L’idéologie libérale du marché substitue aux figures traditionnelles et hiérarchiques de l’autorité une décision économique largement dissociée de toutes formes de pouvoir en réalisant des ajustements automatiques. Le marché repose en effet sur la loi de l’offre et de la demande : s’il y a un déséquilibre entre les deux, le prix va alors varier jusqu’à ce que l’offre soit égale à la demande. D’un point de vue dynamique, les mérites du marché sont indéniables : la libération de l’initiative individuelle sur laquelle il repose dégage un gigantesque potentiel de créativité. La déconcentration du pouvoir de décision entre de multiples individus en concurrence lui permet également de constamment s’adapter, remodeler ses structures et modifier son mode de régulation. Mais le marché n’est que le lieu abstrait des théoriciens libéraux, la réalité est institutionnelle : il faut énormément d’organismes différents et complémentaires pour faire marcher les complexes sociétés industrialisées. De plus le dynamisme individuel n’est jamais un comportement universel, mais une attitude rattachée à ce qu’autorise l’état de la société dans laquelle on vit : or la classe globale veut toujours plus de gadgets et pense de moins en moins à l’état de la planète. Il est vrai que l’initiative individuelle ne fonctionne qu’à court terme, le marché est myope, il ne considère que le profit immédiat. Parce que le marché et la concurrence qui l’accompagne privilégie la rentabilité, cela se fait aux dépens de valeurs comme la justice, la santé, la préservation des ressources et de l’environnement.
L’humanité doit maîtriser son destin,
seule une planification de la décroissance humaine
peut la faire échapper aux errements du marché.