Depuis le départ du berceau africain, la migration a été une caractéristique de la race humaine, mais jusqu’au XVIIIe siècle, seule une minorité de personnes se déplaçait : les soldats, les marchands, les aventuriers et les brigands. La masse de la population était peu mobile et le vagabondage proscrit : on naissait, vivait et mourait dans le même village. L’émigration consiste à se couper de ses racines, elle implique une discontinuité de vie sociale, elle ne peut qu déséquilibrer les personnes et les sociétés. Mais au XIXe siècle, les exigences de la révolution industrielle tendent à élargir la recherche d’un emploi au niveau national alors même que des centaines de milliers d’immigrants quittent l’Europe pour atténuer les tensions sur le marché du travail. Maintenant que la planète tout entière est occupée et que l’emploi se fait rare, des quotas limitent la circulation de la main-d’œuvre que ce soit au Nord ou au Sud : la Côte d’Ivoire a instauré une carte de séjour pour lutter contre l’afflux d’étrangers, le Nigeria a expulsé une année 700 000 travailleurs illégaux. Alors que les humains ont atteint les limites de leurs frontières, celles de la planète, ils doivent dorénavant se contenter du territoire où s’expriment leurs solidarités de proximité. Les Inuits n’émigrent pas, leur terre recouverte de son manteau neigeux huit mois sur douze leur paraît trop précieuse. Imite les Inuits, vit dans ta région et récuse les migrants à la recherche d’emplois techno-industriels ainsi que les touristes à la recherche de sensations illusoires. Que les humains se contentent de rechercher par leur éducation et une certaine communication à distance une plus grande homogénéité de pensée.
Le droit de se déplacer selon son désir individuel empiète sur les capacités de la Biosphère,
Les humains peuvent cohabiter sans migrations de masse.