Un livre que nous aurions pu aussi bien écrire tellement il rend compte de l’état d’esprit d’un écolo qui sait aujourd’hui ce que l’écologie scientifique nous prédit : rien de bon. A moins d’un réveil de la conscience écolo des citoyens.
Voici d’abord ce qu’en dit Yves Cochet, puis deux chapitres résumés d’Hugues Stoeckel. Montrons-nous au moins aussi intelligents que les loups !
1/4) Résumé de la préface d’Yves Cochet
Hugues Stoeckel nous démontre :
- Les bases de sustentation de l’espèce humaine sont menacées de mort à moyen terme. La caractéristique originale des écologistes dans le monde politique est là. Au vu des externalités négatives de la production, les écologistes ont vite réalisé que la croissance devenait antisociale, anti-écologique et même antiéconomique. Pour les écologistes, la question centrale est quoi produire, comment produire, pourquoi produire ? Or depuis plus d’un siècle, la droite et la gauche traditionnelles ont confiné le débat politique aux questions de répartition et de redistribution des richesses entre les riches et les pauvres.
- Les menaces (dérèglement climatique, perte de la biodiversité, raréfaction des ressources, montée des pollutions) évoluent dorénavant ensemble comme un automate fou que plus personne ne contrôle. L’exubérance énergétique consécutive aux carburants fossiles permit tout à la fois des « progrès » dans tous les domaines et des destructions des écosystèmes d’ampleur inédite.
- La fin de l’ère industrielle est donc inéluctable dans un avenir proche. L’énergie est l’aliment principal de l’ère industrielle. La quantité de ressources fossiles économiquement extractible va diminuer. L’ère industrielle va donc se contracter et disparaître bientôt.
- Faute de pouvoir éviter cela, nous avons désormais la responsabilité politique de minimiser le nombre de morts. Hugues Stoeckel montre que la maîtrise de la natalité peut s’effectuer sans douleur, et qu’elle est l’un des facteurs les plus efficaces pour diminuer l’impact de la catastrophe.
- Seuls les trois principes de sobriété, de partage et de démocratie pourront réduire l’impact du désastre pour, éventuellement, conserver des relations civilisées sans tomber dans la barbarie. Nous ne sommes plus dans la construction d’un monde meilleur, nous sommes dans la tentative d’organisation de la survie civilisée en ère de pénuries.
2/4) énergie et nourriture
Très faiblement productives à l’hectare selon nos standards, chasse et cueillette sont en revanche totalement inscrites dans l’économie cyclique qui préside à toute vie sur terre et qui veut que rien ne se perde, rien ne se crée. Depuis le néolithique, de vastes étendues ont été frappées d’exclusivité pour produire notre nourriture. Homo destructor se réserve à ce jour un carré de 47 mètres de côté pour chaque être humain, la vie sauvage est priée d’aller voir ailleurs. En 10 000 ans, cette agriculture a dégradé 2 milliards d’hectares de terres agricoles (dont la moitié au XXe siècle) et contribué de manière décisive à faire passer la part des déserts de 11 à 32 % des terres émergées. Pour autant, jamais sur cette longue période l’agriculture n’a dérogé aux lois de l’économie cyclique grâce à l’art du recyclage des matières organiques.
Même aujourd’hui, le niveau d’activité n’est pas fixé par les masses de capitaux, les taux d’intérêt ou la croissance du PIB, mais par l’énergie susceptible d’être mise en ouvre. Le pétrole couvre aujourd’hui près de 35 % de notre consommation d’énergie ; il représente surtout plus de 96 % des énergies nécessaires au transport. Le gros du travail est réalisé par les énergies exogènes, fossiles au 6/7. Le reflux de cette forme d’énergie ne pourra très logiquement que réduire l’ampleur de l’activité en proportion. Peu de décideurs économiques et politiques semblent réaliser notre degré d’addiction collective aux hydrocarbures. L’agriculture motorisée est très dépendante du flux pétrolier. Dans les décennies à venir, les prix du pétrole s’envoleront et à la fin du siècle, sa contribution à la production alimentaire sera nulle.
C’est une agriculture sans dopage chimique, animée en direct par les rayons solaires et la force musculaire, qui devra redevenir le socle alimentaire de l’humanité au cours de ce XXIe siècle. Pour suppléer le machinisme déclinant, la main d’œuvre agricole devra décupler. Quand il ne restera plus d’énergie fossile, le seul mode de vie durable sera celui qui saura s’accommoder comme jadis des matériaux brus fournis par la biosphère et des énergies dont la mise en œuvre ne nécessite ni métal ni combustible fossile ; biomasse, moulins à vent, roues à aube, etc. L’accroissement concomitant de la population n’arrange évidemment rien. C’est ainsi qu’en Inde, la surface cultivable est passée de 0,35 hectare par habitant en 1961 à 0,14 ha en 2007.
