au cours du premier siècle de notre ère, les deux tiers des céréales consommées à Rome provenaient des plaines fertiles d’Afrique du Nord, mais les éléments nutritifs comme les matières organiques qu’elles contenaient n’étaient pas rendus à cette région. Cette perte a contribué au déclin de l’Afrique du Nord. L’urbanisation de l’Europe occidentale aurait pu aboutir au même schéma, un flux à sens unique des campagnes vers les villes, mais l’engrais chimique a permis d’échapper à la nécessité de recycler les matières organiques ; cela ne durera pas. Non seulement cette agriculture productiviste a concentré les terres agricoles et chassés les paysans vers des mégalopoles qui n’offrent plus assez d’emploi, mais la loi des rendements décroissants n’a pas été supprimée ; il suffit de considérer toutes les calories brûlées (engrais, tracteur, irrigation, pesticides…) pour produire une seule calorie alimentaire. Les techniques agricoles modernes (utilisées d’ailleurs par une fraction seulement de l’agriculture mondiale) permettent encore d’avoir une production alimentaire dont l’accroissement l’emporte encore sur l’expansion démographique ; cela ne durera pas. Sur la plus grande partie de l’histoire de la Terre, la formation des sols a été plus importante que son érosion. Aujourd’hui l’association de l’agriculture productiviste, de l’élevage intensif et des autres activités humaines ont inversé la tendance. La stérilisation des terres par l’urbanisation, la déforestation, les rendements décroissants et les pollutions commencent dorénavant à réduire notre surface cultivable.
Seule une agriculture biologique et riche en main d’œuvre
s’assurera de la durabilité des processus de production.