Ce livre s’égare souvent un peu trop loin de l’idée de Nature. Il est vrai que les idéologies classiques, qu’elles soient religieuses, bouddhistes ou confucéennes n’ont pas grand chose à dire sur la Biosphère et ses relations avec l’homo sapiens. Cependant on trouve ça et là quelques phrases pertinentes. Florilège :
- Quelles que soient les étiquettes politiques, l’écologie peut et doit faire consensus, car les valeurs qu’elles portent sont universelles, valent pour tous, plus particulièrement pour la génération de nos propres enfants.
- Que représente pour un ado un bluet ou un coquelicot, comparés à son MP3 ou à ses textos ?
- Les vieux Lakotas (les Sioux) savaient que le cœur des hommes devient dur lorsqu’il s’éloigne de la nature. Ne pas la respecter, c’était pour eux ne pas respecter l’homme.
- Les Indiens ne font jamais de mal, alors que l’homme blanc démolit tout. Il fait exploser les rochers, la roche dit : « Arrête, tu me fais mal ! ». Mais l’homme blanc n’y fait pas attention. Comment l’esprit de la terre pourrait-il aimer l’homme blanc ? Partout où il la touche, il laisse une plaie.
- Si l’équilibre de la nature est rompu, l’harmonie de la vie même sera elle aussi brisée, et réciproquement, car nous sommes, l’homme et la nature, étroitement liés.
- Si l’homme est habité par l’amour désintéressé qu’il laissera s’écouler de son cœur, alors la Création entière sera en harmonie. Aucune législation pour la protection de la nature ne sera plus nécessaire.
- Un vrai scientifique devrait vraiment aimer l’humanité, aimer toute la Création, aimer toutes les formes de vie.
- Désormais, aux religions se substitue la religion de la science, une religion ressassant son credo et dont les desservants sont les nouveaux clercs.
- Si vous prenez tous vos livres et les étendez sous le soleil en laissant pendant quelque temps la pluie et les insectes accomplir leur œuvre, il n’en restera plus rien. Les peuples civilisés dépendent un peu trop de la page imprimée.
- Le Taoïsme n’est pas tendre envers la doctrine confucéenne : « Quand les palais sont trop bien entretenus, les terres sont incultes, les greniers vides. Porter des habits somptueux, des épées tranchantes, se gaver de nourriture et de poissons, accumuler les richesses, c’est glorifier le vol.
- Le mal est partout, aucune parcelle du monde n’en est épargnée, aucune religion n’a pu à ce jour le bouter hors du monde et de nous. Encore heureux quand elles ne le génèrent pas, arc-boutés sur leur propre fanatisme !
- Le Cohélet (l’Ecclésiaste) : "J’ai réfléchi à la prétention des hommes d’être distincts des animaux, alors qu’ils sont comme eux et qu’un même destin attend leur aventure. La mort des uns ne vaut pas mieux que l’agonie des autres. Tout va vers un même lieu. Tout est venu de la poussière et tout retourne à la poussière. »
- Au Tibet, trouver un ver de terre sur le fer d’une bêche arrête le travail du jardiner qui prend soin de remettre la créature en lieu sûr dans le sol.
- Sincèrement, est-ce que vous avez besoin de croire en Dieu pour penser que la sincérité vaut mieux que le mensonge, que le courage vaut mieux que la lâcheté, que la générosité vaut mieux que l’égoïsme, que la douceur et la compassion valent mieux que la violence ou la cruauté ?
- La colère que nourrit la sensibilité écologique ne peut être confondue avec une simple nostalgie pastorale bucolique. C’est le cri de l’ensemble des créatures, victime de la démesure prédatrice de l’homme.
- Revisitons les sources de nos sagesses millénaires. La bible qualifie Adam de « terreux » ; il vient de la terre et y retourna. L’humain est humus. Le temps est venu, face à l’orgueil et la démesure, de redécouvrir la richesse de l’humilité.
(Fayard)