Voici quelques extraits recomposés de cet ouvrage d’un polytechnicien, ingénieur et socio-économiste :
Nous sommes en train de détruire notre milieu de vie, la niche écologique sans laquelle l’humanité n’a aucun chance de survie à long terme. Cette situation est étrange : on nous annonce les pires catastrophes et nous ne faisons presque rien pour les prévenir. Comme l’observe Olivier Godard, le reflux médiatique de la vague écologique peut s’interpréter comme un mécanisme freudien de refoulement : quand une contradiction devient trop forte, il est tentant de nier l’un des deux termes. L’ambiance apocalyptique est totalement dépourvue de conséquences : elle n’affecte en rien les plans de vacances à moyen terme. Il est donc probable, hélas, que nous continuerons de nous entre-tuer, mais nous le ferons dans la conscience plus vive d’une communauté de destin.
Nous ne pouvons plus ignorer que la vie des générations futures est entre nos mains. Comment faire pour que le souci du long terme imprègne l’ensemble des raisonnements, décisions et pratiques sociales ? Je m’oblige ainsi à m’aventurer sur le terrain de la philosophie et de la spiritualité. Les questions métaphysiques que l’idéologie du progrès avait permis d’occulter vont refaire surface. L’écologie a tout pour devenir le nouveau code universel de l’action sensée.
1/6) L’écologie n’est pas affaire d’opinion
La révolution apportait par l’économie politique anglaise à la fin du XVIIe siècle repose sur la promotion du travail humain comme seul fondement de la valeur. Or, depuis le milieu des années 1980, l’humanité consomme et détruit plus que la Terre n’est capable de produire et de régénérer. Avec l’écologie, on est dans le domaine des faits : par exemple, il ne dépend pas de l’opinion des gens que la civilisation soit ou non menacée par le réchauffement climatique. Pourtant le traitement des questions environnementales par les médias donne souvent l’impression que toutes les opinions se valent, que tout pourrait être matière à discussion. Un jour on se fait peur avec le réchauffement climatique, le lendemain on critique la taxe carbone. Il semble que l’on n’ait pas encore compris la nature du problème écologique. Ce n’est pas une question de société mais une épreuve entre l’homme et le monde physique. Ce sont les contraintes écologiques et non les désirs humains qui délimitent le champ des possibles. Si la pensée économique présente des vices rédhibitoires du point de vue de la raison écologique, c’est notamment parce qu’elle a été construite sur l’occultation de cette vérité fondamentale.
Les ressorts d’une transformation écologique de la société sont plus problématiques que ceux de la révolution socialiste, qui pouvait au moins compter sur la frustration des pauvres et l’attrait d’une promesse de prospérité partagée. Or, l’enjeu des révolutions qui s’annoncent n’est pas d’abord de rendre la société meilleure, mais de la rendre viable. Opposer les urgences sociales à l’écologie a d’autant moins de sens que les pauvres sont et seront toujours les premières victimes de la dégradation de l’environnement. De plus, malgré tous les discours qui prétendent le contraire, la contradiction entre l’économie et l’écologie reste entière. On ne voit pas par quel miracle l’homme économique pourrait devenir sobre, solidaire et responsable. Si la raison économique ne suffit plus, c’est parce qu’elle ignore la nature. Or nous ne pouvons plus ignorer que les activités humaines ne sont qu’un sous-système de l’écosystème planétaire. Le vivant non humain est un élément constitutif du milieu hors duquel nous ne pourrions vivre. Prenez conscience du fait que chaque chose que nous consommons, de la carotte au steak, est produite par les plantes qui transforment les rayons du soleil en énergie. Nos voitures, nos ordinateurs, tout cela repose également sur la photosynthèse, car les combustibles fossiles que nous utilisons sont seulement les restes compressés de plantes et d’animaux dont les corps ont grandi sous le soleil.
S’il est vrai – et j’attends qu’on me prouve le contraire - que nous faisons partie de la nature, les lois qui s’imposent à tous les écosystèmes s’imposent également à nous. C’est pour cela que nous devons apprendre à les connaître et à les respecter. Le fait que nous soyons incapables d’augmenter le bien-être sans produire toujours davantage de déchets nuisibles pour l’environnement constitue l’illustration la plus parlante du caractère pathologique de notre développement économique au regard des règles qui ont cours dans la nature. A l’état sauvage, les animaux et les plantes n’ont besoin ni de décharges, ni d’incinérateurs. Ils n’accumulent aucun déchet toxique pour l’environnement : tout est recyclé, en boucles courtes. N’est-ce pas là un modèle à suivre ? La crise écologique marque la revanche, sinon de la doctrine physiocratique en tant que telle, du moins de son intuition fondatrice selon laquelle l’économie est dépendante de la nature.
