Transports : 2020, année de la « démobilité »

Nous avons découvert le terme déconsommation en 2017, on ajoute aujourd’hui l’expression « mobilité » à notre catalogue des Dé ( Décroissance, Démondialisation,  Dépopulation, etc.) . Il y a un site dédié, https://www.demobilite.org/ . Ce nouveau concept a notamment fait l’objet d’une étude en 2013 de la Fondation pour l’innovation politique intitulée “La Démobilité: travailler, vivre autrement”, rédigée par Julien Damon. Dans cette étude, il est rappelé que la croissance contemporaine des mobilités peut être alternativement présentée comme incarnation de libertés nouvelles ou comme puissante menace environnementale ». Ces réflexions ont ensuite été poursuivies par Bruno Marzloff dans son ouvrage “Sans bureau fixe”, paru en 2015.

Une tribune du MONDE aborde cette notion pour la première fois en juillet 2020 , mais c’est pour la dénigrer. Les douze vice-présidents de région de la France métropolitaine, chargés des transports, lancent ce cri désespéré : « Prenons garde à ce qui court sous la « démobilité », ce mot à la mode : l’occasion de renoncer un peu plus à tout aménagement du territoire ? La mobilité est une des composantes de notre devise de liberté, nous refusons toute forme d’assignation dans les territoires. » Pourtant l’expression gagne du terrain, c’est lobjet d’un article de janvier 2021. Une étude, réalisée dans la dernière semaine d’octobre 2020 auprès de 4 500 personnes vivant en France, confirme l’avènement de la « démobilité ». A la fin d’octobre, juste avant le deuxième confinement, alors qu’un couvre-feu avait été instauré dans la moitié des départements, seul un quart des personnes interrogées disaient avoir repris le cours normal de leurs déplacements… Mais plus de 40 % du 1,2 million de personnes travaillant à moins d’un kilomètre de leur domicile prenaient le volant pour se rendre au travail… » 

Nous marchons sur la tête, ou plutôt nous ne marchons pas assez. Il nous faut tous devenir adepte de la déconstruction du système thermo-industriel , il nous faut pratiquer toute la palette des « dé », déconsommer, démobiliter, démondialiser, désurbaniser, dévoiturer… pour lutter contre le règne des SUR (surabondance, suractivité, surcommunication, surconsommation, surdéveloppement, suremballage, surendettement, suréquipement, surmédicalisation, surpâturage, surpêche, surproduction…). En d’autres termes, il nous faut réduire nos besoins. La rupture d’avec la société de croissance peut aussi prendre la forme d’un cercle vertueux de la sobriété en 8 « R » : Réévaluer, Reconceptualiser, Restructurer, Redistribuer, Relocaliser, Réduire, Réutiliser, Recycler. A chacun de nos lecteurs de pratiquer les Dé et les R à son rythme… mieux vaut se préparer à l’effondrement civilisationnel en prenant de l’avance.

12 réflexions sur “Transports : 2020, année de la « démobilité »”

  1. Bonjour à tous,
    Je suis un adepte de la décroissance, je me suis même présenté aux législatives 2012 en son nom. Mais il faut la rendre attrayante.
    Dans notre société dite de consommation, on mange trop, dans les discothèques, le son est toujours plus fort, assorti de flash éblouissants, les tenues de plus en plus tapageuse, mèches de cheveux vertes, rouge vif, tatouages, les véhicules vont toujours plus vite. Mais ce choix mène à une impasse à cause de l’accoutumance et comme on s’habitue à tout, on consomme toujours plus.
    De plus il conduit à la mort, non seulement car on atteint des limites biologiques (embonpoint, maladies cardio-vasculaires, overdoses, cirrhoses, accidents de la route) mais aussi parce que pour produire , on a besoin d’énergie, qu’on épuise les ressources naturelles de la planète et qu’on la pollue. A cause de l’habituation un sentiment de vide subsiste.
    Comment échapper à ce destin funeste?

