Bonjour à toutes et à tous,
Je n'ai aucune vocation à fournir en kit la recette pour sauver la planète en 10 leçons.
Pour ce qui concerne ce que je réalise sur mes "territoires d'action", c'est :
- un travail sur moi, comment me désintoxiquer progressivement de l'addiction à l'hyper consommation, réduire le plus possible mes besoins pour peser la moins possible sur la planète en acceptant mes contradictions, sans ce préalable le reste n'aurait aucun sens
- lire, beaucoup de lectures des pionniers de l'écologie aux ouvrages actuels (Entropia, Kempf, Morin, Diamond, Latouche...) et revues écolos (l'an 02, l'écologiste, la revue durable, Silence, l'âge de faire, la décroissance..) pour tenter de comprendre ce qui se joue
- renforcer mon autonomie alimentaire, acheter un terrain (1/2 ha, 2500 €) et y planter des arbres à fruits et à coques, semer des légumes, des céréales, des légumineuses, installer un poulailler, intégrer une AMAP, une coopérative d'achat en demi gros de produits bio
- construire localement un réseau d'amis et de copains, y développer le troc, les fêtes...
- voter avec son caddie, transférer progressivement l'achat de produits industriels de mauvaises qualités vers des produits locaux bio notamment grâce à la création d'une monnaie locale
- dans mon environnement repérer ceux qui partagent la même vision de l'avenir, développer une université populaire de l'environnement pour informer, mobiliser, encourager au passage à l'action, participer aux développement de groupes de transition qui mettent en place des AMAP, SEL, guides des alternatives, jardins partagés, fêtes, ressourceries, coopératives de production d'ENR, écolieux..., participer à diverses associations, travailler à la convergence des différentes dynamiques écolos qui existent sur le territoire
- intégrer les Verts, le BER, créer le groupe local, pour mieux comprendre les enjeux de pouvoir et pourquoi ça ne marche pas :), pourquoi les changements de société ne pourront pas être descendant, être candidat aux cantonales, législatives, peut être aux municipales, participer à Avenir écolo pour tenter de ramener EELV à ses fondamentaux, écrire sur les listes...
Cela m'est possible parce que j'ai 57 ans, que j'ai acheté il y a 25 ans une vielle ferme en ruine que nous avons restauré, que mes deux filles sont maintenant autonomes, que je n'ai pas de crédits à rembourser et de moins en moins de besoins :) et aussi probablement (c'est la rançon de la connaissance) une peur bleue de l'avenir qui me pousse au cul. Tout le monde n'a pas forcément la possibilité de devenir un activiste à ce niveau, mais si déjà "chacun faisait sa part"
Il y a aujourd'hui beaucoup de gens qui sont dans les alternatives et qui vont dans cette direction, si c'était l'option politique que choisissait EELV et si une majorité des adhérents, chacun en fonction de ses possibilités, allait dans cette direction, nous pourrions ainsi participer au rassemblement du peuple de l'écologie, atteindre plus facilement la masse critique et faire basculer la société du bon coté.
Dans Face au FN, publication du CEDIS, Erwan Lecoeur écrit "on ne combat efficacement le FN ni dans les rues seulement, ni dans les livres uniquement. On ne s'oppose efficacement à ces visions morbides qu'en proposant une autre vision du monde, à la fois souhaitable et possible. Face à un problème politique majeur, il faut faire œuvre d'influence et engager une lutte en terme d'imaginaire. Le reste de l'activité politique n'aura que peu d'efficacité à terme : la bonne conscience, les manœuvres et les tactiques électorales, les leçons de morale sans fond, les gros bras ou les ego, les défenses de chapelles et les anathèmes croisés ne serviront qu'à repousser le problème, ou le renforcer sans lui faire face."
N'attendons pas que le changement d'imaginaire arrive d'un sauveur bienveillant ou que des lois magiques tombent du ciel. C'est chacun d'entre nous de le construire dans son quotidien et c'est le cumul de ces changements locaux qui fera changer le monde "Soyons le changement que nous voulons voir dans le monde" disait Ghandi.
Faisons en sorte que la sobriété joyeuse imprègne nos vies, qu'elle soit plus attractive aux gens qui nous entoure que l'hyper consommation ou le repli sur soi identitaire ou religieux et nous aurons gagné. C'est un changement de paradigme, non plus la prise de pouvoir par le haut mais par le bas. Par exemple un élu ne travaillerait plus à construire sa carrière politique mais au contraire à sa perte, son objectif serait de rendre ses administrés autonomes, de faire en sorte qu'ils puissent se passer de lui. Pour qu'il le fasse il faudra qu'il y trouve plus de plaisir, pourquoi-pas ?
Utopie ou hyper réalisme ?
Pascal Bourgois