Roger Ribotto écrit pour Internet. Après un premier chapitre de son livre, « Ressentir », voici le deuxième chapitre dans sa version intégrale :
Chapitre 2. La nature meurt. Qui sait le dire ?
De tous temps, des hommes ont appelé au respect de la nature simplement parce que : " Pas de monstre chétif, louche, impur, chassieux / Qui n’ait l’immensité des astres dans les yeux. " (1) Mais voici que le fléau advient. Une grande crise écologique s’est enclenchée qui broie les formes de vie. Qui n’est pas devant la nature ainsi qu’un philatéliste devant sa collection de timbres, qui la ressent, s’éprouve atteint dans ses profondeurs humaines. Avec les disparitions qui s’annoncent, c’est comme si des animaux sentaient déjà le cadavre et des plantes plus rien du tout. Espoir - oui, espoir - que ces disparitions accroissent l’émotion, accroissent par cela même la réaction, nous mettent clairement devant nos responsabilités, chacun et tous.
La biodiversité comme étendard.
Par quelle magie des mots nouveaux grimpent-ils soudain en haut de l’affiche tandis que d’autres, de sens voisin, plus âgés, somnolent, font rétro ? Quels enjeux créent ces apparitions linguistiques, nourrissent ces constructions sociales qui sont telles aujourd’hui et seront différentes demain ?
« Biodiversité » caracole, triomphant, conquérant. Il veut absorber toute la nature. Il signifie tout simplement la diversité de ce qui vit. Diversité des espèces –on pense à ça en premier - des gènes, des écosystèmes. (2) Le mot est né dans les années 1980. Il existe parce que la nature se décompose. Le concept veut tout absorber de la nature, les mosaïques de ses mosaïques, les tissus des interdépendances, son passé et son futur. Par lui, les scientifiques se sentent stimulés. Ils doivent préciser davantage le vivant, bien le circonscrire, donc pousser leurs recherches. Les savants aiment ça. Il leur semble que cette traduction de la nature qu’est la biodiversité contribue à mieux faire prendre conscience, à mieux informer, à mieux communiquer. Aider, en particulier politiques et décideurs à faire de la bonne politique, à prendre de bonnes décisions.
Tout le monde aime le terme : scientifiques, vulgarisateurs, industriels, pollueurs, décideurs. Il fait sérieux, ne traumatise aucun bac+2. Il flirte avec l’informatique. Il traduit tout en chiffres et pourcentages. Dites-vous quand même que la biodiversité n’est qu’une composante de la vaste et incroyablement complexe nature, n’est qu’une manière d’en parler, une manière formalisée. Et puis, comme par un entraînement irrésistible, elle se voit contrainte de s’exprimer en euros ou en dollars ; ça craint ! nous en reparlons plus loin. Passons cependant sous les fourches presque caudines du vocabulaire officiel. Après tout, des scientifiques, des militants en usent pour protéger.
Gardez quand même au chaud « nature ».
Pour l’heure, nul poète n’a encore pris son luth et chanté : ô biodiversité, ô déesse adorée !
Extinction des espèces.
L’ère de l’hémorragie de la vie est donc là. Ceux qui détruisent minimisent. Nous sommes beaucoup à les imiter. Nous pensons comme ce compositeur danois : "si le monde entier devait être dévasté par le feu, par un déluge, par les volcans etc. et si tout était détruit et anéanti, la Nature recommencerait à créer la vie [.]" (3) Il y a du vrai. La terre devrait produire de la vie jusqu’au clash, la fin du système solaire dans quelques milliards d’années. Avec ou sans l’homme. Le monde du tout petit, de l’invisible, l’illustre. Prenez la bactérie, forme de vie apparue dans les temps les plus reculés. Elle est, relativement, toute simple : une cellule sans même un noyau. Elle constitue la majeure partie de la biodiversité. Elle s’affaire partout, de nos intestins jusqu’aux fonds des mers. Le nombre de ses espèces ou familles ou de ce qui en tient lieu, est illimité. Avec ses semblables à cellule unique, elle est maîtresse du monde, elle ne craint pas l’avenir. (4) Il parait que nous contribuons à créer de ces minus – bactéries, virus - tous les jours.
Mais ce sur quoi nous focalisons, ce que nous valorisons est ceci :
la biodiversité de ce moment de l’éternité, avec sa faune et sa flore.
Nous sommes les compagnons de voyage de toutes les espèces présentes dans le vaisseau de l’évolution. Nous n’avons pas à les jeter par-dessus bord pour nos satisfactions. Notre intérêt direct, s’il faut en passer par ce critère, est de les préserver. Nous sommes ajustés à ce monde ci, pas d’autres possibilités pour nous de vivre dans un autre. (5)
Dans ce qui suit, pas de scoop. Du courant, du très disponible en ouvrages, articles, exposés. (6) A quoi bon ces pages alors ? En soutien, en adepte de la répétition, du martelage pour tous et pour soi, assurance contre l’oubli. La rengaine affaiblit ? Difficile d’empirer l’anesthésie, la surdité actuelles, répondrez-vous.
Comptabilité de l’extinction.
Scientifiques, celles et ceux qui les vulgarisent, y tiennent : il n’y a de tangible, dans le monde vivant, que l’individu. Quand vous voyez un chat dans la rue, vous ne voyez pas passer l’espèce chat mais Raminette qui prend ses aises chez votre voisine ou Saphir votre protégé. Chiffrer les variations du nombre des individus de l’ensemble des catégories du vivant surpasserait la capacité de tous les dieux de l’Olympe réunis.
L’unité comptable choisie est l’espèce. Définition habituelle : sont membres d’une même espèce les individus qui se fécondent entre eux. (7) Les scientifiques et toujours celles et ceux qui les vulgarisent reviennent nous voir, index de la main droite pointé vers le ciel. La notion d’espèce a des limites, disent-ils. La sexualité n’est pas universelle ; végétaux, monocellulaires comme les bactéries, des animaux même, s’en passent. Les femelles peuvent ainsi n’engendrer que des femelles (parthénogenèse). Parmi beaucoup de faits qui récusent une définition trop fermée, celui-ci : des espèces différentes en se croisant engendrent des hybrides qui sont bel et bien fertiles. Enfin, plus généralement, les espèces ne sont pas éternelles pas plus que les civilisations : reportez-vous à votre Darwin habituel. A certains égards, il est dommage que l’on ne puisse étudier les populations animales ou végétales des espèces ; s’entendre dire par exemple que, d’accord, telle population animale des Alpes disparaît mais que ce n’est pas grave parce qu’il en reste en Europe de l’Est, n’est pas la joie ! Résignons-nous, évaluer les espèces n’est pas de tout repos mais évaluer des populations ou autres regroupements requerrait encore l’embauche des dieux cités plus haut.
En résumé, à lire la prose des chercheurs, des naturalistes sur le terrain, l’espèce est un mode de classification du vivant qui, malgré ses imperfections est pratique, opérationnel, efficace. Il semble qu’il n’y ait rien de mieux pour le moment.
Le débat sur l’espèce que nous venons de rappeler dans ses très, très grandes lignes est légitime. Il en est, portant sur d’autres notions, qui le sont tout autant. Mais on renifle parfois, s’appuyant sur eux, des réactions, des relativisations de ce genre : « Ah ! Ces paroissiens, incapables d’avoir une unité comptable sérieuse sur le vivant ! Comment voulez-vous qu’on croie à leurs érosions de la biodiversité ? » Tout est bon pour nier.
Précisons l’ampleur de la tâche.
En ignorant bactéries et virus, il y aurait sur terre 1,7 million d’espèces vivantes recensées, cataloguées en quelque sorte. Pas mal ! On estime qu’il pourrait y en avoir, au total, entre 10 et 100 millions. Quelle fourchette ! Le plausible serait entre 13 et 14. Cent mille espèces nouvelles sont décrites chaque année. Sur la base de 10 millions au total restant à décrire, les experts ont du travail pour mille ans. Conclusion : d’innombrables formes de vie disparaîtront avant que nous en ayons une petite idée.
Mesurer l’extinction ne relève pas du 1+1 =2. De l’incertitude, de l’imprécision. Il faut jouer dans l’indirect. Ainsi, extrapoler ce qui s’observe dans certains endroits à d’autres qui semblent analogues par rapport à certains critères. Les espèces surveillées sont d’abord celles cataloguées, évidemment ! Il est probable que parmi ces dernières, il en est qui ne sont pas si bien connues que ça. Les « listes rouges » établies par l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) qui informent régulièrement sur la situation des espèces – vulnérables, en danger, en danger critique – sont une bonne référence. Leurs résultats se fondent sur des années de suivi et de multiples réseaux d’observateurs. Mais des gens qui aiment la précision font remarquer que ces « listes » ne prennent en compte qu’une part assez faibles de la biodiversité ; certes, il s’y trouve les bêtes ou les plantes dont on parle le plus mais il en manque beaucoup au rapport. Du coup, ne peut-on émettre l’hypothèse suivante ? Ca va très mal pour ce qui est connu, d’accord. Mais après tout, ne se pourrait-il pas que pour ce qui reste inconnu, la majorité, tout aille pour le mieux ? Hypothèse -hélas ! – de plaisantin. Comment les causes néfastes au vivant – pollutions, destructions des écosystèmes, etc. - pourraient-elles êtres bénéfiques ici et maléfiques là. A part quelques cas dont la pollution fait le bonheur. Comme avec la discussion sur la notion d’espèce, le débat sur l’imprécision inévitable de la comptabilité du vivant est louable. Il ne doit pas servir cependant à brouiller l’esprit.
