l’impasse charbonnière

La Commission européenne entend faire fermer, d’ici à 2014, toutes les mines de charbon qui bénéficient de subventions (pour 2,9 milliards en 2008). Ce serait là un bon signe de la sortie des énergies fossiles si la moitié des centrales de l’Union n’étaient déjà alimentées avec du charbon d’importation. De plus les syndicats, productivistes comme il se doit, se dressent contre ce projet européen : à cause de la menace des « licenciements en masse », leur ardeur écologique est égale à zéro. Les représentants politiques des bassin miniers emboîtent le pas des salariés et les chefs d’entreprise ne sont pas en reste (cf. Bronca autour du projet de fermeture des mines de charbon – LeMonde du 24 juillet).

Pourtant, entre deux disparitions il faut choisir la moindre. Le coût de la disparition de l’industrie de la houille n’est rien quand on le confronte au coût du réchauffement climatique (cf. rapport Stern). De plus cette addiction à des ressources fossiles, par définition non renouvelable et en voie de disparition, n’a pas d’avenir. Les entreprises, les gouvernements et les syndicats, lancés dans une surenchère démagogique contre l’enjeu écologique, font en sorte que le désastre arrivera beaucoup plus tôt que prévu. Nous leur conseillons de lire d’urgence Lewis Mumford :

« L’exploitation minière est la métaphore de toute la civilisation moderne. Le travail de la mine est avant tout  destructeur : son produit est un amas sans forme et sans vie,  ce qui est extrait ne peut être remplacé. La mine passe d’une phase de richesse à l’épuisement, avant d’être définitivement abandonnée – souvent en quelques générations seulement. La mine est à l’image de tout ce qu’il peut y avoir de précaire dans la présence humaine, rendue fiévreuse par l’appas du gain, le lendemain épuisée et sans forces. En revanche, l’agriculture traditionnelle favorise l’établissement d’un heureux équilibre entre les éléments naturels et les besoins de la communauté humaine. Ce que l’homme prélève  à la terre lui est délibérément restitué ; le champ labouré, le verger, les planches à  légumes, les terres à blé, les massifs de fleurs – tous témoignent d’un ordre formel, d’un cycle de croissance.»

4 réflexions sur “l’impasse charbonnière”

  1. Tout Mumford est dans son magistral ouvrage
    « Le mythe de la machine » (deux tomes difficiles à trouver … un travail de diffusion libre serait le bienvenu)
    Autre rapprochement intéressant de L.M.
    La fusée de la conquête spatiale (et le délire que sous-tend ce projet)
    et
    La pyramide des pharaon (délire parallèle)
    (on pourrait ajouter … ITER )

  2. docteur Jivaro

    Peut-on avoir la référence du texte de L. Mumford ? En ce qui concerne la transcription, je pense qu’il s’agissait  » d’appat » ; les appas, c’est autre chose, parfois davantage écologique !

    de la part de biosphere :

    Source documentaire : Guerres d’entropie négative (Zygmunt Bauman)
    « Je fais remarquer que l’exploitation minière est la métaphore de toute la civilisation moderne. Cette formule s’inspire de la thèse de Lewis Mumford, selon laquelle on peut interpréter l’apparition des pratiques minières des XVIIIe et XIXe siècles comme une révolution culturelle totale… »

    In Entropia n° 8, printemps 2010 : Territoires de la décroissance

  3. Réponse @ paniss
    Par quoi remplacer les énergies fossiles ? Par les énergies renouvelables dont la première, la moins citée aujourd’hui, la plus utilisée pourtant, est la force physique humaine. Cela ne veut pas dire bien sûr restaurer l’esclavage !

    Ensuite tous ces raisonnements contradictoires sur l’éolien ou le solaire ne sont pas essentiels, ils portent sur l’offre d’énergie. Pour un écolo véritable, la priorité de premier rang, c’est de limiter ses (nos) besoins en énergie, donc la demande de charbon, de pétrole…et d’énergies renouvelables !

  4. j’aimerais bien savoir par quoi il faudrait remplacer les énergies fossiles dont on nous dit qu’il n’y en aura plus d’ici quelques années, sans d’ailleurs que ces brillants prévisionnistes s’accordent entre eux à donner des dates ou des chiffres…
    parceque, puisque je vis en « province » ou plus exactement « en région », et plus particulièrement à la campagne (et que je suis chauffé à la géothermie, avec des capteurs dans le sol), j’ai remarqué que tous les écolos sont partisans de l’éolien, du solaire. Parfait!!!
    Mais quand il s’agit d’installer un parc éolien ou un parc solaire, tous les écolos locaux font partie, quand ils ne les dirigent pas, de comités, de coordinations qui justement luttent contre l’installation de ces parcs…
    alors, qui peut me donner une explication cohérente? merci

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