Le découpage de l’espace terrestre en territoires nationaux est achevé. A l’enfermement planétaire qui pèse sur l’humanité s’ajoute un confinement territorial qui fait de la notion d’expansion un synonyme de guerre de conquête. Dans l’héritage du passé, la composante la plus puissante semble bien être la fidélité au groupe. Les attitudes qui s’en écartent sont flétries par un riche vocabulaire à connotation morale : désertion, défection, trahison, félonie, cependant que d’autres termes célèbrent les efforts pour s’y conformer : fidélité, héroïsme, esprit de sacrifice. Or rien n’est plus contraire à la maîtrise de la relation de l’espèce humaine avec sa planète que cette tendance à la division et à l’affrontement fondé sur la fidélité au groupe. Le problème planétaire appelle une solidarité planétaire qui transcende les intérêts sectoriels.
La question fondamentale est de savoir ce qui se passerait si le système démocratique libéral devait faire face, en rencontrant les limites de la Terre, à une régression économique plus ou moins brutale, voire à un effondrement. La Russie et la Chine se sont ralliées à l’économie de marché. La différence majeure avec la situation qu’a connue les systèmes de type soviétique est donc qu’il n’existe pas de modèle de société sur lequel se replier. Ce pouvoir ne sait pas gérer une économie à croissance nulle et encore moins négative. Il ne sait pas s’assigner comme objectifs les termes stagnation, récession, déclin, qui de façon significative sont chargés de connotations négatives. Le système économique ne dispose pas non plus d’une doctrine cohérente pour gérer les inégalités, que ce soit au sein d’une nation ou entre nations. Ces inégalités sont d’ailleurs une source essentielle de la dynamique de croissance dont fait preuve le système économique.