La classe globale est passée du concret à l’abstrait, de la pomme de terre à la purée industrielle et aux chips. Le jeune consommateur occidental évolue dès sa naissance entre briques et boîtes, poudres et flacons. Il perd conscience de la vache derrière le yaourt, du poisson derrière le pané, il participe d’une cuisine reconstruite pour laquelle l’éloignement visuel entre la table et le végétal ou l’animal est immense. Manger n’est plus un acte proche de la Nature, il est médiatisé par les produits techno-industriels, les fantasmes socioculturels et l’abondance artificielle. Le boulimique et les obèses payent très cher la perversité de ce système : dévalorisation de soi, souffrance psychique, solitude et problèmes physiologiques. L’anorexie est l’autre facette de cette pathologie. Ne plus ressentir personnellement la dureté du travail de la terre et appréhender chaque jour l’origine des ressources alimentaires déséquilibre profondément l’espèce humaine. La génération ancienne faisait son propre pain, la suivante porte sa farine chez le boulanger, une troisième échange de l’argent contre son pain, l’actuelle se procure son pain industriel dans la grande surface à la périphérie de la ville. Le système actuel est si artificiel, il demande une dépense d’énergie fossile tellement forte, qu’on peut affirmer qu’il n’est pas durable.
La génération ancienne faisait son propre pain,
La génération future fera son propre pain.