  2. – « Prenons garde à ce qui court sous la « démobilité », ce mot à la mode : l’occasion de renoncer un peu plus à tout aménagement du territoire ? La mobilité est une des composantes de notre devise de liberté, nous refusons toute forme d’assignation dans les territoires. » ( «cri désespéré» des douze vice-présidents de région de la France métropolitaine, chargés des transports)

    Je disais précédemment que ce mot risquait d’être détourné par les adeptes de la fameuse «mobilité». Nous en avons donc là un exemple. Nous savons également comment les mêmes font semblant d’interpréter le mot «décroissance».

    1. Ces gens là sont des menteurs, des hypocrites, ils comprennent parfaitement les idées que ces mots veulent dire. Seulement ils ne peuvent pas supporter ces idées.
      Chez eux l’aménagement (du territoire) signifie notamment le développement (toujours plus) de routes, d’autoroutes, de voies ferrées et d’aéroports. Et ceci dans le seul but de développer le business, c’est à dire la croissance, la consommation. Avec en arrière plan le prétexte, si ce n’est le chantage des emplois.
      Ils ont ici le culot d’assimiler la mobilité à la liberté, alors qu’ils s’accommodent fort bien de zones ayant un réseau routier déplorable, dépourvues de moyens de transports en commun, alors qu’ils ferment des lignes et des gares qu’ils jugent non rentables etc. Combattons ce mensonge et cette hypocrisie.

  3. Il y a des mots qui perdent leur sens initial, pour en prendre un autre, d’autres qui disparaissent et d’autres qui apparaissent, pour le pire et le meilleur. La langue française est suffisamment riche comme ça, essayons déjà de ne pas la massacrer et de ne pas en rajouter toujours plus à la confusion.
    La «démobilité» est effectivement un mot à la mode. Méfions-nous déjà des effets de mode et demandons-nous ce que ce mot nous apporte réellement. En quoi il peut nous aider à mieux penser le monde. Nous avons déjà les mots pour nommer l’absence de mobilité (immobilité, fixe, statique… )

    Le mot «démobilité» désigne donc un mode de vie ou une tendance, caractérisé(e) non pas par l’absence mais par moins de mobilité (déplacements). Et qui plus est, un certain type de mobilité. Ainsi ce mot risque d’être détourné par les adeptes de la fameuse «mobilité», pour finalement se retourner contre les adeptes de cette «démobilité».

    1. Avec le(s) confinement(s) tout le monde a un avant goût de ce qu’est la «démobilité» (déplacements dans un rayon de 1km, puis de 20km, avions cloués au sol etc.) Le Covid nous donne surtout un avant goût de ce qu’est la perte de notre liberté. Comme par hasard… le confinement n’empêche pas les gens de prendre leur voiture pour aller travailler, même à moins d’1km de leur domicile. Le Covid n’a pas non plus, du moins pour le moment, mis un terme aux cultes de la Bagnole, de la Consommation etc.

      La «démobilité» ne doit pas être assimilée à la perte de la liberté, bien au contraire. Ce nouveau mot doit nous inciter à DÉconstruire pour mieux reconstruire, à DÉcoloniser nos imaginaires afin de nous DÉfaire d’un tas de chaînes, de mauvaises habitudes et de façons de penser

      1. En effet le Covid n’a pas mis (encore) fin au culte de la bagnole, tout simplement parce que les gens ont davantage peur d’être contaminé par le virus dans les transports en commun, alors ils se sont remis à acheter des voitures pour se déplacer seul sans être au contact à autrui. En l’occurrence, c’est l’inverse le Covid a renforcé le culte de la bagnole…

        1. 2020 aura tout de même été marqué par une baisse historique des ventes de bagnoles neuves (environ -25%). Et en même temps les ventes d’ordinateurs ont battu des records. Celles des téléviseurs se portent bien également.
          Quand on est devant son ordi ou sa télé on n’est pas dans sa bagnole. Est-ce mieux pour autant ? Justement il y a une idée qui progresse, qui est à la mode, même chez certains écolos. C’est l’idée que LE télé (à distance) va dans le sens de la protection de l’environnement.
          Télétravail, bien sûr, mais aussi téléconférences (visioconférences), téléconsultations médicales, téléassistances en tous genres et j’en passe. Sans parler du télé-achat et de la télésurveillance, euh pardon, téléprotection ! Et en même temps on est contre la 5G et on pleurniche sur les dégâts liés à tout ça.

