Dès les années 1930, on a développé à l’échelon industriel la transformation des cadavres et des déchets animaux en protéines, recyclées dans l’alimentation animale. Ce procédé offrait un double avantage. Il permettait d’abord de disposer d’un apport protéique, à haute valeur énergétique. Il permettait ensuite d’en finir avec l’enfouissement dans le sol de cadavres d’animaux morts de maladies infectieuses. On faisait ainsi une croix sur l’époque du charbon et des champs maudits d’avant Louis Pasteur. Ce recyclage est aujourd’hui à l’origine d’un prion pathologique dans les aliments pour le cheptel bovin, un agent infectieux d’un nouveau type constitué d’une seule protéine. La protéine suspecte fut baptisée PrP (prion protéine). Il en a résulté l’ESB, encéphalite spongiforme bovine, maladie de la « vache folle ». Un recyclage avec destruction de l’agent de l’ESB nécessiterait une température de 133° pendant vingt minutes sous une pression de trois bars. Ce coût en énergie a été évité en Grande-Bretagne, alors le prion est devenu le vecteur d’un franchissement de la barrière des espèces. On tenait pour acquis qu’un prion était caractéristique d’une seule espèce, par exemple les ovins avec la tremblante du mouton, les bovins avec l’ ESB ou les humains avec la maladie de Creutzfeld-Jacob. Mais l’ESB s’est transmise à des chats nourris de viande bovine, puis aux humains. La Biosphère est une entité trop complexe même pour les techniques humaines ; les mécanismes de recyclage doivent être sauvegardés plutôt que déviés de leur évolution naturelle.
Le recyclage est une fonction de la Nature,
Appuyez-vous sur Elle et ne forcez pas le cours normal des choses.