3/4) éloge du malthusianisme
Aujourd’hui, les niveaux de population dépendent des carburants fossiles et de l’agriculture industrielle. Otez-les du tableau et il y aura une réduction de la population mondiale qui est bien trop horrible pour pouvoir y penser. Paul Chefurka conjecture qu’en 2100, la planète ne pourra plus nourrir qu’un milliard d’humains environ. C’était la population mondiale vers 1800, au début de l’anthropocène. Mais la terre avait à l’époque un potentiel nourricier intrinsèquement supérieur à l’actuel, et bien supérieur à celui de 2050 qui aura subi des chocs successifs supplémentaires. Un gigantesque exode urbain devra s’opérer à rebours dans les décennies à venir.
D’un côté 7,8 à 11 milliards d’humains programmés pour 2050, de l’autre un seul milliard « nourrissable ». Un objectif de descente démographique est strictement impossible à tenir par le seul contrôle des naissances, ce qui implique une explosion des décès prématurés par famines, guerres, pandémies ou suicides. Malthus s’est trompé sur les délais, mais son diagnostic reste fondamentalement correct. Il est vrai que l’élitisme qui sous-tend ses solutions est repoussant. Aussi convient-il de se réclamer d’un néo-malthusianisme égalitariste que ne se soucie pas du sort des riches, mais de celui de l’espèce. Cette doctrine fut d’ailleurs jugée très progressiste à la fin du XIXe siècle, la grève des ventres était féministe, pacifiste et humaniste. Une grève qui fut décriée à l’époque par les productivistes et cléricaux du pays.
Alors que faire aujourd’hui ? Le seul paramètre sur lequel nous ayons toute latitude pour agir efficacement et sans douleur et la natalité. Une excellente raison de tenter de la maîtriser, non pour effacer le problème – l’inertie démographique est bien trop grande – mais pour en atténuer les effets à terme. Entendons-nous bien : il n’est pas question de s’exonérer du devoir de réduire les consommations et les rejets évitables. Mais se borner à cela déboucherait exactement sur le même effet de rebond que la baisse des émissions de CO2 par voiture… alors que l’effet rebond d’une dénatalité serait un bonus en espace et en agrément de vie pour chacun. A vrai dire, les limites de la planète ont été à ce point outrepassées que nous n’avons plus le choix. Aucune solution ne peut prétendre à résoudre seule le problème : ni le partage, ni la sobriété, ni la dénatalité. Même ensemble, ces solutions risquent de ne pas suffire. Nier le risque, c’est choisir délibérément la sortie de crise par la violence.
4/4) Des loups et de l’homme, qui est le plus intelligent ?
Le loup limite sa reproduction au seul couple dominant de la meute pour ajuster ses effectifs aux ressources disponibles. Quand les proies se font rares, la meute reste parfois deux ou trois ans sans mises bas. A contrario, lorsqu’elle investit de vastes territoires vierges de tout congénère, il arrive que plusieurs femelles de la meute accèdent simultanément au droit de perpétuer l’espèce. Ce comportement est d’autant plus admirable que le loup, bien qu’intelligent, ne dispose pas de cet outil prospectif unique au monde qu’est le néocortex humain. Un outil en l’occurrence totalement déficient : l’espèce humaine s’avère incapable d’accepter, ni même de discerner une limite à sa propre prolifération. Et ce, bien qu’elle subisse déjà les premiers effets de l’effondrement énergétique.
Percevoir le problème démographique à temps requiert un néocortex en bon état de marche et pas trop encombré de croyances. Or les dieux pullulent comme jamais sur notre planète ! Aux innombrables divinités du passé s’est en effet superposé une nouvelle mythologie dont les idoles sont « croissance », « développement » ou « progrès » et qui excelle à glorifier la démesure et à obscurcir la perception des limites. L’éducation transmise par notre entourage a accumulé dans nos têtes une foule de fariboles, culte de la futilité et de la compétition (sport-spectacle, peoplisation, etc.) qui envahissent un peu plus chaque jour le flot médiatique telle une gigantesque machine à abrutir.
Pourtant, lorsque l’exercice d’une liberté individuelle – celle de procréer à volonté – devient menaçant pour l’avenir commun, c’est évidemment l’intérêt de l’espèce et celui de la biosphère qui doivent primer. La différence avec les loups étant que chez nous, il n’est pas question de réserver la procréation à une élite, mais seulement d’instaurer une norme sociale qui place la famille nombreuse en contre-modèle de la vertu civique. Si nous bénéficions d’un répit dans le Nord, c’est bel et bien parce que nous pillons le Sud (minerais, énergie, terres arables…). Mais tout répit à une fin. Nul doute aussi que le risque d’extinction pèse de façon concrète sur des millions d’espèces autres que la nôtre… de notre fait ! L’humanisme veut que chacun de nous soit fondé à prélever les ressources qui lui sont nécessaires, pour autant qu’il n’obère pas la capacité d’autrui à en faire autant.