        2. (suite) Nous savons qu’on peut voyager sans aller bien loin. Et même sans bouger, confortablement installé dans son canapé, avec un bouquin par exemple. Notre imagination étant sans limite on peut désormais visiter un musée ou un monument à l’autre bout de la planète sans être obligé de prendre l’avion. Faut juste mettre un casque sur la tête et se couper du monde. Faut pas s’étonner que les esprits soient si confus.
          Et on nous raconte que tout ça c’est bon pour la planète. Peu importent la finalité et le sens de ce télétravail, de ces téléconférences etc. le Télé va dans le bon sens. Comme on n’arrête pas le Progrès, il ne nous reste plus qu’à attendre la téléportation. Nous en aurons alors fini des bagnoles et des avions et nous aurons sauvé la planète. Misère misère.

  4. Pour Nathalie MP Meyer, qui a écrit l’article sur Contrepoint intitulé « Épuisement des ressources : le démenti du pari Simon-Ehrlich » , il n’y aura jamais de problèmes de ressources naturelles ! Dans son article, elle n’explique pas comment et où elle va obtenir ces ressources naturelles illimitées, mais pour elle c’est une suite logique qui se poursuivra éternellement, on a toujours eu plus dans l’histoire donc dans le futur on aura toujours plus ! C’est sur l’accroissement de ressources historiques qu’elle s’appuie pour croire en sa propre affirmation !

    1. Elle va même beaucoup plus loin, voici ce qu’elle dit, je cite = « Les conditions matérielles continueront à s’améliorer pour la plupart des gens, dans la plupart des pays, la plupart du temps, indéfiniment. Dans un siècle ou deux, tous les pays et la majeure partie de l’humanité auront atteint ou dépassé le niveau de vie occidental actuel. Mais je suppose aussi que beaucoup de gens continueront à penser et à dire que les conditions de vie se détériorent » Rien que çà ! Tous les pays du monde auront dépassé le niveau de vie actuel des occidentaux ! Mort de rire !

      1. – «Les conditions matérielles continueront à s’améliorer pour la plupart des gens […]  »
        C’est Julian Simon qui dit ça, Nathalie MP Meyer ne fait que le citer. En ne cachant pas toutefois qu’elle pense la même chose. Cette pauvre dame aurait bien besoin elle aussi de décoloniser son imaginaire. Si ce n’est de dépoussiérer ou décongestionner ses neurones.

        1. Ben de toute façon, à eux deux ils font la paire « Madame Foldingue et Docteur Cynoque »

          Leur croyance n’est sans aucune fondement crédible puisqu’ils n’expliquent pas tous les deux la provenance de l’énergie et des ressources naturelles à venir pour poursuivre le Progrès. Ils ne s’appuient que sur le fait historique où Malthus a eu raison trop tôt par le fait qi’on n’avait pas encore déterré toutes les ressources lorsqu’il s’est prononcé, d’où le fait qu’ils continuent de lui donner tort, hormis le fait qu’aujourd’hui Malthus aura raison puisque cette fois on a fait le tour du tableau périodique des éléments de Mendeleiv en exploitant toutes les ressources référencées. Puis ils consolident leur croyance de ressources illimitées par l’idéologie du libéralisme, pour eux en appliquant plus d’idéologies libérales on obtiendra plus de richesses, bref ils reprennent la croyance de Jean Baptiste Say.

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