Dans une collection de petits livres au Seuil, le spécialiste de l’énergie Jean-Marc Jancovici frappe fort : « J’ai bien peur qu’en cas d’une hausse moyenne de température de 5°C pour la planète, tout le monde se mette à se battre avec tout le monde, et bien avant la fin du siècle ». Résumons ses dernières réponses adressées à sa fille :
Pourquoi continuons-nous de polluer puisque cela détruit notre planète ?
- Tout le monde entend parler du problème climatique, mais peu de gens ont réellement compris à quel point il est monstrueux. Beaucoup de gens n’ont pas non plus compris que l’environnement, c’est ce qui permet la prospérité et la paix. Ils croient que l’environnement c’est juste des éoliennes, des ampoules à changer, et quelques phoques à sauver. Ils ne comprennent pas qu’en détruisant la planète, on détruit également les conditions de la stabilité et de la prospérité de nos descendants, et que les générations futures, c’est toi, ta classe de collège, et toutes les classes d’enfants du monde.
Est-ce qu'il est trop tard pour nous rattraper ?
- Malheureusement, oui, pour une partie. Et ce qui est immoral dans cette affaire, c’est que ceux qui auront été à l’origine du problème ne vont pas payer la facture. Mais on peut encore éviter le pire. Cela implique d’accepter de ne pas faire des études longues à la fac, mais de devenir agriculteur ou menuisier. Il s’agit de dire haut et fort que la hausse programmée de l’énergie par un Etat responsable est la meilleure chose qui puisse être faite.
Il n’y a rien d’agréable pour moi, dans tout ça…
- Nous avons quarante ans pour mettre les choses en mouvement à très grande échelle. Le bon côté, c’est que cela ouvrira des chantiers absolument considérables pour ta génération et la mienne. Tu verras plus tard qu’au travail il y a deux manières de motiver les gens. La première est de les payer plus, la deuxième de leur donner des projets intéressants à gérer.
Dit comme cela, ça semble plus sympathique !
- Il y aura quand même une contrepartie. Les métiers de demain ne permettront pas d’avoir de plus en plus de mobilité, un écran télé de plus en plus grand et de plus en plus de bifteck dans son assiette. Quand le prix de l’énergie va monter, le travail va diminuer en ville et augmenter dans les villages, qui sont plus près des ressources stratégiques. Nous avons trois ans pour trouver le bon président à élire la prochaine fois et quinze à quarante ans pour tout mettre en place. Pense à cela pour ne pas te tromper d’études, car il faut se former pour exercer un métier de demain.