Car, à lire, ce qui peut se lire facilement en documents diffusés par des organismes publics, officiels, nationaux ou internationaux, il n’y a aucun doute sur le sens des évolutions, sur le bilan général des observations : les espèces vivantes régressent. Les plus anti nature ne le contestent plus.
Se pencher sur le phénomène est comme regarder un film d’horreur. Les espèces naissent et meurent. Naître devient de plus en plus problématique, s’éteindre de plus en plus courant. Parfois une bouffée d’émotion : tel animal, telle plante que l’on croyait disparus, ont été observés récemment. Faible lueur dans un monde qui s’éteint. Un responsable déclare que si Darwin vivait de nos jours, il est probable que ses travaux ne porteraient pas sur l’évolution des espèces mais sur leur nécrologie. (8)
Nous pouvons nous fier aux démarches scientifiques planétaires, en revanche, méfiance et mise à distance sont recommandées pour des « constats » et listes ciblés. Ceux, par exemple, établis, plus ou moins directement, par les tenants d’intérêts économiques ou sociaux. Elles attesteraient presque, que par un miracle inouï, les espèces dont ces intérêts usent et qu’ils prélèvent en nature, baignent dans la sérénité, sont en pleine expansion !
Puisons maintenant dans la masse des infos disponibles, quelques chiffres. Ils nous paraissent convaincants, il est vrai que nous sommes déjà convaincus.
Les savants calculent « l’extinction naturelle », celle d’avant l’homme. Leur évaluation : extinction d’une espèce par an par million d’espèces. De nos jours, le taux serait de 50 à 560 fois – selon les hypothèses - plus élevé. Même si vous vous en tenez à l’hypothèse « basse », c’est l’enfer. Aujourd’hui : sur un panel d’environ 50.000 espèces inventoriées, près de 20.000, plus du tiers, rejoignent le néant. Par exemple : 30% de tous les amphibiens, 35% des invertébrés ou…. 70% des végétaux. Des occasions révèlent des situations particulières qui appuient la générale : effondrement des « stocks » de poissons pêchés en mer, morues ou thons ; disparition en dix ans de 20% des oiseaux en zones agricoles de France.
Mais ce qui importe est demain, le demain tout proche et celui un peu plus lointain. Comme dit l’enfant de chœur, prédire est toujours difficile surtout lorsque cela concerne l’avenir. On peut, sans être surdoué, penser que si rien ne change dans les comportements – impacts sur la nature – il n’y a aucune raison pour que cesse la régression. Il semblerait même que celle-ci croisse. Pas de raison pour que les espèces « en danger critique d’extinction » (critère UICN) recouvrent soudain une superbe santé. Des experts annoncent, les uns, que la moitié des espèces pourrait disparaître avant la fin du siècle, d’autres vont jusqu’aux deux tiers. D’autres encore précisent que le quart des espèces s’évaporera par le seul effet de serre qui bouleversera les climats et donc la biosphère.
Ces données rendent-elles bien compte de la situation ? Sont-elles recevables par tout un chacun. En faut-il davantage, d’autres ? Le chiffre parle t-il ? Certains parlent-ils plus que d’autres ? Nos quotidiens, les journaux télévisés, en sont tellement bourrés, à propos de n’importe quoi que les plus désolants laissent insouciants. Je pense qu’il faut du chiffre, sans lui rien n’existe vraiment dans notre société, alors, cherchons ceux, qui selon l’endroit, selon le moment, ébranleront l’âme.
C’est sans doute la disparition vécue qui peut faire prendre conscience, plus profondément, de la tragédie. Le promeneur qui ne rencontre plus jamais des insectes communs quand il était enfant. (9) Qui n’entend plus ces oiseaux si nombreux il y a peu de décennies : prologues de « printemps silencieux » ? Malheureusement, ils sont peu nombreux celles et ceux dont les conditions de vie, les loisirs, les connaissances, les goûts, la situation du logement même, autorisent ces bilans de proximité.
Mais quel est l’état d’esprit des français ? D’abord, ont-ils entendu parler de la régression des formes de vie ? Combien sont-ils à considérer que cette régression est plausible sans qu’ils en soient bien assurés, l’inverse – la régression n’existe pas – pouvant l’être autant ? A t-on tout fait ou beaucoup fait pour bien informer non ceux seulement ….ceux qui sont déjà informés, ses proches, mais les autres ?
Passons au crible deux expressions censées étiqueter ce qui se passe ou s’impasse : « érosion de la biodiversité » et « crise de la biodiversité ».
- L’érosion. Un sage hindou médite, montant et redescendant l’Himalaya. Son châle traîne nonchalamment à terre. Le sage est immortel et le châle inusable. Un jour – au bout de combien de centaines de millions d’années ? – le châle aura rendu l’Himalaya tout plat. Voilà l’érosion. Extrême lenteur, faits imperceptibles sur le moment. Rien à voir avec la violence des chocs qu’encaisse la nature. La régression de celle-ci est un TGV. Elle est, sera rapide, massive. L’expression – l’érosion - fourvoie. Comment mobiliser sur du flasque ?
- La crise. La présente serait la sixième depuis la « naissance » de la terre. Les précédentes ont sévi respectivement, il y a 450, 320, 250 et 65 millions d’années. Grâce à la dernière, il se vend beaucoup de dinosaures en peluches. La présente sera tangible à vie d’homme. Toute comparaison avec celles du passé est futile. Elles étaient dues à des causes naturelles, sauf si des météorites déclencheurs étaient pilotés par des E.T. fous. L’homme est impliqué dans la « nôtre ». Un biologiste, désireux de marquer l’originalité du phénomène, remplace « crise » par « bouleversement ». (10) Le mot est encore trop doux.
Causes de la régression du vivant.
Quels agissements de l’homme sont responsables du dépeuplement biologique de la terre ? On peut voler haut pour expliquer : histoire, civilisation, nature et culture. S’y engager sans trop rechigner si c’est au menu. C’est aussi le moment d’évoquer les « allergies » listées au chapitre précédent. Ici, planons plus au ras des faits. Concrètement, le bilan général existe : il est dans l’« l’empreinte écologique » qu’imprime l’homme sur la planète, nous y reviendrons dans une livraison ultérieure (chapitre 8). En annexe, si vous allez jusque là, un aide mémoire, une liste des principaux impacts sur la nature. D’abord, elle accable. Comme si dès que nous levions un petit doigt, nous cassions. Non ! Seul le trop casse, nous expulse. "Dans un monde entièrement fait pour l’homme, il se pourrait bien qu’il n’y eût pas non plus place pour l’homme." (11) Aujourd’hui, le trop est planétaire, titanesque. Et nous en voulons toujours plus
Voici que la main de l’homme remplace celle divine de la Chapelle Sixtine. Nous créons presque du vivant : manipulations génétiques, clonages. Devant nous : le vivant d’aujourd’hui, nous ne savons trop ce que sera celui de demain Elle écrit : "Ainsi vivons-nous peut-être les derniers moments où l’on puisse, sans trop d’aberration, s’essayer à une méditation sur l’animal.…" (12) Il l’avait annoncé : "Les seules espèces animales qui survivront seront celles que l’industrie multipliera." (13) Si l’OGM n’avait pour unique objectif que l’amélioration du sort de l’homme, fût-ce avec les risque d’espèces manipulées agressant les espèces « naturelles », nous nous inclinerions l’âme en peine. Or il semble que l’OGM soit surtout au service de la finance. Le plus souvent, pas besoin de lui pour des résultats humanitaires, mais, le plus souvent, besoin de lui pour des profits.
Est-ce si grave que cela que de perdre de la biodiversité ?
Pour qui ressent la nature, pas besoin d’explications sans fins. La nature a une valeur en soi. En perdre est perdre l’homme. Pour qui n’éprouve rien de semblable, un fait demeure : la perte de biodiversité est néfaste aux intérêts de l’humanité. La disparition de la diversité génétique de la planète serait plus grave que l’épuisement des ressources énergétiques, l’effondrement de l’économie, un conflit nucléaire limité ou la prise de pouvoir par un gouvernement totalitaire. (14) Il reste à le faire comprendre. Relevons les arguments les plus fréquemment remués.
On déroule les « services rendus par la nature » ou « par la biodiversité ». Avec ces derniers, on dissèque l’évidence. L’homme étant de la nature, il vit de nature. Nous avons surgi et persévérons dans la vie parce que la machinerie naturelle est cohérente avec nos besoins. Ainsi, les plantes nous sont indispensables : nourriture, médicaments etc. Nombre d’entre elles ont besoin d’être pollinisées pour produire des fruits. Pour ce, nécessité d’animaux qui pollinisent, abeilles mais pas seulement. Si les pesticides exterminent ces petites servantes bénévoles, un service rendu disparaît. Idem avec le maintien de la potabilité de l’eau ou la résorption des déchets. Il n’est pas d’activités humaines, de l’alimentation à l’énergie sans services rendus par la nature. (Services éco systémiques). En annexe 2 quelques récapitulations. Aussi impressionnants que soient ces arguments sont-ils pour autant engrangés ? Ne sont-ils pas plutôt précipités au plus vite, dans les oubliettes du cerveau ? Ou se dit-on, essayant de le croire : bof ! Tout se remplace, la nature comme le reste !