Parce qu’elle suggère une fausse symétrie, la rhétorique des « trois piliers » du développement durable (le social, l’économie et l’écologie) est peu éclairante : les trois termes ne se situent pas du tout sur le même plan. C’est la prise de conscience des risques vitaux que fait peser la dégradation de l’environnement, et rien d’autre, qui a conduit à s’interroger sur le caractère durable de notre modèle de développement. Les fortes contraintes de la transition écologique nous obligeront à être mieux organisés, plus démocrates, plus solidaires. La question écologique, avant d’être un idéal optionnel d’harmonie avec la nature, est un principe de réalité.
2/6) Les illusions de la croissance
Il y a une énorme contradiction entre le marché et l’écologie. La nature ignore les processus continus de croissance et d’accumulation matérielle. Sans que l’on puisse écarter l’hypothèse de ruptures brutales, le plus probable est que le capitalisme va connaître un ensemble de transformations qui finiront par changer sa nature. Le terme économie retrouverait ainsi un sens en accord avec celui du verbe « économiser ». On n’échappera pas à une interrogation sur la nature des besoins auxquels l’économie doit répondre.
« Croissance verte » constitue un exemple d’oxymore – juxtaposition de termes contradictoires que l’on prétend réconcilier comme par magie – qu’affectionne les responsables politiques. La France s’est engagée à réduire d’un facteur 4 ses émissions de gaz à effet de serre d’ici 2050. Ce qui devient carrément impossible si l’on prend au sérieux les objectifs de croissance généralement évoqués par les économistes et les responsables politiques. On ne le dira jamais assez : la croissance économique des deux derniers siècles a été rendue possible par l’utilisation de combustibles fossiles abondants et bon marché. On ne voit pas comment cette situation pourrait se prolonger très longtemps.
Le projet de verdir la croissance bute en outre sur l’effet rebond : les économies de ressources réalisées pour la production d’un bien se répercutent dans une baisse des coûts, incitant les ménages à consommer davantage, ce qui réduit d’autant l’impact positif sur l’environnement. Les ordonnateurs consomment sans cesse moins d’énergie pour effectuer un même traitement. Il n’empêche : la consommation globale due à l’informatique ne cesse d’augmenter. La consommation électrique associée aux nouvelles technologies de l’information avoisine 60 Tw/h par an, soit 13,5 % de la consommation française. L’idée selon laquelle la connaissance pourrait permettre de s’affranchir de toutes les limites physiques ne résiste pas à l’analyse : j’y vois une forme de pensée magique, de croyance irrationnelle dans la toute-puissance du cerveau humain. Pour la France, la productivité des ressources, autrement dit le quotient entre la richesse produite et les quantités de ressources naturelles (mesuré en euros par kilo) a progressé de 26 % de 1990 à 2007.
Mais il faut prendre la mesure de ce paradoxe : c’est la perfection même de la raison économique, son extraordinaire pouvoir de rationaliser l’existence individuelle et d’ordonner la vie complexe des sociétés à très grande échelle – qui la rend dangereuse, porteuse d’un autisme suicidaire. Le défi que doit relever la raison écologique est de préserver les principales fonctionnalités sociales de la rationalité économique en les dissociant du mythe de la croissance indéfinie. L’écologie a vocation à remplacer l’économie comme figure centrale de la raison collective. Le principe de réalité qu’elle incarne est plus fort que la richesse et finira tôt ou tard par s’imposer. Démocratiquement ?
Les écologistes sont conscients de l’impotence écologique de la démocratie : les générations futures n’ont aucune part dans nos délibérations et dans nos votes. Il n’existe pas de lobby de l’avenir et les gouvernements n’ont pas de compte à rendre à nos descendants.
