1) Tout le monde est écolo par définition
Par définition, tous les citoyens sans exception sont concernés par l’écologie, c’est-à-dire la meilleure manière de parler (logos) de notre maison la Terre (éco, oïkos).
L’écologie déborde donc largement la division droite/gauche : « L'écologie politique ne sera jamais neutre vis-à-vis du clivage droite-gauche quand il s'agit de choisir entre des politiques qui favorisent les privilégiés et celles qui se préoccupent des démunis. Pour autant, les écologistes et les gauches ne sont pas des alliés naturels. Ils n'ont pas le même ancrage historique et ne s'inscrivent pas dans le même horizon. Marqués comme la droite au fer rouge du productivisme, fascinés par ses fétiches et ses addictions, la social-démocratie et les courants marxistes restent éloignés de l'essentiel du paradigme écologiste. » (manifeste EELV pour une société écologique, novembre 2010)
2) L’écologie est le tout, le social et l’économique ne sont qu’une partie de la biosphère
Si demain nous n’avions plus de pétrole, ni gaz, ni charbon, ce n’est pas 4 % du PIB que nous perdrions (la place de l’énergie dans le PIB), mais près de 99 %. (Changer le monde, tout un programme de Jean-Marc Jancovici)
« Une autre manière de penser, c’est de transformer l’économie politique en écologie politique ; je veux dire que les flux retracés et mesurés par l’économiste doivent être reconnus comme dérivations entées sur les circuits de la Nature. Parce que la Comptabilité Nationale est fondée sur les transactions financières, elle compte pour rien la Nature à laquelle nous ne devons rien en fait de payement financier, mais à laquelle nous devons tout en fait de moyens d’existence.
Le terme d’infrastructure est à présent populaire, il est bon d’avoir donné conscience que nos opérations dépendent d’une infrastructure de moyens de communication, transport, et distribution d’énergie. Mais cette infrastructure construite de main d’homme est elle-même superstructure relativement à l’infrastructure par nous trouvée, celle des ressources et circuits de la Nature. »
(Arcadie, essai sur le mieux vivre de Bertrand de Jouvenel, 1968)
3) L’écologiste intériorise les intérêts des acteurs absents
Acteur absent (ou tiers absent) : Acteur qui ne peut prendre la parole lors d’une négociation, ou qui n’est pas invité à la table des négociations. EXEMPLE : milieu naturel, êtres vivants non humains, générations futures. (Dictionnaire du développement durable, AFNOR 2004).
On croit alors que c’est une procédure démocratique que de décider sans les acteurs absents de ce qui les intéresse au premier chef. Une telle délibération ne peut qu’entraîner de mauvaises décisions dans l’espace et/ou le temps. L’écologiste, élu ou non, doit donc s’exprimer au nom des acteurs absents.
4) L’écologie scientifique indique que tous les indicateurs ont au rouge
Le mot écologie a été inventé en 1866 pour désigner une science naissante qui étudie le biotope (territoire offrant des possibilités de vie durable pour une espèce) et la biocénose (ensembles des êtres vivants dans un même milieu). Etude longtemps limitée à des milieux spécifiques, l’écologie est devenue une approche globale des problèmes.
L’écologie scientifique démontre que tous les indicateurs de la planète sont dégradés (stress hydrique, épuisement des ressources fossiles, des réserves halieutiques, des sols…, réchauffement climatique, etc.). Les écolo-sceptiques en général et les climatosceptiques en particulier sont dangereux en ce sens qu’ils nous empêchent de prendre en compte l’urgence écologique
5) L’écologie politique est donc nécessaire
L’écologie politique porte en elle l’urgence écologique. Elle est nécessaire puisqu’il y a des décisions à prendre. Les décisions sont difficiles car il faut inverser les pratiques actuelles qui cultivent la démesure et le culte du progrès technique.
Le rapport du club de Rome sur les limites mondiales de la croissance date de 1972. En France, la date symbolique de l’écologisation de la politique est la présidentielle de 1974 avec la candidature de René Dumont. Les Verts naissent en 1984. Après l’ouverture à la société civile voulue par Europe Ecologie lors des européennes de juin 2009, il y a fusion avec les Verts à Lyon le 13 novembre 2010. Lors de la primaire d'Europe Ecologie-Les Verts le lundi 6 juin 2011, il y avait plus de 30 000 votants. EELV compterait 35 357 membres dont 16 452 adhérents au parti et 18 905 coopérateurs.
6) La dérive bureaucratique d’un parti écolo est possible
Deux poids, deux mesures ! La formation d’un militant de base est bénévole, peu structurée nationalement… à chaque groupe local de prendre en charge ses nouveaux adhérents comme ses anciens. Par contre la formation Cédis (Centre d'écodéveloppement et d'initiative sociale), payante et importante, s’adresse aux élus. Triste coupure entre la base et les élus.
Plus un parti se développe, plus la logique de l’organisation prime la logique des idées. Confondue avec le parti, l’organisation permanente, de moyen devient une fin, à laquelle on peut finir par tout subordonner : principes, convictions personnelles, etc. Toutes les grandes organisations devant mener à bien des tâches complexes connaissent nécessairement un processus de bureaucratisation : le parti devient un parti de cadres et non un mouvement de militants. Les dirigeants du parti risquent alors d’adopter un comportement de plus en plus autocratiques.