Jésus pour convaincre usait de la parabole. Voulant aussi convaincre, des naturalistes usent de la métaphore. Celle des rivets se rencontre dans quelques ouvrages, la voici dans son principe. Un engin, avion le plus souvent, est constitué d’éléments assemblés par une masse de rivets. Il décolle et vole. Un rivet saute. Sans importance, d’ailleurs personne ne s’en aperçoit. Un autre, beaucoup d’autres. Quelle importance, on vole toujours aussi agréablement en regardant le paysage ou en traversant les nuages. Tiens ! Des pièces chahutent. Pas d’inquiétude ! Si vous saviez combien il y de rivets dans cette mécanique ! Ca peut commencer à devenir ennuyeux mais des techniciens très compétents et des responsables parlant bien rassurent. Chacun finit cependant par comprendre que la fuite des rivets ne peut se poursuivre indéfiniment.
Une primatologue exprime autrement et joliment le scénario :" le vivant est un orchestre qui perd ses musiciens un par un." (15)
Tout le monde n’apprécie pas les métaphores. On leur reprochera leur simplisme voire leur caractère enfantin. Ne leur reprochons rien si, bien tournées, elles aident à accéder au cœur du problème. Si vous êtes portés à ça, ne vous censurez pas, semez !
L’approche économique et financière a ses fans au plus haut niveau des gouvernances. Ses adeptes savent que les sous sont l’homme, que les sous sont tout. Ils savent peut-être que la nature n’a pas de prix, est hors de prix, comme la vie. Ils pensent, se voulant lucides, que si un argument doit l’emporter c’est celui-là ou aucun. La biodiversité représente en effet 40% de l’économie mondiale. Cette approche digère et génère de nombreux documents officiels disponibles sur Internet. (16) On transforme donc la nature, le vivant en chèques. On monétarise la biodiversité.
Même si tout est dans tout, séparons deux types de faits :
a – les ressources naturelles avec la question de leur accès. Ces ressources sont souvent situées en pays dits ou non émergents. Multinationales pharmaceutiques ou agro alimentaires, bio pirates, accapareurs mercantiles d’espèces et de gènes,se battent pour les obtenir avec un respect tout relatif du droit des autochtones. La « Convention sur la diversité biologique » (CDD), fille de la célèbre Conférence de Rio de 1992, semble parfois avoir pour unique raison d’exister non la préservation de la biodiversité mais le maintien des privilèges des puissants. (17)
b – la « monétarisation des « services rendus » par la nature. Qu’en coûtera-t-il à l’humanité si cette nature met la clé sous le paillasson ? (18) Afin de faire ressortir les valeurs de ces services, on les regroupe ainsi (19) :
1 – les valeurs d’usage, elles impliquent de la consommation de ressources, ce sont les moins difficiles à chiffrer. Elles se décomposent en :
- valeurs de consommation directe (pêche, cueillette…)
- valeurs productives : ressources utilisées dans des cycles de production
- valeurs récréatives, du subjectif, promenade par exemple.
2 – les valeurs d’option : possibilités futures d’exploitations.
3 – les valeurs écologiques, ni plus ni moins que le fonctionnement de la planète et de la biodiversité.
Voilà tous les dons de la terre prêts pour la règle à calcul.
Il n’est pas sûr que l’on sache identifier tous les services rendus et il n’est pas évident de savoir tous les chiffrer. Quel barème adopter pour la beauté ? Le chevreuil n’a-t-il comme seule valeur que celle de servir de cible ? Il y a les services qui nous font du bien – la nourriture par exemple – mais il y a ceux sans lesquels rien ne va plus pour la biosphère, pour l’humanité, pour tout : les services écologiques, les cycles écologiques comme celui de l’eau ou de l’azote ; pour eux, quelles cotations ? Rions ensemble ! Savez-vous où le bénéfice financier est peut-être le plus net ? Dans la pollution, elle rapporte beaucoup.
Encore quelques phrases pour compléter cette peinture du brouillard de la monétarisation. Combien sommes-nous, prêts à agir pour que tel bénéfice naturel perdure, pour que telle espèce survive ? Revenons à l’alouette. Ce gentil oiseau dont on plume vraiment le bec, régresse donc. Sommes-nous disposés à ouvrir le portefeuille pour contrer cette évolution ? Qui doit décider et qui doit payer ? Comment sortir du paradoxe de Sukhdev, économiste indien : ce qui est utile n’a pas toujours grande valeur, comme l’eau par exemple et ce qui a une grande valeur n’est pas toujours utile, comme les diamants. Il n’est pas de méthode totale, parfaite pour évaluer la nature. Supposons qu’il s’en découvre une. Ses résultats, pour les services rendus, s’exprimeraient en chiffres colossaux. Cela suffirait-il à raisonner l’homme ? Peut-être pas, quand on détruit on ne compte pas.
Quel sort réserver à l‘approche financière ? Sert-elle au moins à trancher, à décider entre le moins mal et le pire ? Influe-t-elle sur les cercles des puissants ? Agit-elle sur l’opinion ? Difficile à savoir. Quant à nous, nous admettons que cette approche, pas spécialement glorieuse, est fondée sur un aspect concret de la réalité des choses telles que perçues par l’humanité. A ce titre, elle est « susceptible » d’influer sur des leaders d’opinion, des politiques. Du coup, chacun de nous, modestement, en participant à la diffusion de ses résultats, de ses traductions en langage courant, aide sans doute à faire avancer le schmilblick. Mais, redisons-le encore : la nature n’a pas de prix.
Quels efforts ?
Comment réagissent les autorités qui acceptent de réagir ? Pas à la hauteur des enjeux. La destruction de la nature est le terme de tendances dominantes. Renverser celles-ci parait si herculéen que des responsables n’osent plus écrire : arrêtons l’érosion. Ils s’en tiennent, queue basse, à réduire le rythme actuel des pertes de diversité biologique. Ils déclament avec belles phrases à l’appui : poursuivons l’effort là où la vérité serait : engageons l’effort. Les organisations internationales (ONU) et nationales se répandent en dissertations surabondantes. Conférences, politiques, rapports et encore rapports. Ces derniers, pour la France, mis bout à bout, relieraient Port-Vendres à Bray-Dunes. Si ce sont des socles pour - un jour, qui sait ? - des initiatives dans le bon sens, alors continuez. Ils donnent de la matière pour culpabiliser ceux qui vont dans le mauvais sens ; nous avons déjà conclu de même pour l’éducation. Pour l’heure, avec ces littératures, nous stationnons loin du compte. Elles ne font que jeter dans la mollesse. La parution de « plans pour la biodiversité » reste un gentil rite.
Pour préserver les formes de vie, les actions peuvent être multi thèmes, multiformes. Réduire les déchets ou la consommation énergétique, lutter contre la pollution de l’air, c’est bon pour la nature. Mais nous centrons ici sur les voies premières, essentielles, directes de la préservation du vivant qui est protection de l’espèce et protection de l’espace.
L’espèce.
Des listes d’espèces à sauvegarder sont établies. Elles reposent sur des bases scientifiques ; l’emblématique y glisse parfois son museau, c’est humain. Critère : la situation détestable de la plante ou de l’animal : en extinction, menacé, vulnérable, etc. Critère de l’urgence, de l’avant qu’il ne soit trop tard. D’autres pourraient s’y ajouter : telle espèce qui, si elle se raréfie ou s’éteint, va entraîner vers un même futur, en cascade, des tas d’autres. Ou telle espèce qui, même si elle n’est que fragile, est importante parce qu’elle est comme un parapluie pour les êtres qui vivent dans son monde. Incorporer ces cas en listes est sans doute compliqué. Finalité des listes : conduire à la protection.
La lutte est rude entre qui aime la vie et qui craint que sa sauvegarde ne gène ses mobiles. Elle est à deux niveaux. L’ampleur de la liste en premier lieu. L’anti-nature trouvera toujours que l’on en met de trop ; il voudra et agira pour des listes réduites ou à réduire, éphémères. En second lieu, existence d’un texte et application de ce texte pour la protection, ne sont pas synonymes. Beaucoup d’entre eux ne sont, de fait, que des tigres en papier. Amertume : il existe, sous nos latitudes, des listes psycho-sociales de destructions : espèces chassables pour le loisir, « nuisibles » bien entendu « utiles » parce que jouant leur rôle dans les biotopes, etc. Enfin, chacun redoute que du vivant, aujourd’hui banal, ne sombre dans le précaire.
« Botter en touche » enivre les labos : banques de gènes ou de graines (en jargon, conservation ex situ), conservation hors du milieu naturel où l’évolution et le hasard les ont programmés. Pour le court terme, pour les espèces cultivées, acceptons. Pour le long terme, discutons, récusons. La vie dans l’azote n’est pas la vie dans la nature. En celle-ci, plantes et animaux évoluent avec l’environnement, s’y adaptent. La banque fige, elle livrera de l’inadapté. C’est un alibi de sociétés destructrices. Tant qu’à faire, mieux vaut appuyer des réintroductions d’animaux qui peuvent revivre dans nos écosystèmes (exemple : lynx du Jura et des Vosges). Mais après tout, qui sait ? N’est-il pas des circonstances telles que ces banques pourraient réellement jouer un rôle majeur dans le cosmos. En effet, il n’est pas impossible que l’espèce humaine soit en mauvaise posture ; on soupçonne certains pesticides de la rendre stérile. Des esprits légers diront : il faut règlementer, réduire les pesticides. Cela excède les capacités humaines : les pesticides ont le pouvoir. Alors, congelons des gènes humains ou mieux, si les procédés sont au point, quelques couples humains. La probabilité n’est pas nulle que d’ici quelques millions d’années, des extraterrestres venus de Tau Ceti ou de Bételgeuse débarquent sur notre planète. Leurs connaissances seront si étendues que d’une pichenette de tentacules, ils remettront l’humanité en marche.