3/6) La voie de la décroissance
Imaginez un système qui :
- tire son énergie et sa richesse de la dilapidation en quelques décennies d’un capital que la nature a mis des centaines de millions d’années à accumuler ;
- utilise ses meilleures compétences pour transformer des matériaux rares en objets qui finiront rapidement sous forme de déchets non réutilisables ;
- mesure ses performances à l’aune de son efficacité dans la production d’objets rapidement périmés.
Ce système économique, c’est le nôtre. La décroissance, c’est ce que nous subirons sans doute un jour ou l’autre à notre corps défendant – nous n’en sommes pas loin depuis la crise financière -, mais ce ne peut être un projet. Le mot « décroissance » a l’avantage de faire image, mais il peut égarer (ndlr : vers quoi ? Bernard Perret n’en dit rien !).
Nous avons déjà renoncé à certaines formes de progrès technique : le transport supersonique civil, la migration vers d’autres planètes. La vitesse moyenne sur les autoroutes françaises a baissé depuis quelques années. Et même si trop peu de responsables s’expriment sans langue de bois sur ce sujet délicat, la stabilisation de la population mondiale devrait faire partie des objectifs prioritaires. Il est en effet mathématiquement évident qu’une population plus nombreuse exercera une pression plus forte sur l’environnement et les ressources naturelles. La plupart des gens seraient d’accord pour dire qu’il est plus humain de fournir à tous les habitants de la Terre une éducation au planning familial et des moyens contraceptifs que d’attendre que la population trouve son niveau naturel par la famine, les épidémies et les guerres. Nous serions face à de bien plus grandes difficultés si la Chine n’avait pas opté depuis trente ans pour une politique autoritaire de contrôle des naissances.
L’alternative à la croissance actuelle n’est pas la décroissance, mais la démarchandisation du bien-être : un échange social généralisé qui intègre diverses formes de transactions monétaires et non monétaires, y compris symboliques. Le slogan « simplicité des moyens, richesse des fins » résume assez bien les valeurs que l’on cherche à promouvoir. Depuis quelques années, on voit fleurir des innovations sociales dont les objectifs participent d’une stratégie de démarchandisation : autoproduction, systèmes d’échanges locaux (SEL) et troc. La réduction du temps de travail trouverait une nouvelle justification : au lieu de travailler pour augmenter sa consommation marchande, il peut être plus intéressant de produire soi-même ce dont on a besoin et de participer à des réseaux d’échange. Il ne faut pas se le cacher : la démarchandisation est synonyme de moindre augmentation du pouvoir d’achat. L’emploi est certes une question cruciale pour nos sociétés, mais qui reste secondaire à celle de savoir comment répondre aux besoins en économisant les ressources. La maîtrise des impacts globaux du développement économique impose de retreindre la liberté de produire et d’acheter n’importe quoi. La vie sociale est un tissu de contraintes, même si tout est fait pour nous les faire oublier. Tôt ou tard, l’idée s’imposera d’utiliser massivement les techniques publicitaires pour promouvoir des comportements écologiques, frugaux et responsables. L’Histoire enseigne que les peuples sont capables d’affronter lucidement les plus grands défis pour peu qu’ils trouvent du sens à s’unir et à combattre.
4/6) Penser le long terme au travers d’une transcendance
S’agissant du long terme, ni les Etats, ni les marchés financiers ne sont à la hauteur des défis qui se présentent. Le déséquilibre entre la globalisation et les avancés laborieuses de la gouvernance mondiale est au cœur des désastres qui s’annoncent. Et il n’existe pas de solution purement technique aux problèmes écologiques. Le caractère attractif d’une vie simple et conviviale doit devenir dès à présent un signe de ralliement et un motif pour agir. L’auto-organisation de l’ordre écologique ne pourra reposer que sur la généralisation d’un esprit de responsabilité vis-à-vis de notre milieu de vie. Se placer du point de vue de l’humain n’interdit pas de réévaluer notre solidarité de fait avec le vivant non humain. Il faut reconnaître une valeur en soi au vivant non humain, sans qu’il soit opposable aux droits de l’homme. Respecter la vie, c’est vibrer à l’unisson de ses efforts pour se perpétuer. Les grands mouvements qui ont changé la face du monde ont toujours été sous-tendus par une forme de messianisme.
