Les ressources du monde ne sont pas seulement des ressources pour les êtres humains. Légalement, nous pouvons posséder une forêt, mais si nous détruisons les conditions de vie en forêt, nous transgressons une forme de l’égalité. L’égalité de droit à vivre et à s’épanouir est un axiome éthique intuitivement évident. Sa restriction aux humains est un anthropocentrisme aux effets négatifs sur la qualité de vie des humains eux-mêmes. Cette qualité dépend en partie de la satisfaction que nous recevons de notre étroite association avec les autres formes de vie. Tenter d’ignorer notre dépendance et d’établir avec la nature un rôle de maître à esclave a contribué à l’aliénation de l’homme lui-même. (Arne NAESS Ecologie, communauté et style de vie, 1976)
Toutes les sociétés sont guettées par l’anthropocentrisme, les hommes croient facilement que leurs buts historiques et locaux sont ceux, universels, de la nature humaine. Mais c’est l'intégrité du milieu naturel qui est un universel, une condition nécessaire de toutes les activités humaines. Parler de droits de l'homme et de bien-être des populations est vain lorsque ces populations n'ont pas accès aux biens fondamentaux, qui sont très largement des biens naturels comme la santé ou des milieux sains. (Fabrice Flipo, 2002)
L’humanisme qui consiste à tout ramener à l’homme- - surtout occidental – instaure un anthropocentrisme aussi dévastateur pour le reste de la création qu’il est hégémonique. (Jean-Pierre Dupuy Pour un catastrophisme éclairé (quand l’impossible est certain), 2002)
Nous ne retrouverons pas la nature perdue. L’enjeu est de préserver l’humanité, tant en ce qui concerne ses conditions physiques d’existence qu’en ce qui concerne l’idée d’humanité et les idéaux moraux qui lui sont attachés. Je suis un défenseur d’un « anthropocentrisme affaibli » ; en clair, je suis pour la reconnaissance d’une valeur intrinsèque de la nature, en dehors de l’usage qu’on peut en faire, mais au sein d’une hiérarchie qui place une humanité généreuse et solidaire du vivant au sommet. (Dominique Bourg, la nature est devenue abstraite pour l’homme (Terraeco, mai 2010)