Le zoo se décrit comme une réserve merveilleuse de faune africaine ou asiatique. Amer canular ! Les circonstances de leurs captures, de leurs acquisitions sont détestables. Même si elles ne l’étaient pas, quel sens que la remise en liberté dans des espaces inhabitables. (20) Quelques succès – bison par exemple, en Europe de l’Est – ne compenseront jamais le malheur total.
Au cours de promenades vous avez probablement remarqué des gestes sympathiques pour telle espèce. Passes à poissons dans des barrages afin que les saumons puissent frayer en amont de cours d’eau. Plateformes pour cigognes qui écolo-colorent les établissements qui les érigent. Dans votre jardin, des nichoirs et des mangeoires pour oiseaux que l’agriculture intensive dépouille. Bien. Mieux que rien. Mais ce sont des prothèses, des palliatifs et non des guérisons.
L’espace.
Les listes de protection d’espèces sont ainsi que des sauf-conduits en zones de guerre. Nécessaires, pas suffisantes. Pour une bonne part, l’espèce meurt parce que l’espace, son habitat naturel, est consommé ou pollué et donc régresse. Cette régression est ample, rapide, incessante. Exemples. La moitié des zones humides de la planète a disparu depuis 1900 et, lors des quinze dernières années, elles ont encore diminué de 6%. (21) Chez nous, il y a eu en 2e moitié du 20e siècle, le grand ravage des remembrements à la suite desquels haies et boisements ne sont plus que dans le souvenir des anciens. Il y a toujours les conséquences de grands travaux et aussi ces transformations de cours d’eau en tuyaux, ces enrésinements de forêts et des centaines d’impacts, plus épars, plus dissimulés et donc moins médiatiques qui réduisent la nature de France.
Randonnons maintenant de la planète à notre hexagonal.
Les « points chauds.
Des chercheurs repèrent sur le globe des lieux, peuplés ou non, où la diversité des espèces est extrême. Ils les appellent « points chauds de la biodiversité » ou « hotspots ». (22) Pas d’autorités politiques dans cette affaire mais des scientifiques et aussi des Associations. L’initiateur généralement reconnu comme tel est un scientifique anglais, Norman Myers, ayant commercé à opérer fin des années 1980. Devant admettre que l’humanité ne saura ni ne voudra agir partout pour sauver le vivant, il cherche des priorités planétaires, des endroits où « un dollar donné a le plus d’effet pour ralentir l’extinction actuelle de la biodiversité ». Ses repères techniques : la flore, les plantes vasculaires (hors mousses, algues, lichens), les plantes endémiques, celles qui ne poussent que sur le « point chaud » Ceux-ci, zones de fortes biodiversités menacées sont cohérents avec d’autres démarches comme les EBA (aires d’oiseaux endémiques) de l’association « Birdlife international » ou les « écorégions » du WWF. Plus d’une trentaine de tels « points » ont été sélectionnés, 2% de la surface de la terre. Oasis du futur dans une immensité dégradée. Encore faut-il les protéger. Les Gouvernements seront sollicités. Il en faudra de l’argent pour passer de l’inventaire à la maîtrise foncière. Il en faudra de la persévérance et de la volonté. Tenir compte des situations sociales, politiques, économiques, des populations qui y vivent. Garantir le « chaud » sera-t-il prétexte à l’abandon du « froid ! ». A l’abandon de 98% de la biosphère ? L’éventualité donne des frissons mais le réalisme fait courber l’échine.
Les « hotspots » sont majoritairement hors Occident encore que la France soit directement concernée avec sa communauté d’Outre mer : Antilles, Polynésie etc. Ils sont – points chauds et autres secteurs à très riche biodiversité - dans ces contrées où les européens, au temps des « colonies », ont créé des « parcs naturels ». Dilemme infernal ! Comment protéger là où les populations, les « indigènes », veulent se développer, stériliser leurs espaces à l’image des nôtres ? Importuner le paysan d’Afrique, qui n’a qu’une vie, parce qu’il étend ses pâturages en terrains de végétation fragile ou parce qu’il extermine le fauve prédateur de son bétail, culpabilise. Sommes-nous vraiment totalement dans le dilemme : ou la nature ou l’humanité ? Dilemme qui implique que si l’on « choisit » l’humanité on peut se passer de nature. Si oui, « choisissant » l’homme, faut-il se résigner à laisser mourir sans un soupir ces êtres extraordinaires que Nicolas Hulot nous a montrés dans ses « Ushuaia ». A regarder ou lire de plus près, ce n’est pas seulement par bonne volonté pour l’homme que des hommes détruisent la nature. C’est pour des commanditaires de pays très industrialisés qui mettent en concurrence, cultures pour agrocarburants à destination de l’Ouest et cultures indigènes pour la nourriture. Devinez qui gagne. Le trafic de l’ivoire de l’éléphant, sur place, enrichit le trafiquant et non le commun des africains.
Tendons l’oreille – nous y reviendrons au chapitre 4 – des gens et dirigeants d’Amérique latine veulent le respect de la Terre, pourquoi une harmonie humanité/nature ne serait-elle pas possible ?
En clair, ne nous laissons pas culpabiliser sans réfléchir. Mais aussi, soit dit en passant, par décence, avant de regarder ailleurs, sauvegardons chez nous ce qui peut encore l’être.
Vive l’Europe !
Coup de chapeau maintenant à l’Europe. Parfaitement, l’Union européenne avec ses eurocrates désignés à la vindicte publique. Elle a, parfois, pour la nature, le souffle et la vision qu’exige le Temps. Le Veau d’Or y est adoré. Malgré ce handicap, les Commissions rédigent des Directives pour un avenir moins glauque.
Illustration choisie parce qu’elle porte sur une substance vitale : l’eau.
La directive cadre sur l’eau, dite généralement « directive eau » a été proposée par le Parlement européen et le Conseil de l’Union européenne en Octobre 2000. Elle a commencé à être transposée dans le Droit français à partir d’Avril 2004. Son horizon d’application : 2015. Il s’agit de rétablir d’ici là un « bon état » de la ressource aquatique, un « bon état » écologique. Combien sommes-nous à connaître cette Directive ? Combien sont-ils les décideurs et pollueurs décidés a à en tenir compte ? Elle explique que l’on ne peut rester plus longtemps indifférent à la transformation des cours d’eau et nappes en cloaques, à la mort de la vie aquatique. Elle explique encore que l’on ne peut plus continuer à tolérer, à rire d’usages et d’aménagements irresponsables et coupables. Elle fixe des critères, des références, des méthodes. Où en serons-nous en 2015 ? Y aura-t-il au moins quelques résultats positifs permettant d’attester que la pollution…..n’a pas augmenté ? Pollutions et pollueurs sont invincibles. Car enfin, c’est infiniment triste qu’il ait fallu une Directive européenne pour que l’on fixe des objectifs évidents d’intérêt général. En France,il faut le reconnaître, avant la directive de 2000, dans les années 1960, on a créé plein d’organismes publics, officiels, avec bâtiments à étages, présidents et directeurs avec secrétaires, adjoints, voitures avec chauffeurs, le tout pour protéger l’eau. Ainsi des Agences de l’Eau, agences shadoks qui tentent prélever quelques euros de la poche des pollueurs pour les reverser à ceux qui projettent de moins polluer. Tout cela n’existerait pas que la situation ne serait sans doute pas pire qu’elle ne l’est. Intérêt de la directive : qui ne la respecte pas, Etats en première ligne, risque de payer des pénalités. Ca la fiche mal vis-à-vis de la société civile découvrant ainsi que ses responsables sont incompétents et fautifs. Techniciens de Bruxelles, tenez bon !
Pollueurs et destructeurs vomissent l’Europe. Non celle qui déverse des subventions sur leurs comptes en banque mais celle qui veut écarter le malheur. Suivez bien leurs manèges d’une géniale perversité. Ils s’affichent démocrates, anti technocrates, avec une pointe peu dissimulée d’« élisez-moi ». Le pouvoir à la base, au terrain exigent-elles. Quel terrain ? Quelle base ? L’équivalent transposé des hobereaux et maîtres des forges d’hier. Sur le fond, du pouvoir aux collectivités locales est de bonne démocratie. Mais à ce niveau, élus et décideurs supposés sensibles à l’écologie, vont dans le mauvais sens. Impuissance à contrer des forces plus puissantes qu’eux. Ils sont amenés à penser petit et agir riquiqui. Au mieux, ils verdissent à la marge. Enfin, beaucoup baignent voluptueusement dans les intérêts du court terme. Le dilemme est déplaisant s’il se réduit à ceci : soit la démocratie avec portes ouvertes aux dégâts, soit moins de destruction mais avec moins de démocratie.
Le diagnostic est formel : sans Bruxelles, la nature de France serait en plus mauvaise passe, au bas mot, qu’elle ne l’est. Les instances élues éloignées du terrain peuvent, seules, travailler sérieusement et dans le calme sur le moyen et le long terme écologiques. Et en tirer un court terme qui n’immole pas la nature.
En France.
Chez nous maintenant avec cap sur le juridique. Celui-ci traduit par définition l’état des rapports de force dans une société. L’environnement est objet d’une incroyable masse de textes : lois, décrets, jurisprudences. Les commentaires des juristes pour aider à y comprendre quelque chose, empliraient des wagons. Chaque thème est traité indépendamment des autres. Juxtaposition de normes, incohérences. De beaux jours pour les tricheurs musardant parmi les dérogations. Il faudrait "dépasser la simple compilation pour dégager des principes généraux de solutions transcendant le particularisme du régime des diverses nuisances." (23)
Votre souci principal est la nature, la protection des espaces naturels.
