Dans la société grecque ancienne, il y avait déjà tout un courant de pensée hostile aux athlètes qui pensait qu’on ne saurait tenir en considération un homme pour la valeur de ses pieds. Les médecins de la tradition hippocratique ne sont pas en reste, eux qui observent le mode de vie des athlètes pour y inventorier tout ce qui peut nuire à la bonne santé de l’humain ordinaire. Puis aux temps de l’Ancien régime, le sport se limitait à des concours toujours inscrits dans des sociabilités et des fêtes du peuple, des activités où on n’a pas normalement besoin d’athlètes aux musculatures particulièrement développées. Mais l’expansion industrielle au XIXe siècle en Angleterre fait de nouveau apparaître l’athlète. Le sport moderne est en effet étroitement lié à l’idée d’un progrès indéfini dans les techniques du corps, le corps est à la fois instrumentalisé et médicalisé. Si le sport revendique pourtant au début le plaisir de la compétition, apparaît très vite l’appât du gain. Comment est-il possible que nous accordions tant d’importance à des épiphénomènes tels que celui de savoir qui est l’homme le plus rapide de la planète sur cent mètres ou quelle est l’équipe de football qui marque le plus de buts dans le Mondial ? Par contre l’homme le plus courageux pour lutter contre l’iniquité ne fait pas recette et la femme la plus acharnée à combattre la pollution ne pourra remplir que moins de la moitié d’un stade. Il faut ignorer le sport d’élite, et plus généralement le sport-spectacle. Il n’y a de véritable compétition qu’avec soi-même, les humains ne doivent pas chercher l’exploit et le fric, mais la bonne santé de la Biosphère.
Le seul sport qui fait du bien à tous, c’est la marche à pied
Que l’on pratique pour soi ou entre amis.