L’exigence de s’engager pour un avenir collectif qui transcende le destin des individus n’a rien de nouveau. Il est en effet dans la nature de l’être humain, dans tous les lieux et à toutes les époques, de se projeter au-delà de sa propre disparition. Or nous savons que le sort de l’espèce entière est entre nos mains. Faire des générations futures de véritables parties prenantes de nos choix est un défi de nature politique ; c’est sur le terrain des institutions démocratiques qu’il faudra le relever. La référence aux droits des générations futures dans un ensemble de déclarations issues des conférences internationales fournit une première réponse. Citons le principe 9 de la déclaration de Stockholm (1972) : « L’homme a le devoir solennel de protéger et d’améliorer l’environnement pour les générations présentes et futures. » La logique voudrait qu’on ajoute à la Déclaration universelle des droits de l’homme une référence explicite aux droits de l’humanité future.
Pour fondre juridiquement un développement vraiment durable, on aurait aussi besoin d’un « principe de limitation » qui obligerait à prendre en compte les limites de la biosphère dans toutes les décisions, et d’un « principe de sobriété » qui obligerait à faire un usage aussi limité que possible des ressources non renouvelables ou dont la production risque d’avoir des effets irréversibles sur la biosphère.
5/6) Bernard Perret et l’écologie profonde
Bernard Perret se situe dans une perspective résolument anthropocentrée : « Nos devoirs vis-à-vis de l’humain prime sur nos devoirs vis-à-vis de la nature. Pour le dire simplement, je ne vois pas comment parler de l’avenir d’un point de vue autre que celui de l’humanité ». Mais il a bien le sentiment d’une contradiction « Comme le souligne Hans Jonas, l’intérêt de l’homme coïncide avec celui du reste de la vie qui est sa patrie terrestre au sens le plus sublime de ce mot. ».
Bernard Perret définit assez bien l’écologie profonde : « L’éthique environnementale et un important courant d’idées lié à l’écologie profonde (deep ecology) dont le postulat fondamental est que le monde naturel non humain doit être jugé digne de considération morale pour lui-même, c’est-à-dire indépendamment de toute utilité pour l’existence des hommes. » Il en connaît les motivations : « Nous finissons toujours par être obligés d’étayer le cadre de la raison en produisant nous-mêmes un principe transcendant, social et/ou métaphysique. »
Mais abusé par son anthropocentrisme, il « soupçonne une violence larvée dans cet antihumanisme (de la deep ecology), voire un désir d’apocalypse. » Il fait des hypothèses non fondées sur les intentions d’Arne Naess, le philosophe de l’écologie profonde : « Donner à la nature une valeur indépendante de l’existence des humains, c’est se résigner par avance à leur disparition. On voit trop bien comment un sentiment de frustration et de révolte face à la destruction irresponsable de la nature peut se transformer en ressentiment vis-à-vis de l’espèce humaine. A l’extrême, la Terre devient une divinité vengeresse qui finira par se débarrasser de l’homme pour retrouver son intégrité. » Rien de tout cela n’est dit par Arne Naess.
Quand Bernard Perret cite Arne Naess, « La neutralisation des comportements antisociaux est assurée directement de manière cordiale », il dit frémir à l’idée d’un contrôle social exercé directement par les citoyens sans aucune règle protégeant la liberté individuelle. Mais Bernard Perret cite de façon incomplète Arne Naess, et dénature le sens. La phrase se poursuivait ainsi : « Il y a peu d’influences directes extérieures qui interfèrent avec l’ordre intérieur ». En fait il ne s’agit pas pour Arne Naess d’écologie profonde, mais de décrire des « communautés vertes »* qui tendent à l’autonomie et à la démocratie interne, cette phrase étant précédée par « Les décisions dans des domaines qui concernent tous les membres sont toutes prises à travers la communication directe ; il peut donc y avoir une certaine forme de démocratie ».
