métaux et de béton nécessaire ainsi que d’espace pour les installer.

    1. Misère misère !

      – « Oui le nucléaire en France est sûr et il n’est en rien comparable avec Tchernobyl, puisque les centrales nucléaires françaises n’ont pas de cœur en graphite [et patati et patata] »
      Rassure moi, nos formidables centrales nucléaires sont infiniment plus sûres que celle de Fukushima, c’est bien ça hein ?

      – « En tout cas une chose est certaine les éoliennes polluent beaucoup plus que les centrales nucléaires, vu la quantité de métaux et de béton nécessaire ainsi que d’espace pour les installer. »
      Tu nous diras combien de tonnes de ferrailles et de béton seront nécessaire pour construire les sarcophages. Et pour les renforcer pendant des siècles et de siècles. De toute façon, du moment que TA Marine est POUR… tu ne peux pas être CONTRE, c’est bien ça hein ?

  5. Les reniements des uns et des autres, les réactions que cela suscite, alimentent le Spectacle. Si ce n’était pas aussi grave, entendre dire que le risque d’un accident nucléaire est «extrêmement maîtrisé en France, avec des outils de contrôle de sûreté extrêmement resserrés» devrait déclencher le fou rire. Le nucléaire est l’exemple parfait pour illustrer l’impasse dans laquelle nous sommes. Et dans laquelle se sont fourvoyés de nombreux écolos et autres écotartufes.
    La question n’est pas de savoir s’il faut ou pas arrêter dès demain l’ensemble de notre parc nucléaire, c’est tout simplement impossible. La question n’est même pas de savoir s’il faut ou pas enterrer bien profond ces déchets, tout connement on ne sait pas quoi en faire. La question est de savoir s’il faut, ou pas, persévérer dans cette voie qu’on n’aurait jamais dû prendre. OUI ou NON. Là encore, choisis ton camp camarade !

    1. Du côté OUI (POUR) on raconte que le nucléaire est «décarbonné». Si en plus il est «extrêmement maîtrisé en France [et blablabla]» alors on peut effectivement dire qu’il est «propre». Et même «vert». Comme chacun sait, tout ce qui est nouveau est forcement mieux. Du côté POUR on aime croire aux générateurs de «nouvelles générations». Et donc yaca et faucon investir à fond là dedans, construire de nouveaux EPR, toujours plus, surtout qu’on va en avoir besoin pour faire rouler nos bagnoles électriques et ainsi sauver le climat et patati et patata. Voilà donc où en sont nos écotartufes Pro-nucléaires.

    2. Du côté du NON (CONTRE) on aime rappeler les promesses de Superphénix de Creys-Malville, parler du fiasco de l’EPR, de la faillite d’Areva et d’EDF, etc. etc. On aime citer la célèbre devise Shadok «Plus ça rate et plus on a de chances de réussir.» Et on aime aussi rappeler la formidable explosion de la consommation énergétique depuis 50 ans, on parle de l’effet rebond, bref on parle de Décroissance. Et donc on pense qu’il ne faut surtout pas en rajouter, au contraire. Et enfin, on dit qu’on devrait profiter du calme avant la Tempête… pour Démonter tout ça, et gérer au mieux… toute cette merde.

      1. Il y a un surgénérateur similaire à Superphénix connecté au réseau en Russie (le BN-800), et des deux EPR qui fonctionnent en Chine.
        Donc dans certains pays, ça marche (tout comme ça a marché en France quand on a décarboné l’électricité en 15 ans avec le programme nucléaire).

        Concernant la conso, elle n’a pas été plus forte en France qu’ailleurs, et elle ne baisse pas dans les pays qui sortent du nuke. Sauf qu’eux, ils produisent des centaines de tonnes de CO2 de plus, qui vont rendre invivable la planète.
        Profitons du calme…

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