Lors de sa signature il y a 40 ans, la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d’extinction était visionnaire comme l’ont souligné les discours prononcés à Bangkok à l’occasion de l’ouverture de sa 16ème session plénière. Aujourd’hui elle est retardataire.
(Bangkok, Thaïlande - le 4 mars 2013) IFAW appelle toutes les ONG de protection des animaux à discuter ensemble des solutions permettant de renforcer la coordination sur le terrain alors que débute la 16e Conférence des Parties (CoP) de la Convention sur le commerce international des espèces de faune et de flore sauvages menacées d'extinction (CITES) à Bangkok.
« On compte aujourd'hui plus de 50 ONG participant à la CITES. Elles jouent un rôle plus important que jamais, et pèsent d'autant plus dans les décisions lorsqu'elles font front commun », explique Azzedine Downes, Directeur général d'IFAW et chef de la délégation d'IFAW à la CITES.
« Aucun État membre ou ONG ne peut à lui seul assurer la protection des éléphants. La coopération sur le terrain entre les différentes parties impliquées est donc essentielle pour garantir la conservation des espèces animales à terme. C'est pourquoi je pense que les directeurs des différentes associations gagneraient à se réunir et à réfléchir sur la manière dont ils peuvent améliorer la coopération entre leurs structures afin de mieux protéger les animaux. »
« Cette année, de nombreuses propositions essentielles sont inscrites à l'ordre du jour. Nous voulons rappeler aux Parties que l'application stricte et efficace des législations en vigueur doit être la priorité absolue. Par ailleurs, les décisions portant sur la terminologie ou les sujets techniques doivent s'appuyer sur le principe de précaution et doivent placer la conservation des espèces au-dessus de toute autre considération », précise M. Downes.
Le cas des ours polaires, victimes emblématiques du changement climatique, sera étudié lors de cette conférence. On ne dénombre plus que 20 000 à 25 000 ours polaires sauvages au Canada, au Groenland, en Norvège, en Russie et aux États-Unis. Les spécialistes estiment que les deux-tiers de la population mondiale d'ours polaires auront disparu d'ici le milieu du siècle à cause de la perte d'habitat naturel, elle-même imputable au changement climatique.
« Les populations d'ours polaires ont subi de lourdes pertes et nous devons faire tout le nécessaire pour les sauver », déclare Jeff Flocken d'IFAW. « Cette espèce répond parfaitement aux critères d'inscription à l'Annexe I de la CITES. Refuser de soutenir la proposition des États-Unis de l'inscrire à l'Annexe I reviendrait à condamner ce magnifique animal à une fin certaine. »
Il y a trois ans, la CITES avait lancé le Plan d'action pour l'éléphant d'Afrique, une stratégie multilatérale visant à endiguer la crise que traversent les populations d'éléphants en Afrique. Celui-ci fixe plusieurs priorités et objectifs, notamment « la réduction des abattages illégaux des éléphants et du trafic des produits dérivés des éléphants ».
« De nombreuses propositions à l'ordre du jour de cette année concernent le Plan d'action pour l'éléphant d'Afrique. Nous soutiendrons résolument les initiatives visant à faciliter la mise en œuvre de ce plan et à améliorer de fait l'application des lois si nécessaire dans la lutte contre le braconnage », explique Jason Bell d'IFAW. « Nous appelons également les pays à soutenir financièrement le Fonds pour l'éléphant d'Afrique, essentiel à la concrétisation du Plan d'action. »
Une autre thématique clé sera abordée cette année : l'avenir de plusieurs espèces de requins, menacées par la surpêche et la pêche aux ailerons. Cette pratique consiste à sectionner l'aileron du squale pour en faire une soupe et à rejeter l'animal amputé à la mer, qu'il soit mort ou encore vivant.
« Pas moins de 100 millions de requins sont capturés chaque année à cause de la pêche aux ailerons et de la surpêche », détaille le Dr. Ralph Sonntag. « Nombre d'entre eux se voient retirer leur aileron et rejeter sans aucune autre forme de considération à la mer, même s'ils sont encore en vie. En conséquence, les populations de certaines espèces ont diminué de 80 %. D'autres ont quasiment disparu. »
« Nous exhortons les Parties à reconnaître la situation dramatique de plusieurs espèces de requins et de raies et à les inscrire à l'Annexe II de la CITES. Cette décision contribuerait à mettre un terme au déclin brutal des différentes populations concernées et permettrait de collecter des informations plus précises sur leur état de santé. »
(Bangkok, Thaïlande - 5 Mars 2013) - La délégation de l'Union européenne qui participe à la conférence internationale de la CITES met tout en œuvre pour compromettre l'avenir des ours polaires. Alors que les États-Unis, soutenus par la Russie, sont à deux doigts de faire approuver l'inscription à l'Annexe I de l'ours polaire et par conséquent l'interdiction du commerce international pour cette espèce, l'UE vient d'avancer une autre proposition qui permettrait au Canada de maintenir ses quotas de chasse, pourtant non durables. Ce faisant, l'UE va à l'encontre de la communauté internationale et de ses propres citoyens qui veulent sauver cette espèce déjà fortement menacée par le changement climatique et le commerce des parties dérivées telles que les griffes, les dents et la peau.
« Il s'agit là d'une tentative égoïste et déplorable de ne pas perdre la face », déclare Céline Sissler-Bienvenu, Directrice d'IFAW France. « L'UE essaie désespérément de rester dans le jeu en avançant toutes sortes de propositions, mais ce sont les ours polaires qui en paieront le prix. »
Le Canada est le seul pays au monde qui continue à exporter des parties d'ours polaire. Du fait de la rareté de l'animal, les prix ont atteint des niveaux record ; le nombre de peaux d'ours polaires mises aux enchères dans un seul hôtel des ventes a augmenté de 375 % au cours des cinq dernières années. Parallèlement, les quotas de chasse sont allés croissant pour répondre à la demande. Ainsi, les quotas de chasse pour la population d'ours polaires de l'ouest de la baie d'Hudson ont triplé en 2011, en dépit des avertissements du Groupe des spécialistes de l'ours polaire et du gouvernement fédéral du Canada, puis ont été revus à la hausse en 2012.
« La proposition de l'UE n'a rien d'un compromis : c'est un aveu de défaite. Elle ne réduit en rien le commerce légal non durable au Canada », explique Nikita Ovsyanikov, scientifique russe membre du Groupe des spécialistes de l'ours polaire de l'UICN. « Pire, elle alimentera le trafic et le braconnage des ours polaires de Russie. »
À propos d'IFAW (le Fonds international pour la protection des animaux)
Fondé en 1969, IFAW sauve les animaux en détresse tout autour du globe. Grâce à des projets dans plus de 40 pays, IFAW vient en aide à tout animal le nécessitant, œuvre pour prévenir la cruauté envers les animaux et plaide pour la protection des animaux sauvages et de leurs habitats. Pour plus d'informations, visitez notre site web : www.ifaw.org. Suivez-nous sur Facebook et Twitter.