1. Les destructions par le système capitaliste sont de plus en plus importantes et les réparations de moins en moins efficaces. Cela vaut aussi en matière de santé.
2. Il y a de plus en plus de médecins et de plus en plus de malades.
3. Les maladies épidémiques les plus répandues sont toutes des maladies dégénératives de civilisation que la médecine ne sait ni prévenir, ni guérir : cancer, maladies cardio-vasculaires…
4. La médecine contribue à la multiplication des maladies de deux manières. En incitant les gens à porter leur maladie chez le médecin, la société les détourne de s’en prendre aux raisons fondamentales de leur mal-être. En encourageant la dépendance médicale, le médecin ajoute ses propres poisons à ceux du mode de vie industrialisé.
5. Etre en bonne santé, c’est être capable d’assumer la maladie, comme d’ailleurs la puberté, le vieillissement, l’angoisse de la mort… Or la surmédicalisation dispense et empêche l’individu d’assumer tout cela. Elle multiplie les malades. C’est ce que Illich appelle la iatrogénie structurelle, c’est-à-dire l’engendrement permanent de la maladie par l’institution médicale.
6. Le travail parcellaire salarié et les rapports marchands détruisent chez l’individu l’autonomie et les motivations qui les rendaient capable d’assumer sa vie, sa santé, ses maux et sa mort.
7. Les fondements de la santé sont extramédicaux, à savoir : la réconciliation des individus avec leur travail, leur environnement, leur communauté.
8. Le but de cet exposé est d’inciter les gens non pas à refuser tous les médicaments et soins médicaux, mais à reprendre le pouvoir sur leur maladie, sur leur corps et leur esprit. Qu’ils mettent en cause tout ce qui les rend malades dans leur vie quotidienne : l’école, l’usine, le pavillon à crédit, etc.
source : résumé de l’introduction du livre Ecologie et politique d’André Gorz (Galilée, 1975)