Il existe encore de l’Amazonie à l’Arctique des conceptions qui n’opèrent pas de distinction tranchée entre la Nature et la société humaine. Cependant dès le XVIIe siècle, l’occident définit systématiquement la nature comme le domaine des choses extérieures. Cette vision du monde qui sépare l’humain et le non-humain en deux domaines radicalement distincts a permis à la science de s’épanouir et à l’économie de prospérer. La liberté totale de l’expérimentateur humain a conduit à une transformation de la Biosphère si radicale que le concept d’une nature autonome n’est plus aujourd’hui qu’une fiction : l’influence des activités humaines est du même ordre de grandeur que les transformations produites par la nature elle-même. La nature ayant été englouti dans la sphère de l’artificiel, la pensée doit nécessairement tenter une nouvelle synthèse entre les humains et la Biosphère. L’humanité ne peut transformer sans dommage la Nature qui est soumise à des cycles lents que ne peuvent maîtriser les humains. En reconnaissant une autre volonté, celle d’une Biosphère sans volonté de puissance mais matrice de toutes choses, les humains peuvent revenir au sens du sacré sans se perdre dans des discours anthropocentrés.
Les humains doivent redevenir à ce qu’ils n’auraient du jamais cessé d’être,
des jardiniers obéissant aux règles de la reproduction de la biodiversité,
des chasseurs-cueilleurs respectant les cycles vitaux.