Nous pensons que la participation à Facebook n’est pas une bonne chose. Par exemple :
- Cet hiver, une britannique a annoncé son projet de suicide aux 1048 « amis » de son « réseau social » Facebook. Au bout du compte, 148 commentaires sous son message, pas un coup de fil aux urgences, et une morte. Ce fait divers en dit long sur la vacuité des échanges en milieu virtuel.
- Dans la vraie vie, on compte au plus quatre amis, les 10 % des mieux pourvus en ont une quinzaine. Mais sur Facebook ou Myspace, les utilisateurs ont en moyenne entre 130 et 150 amis, certains en ont des milliers. L’amitié n’a alors plus aucun sens, elle relève d’une vision comptable du rapport humain. Jusqu’à l’apparition des réseaux sociaux », être ami signifiait partager pensées et émotions dans un rapport direct à l’autre, avec une autre personne ou un groupe réduit. Sur Facebook, être ami se réduit à envoyer des informations. Mais exposer sa vie privée ne suffit pas à créer de l’intimité et du lien. Ce grand déballage devant 500 personnes dont on attend une réaction pour se sentir exister favorise le repli sur sa sphère individuelle, sa bulle, et l’hypercommunication avec sa tribu.
- Sous son onglet inscription, Facebook annonce fièrement « C’est gratuit (et ça le restera toujours) ». Pourtant ce réseau est valorisé à 50 milliards de dollars ! Mark Zuckerberg est assis sur un tas d’or : les données personnelles de ses 630 millions de membres. En révélant beaucoup d’eux-mêmes, ils permettent à Facebook de vendre des espaces ciblés aux publicitaires. Un post à vos amis annonçant l’anniversaire de votre compagne et vous recevrez une pub pour des bijoux ! Face book propose aussi aux entreprises et aux « people » de créer leur page de fans qui leur sert de vitrine commerciale. Coca Cola rassemble 4 millions de fan, trois millions de pages de marques sont actives, l’utilisateur moyen aime 8,7 marques : chaque fan se transforme en « ambassadeur de la marque ». L’info circule, le publicitaire, lui, peut se reposer : le consommateur fait son boulot. Et le pire, c’est qu’il en redemande !
Source : mensuel la Décroissance, avril 2011