Crise ultime et pic pétrolier

Les écologistes peuvent affirmer que, cachée derrière une fin d’année festive, s’approfondissent les fractures qui mènent droit à l’effondrement de la civilisation : bientôt le baril à 100 dollars*. Jean Albert Grégoire** nous avertissait dès 1979 : « Comment l’automobiliste pourrait-il admettre la pénurie lorsqu’il voit l’essence couler à flot dans les pompes et lorsqu’il s’agglutine à chaque congé dans des encombrements imbéciles ? L’observateur ne peut manquer d’être angoissé par le contraste entre l’insouciance de l’homme et la gravité des épreuves qui le guette. Comme le gouvernement crie au feu d’une voix rassurante et qu’on n’aperçoit pas d’incendie, personne n’y croit. Jusqu’au jour où la baraque flambera.

Apercevoir la fin des ressources pétrolières, admettre son caractère inéluctable et définitif, provoquera une crise irrémédiable que j’appellerai crise ultime. Nous n’en souffrons pas encore. Les premières ruptures sérieuses d’approvisionnement du pétrole la déclencheront. Alors on reverra, comme au temps de Suez ou de la guerre du Kippour, un brutal renversement de l’opinion, définitif cette fois. Il ne s’agira pas, comme on le croit et comme les économistes eux-mêmes l’affirment, de surmonter une crise difficile, mais de changer de civilisation. L’humanité devra passer de l’ère d’abondance factice à celle de la pénurie, de l’orgueil insensé à celle de l’humilité. Elle devra répartir des richesses qui, au lieu d’être infinies comme elle le pensait naïvement, lui  apparaîtront à l’heure du bilan bien modeste en face de ses besoins. Les pays riches devront réduire leur train de vie, ce qui pour chaque individu représentera une contrainte douloureuse à laquelle il n’est aucunement préparé. »

                Ce qu’on appelle crise va devenir l’état normal de l’humanité et le manque de pétrole imposera l’austérité. Le pôle écologique va en débattre le 25 janvier 2011. On peut s’inscrire à ce colloque 

* LeMonde du 29 décembre, le prix du pétrole menace la reprise économique en 2011.

** Vivre sans pétrole de J.A. GREGOIRE (Flammarion, 1979)

1 réflexion sur “Crise ultime et pic pétrolier”

  1. Je vous propose de lire mes livres comme « L’âge de la connaissance » ou « Le Principe Frugalité » ou, à paraître dans un bon mois, « Simplicité et minimalisme ».
    Le baril de pétrole brut sera à 400 USD (de 2003) avant 2020. Je le proclame depuis 7 ans sur base de modélisations irréfutables. Le prix de l’énergie est maintenu artificiellement bas pour des raisons politiques (décroissance et crises sociales) et spéculatives (les producteurs, surtout arabes, veulent empocher leur argent le plus vite possible).
    Le doublement du prix du pétrole serait la meilleure nouvelle pour 2011.

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