La loi est un compromis. Le droit de l’environnement est inefficace parce qu’il est en contradiction avec des normes plus puissantes qui protègent les activités destructrices de la diversité biologique. L’application de la loi environnementale est à son tour un compromis. Nous en sommes donc au compromis de compromis. La vérification même de l’application du compromis de compromis est un nouveau compromis. Ce n’est pas satisfaisant, il y a des moyens pour faire bouger la loi quand elle n’est pas légitime.
1/3) La désobéissance civile
John Rawls : La désobéissance civile peut être définie comme un acte public, non violent, décidé en conscience, mais politique, contraire à la loi et accompli le plus souvent pour amener un changement dans la loi ou bien dans la politique du gouvernement. La non-violence exprime des convictions réfléchies issues des profondeurs de la conscience et justifiées par un sens de la justice largement partagé, elle exclut par principe la force brutale. Le désobéissant assume les conséquences légales de ses actes.
Hannah Arendt : L’introduction de la désobéissance civile parmi nos institutions politiques pourrait constituer le meilleur remède à cette impuissance en dernier ressort du contrôle juridictionnel.
José Bové et Gilles Luneau : si on s’attaque aux biens, ce ne peut être que dans une dimension symbolique, avec humour, à visage découvert.
Gandhi : La désobéissance civile est le droit imprescriptible de tout citoyen. La désobéissance civile ne donne jamais lieu à l’anarchie alors que la désobéissance criminelle peut y conduire.
2/3) L’écosabotage
Violence ou non-violence ? La controverse n’est pas près d’être rangée dans les placards. Combien de temps Gandhi aurait-il tenu face aux nazis ? Les plus courageux se diront ave M.L.King : « Si un peuple est capable de trouver dans ses rangs 5 % de ses hommes prêts à aller volontairement en prison pour une cause qu’ils croient juste, alors aucun obstacle ne pourra les arrêter. »
En France, la presse baptise écoguerriers les Faucheurs volontaires d’OGM ou les activistes de Greenpeace. Mais le terme s’applique à toute personne agissant pour la protection de la nature. Pour l’instant, la clandestinité ne permettrait pas de distinguer le vandalisme ou le règlement de compte d’une action d’intérêt général. De toute façon, il ne se passe pas grand chose en France, l’écosabotage a plutôt lieu dans les pays anglo-saxons.
Pour Earth First! aux Etats-Unis, l’objectif réaliste est de sauver ce qui peut encore l’être. Même si le militantisme radical subit des échecs, il demeure ce qu’il y a de mieux pour sauvegarder la nature. La loi basique de toute société humaine confère à chacun le droit de se défendre contre qui viendrait piller et détruire son habitation. Or la Terre est notre maison, elle subit des assauts destructeurs ; nous devons la défendre par tous les moyens. Contre les dégradations des milieux naturels et la réduction de la faune, Foreman exhorte ses adeptes à pratiquer le monkeywrenching. Le monkeywrenching ou écosabotage n’est jamais dirigé contre les êtres humains ou d’autres formes de vie. Il agit contre des outils et des machines qui détruisent la vie. Mais pour D.Foreman, l’écoguerrier doit se poser des questions avant de passer à l’acte : « Mon acte est-il stratégique ou n’est-il que le hurlement inarticulé signifiant rage et désespoir ? L’écoguerrier doit aussi se demander : quelle est mon audience ? Quel est mon message ? Reste-t-il des moyens légaux non encore utilisés ?
L’écoguerrier ne cherche pas à renverser le système politique ou économique en place. L’écosabotage est simplement une autodéfense non violente de la nature. Les explosifs, les armes à feu et autres outils dangereux sont habituellement évités car ils provoquent et renforcent la surveillance, la répression et la perte du soutien de l’opinion publique. En général, la désobéissance civile proteste, l’écosabotage agit pour stopper. Pour une action directe, à notre avis, le critère de jugement à retenir est l’absence ou non de morts et de blessés.
3/3 Conclusion ?
Lors d’une audition du FBI par le « Comité de l’environnement et des Travaux publics du sénat », le sénateur de l’Illinois, Barack Obama constate que les statistiques pour 2003 montrent que 74 100 crimes (# meurtres) sont motivés par des raisons raciales, religieuses, d’orientation sexuelle et 450 pour raison environnementale. Ces derniers crimes sont dus à des industriels auteurs de pollution de l’air, de l’eau et de transports de déchets dangereux dans des conditions hasardeuses. Bref un ensemble de terreurs (threats) bien plus importants que ceux de l’ALF (Animal Liberation Front) et de ELF (Earth Liberation Front). Le sénateur ajoute : « Tout en pensant que ces crimes (ALF, ELF) doivent cesser, je ne veux pas que le peuple pense que la terreur due à ces organismes est équivalent aux autres crimes qui touchent les Américains chaque jour. »
(éditions du Cygne)