Cette notion apparaît à la fin du XVIIIe siècle à partir du moment où la division sociale du travail s’amplifie en séparant toujours davantage le travail des agriculteurs de la consommation des villes. Alors que l’autoconsommation paysanne connaît peu de problèmes d’égalisation entre la production et la consommation, une circulation des richesses à grande échelle ne peut connaître d’ajustement automatique. Cependant dans une économie monétaire, il n’y a pas production sans distribution de revenus et sans retour de ces revenus à la production par l’intermédiaire de la consommation. Il existe donc un mécanisme de transformation perpétuelle entre circulation réelle des biens et monétisation des échanges. L’existence des crises cycliques dans le capitalisme libéral remet en question cette égalité comptable entre production et consommation. Dans l’entre-deux-guerres, les entreprises ont commencé à réagir aux crises de sous-consommation en augmentant les salaires pour accroître la demande (fordisme). Après 1945, l’Etat est intervenu pour relancer la consommation et l’investissement (keynésianisme) grâce au déficit budgétaire et aux ressources redistribuées par l’Etat-Providence. Ces politiques interventionnistes ne peuvent être que ponctuelles car elles entraînent des effets pervers comme l’inflation. De toute façon, la relance de l’économie par les entreprises ou par l’Etat entraîne un gaspillage irréversible et dangereux des ressources naturelles. En effet, le circuit économique est inséré dans la biosphère, il lui prend des ressources et lui redonne des déchets.
Il n’y a équilibre durable entre production et consommation
qu’au prix d’un raccourcissement des circuits de production et de distribution
et d’un respect des écosystèmes.