On vous présente l’inventaire des mesures de protection. Alléluia !
Vous regardez leur contenu. Miserere !
Des textes ne s’appliquent qu’à un tout petit nombre de sites prestigieux. Des Conventions n’attirent que les très bonnes volontés. Des dispositions défendent le paysage mais pas la nature (sites classés). Des chartes sont généreuses mais évanescentes. « Parc national », ça en jette, ça égare. Son « cœur », d’accord, mais sa périphérie dite « aire d’adhésion » est aire à béton (hébergements, stationnements,….). Beaucoup de ces parcs sont en montagne. L’un des plus anciens –la Vanoise- attire à ses portes la plus grande concentration au monde de stations de sports d’hiver. Quant aux « cœurs », il s’agite aujourd’hui un mouvement pour le remplissage des tiroirs-caisses. Des responsables veulent bien, demandent même des labels d’espaces protégés mais à condition que l’on ne soit pas obligé de protéger, que l’on puisse « se développer » sans entraves. (24) Ne louchez pas sur les « Parcs naturels régionaux », ils louchent, eux, sur le tourisme.
Bilan des protections ; nous voulons dire des protections qui protègent : en France métropolitaine, elles couvrent environ 2% de la surface terrestre. (25)
Sauf quelques secteurs, ce ne sont que des confettis dont on s’échine à tirer parti au moins mal : corridors, trames, etc. Les sites les plus riches en faune et flore sont volontiers les plus fragiles. Comme par hasard, là s’exercent les pressions destructrices. Exemple : les systèmes aquatiques, cours d’eau et zones humides évoqués plus haut. Là, on ne sait ni ne veut protéger réellement.
La protection la plus loqueteuse rend asthmatique le propriétaire ou l’exploitant des terres sur lesquelles elle s’applique ou pourrait s’appliquer. Devinez le bouillonnement que provoquera celle à velléité un atome plus efficace. Ainsi, « Natura 2000 ». (26) L’initiative est européenne. Pouah ! grimacent lotisseurs et chasseurs. Souhaits européens : constituer un « réseau » d’espaces naturels de valeur. Pas vraiment une partie de plaisir. Les collectivités locales se prononcent sur les « Natura 2000 » de leur ressort. Dans l’énorme majorité des cas, elles sont furieusement anti nature.
Si j’en avais les moyens, je parcourrais la France, je rassemblerais les délibérations municipales et autres résolutions officielles sur ces « Natura 2000 ». J’en ferais un livre noir. Je le publierais pour l’édification des générations futures.
Avant de quitter ces paragraphes sur les dispositifs d’information ou de protection, arrêt sur les ZNIEFF. Le sigle fait russe. Il signifie : zone naturelle d’intérêt écologique, faunistique et floristique. C’est un inventaire des lieux français à fort intérêt biologique. Il a été engagé dans les années 1980. Les naturalistes ont repéré au total, environ 15.000 de ces zones. Si vous habitez – résidence principale ou secondaire - près de ou en campagne, vous devez en avoir pas très loin de chez vous, puisse votre main protectrice s’étendre sur elles. L’inventaire, juridiquement parlant, n’est pas une protection directe mais d’abord une information. Il attire l’attention : mesdames et messieurs qui avez ce projet, ne pourriez-vous pas aller bétonner ailleurs. Au plein moment où le travail a été fait, l’ambiance fut spéciale. Quand on ne sait rien officiellement, on peut polluer comme on veut. Quand il y a une ZNIEFF officielle, le pollueur se méfie : il peut soudain surgir du coin du bois, un écolo barbu qui invoque la destruction de la nature. Alors, à l’époque, collectivités et décideurs divers ont cherché à mettre en cause la méthode. Au nom de la démocratie bien comprise, ils ont demandé le droit pour eux seuls de décider de la valeur scientifique, écologique des sites répertoriés.
Tout n’est pas en réserve ni znieffé. Sans parler de diversité discrète ou de biodiversité exceptionnelle, dans de nombreux endroits prospère de la bonne et belle nature. Supposez que sur l’un d’entre eux atterrisse un projet aux impacts certains et graves. Sur quoi s’appuiera la riposte riveraine supposée aimant la nature ? D’abord sur un document rédigé par l’aménageur qui se nomme « étude d’impact » Ce dernier figurera, en particulier, dans le dossier d’enquête publique. L’obligation principale de cette étude est simplement d’être….présente dans ce dossier. Le maître d’ouvrage peut proposer des réductions d’impact, c’est la moindre des choses. Il peut proposer aussi des mesures compensatoires, ce peut être plus vicieux ; en « compensation » de la disparition de zones humides provoquée par le projet, il financera un dépliant sur les batraciens. Au total, pas d’illusions sur les études d’impact. Si l’opposition est vive, les décideurs proposeront – ou les opposants obtiendront - études complémentaires, observatoires, contre-expertises. Mais au fond, le plus souvent, ici comme en d’autres circonstances, Schwarzy a raison : les études il y en a plein les tiroirs, pas besoin d’elles pour savoir que tel projet est carrément désastreux. (27)
Deux « problématiques », deux polémiques pour finir
- L’écologie ou la biologie de la conservation
Des démarches sont et positives et négatives. Ainsi « l’écologie » ou « biologie de la conservation ». Elle se veut réponse de la communauté scientifique à la crise de la biodiversité. Elle constate que l’on ne peut maintenir la biodiversité là où la demande humaine est sans limites. Elle souligne l’intérêt de laisser la porte ouverte à toutes les options présentes et futures possibles, de toujours bien évaluer les impacts avant de réaliser, de règlementer, en sachant de quoi on parle, de la science à l’économie. Avoir soin de consulter les intéressés et de bien communiquer. (28) Dans le principe, rien à dire.
La biologie de la conservation se propose de reconstituer des écosystèmes disparus ou d’améliorer des systèmes existants qui ont souffert. Elle s’accompagne, concrètement, d’ingénierie verte. Les terrils du Nord de la France, après abandon de l’exploitation du charbon étaient littéralement stériles. Puis faunes et flores s’y sont installées, avec la complicité active de l’homme ; là, tout est pour le mieux. Alors faut-il craindre quelques dangers et où ? Dans des apologies de la démarche. Pourquoi se priver de dévaster si l’aménageur est devenu dieu capable de recréer la vie ? L’écologie de la conservation bénit ou laisse toute latitude à des comportements inamissibles, à l’indifférence aux dégâts. Un spécialiste de ces questions nous prévient : la restauration humaine de la nature, un gros mensonge. (29)
- Les « réserves »
Les canonniers de l’aménagement tirent à boulets rouges sur une protection dite « réserve » (Rappelez-vous, réserves et autres espaces assez sérieusement protégés : 2% de l’espace terrestre métropolitain). Avec vos réserves, grondent-ils, vous mettez la nature sous cloche, vous la sanctuarisez, vous la stérilisez. Les vraies cloches sont celles, visibles, que créent les nuages de pollution au-dessus des grandes villes. La réserve est le contraire de la prison. Liberté, possibilité pour les espèces de survivre : liberté de s’adapter, se modifier, évoluer. En apparence, le site protégé est comme ces objets déposés en musée. Cela leur évite au moins de périr avec le béton ou le pesticide. Mais le grand objectif est de conserver les potentialités évolutives du site.
Le principe est débattu parmi les protecteurs eux-mêmes. Le dilemme est celui-ci. Une réserve ne protége que le confetti qu’elle circonscrit. En dehors, bienvenue au saccage. Comme si cette réserve autorisait celui-ci. Bon ! Mais alors quoi ? Une gestion correcte, équilibrée partout scandent les idéalistes. Ce choix théorique entre d’un côté un mini bien accompagné de maxi mal et, de l’autre côté, du quasi bien partout, est impossible. La conjoncture, comme on dit, ne permet que ceci : ou du mini bien ou rien.
Des tas de territoires en assez bon état biologique, réserves ou non, ne devraient pas être foulés. Des reconquêtes, des friches devraient être choyées. Où la vie parait pouvoir précisément développer ses potentialités. Où la non intervention serait la gestion. (30) Celle-ci, telle qu’elle se pratique de fait, uniformise, à sa manière, espaces, espèces, esthétiques… éthiques. Espoir de sites de non agir humain, sites Lao-Tseu. Pas facile : le virus de la pelleteuse, celui de la programmation par logiciels contaminent jusqu’aux responsables d’aires protégées. Les font rêver d’une nature convertie en jardins technos.
Cas d’école : le pique prune
A l’occasion d’aménagements, des petits êtres montent tout d’un coup sur la scène et perturbent les programmes. En France, un exemple assez récent, souvent évoqué, est celui du « pique prune ». Insecte modeste que le chercheur a du mal à croiser tant il se raréfie. Par rapport à des cousins de sa famille comme le cétoine doré, il est terne et ne saurait se présenter à un concours de beauté. Mais, parce qu’il est rigoureusement protégé, avec d’autres espèces, par une directive européenne, le voila qui dresse ses antennes, fin des années 1990, face aux engins du chantier de l’autoroute A28, entre Le Mans et Tours. Les amoureux de la nature du coin ont dû penser qu’avec une contrainte juridique aussi forte, les autorités allaient appuyer sur la touche « stop » puis « eject ». Les naïfs ! En ces situations, on n’appuie que sur la touche « Pause ». Aujourd’hui, on roule sur l’A28.
