Un de nos gros défauts est que nous ne savons pas interpréter les signaux faibles, faibles pour le grand public. Nous continuons à nous vautrer avec délices dans la myopie du court terme, en nous disant que l’on peut bien sortir toutes les voiles, en allant gaiement vers le coup de tabac. Moi, devant ma porte, dans ma voiture, au restaurant, partant en vacances, je n’ai pas encore vu grand chose de négatif. Tout ce que j’ai vu, c’est le bulletin météo qui m’annonce que la tempête arrive, mais je peux très bien zapper sur une émission de téléréalité et oublier tout ça. Non seulement nous ne sommes pas prêts, mais la puissance publique continue de concevoir des plans pour l’avenir qui supposent de mettre le bateau sous spi quand l’ouragan arrive. Nous fonçons droit sur la crise massive par manque de ressources environnementales.
Dans les pays démocratiques, les élus sont quand même un peu élus pour diriger, et il n’y a pas de direction sans projection de l’avenir. Et le clivage politique devrait se faire entre ceux qui croient que les limites physiques s’imposent à nous et ceux qui n’y croient pas. Osons le dire : celui ou celle qui arriverait, aujourd’hui, avec les idées claires sur la contrainte des ressources naturelles, et qui aurait un programme bien bâti pour y répondre, avec un mélange de souffle nouveau et d’efforts pour chacun, celui-là ou celle-là pourrait être audible. Osons le dire : il nous faut un nouveau de Gaulle, et il nous le faut sous trois ans tout au plus.