aux ASSISES NATIONALES de TECHNOLOGOS, une quinzaine de sociologues, économistes, philosophes et militants interviendront, dont Hélène Tordjman, Fabrice Nicolino, Christophe Bonneuil, Daniel Cérézuelle, Matthieu Calame, Marc Dufumier, Fabrice Clerc
Ces Assises veulent contribuer à démystifier le discours techniciste ambiant, en situant les débats dans la perspective historique et anthropologique de nos rapports à la Terre et à la nature. On explorera les alternatives qui éclosent ici ou là : agro-écologie, circuits courts, sélection collaborative… Il s’agit plus généralement de restaurer et/ou de réinventer un rapport à la nature non pas fondé sur l’utilité à court terme, mais sur la reconnaissance de l’importance fondamentale des liens qui unissent les êtres humains à leur environnement vivant.
date : 21-22 septembre 2018. Institut de Paléontologie Humaine : 1, rue René Panhard Paris 13e .Entrée libre. Programme complet : https://technologos.fr/doc/Programme-assises-2018.pdf
Au Nord comme au Sud, l’agriculture industrielle est remise en cause. D’un point de vue environnemental, les systèmes agraires modernes, dopés à la chimie lourde en monocultures intensives sans rotation ont pour effet : appauvrissement des sols, érosion de la biodiversité, pollutions multiples, raréfaction des ressources en eau. Ils sont en outre responsables d’un cinquième des émissions de gaz à effet de serre. D’un point de vue économique et social, ces pratiques culturales reposent sur des besoins en capital sans cesse croissants : mécanisation, irrigation, chimie, semences « propriétaires ». Seules les grandes exploitations peuvent assumer ces charges et soutenir la concurrence internationale. L’agriculture familiale, qui fournit pourtant les trois quarts de la nourriture humaine, n’occupe plus qu’un quart des surfaces cultivées mondiales. Les petits paysans disparaissent, et avec eux des pratiques et savoirs ancestraux. La concentration des terres s’accroit, ainsi que la mainmise de l’oligopole des semences et de l’agrochimie sur l’ensemble de la chaîne alimentaire.
Malgré ce tableau très sombre, la majorité des politiques et des scientifiques semblent ne pas prendre la mesure du problème, sauf dans des discours aussitôt démentis par les actes. En réalité, les décisions politiques comme les orientations dominantes de la recherche agronomique se poursuivent dans une fuite en avant productiviste. Les nouvelles semences concoctées dans les laboratoires seront « climate ready » grâce à la biologie de synthèse, auprès desquelles les OGM de première génération paraitront presque « naturels ». La convergence NBIC et la vision transhumaniste qui la sous-tend sont les nouveaux horizons de l’agriculture, censées apporter des solutions toujours plus techniques aux méfaits de l’emballement technique.