Le pique prune a déclenché, outre des retards de réalisation, beaucoup de réunions, de rapports d’étude et de frais d’expertises. Avec un objectif, exprimé ou pas, intégré ou non, de faire reprendre rapidement le chantier. Cet évènement et c’est sur quoi nous insistons, ne parait avoir donné lieu à aucun débat général de fond. Débat sur les équilibres à trouver entre respect d’une nature à vau-l’eau et réponses à des intérêts socio-économiques. Beaucoup de citoyens, la quasi-totalité des médias trouvent extravagant que l’on puisse mettre un instant, en balance, une bestiole de rien du tout et une réalisation aussi merveilleuse qu’une autoroute, distributrice de lingots d’or dans les contrées qu’elle traverse.
Même si les associations locales ont fait un travail de communication (31), tout se passe comme si dans l’ambiance culturelle actuelle, au-delà de mots en circulation, la discussion sur la route était irrecevable. Le sort d’un être vivant tel qu’un insecte est-il digne d’attention ? Admettons un instant, que présenté ainsi la cause du pique prune soit difficile à plaider. Il reste quand même que cet insecte du bocage joue un rôle positif pour la santé des forêts en recyclant les bois morts. Il témoigne aussi en faveur d’espaces naturels mis à sac. Le maintien de ces espaces ne peut-il être mis en balance avec l’avantage de pouvoir rouler à 130 km/h ? Les avantages socio-économiques justifient-ils vraiment que l’on construise des autoroutes jusqu'à la fin des temps en oubliant les impacts écologiques ?
Bilan du chapitre et répétitions.
Chiraquons un peu : la nature meurt et nous regardons ailleurs. A croire que les documents et interventions de sensibilisation et d’informations sur la nature n’ont servi à rien.
Passeurs d’idées et de faits vers un large public, nous avons besoin de vous.
D’abord, la régression des espèces, des formes de vie, sa réalité, son ampleur. Le matériau scientifique est disponible avec ses précisions et ses limites à clairement préciser. A partir de là, repérer les chiffres, les faits qui expliquent et interpelleront l’honnête homme. Il y a le choix et il y a la manière de dire ou d’écrire. Les naturalistes savent, écrivent des textes sur des supports accessibles à tous le plus souvent. Sont-ils pour autant de bons passeurs ? Pas évident.
Ce phénomène va –t-il nécessairement se poursuivre ? Pour annoncer ce que sera 2050, il faut faire des supputations. Avant le clash, on ne peut savoir s’il y a vraiment de l’irréversible dans l’air. Le passeur peut dire, chiffres et faits des scientifiques à l’appui, où nous allons si tout continue sans infléchir la trajectoire.
Perdre de la biodiversité, est-ce un problème ? C’en est un sans nul doute pour qui la nature a une valeur en soi. En est-ce un pour le sort de l’humanité ? Plus que jamais, le passeur doit avoir du talent. Le matériau scientifique de base est divers, multiple, complexe. Explication des cycles écologiques ou de la fertilité du sol : le sujet est aride pour qui ne côtoie pas ces questions. Cela entre dans le pari de la connaissance de la nature rencontré au chapitre précédent. Toujours la recherche inlassable d’une manière de dire qui pénètre âme et raison. L’obstacle à la sensibilisation réside, entre autres, dans le fait que les évènements possibles, pénibles et futurs n’atteindront peut-être que nos petits-enfants, nous laissant nous-mêmes savourer égoïstement un présent encore assez paisible.
Concrètement, immédiatement, prioritairement, une bonne attitude éco citoyenne semble être la défense du moindre mètre carré d’espaces naturels proches ou éloignés de nos lieux de vie.
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"Ce qui est le plus difficile à concevoir, c’est une civilisation qu’un état sauvage pourrait supporter, et pourtant c’est exactement le but à atteindre." (32)
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Notes
1 – V. Hugo. Poème « Le crapaud » dans « La légende des siècles »
2 – Définition de la biodiversité.
Une définition genre scientifique qui tente de cerner tout ce qui peut l’être. (Site CNRS, fiches saga sciences)
La biodiversité représente la diversité de toutes les formes du vivant c’est-à-dire la totalité des gènes, des espèces et des écosystèmes. Elle se caractérise à trois niveaux.
- La diversité génétique recouvre la diversité des gènes de tous les organismes vivants. Les gènes (composés d’ADN) permettent la transmission des caractères propres à une espèce. La diversité des gènes reflète la diversité des caractères d’une population (par exemple la couleur des yeux ou la résistance à une maladie). La diversité génétique comprend les caractéristiques des gènes et leur répartition au sein d’une espèce (diversité intra-spécifique) mais aussi entre différentes espèces (diversité interspécifique).
- La diversité spécifique c’est-à-dire la diversité des espèces exprimée par :
-le nombre d’espèces vivantes
-la position des espèces dans la classification du vivant
- la répartition en nombre d’espèces par unité de surface et les effectifs de chaque espèce.
- La diversité écosystémique c’est-à-dire la diversité des écosystèmes. Les écosystèmes sont des ensembles d’organismes vivants (y compris les êtres humains) qui forment une unité fonctionnelle par leurs fortes interactions entre eux et le milieu ambiant (air, terre, eau…) ; par exemple les déserts, les forêts, les océans. La diversité écosystémique caractérise la variabilité des écosystèmes, leur dispersion sur la planète et reflète la richesse des relations structurelles et fonctionnelles entre les espèces, les populations et avec les écosystèmes.
Ouf ! Il faut s’accrocher n’est ce pas ?
Mais voici une définition / commentaire plus courte, plus « politique » extraite de « Stratégie nationale française pour la biodiversité » par le Ministère en charge de l’écologie, 2004.
La biodiversité est une dimension essentielle du vivant. Elle s'exprime par la diversité génétique, la diversité des espèces et la diversité des écosystèmes. Elle est porteuse du potentiel évolutif qui garantit la capacité d’adaptation des espèces et des écosystèmes face, notamment, au changement global. La biodiversité est un enjeu vital pour les sociétés humaines par les biens et les services qu’elle procure. Les utilisations qui en sont faites ont marqué les paysages et l’ont façonnée en retour. Elle est, de fait, investie de valeurs symboliques, culturelles, identitaires. L’homme doit préserver la diversité du vivant pour des raisons d’ordre éthique, culturel, biologique, écologique mais aussi économique.
3 – Carl Nielsen. Sur livret CD Symphonies 1 et 2. Sony-BMG Music 2006
4 – Les bactéries. S. J. Gould « L’éventail du vivant » Seuil. 1997. Chap. 14
5 – E.O. WILSON « La diversité de la vie » Odile Jacob 1993, p. 408.
" L’espèce humaine a co-évolué avec le reste du monde vivant sur cette planète-ci ; les autres mondes possibles ne sont pas représentés dans nos gènes."
6 – Très intéressant. G. Bœuf « Quel avenir pour la biodiversité ? » Dans « Un monde meilleur pour tous : projet réaliste ou rêve insensé ? » Dir. Changeux, Reisse. Odile Jacob. 2008.
Texte téléchargeable.
7 – L’espèce. Au départ, Linné (18e siècle) classe les êtres vivants. A l’époque, on pensait que Dieu avait créé les espèces une fois pour toutes. C’était une vision dite « fixiste ». Etait d’une même espèce les individus qui se ressemblaient. Darwin arrive avec qui la classification du vivant est l’arbre généalogique. Maintenant, la définition biologique fait appel à l’isolement reproductif. (« Biodiversité », R. Barbault, Ed. Hachette, p. 10 et 11)
8 – De Mostapha K. Tolba : PNU (Programme des nations unies pour l’environnement, organisme de l’ONU). Cité dans la fiche « La biodiversité aujourd’hui menacée » sur le site « Noé conservation »
9 – V. Albouy, entomologiste « La biodiversité du bord d’un champ », Revue « Insectes » de l’OPIE n° 158, 2010.
"Pour qui a connu la richesse du moindre bord de chemin d’autrefois, la perte de biodiversité enregistrée en un demi-siècle donne le vertige."
10 – P. Blandin « Biodiversité. L’avenir du vivant » Albin Michel 2010
"Bien des fois en quelques millions d’années, la biosphère a traversé des phases de réorganisation, ce que l’on se plait aujourd’hui à appeler « les crises de la biodiversité ». Mais jamais le monde vivant n’avait été attaqué aussi globalement par l’un de ses membres. C’est pourquoi je trouve ridicule de désigner la période actuelle comme la « sixième crise de la biodiversité ». Comme si ce qui se passe aujourd’hui n’était que la réitération d’un phénomène banal qui s’est souvent produit." (p143)
"Et bien, non, ce n’est pas un épisode de plus, une crise de plus. La biosphère est aujourd’hui confrontée à son PREMIER BOULEVERSEMENT. Conséquence : le passé ne peut nous fournir aucun scénario clés en main pour nous projeter dans l’avenir." (p.144)
11 – Romain Gary. « Lettre à l’éléphant » Le Figaro littéraire, Mars 1968. Cité dans fiche « Pourquoi sauvegarder la biodiversité » site « Noé conservation ».
12 – E. de Fontenay. « Le silence des bêtes » Fayard. 1998. p.17
"Aussi vivons-nous peut-être les derniers moments où l’on puisse sans trop d’aberration, s’essayer à une méditation sur l’animal, sur l’animal tel que les Occidentaux l’ont ressenti, imaginé, voulu et conçu dans une continuité déjà interrompue [...] Parce que nous occupons et manipulons désormais la totalité de « l’échelle de l’être », il n’est pas sûr que ceux qui continuerons à se désigner comme hommes, maintiendront les rapports avec l’animal que nous avons entretenus,……."