Pour briser cet enchaînement néfaste, la formation permanente dans un parti démocratique et militant est donc une nécessité absolue. Le débat d’idées ne doit pas être étouffé par les impératifs de l’organisation. En 2008 on dénombrait environ 2000 élus pour quelque 6000 adhérents.
7) La formation permanente de tous est un contre-pouvoir
Le sens des limites de la planète n’est pas déterminé à l’avance, il doit être socialement défini et mis en application. D’où la nécessité pour les militants de discuter de tous les aspects de notre société.
Par exemple la sortie du nucléaire. Le scénario Négawatts inverse le raisonnement traditionnel qui part des ressources (l’offre d’énergie). Il faut analyser d'abord les usages et les besoins (la demande d’énergie). Or le niveau de besoin résulte de conventions sociales qui doivent être discutées : par exemple, la voiture électrique est-elle une voiture propre ? Faut-il abandonner la voiture individuelle ? Quel mode de déplacement doit-il être favorisé ? Comment ? Etc.
Les élus se feront les porte-parole de ces discussions, le projet politique doit remonter d’en bas et non l’inverse.
On peut consulter le réseau de documentation : http://biosphere.ouvaton.org/
8) Un militant écolo doit avoir l’esprit associatif
L’enjeu est dorénavant de construire un parti réseau, un parti social multiforme. Coopérative, ou mouvement, réseaux ou cercles, l’important est moins dans l’appellation que dans la capacité à créer une forme d’appartenance commune à ce qu’on pourrait appeler un « peuple écolo ». La participation d’un militant écolo à une association à but environnemental est donc recommandée.
Le Parti socialiste a une politique similaire : les membres du PS « doivent appartenir à une organisation syndicale de leur profession et au moins à une association » (statuts du Parti socialiste – titre 2, les militants - Article 2.2 : obligations syndicales et associatives des adhérents).
Savoir aujourd’hui à quelle association adhérer pour soutenir notre combat politique relève d’une analyse des statuts de cette association. Par exemple Attac a « pour objet de produire et communiquer de l’information, de promouvoir l’éducation populaire, ainsi que de mener des actions de tous ordres en vue de la reconquête, par les citoyens, du pouvoir que la sphère financière exerce sur tous les aspects de la vie politique, économique, sociale et culturelle dans l’ensemble du monde. Parmi ces moyens figure la taxation des transactions sur les marchés financiers. » Il n’y a nulle trace dans ces objectifs de préoccupation explicite à propos des rapports entre l’homme et la nature. Attac s’intéresse aux conséquences économiques et socio-politiques, pas aux conséquences écologiques.
9) Un militant écolo montre l’exemple de la sobriété personnelle
Autant le système politique privilégiait pendant les Trente Glorieuses l’intervention de l’Etat (pratique keynésienne, Etat-Providence), autant le tournant libéral depuis les années 1980 privilégie les entreprises et la responsabilité individuelle. Le résultat est le même, société de surconsommation et du gaspillage. La recherche des limites est un passage obligé pour permettre un équilibre durable entre les possibilités de la planète et l’harmonie sociale, mais la simplicité volontaire ne se décrète pas : c’est un choix personnel.
Individuellement nous devrions adopter le principe suivant : Faire preuve le plus possible dans ma vie de sobriété énergétique et d’autolimitation pour construire avec autrui une société plus conviviale et plus égalitaire. Je mets ainsi en place un système d’interaction spéculaire : Tu fais, parce que je fais, parce que nous ferons tous de même... L’écologiste devrait être un modèle de comportement.
10) Le lieu d’action à privilégier, la communauté de résilience
Il n’y a de véritable démocratie locale. Un système démocratique durable est d’autant mieux préservé quand l’Etat central a programmé la mise en place d’une autonomie territoriale. Des communautés de résilience peuvent nous préparer au pic pétrolier, au changement climatique et à la crise économique afin de mieux y résister.
Le projet 2012 d’EELV va dans ce sens : « Tout comme le réchauffement de la planète, la rareté à venir, la décroissance proche et rapide de la ressource en énergie fossile et en pétrole ont été annoncées depuis longtemps par les écologistes (…) Le soutien à des mécanismes d’action publique tels que les projets de gestion communautaire doit devenir prioritaire afin d’intégrer des objectifs comme la protection des peuples premiers, la préservation de la biodiversité, la souveraineté alimentaire, et des solutions innovantes (ville en transition…). Ces systèmes innovants alternatifs pourraient à terme se substituer au système de marché carbone. »
source : http://eelv.fr/le-projet/
11) Un parti doit couvrir l’ensemble de l’espace, local, national, européen, international
Une action raisonnée de l’écocitoyen est une subtile synthèse, elle découle d’une pensée ancrée dans l’espace mondial et dans le long terme qui s’accompagne d’une pratique qui s’exerce de préférence dans son milieu d’appartenance.
Le terme qui résume le mieux cette disposition d’esprit est glocal, fusion des deux mots « global » et « local » : agir localement tout en pensant globalement. EELV a pour vocation d’agir à tous les niveaux, comportements individuels, cohérences territoriales, décisions nationales ou européennes, conférences mondiales.