Bernard Perret dit se situer dans le cadre d’un « approfondissement de la démocratie », mais Arne Naess est un spécialiste reconnu de la démocratie ! Voici ce qu’Arne précise lors d’un entretien avec David Rothenberg, en 1992 (Vers l’écologie profonde, éditions wildproject 2009) :
« Il est toujours pénible de réfléchir. Par réfléchir, j’entends aller plus loin qu’on est allé jusque là. Cela implique de repenser les choses avec une plus grande attention, d’approfondir. A l’école, on apprend par exemple que « la Norvège est une démocratie ». Imaginons que cela veuille dire que le peuple détient le pouvoir ; qu’en est-il alors des dictatures qui prétendent être, elles aussi des démocraties ? A ce niveau, c’est une terminologie très superficielle. Des formulations aussi vagues et ambiguës ne visent qu’à endormir les gens - « liberté », démocratie », et tous ces termes respectables. Ce sont des slogans rassurants. Ils favorisent les discussions oiseuses, et personne ne s’aperçoit de l’extraordinaire imprécision de ces propos. »
« En 1948, j’ai été invité par l’Unesco à diriger un projet scientifique sur la controverse entre l’Est et l’Ouest à propos de la définition de la démocratie. C’était au début de la guerre froide. J’ai demandé à pouvoir étudier la question de la démocratie pendant sept mois. Les Soviétiques et le bloc de l’Est disaient « Nous sommes démocrates » parce que, en vertu de l’usage établi par la Révolution française et toutes les autres révolutions, la démocratie signifiait la prise de pouvoir par les défavorisés et les opprimés. Et l’Ouest disait : « Non, cela n’a rien à voir avec la démocratie. La démocratie, c’est le gouvernement du peuple, par le peuple et pour le peuple, dans lequel tous sont équitablement représentés. Finalement nous avons adressé un questionnaire à 400 personnes, en leur demandant ce que la démocratie signifiait pour eux. Un récapitulatif est paru sous le titre Democray in a World of Tensions. Il n’a pas été possible de définir clairement le mot « démocratie ». Un slogan comme « Démocratie » est un soporifique. Mais tout de même un terme politiquement assez important. Bien sûr, que je suis favorable à la démocratie. »
Remarquons pour terminer que Bernard Perret est malgré tout sur le chemin de l’écologie profonde ! Il constate qu’il peut se produire de véritables ruptures de sens qui renouvellent en profondeur la manière dont l’homme se comprend lui-même. Il prend l’exemple de la Révolution française pour en déduire qu’il peut exister des innovations radicales dans le domaine du sens et que nous sommes incapables d’imaginer les registres de sens qui pourraient se révéler sous l’effet d’événements imprévisibles. Il considère que le slogan « simplicité des moyens, richesse des fins » résume assez bien les valeurs à promouvoir. Il indique qu’il s’agit d’une citation d’Arne Naess !
6/6) Annexe sur les « communautés vertes »
in Ecologie, communauté et style de vie (MF 2008 page 216) :
La hausse de l’autonomie nécessite de la part des individus une très grande conscience des valeurs, des obstacles et de ce qui peut être politiquement fait pour améliorer les conditions de vie. Cela est uniquement possible au sein d’une communauté cohérente, locale et logique. Il n’est pas facile de dire clairement quelles sont les caractéristiques essentielles d’une communauté locale désirable. Ces vingt dernières années, lesdites « communautés vertes » ont développé certaines propriétés qui sont considérées comme positives.
- Les membres sont peu nombreux et peuvent ainsi se connaître intimement les uns les autres ; des facteurs stabilisateurs inhérents conservent la population à un niveau relativement constant.
- Les décisions dans des domaines qui concernent tous les membres sont toutes prises à travers la communication directe ; il peut donc y avoir une certaine forme de démocratie.
- La neutralisation des comportements antisociaux est assurée directement de manière cordiale. Il y a peu d’influences directes extérieures qui interfèrent avec l’ordre intérieur.
- Les voies et les moyens de production relèvent le plus strictement possible d’une production primaire. Cela a comme résultat un haut niveau d’autonomie économique.
- Les technologies sont essentiellement légères. Nous pouvons aussi utiliser le terme « proches », parce que les composantes proviennent du voisinage ou au moins de régions aussi proches que possibles, et non de l’extérieur du pays (de préférence).
- La culture et le divertissement ont un haut degré de couleurs locales et cela vaut aussi pour l’artisanat.
- L’instruction est dirigée vers la connaissance des techniques nécessaires dans la localité, mais la possibilité de la littérature formelle et de l’éducation artistique doivent, bien entendu, être présentes.
- Les différences de revenus et de richesse sont petites. Toutes les personnes, quels que soient leurs revenus, ont des modes de vie assez proches pour s’entendre et travailler ensemble.
- L’extension géographique est assez petite de telle sorte que les moyens de transports personnels, comme la bicyclette, sont suffisants pour aller d’un bout à l’autre de la communauté.