13 - J.B. Say : « Cours complet d’économie politique pratique » 1843. Cité dans Latouche : « Nature, écologie et économie. Une approche anti utilitariste ». « Revue du Mauss » 2001, p. 67. (en ligne)
Cf. aussi Bacon : « La Nouvelle Atlantide » GF Flammarion. 2000 p.123 et suiv.
14 –Citation de E.O. Wilson dans E. Brown Weiss : « Justice pour les générations futures » Sang de la terre. 1993. L’auteur ajoute à notre extrait :
"Aussi terribles que ces catastrophes puissent être, on pourrait y remédier en l’espace de quelques générations. Le seul phénomène des années 80 (note : les années 2010 sont pareillement glauques) qu’il faudra des millions d’années pour corriger, c’est la perte de diversité génétique et des espèces provoquée par la destruction d’habitats naturels. Cette folie est sans doute celle que nos descendants ne nous pardonneront pas."
15 - J. Goodall. Hors série « Le Monde » : « Bilan Planète 2010 » p.5
16 – Approches économiques sur Internet.
- Rapport « Bernard Chevassus-au Louis, Avril 2009. « Approche économique de la biodiversité et des services liés aux écosystèmes »
- Rapport Pavan Sukhdev. 2008. « L’économie des écosystèmes et de la biodiversité » + Rapport présenté à Nagoya en 2010
- Rapport N. Stern, 2006 chiffrant le coût des conséquences des changements climatiques si l’on ne fait rien.
17 – Sur Biodiversity is money. Ph. METAY « Les régimes juridiques d’exploitation de la biodiversité à l’épreuve du développement durable ». Revue « Ecologie et politique » n°3, 2005 (en ligne).
18 – Par exemple revue « Ecorev », n°38, automne 2011 : « Quelle(s) valeur(s) pour la biodiversité ? »
19 - « Biodiversité » R. Barbault. Ed Hachette 1997, pages 130/131.
20 – J-B.Jeangène Vilmer : « Ethique animale » PUF 2009 p 204
"Jamais aucun zoo ne pourra sauver de la disparition une quelconque espèce animale, modelée par des millions d’années de sélection naturelle et d’évolution […] Car si l’animal est menacé, c’est que l’équilibre de son milieu l’est. Reproduire quelques individus dans des zoos n’y changera rien : c’est couper les branches d’un arbre malade, alors qu’il faut s’attaquer aux racines."
21 – « Le Monde » daté des 3 et 4 février 2013. « Les zones humides un patrimoine universel en péril. »
22 – Fiche « Les points chauds » sur site « CNRS. Sagasciences »
23 – F. OST « La Nature hors la loi » La Découverte 2003, p.107
24 – News « Actu environnement » : « les parcs nationaux sont-ils menacés ? » 19 Décembre 2012
25– Protections qui protègent (selon nous).
Arrêtés de protection de biotope (fragiles : un Préfet peut les défaire), achats du Conservatoire du littoral, les réserves naturelles, « cœurs » des Parcs nationaux. Source : l’Inventaire national du Patrimoine naturel du Muséum National d’Histoire naturelle : http://inpn.mnhn.fr. Voir aussi le site ATEN (Atelier technique des espaces naturels) et celui du Ministère chargé de l’écologie. Voir le tableau « Bilan espaces protégés » et trier
Un espace peut être protégé à divers titres donc attention aux doubles comptes
Sombres lendemains ! La chasse pèse, avec succès, pour pénétrer dans les aires protégées. (Cf. La grande braderie des aires protégées. Revue « Goupil », association Aspas, Juillet 2012). Pas de raisons pour que restaurations et hébergements ne s’engouffrent pas dans la brèche.
26 – Natura 2000
Si au cours d’une réunion sur la destruction de sites, vous êtes amenés, n’en pouvant plus, à crier « Vive Natura 2000 ! », vérifiez bien avant que la porte de sortie pour une fuite précipitée de survie, soit proche.
Au départ, une Directive européenne de 1992 dite « Directive Habitats. Elle porte sur la « conservation des habitats naturels ainsi que de la faune et de la flore sauvages ». Elle complète une précédente dite « Directive oiseaux » de 1979 qui ne protégeait pas les espaces et protégeait mal les espèces. En pratique, la démarche conduit à la constitution d’un réseau européen de sites ayant une biodiversité intéressante. Des calendriers ont été fixés mais bon ! Chaque pays gère les sites à sa manière : règlements juridiques ici, autre chose ailleurs. La France a choisi une manière cool : des conventions entre intéressés et puissances publiques. Sur le fond, il s’agit de sauver s’il se peut, ce qui peut l’être dans des contextes sociopolitiques toujours défavorables.
27 – Schwarzy
2006. Schwarzenegger est gouverneur de Californie. Le Parlement de cet Etat prend un engagement de réduction de 25% des émissions de gaz à effet de serre. Il prévoit des sanctions à l’encontre des industriels ne respectant pas ce cadre. Les grands groupes pétroliers n’en reviennent pas et sonnent la charge. Ils proposent des études allègres démontrant que l’effet de serre ça n’existe pas. Conan le barbare résiste et réplique : les études, il y en a assez, ça suffit !
28 – « Biodiversité » Barbault. Ed. Hachette 1997, pages 101 à 105
Prophète de référence de la biologie de la conservation, un biologiste américain, Michel Soulé.
29 – E. Katz. « Le grand mensonge : la restauration de la nature par les hommes » dans « Ethique de l’environnement » Textes réunis par Afeissa. Vrin.2007.
- Des commentaires sur la « restauration » de la nature dans « La restauration écologique : une nouvelle formation au monde » par N. Blanc et J. Lolive. 2000. Site « Cybergeo »
30 – A. Schnitzler, J.G. Génot, M. Wintz : Espaces protégés : de la gestion conservatoire vers la non intervention. Courrier de l’environnement de l’INRA, Décembre 2008.
31 – exemple : le site http://piqueprune.chez.com
32 – G. Snyder : « La pratique sauvage » Ed. du Rocher, 1999, p.16
Annexes.
1 – aide-mémoire des causes de régression du vivant.
2 – aide mémoire de « services rendus » par la nature
1- Causes humaines de régression des espèces vivantes.
Les impacts humains sur la nature sont le plus souvent listés en distinguant les directs des indirects.
1 - Impacts directs.
a – Pour le plaisir.
– les collections : trafic international et local d’espèces ou parties d’espèces animales (ivoire par ex.) Cueillette exagérée de plantes sauvages ; chacun de nous à l’occasion rase en cueillant.
Le syndrome de Quimper. Près de Quimper, construction du campus universitaire. Des naturalistes découvrent sur le site des plantes carnivores protégées. Arrêt du chantier. La presse en parle. Vent de folie sur le Finistère sud. Une horde arrache, piétine tant que les lieux ne sont pas interdits d’accès. (Revue « Terre Sauvage » Janvier 1994)
- la chasse de loisir. Au 19e et 20e siècles, réduction de la faune africaine. Aujourd’hui, pressions notables, variables sur les espèces selon que ces dernières se maintiennent ou s’effacent. (coups de grâce !)
- les introductions d’espèces d’élevages pour la chasse et la pêche. (Ci-après)
-les zoos dont l’approvisionnement est cause de décès directs sur le lieu de vie ou indirects (destructurations de groupes, familles, clans)
- peaux et fourrures pour l’habillement.
-dérangements par tourisme et loisirs : véhicules, photographes irresponsables,etc.
b – Surexploitations. (Exploitations qui exterminent)
- surpêche. Bien connue pour thon rouge, morue, baleine et autres cétacés (Horreurs islandaises et japonaises). Filets dérivants.
- bois dont bois exotiques. Gloutonnerie des pays industriels. Destruction d’écosystèmes
- consommation de la végétation en général.
"Avec l’augmentation démographique et le développement technologique associé, l’espèce humaine s’est appropriée une part croissante des ressources planétaires. On estime en effet, qu’elle consomme, détourne ou détient environ 40% de la productivité végétale, source fondamentale d’énergie pour les principaux systèmes vivants. Ceci est préoccupant et pour le devenir de notre espèce et pour la survie de beaucoup d’autres." (Barbault, « Biodiversité », Hachette, 1997, p.92)
c – Peurs, superstitions. Peur des serpents, jadis chouettes clouées aux portes des granges. Peur des « pullulations » à la moindre variation de populations animales ou végétales. Pour des sexes asiatiques en rut : cornes aphrodisiaques des rhinocéros,…
d – Gêneurs ou concurrents. Profits, conforts menacés ? Guerre chimique –pesticides - contre « mauvaises herbes » des cultures agricoles ou des gazons. Idem contre prétendus « nuisibles ».
e – introductions. Des espèces introduites volontairement ou non nuisent à des espèces indigènes. Cas emblématiques : lapin en Australie, perche du Nil dans le lac Victoria. En France : ragondin et animaux à fourrure, grenouille-taureau, gibiers originaires d’Asie, renouée du Japon etc. Le maïs : introduction volontaire très néfaste par ses conséquences non maîtrisées : pesticides, eau, etc. Les résineux se substituant en forêts aux arbres à feuilles caduques parce qu’ils poussent vite et rapportent vite. Certains animaux, certaines plantes ainsi introduits se développent intensément, exterminant directement ou indirectement des espèces indigènes. Modérez néanmoins vos accusations en responsabilité civile. Ces formes de vie ne conquièrent notre nature que parce que les écosystèmes envahis sont affaiblis par nos agressions ; ils deviennent alors incapables de résister aux intrus. Une « vraie » lutte consisterait à protéger nos espaces au lieu de les polluer.
f – Manipulations génétiques. Vastes inquiétudes suscitées par les OGM : dissémination de gènes pouvant transformer les plantes sauvages si ce n’est la faune sauvage.
