L’impossible blocage du prix des carburants

Les extrêmes se rejoignent dans le populisme. Jean-Luc Mélenchon et Eric Zemmour proposent de geler les prix à la pompe pour freiner l’inflation observée depuis plusieurs mois.

Lire, L’écologisme contre le populisme, qui va gagner ?

Notre article du 19 août 2012, le « blocage du prix des carburants, véritable casse-tête« , montrait déjà  que la problématique était récurrente. La position des écologistes était claire : les cours du pétrole sont en nette hausse depuis deux mois, le prix du gazole à la pompe atteint 1,50 euros le litre et les perspectives sont mauvaises. Normal, une denrée quelconque en voie de raréfaction doit nécessairement connaître selon la loi du marché et, à plus forte raison, la réalité géologique, une croissance exponentielles des prix. Inexorablement le cours du baril va rendre impossible toute manipulation politique du prix du carburant. En 1892 Mendeleïev, l’inventeur de la classification périodique des éléments, exprimait son sentiment devant le tsar : « Le pétrole est trop précieux pour être brûlé. Il faut l’utiliser comme matière première de la synthèse chimique ». C’était un avis éclairé que la société thermo-industrielle n’a pas écouté.

Assma Maad en mars 2022 : « On décide que ça coûtera 1,30 euro ou 1,40 euro à la pompe et pas un centime de plus, et ce sont les producteurs qui paient », a déclaré le candidat de La France insoumise le 14 mars. Le candidat d’extrême droite Eric Zemmour a proposé un « blocage immédiat à 1,80 euro » par « les grands groupes pétroliers, qui devront réduire leur marge ». L’article L410-2 du Code du commerce dispose qu’il est possible de bloquer des prix par décret, pour une durée maximale de six mois en cas de « situation de crise », de « circonstances exceptionnelles », ou d’une situation « manifestement anormale du marché dans un secteur déterminé », afin d’enrayer les hausses « excessives ». Il s’agit d’une mesure d’exception. Dès lors que le tarif fixé ne couvre pas les coûts,et le consommateur, gagnant sur le court terme, pourrait se retrouver pénalisé ensuite par un rattrapage des prix. De plus, ce blocage des prix risque de coûter très cher aux finances publiques. Le blocage des prix présente l’avantage de la simplicité », mais ne permet pas de « cibler les consommateurs avec considération des revenus et des alternatives dont chacun dispose. Le blocage crée un « effet d’aubaine » dont tout le monde bénéficie, y compris des ménages aisés. Autre effet pervers, ces tarifs artificiellement bas n’encouragent pas à économiser l’énergie et ne prépare pas les consommateurs aux prochains chocs sur les prix des énergies fossiles. Pour penser au long terme, un blocage conjoncturel doit s’accompagner d’incitations à la sobriété énergétique.

MonsieurD : Bloquer les prix, du carburant, du sucre, du pain, des pâtes… peut rapporter quelques voix. Mais au delà de quelques semaines, soit c’est le contribuable qui paye la différence, soit les producteurs ne livrent plus (on ne livre pas à perte). donc pénuries. Ou alors retour à l’Union Soviétique.

Marie Rose Poux du ciel : De toute façon en gros, comme dit plus bas, on vit une répétition générale de ce qui se passera plus tard avec la raréfaction de la ressource. Il est intelligent que chacun en prenne conscience. On mérite d’être sérieux, et en tout cas de présenter le dossier aux électeurs d’une façon complète sans céder à la tentation des raccourcis populistes .

He jean Passe : Le problème n’est pas le prix du carburant (sans doute bientôt 3 € le litre) mais la désintoxication nécessaire des européens (et américains) aux trajets en voiture individuelles.

Lire, Dire la vérité, c’est augmenter le prix du carburant