2 - Impacts indirects.
Causes PRINCIPALES de régression de la biodiversité. On ne veut pas tuer mais ça conduit à cela.
a – Consommation, artificialisation des espaces.
Urbanisation, routes, zones industrielles, carrières et mines, aménagements, équipements. Fragmentation des espaces : une route coupant un site fait des dégâts qui dépassent ceux liés à la seule consommation. Exemple : effet barrage pour le déplacement d’espèces végétales, animales. Des zones d’agriculture intensive ont ce même effet. Idem: le « mitage » d’un zone par des pavillons dispersés dans celle-ci.
b – Pollutions : physique, chimique, organique, nucléaire, venant de partout et allant partout (sol, air, eau, terre ou océan). Agressions massives ou diffuses, celles-ci n’étant pas plus admissibles pour autant.
Remarques.
- En énumérant, en passant sans discontinuer d’un impact à l’autre, c’est comme si on isolait chacun d’eaux, chacun travaillant pour son compte en ignorant son voisin. En réalité, nombre d’entre eux agissent ensemble ; non seulement, ils se cumulent mais accroissent l’un l’autre leurs nocivités (effet de synergie)
- Tel effet présent peut en entraîner, en créer d’autres, divers et néfastes, demain. Des pesticides se décomposent mais leurs produits de décomposition peuvent être plus méchants encore que le produit déversé. Ces mêmes produits, dans les écosystèmes peuvent déclencher des effets en cascades.
-Rappel. Tout être vivant, végétal ou animal et dans ce dernier cas, chat ou homme, agit sur la nature. L’ennui des temps actuels est que ces impacts sont massifs et planétaires.
Autres approches d’évaluation des impacts sur la nature :
(Mêmes choses rassemblées autrement)
Le catalogue ci-dessus est une sorte de pense-bêtes courant pour étoffer sa culture générale. En fait, on affronte la question autrement. Ainsi
1 - par l’effet des activités, des aménagements. Deux exemples.
- l’agriculture intensive. Très destructrice de formes vivantes. Effets sur la ressource en eau et sa qualité, sur les milieux aquatiques dont cours d’eau et zones humides. Polluants (engrais, produits chimiques..), OGM, etc.
- le réseau routier. Infrastructures : consommations directes et indirectes d’espaces, fragmentation. Les véhicules avec notamment l’usage du pétrole (marées noires) et pollutions par les rejets.
- etc.
2 – à partir de l’évolution de milieux naturels. (destructions et dégradations) Exemples d’après « La biodiversité biologique en France » Ministère de l’Environnement, 1996.
- Forêts. Fragmentations, régressions par urbanisations, dessertes forestières, équipements de sports d’hiver en montagne. Surfréquentations. Gestion sylvicole. Enrésinement. Etc.
- Zones humides littorales. Régression par urbanisation, industries, intensification agricole. Pollutions : tout va au littoral et à la mer. Artificialisations (chenaux). Gestions hydrauliques (drainages). Chasse et pêche. Transformations en amont de ces zones (les bassins versants) et en aval (la mer).
- Vous pouvez établir de semblables listes de désastres pour les zones humides intérieures, en plaine, les cours d’eau (des ruisseaux aux fleuves), les pelouses et prairies (dont pelouses alpines), les landes des plaines et collines (il ne reste que 5% de ce qui existait il y a cent ans), les dunes, les grottes et éboulis.
Vous pouvez aussi vous concentrer sur les grands biotopes : les montagnes –pauvres Alpes ! – ou les mers et océans.
Causes générales, phénomènes planétaires se déclinant en de multiples impacts particuliers
Exemples :
- Effet de serre et changements climatiques.
- Pluies acides, couche d’ozone (ne pas l’oublier)
- Guerres avec aujourd’hui, les « conflits verts » : eau, ressources naturelles, etc.
- Démographie,
- etc.
Palmarès de la nocivité sur la nature,
Les ouvrages de vulgarisation du moment proposent les effets suivants pour ce palmarès :
- destruction des habitats et sols
- surexploitation des espèces sauvages
- pollutions
- changements climatiques
- espèces invasives.
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2. Services rendus par la nature
Une sélection parmi d’autres de services rendus par les espèces, les gènes ou les écosystèmes. Cette annexe et la précédente forment comme une pièce avec une face claire - l’offre de la nature - et une face sombre : l’abus que nous en faisons.
Nourriture.
Les emballages des supermarchés feraient presque oublier que notre nourriture vient d’espèces vivantes.
Les espèces sauvages sont encore la principale ressource alimentaire de beaucoup de pays. Cas, par exemple, pour les ¾ de la population du Ghana. Les ¾ de la pêche mondiale portent sur des espèces sauvages. Le poisson, toujours en Afrique est la première source de protéine animale. En pays développés où la nourriture devient industrielle (monocultures, élevages hors-sol), le problème est celui de la réduction du nombre d’espèces auxquelles nous recourrons ; cette réduction fragilise les perspectives d’alimentation. Pour les plantes, neuf espèces dont riz, maïs, blé représentent les 2/3 de la consommation mondiale. Pour la viande bovine, on s’appuie, parmi tout ce qu’offrirait la nature, sur 145 espèces dont 115 sont menacées. Toutes ces espèces tant animales que végétales peuvent s’écrouler – ça s’est déjà produit – parce que, en particulier, trop droguées. La biodiversité si elle n’est pas trop malmenée offre des alternatives. Elle maintient aussi la fertilité des sols ; elle le fait grâce à d’innombrables êtres vivants qui recyclent, aèrent (vers de terre), enrichissent. L’eau est épurée par des formes de vie diversifiées de tous poils et non poils. Pour fonctionner, certains végétaux doivent être pollinisés, pour l’instant, c’est gratuit. Encore que. Nous sommes en Chine dans un certain comté ; abeilles et bourdons ont été éliminés par les pesticides. Alors, les vergers sont pollinisés manuellement par des femmes et des enfants formés à cet effet. (« Biodiversité, écologie et société », R. Barbault, Revue « Ecologie et politique » n°30, 2005).
Santé.
Paracelse, médecin au 16e siècle est connu pour son « tout est poison, rien n’est poison » c’est la dose qui fait le poison. Il considérait la terre comme une vaste pharmacie. Elle l’est toujours. 80% de la population mondiale, selon l’Organisation mondiale de la santé, use de pharmacopées traditionnelles. Chez nous, il subsiste des « remèdes de bonne femme », des phytothérapies. Mais la biodiversité s’effiloche et les « simples » s’évanouissent.
En Europe, aux USA, 40% à 70% des ordonnances délivrées contiennent une substance d’origine naturelle. Emblème de l’efficacité naturelle, la moisissure qui a donné la pénicilline. La substance qui dans une plante est utilisée pour combattre une maladie est dite « principe actif ». Emblèmes : le taxol issu d’un arbre – l’if – contre des cancers, la digitaline venant d’une…digitale qui soulage les cardiaques. Dans nos sociétés, la molécule est reine. L’industrie pharmaceutique synthétise des substances actives. Elle pourrait le faire au hasard mais alors des résultats pour quand ? Le joueur de loto qui joue une grille de 6 numéros puisés dans seulement 49 chiffres a une chance sur 14 millions de gagner. (c'est-à-dire que les 6 numéros sortent). La chance pour un labo de trouver assez vite LA molécule permettant de guérir TELLE maladie est faible. Donc conserver ce que produit la nature. Se dire que telle plante non encore exploitée voire pas encore découverte, fournira peut-être un jour un nouveau médicament.
Plus généralement : "garder l’inconnu pour des raisons inconnues." (Jean Rostand cité dans la fiche « Pourquoi sauvegarder la biodiversité » sur le site « Noé conservation).
Pour une vie plus douce.
- le bois qui chauffe et meuble
- fruits, vigne et vin, café, thé, orge pour le whisky, houblon pour la bière, huile et beurre, tabac, coton, laine, lin, cuirs, peau et fourrure pour l’habillement (oui mais là attention à l’exploitation animale !). Tout n’est pas encore synthétique, émanation de pétrole.
- la biodiversité professe et renseigne aussi telle un indic. La nature peut être plagiée, de l’appareil volant de Léonard de Vinci aux véhicules pour la lune ou Mars inspirés de la locomotion des insectes. Et le velcros de la bardane !
La biodiversité prévient de malheurs pas toujours tangibles, manifestes : disparition ou pullulation d’espèces qui ainsi dénoncent une pollution ; capacité d’espèces à concentrer en elles des poisons présents dans l’air et ainsi repérables et mesurables (exemple :le thym pour la radioactivité)
On classe parmi les services rendus par la biodiversité la nature manipulée génétiquement. Hum !
Pour une vie plus exaltante.
Aspects récréatifs dont écotourisme, esthétique, intellectuel. Rôle dans l’épanouissement personnel, dans les fondements des sociétés même dans celles anti nature comme la nôtre.
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Enumérer ainsi les services rendus par la nature a peut-être une valeur pédagogique. Elle rappelle d’abord l’évidence : nous sommes de la nature et avons, par essence, besoin d’elle.
"La nature ne sera pas sauvée contre l’homme, elle doit l’être parce qu’elle constitue la seule chance de salut matériel pour l’humanité en raison de l’unité fondamentale du monde dans lequel nous vivons."
(J. Dorst. « Avant que nature meure » Ed. Delachaux-Niestlé, 1971 page 516.)