Si nous tenons à ce que les migrants puissent rester/retourner chez eux, une seule réponse juste est possible : accepter le partage planétaire et la frugalité comme sort commun de l’humanité. Pour une résilience, la multiplication des territoires en transition illustre le volet local d’une action mettant en œuvre la descente énergétique. L’avenir – alimentaire entre autres – est voué aux circuits courts et à l’autarcie la plus poussée à tous les échelons.
(édition Max Milo)
PS : Note de lecture de René HAMM (Bischoffsheim le 12 juin 2012)
La lecture indispensable du premier ouvrage de Hugues Stoeckel (1), d’une exceptionnelle densité informative (479 renvois de bas de page invitant à enrichir notre savoir), nécessite une concentration maximale et la mobilisation de l’ensemble des dendrites qui garnissent nos neurones. On en sort d’autant moins indemne que le professeur de mathématiques retraité réfute résolument le «devoir d’optimisme», cette «forme d’aveuglement» que beaucoup «d’écologistes» ( ?!?) instillent, par commodité, inconscience ou négation des réalités, dans leurs écrits.
Son propos se rapproche indéniablement davantage des thèses de Bertrand Méheust (2), de Jean-Christophe Mathias (3) ou de Jean Gadrey (4) que des «Apartés» de Cécile Duflot (5). Le Cassandre éclairé jette à bas «la certitude qu’une conduite collective vertueuse suffirait à nous assurer un bel avenir». Pour lui, les fariboles de la «croissance verte» et du «développement durable» (6), des «solutions dérisoires» uniquement destinées à «proroger la survie du système», «ne ralentissent même pas d’un iota la course vers l’abîme».
1/2) Briser le quasi-tabou de la surpopulation
Du 1er janvier 2001 au 31 décembre 2005, le monde a utilisé un volume d’énergie (80% par les pays industrialisés, «riches», qui ne représentent que 20% de la population !) supérieur à celui des cinq premières décennies du siècle précédent. Alors que les réserves en brent (35% de la consommation globale), gaz, charbon, uranium… s’épuisent, les économistes orthodoxes, «nouveaux chiens de garde» (7) omniprésents sur les plateaux des télévisions et des stations radiophoniques, professent invariablement la fuite en avant, considérant que la disponibilité en capitaux, la «loi du marché», fixe les bornes du faisable. Or, selon l’auteur, les «grands» projets ne devraient plus être évalués en euros, dollars, yuans, mais quantifiés en millions de tonnes équivalent pétrole ou en «empreinte carbone».
Contrairement aux leaders de son parti, qui n’affichent qu’une hostilité de façade au nucléaire (8), le membre, si atypique des Verts, dépeint «l’impasse» de cette filière aussi onéreuse que dangereuse, en particulier «le pari fou sur la stabilité de notre société» qui sous-tend la gestion des déchets hautement radioactifs «imposée à nos descendants sur des centaines de générations». Il fustige en outre «l’aberration» du chauffage électrique, que nos gouvernants et EDF ont surtout favorisé à partir de juin 1981, afin d’écouler les surplus de courant et de légitimer le recours massif à la fission, au moment où un contexte moins plombé qu’aujourd’hui eût facilité l’engagement vers la si cruciale transition énergétique. Je rappelle qu’à l’époque, celui-ci figurait en toutes lettres dans les fameuses «110 propositions pour la France» et que la part de l’électricité d’origine atomique n’était que de 38%! Comme moi, Hugues Stoeckel s’insurge des sommes colossales englouties dans la construction des réacteurs. Si elles avaient été dévolues à celle des éoliennes et aux économies d’énergie, nos approvisionnements reposeraient largement sur des ressources régénératives et le casse-tête quant à l’enfouissement des résidus hyper-contaminés ne se poserait pas. Pourtant, il égratigne les thuriféraires du tout-solaire. Selon ses calculs, il faudrait plus de 300 000 kilomètres carrés de capteurs exposés de façon continue, sans nuages, et perpendiculairement aux rayons dardés par l’astre du jour pour couvrir la totalité des besoins mondiaux actuels, dans l’hypothèse la plus sombre où les mieux lotis, donc nous y compris, ne réfréneraient pas leurs irresponsables habitudes de gaspillages. Le coût pour «fabriquer» et transporter les quinze mille gigawatts de puissance, malaisément stockables en l’état, à répartir surtout dans les zones désertiques: quelque 600 000 milliards d’euros. Le délire absolu! Pour le conseiller municipal de La Petite Pierre (9), les vecteurs renouvelables ne combleraient jamais la déplétion pas si lointaine des éléments fossiles pour satisfaire les exigences surdimensionnées de neuf milliards de terrien(-ne)s à l’horizon 2050. De quoi susciter débats et controverses! Le sexagénaire pourfend l’idée, que j’ai moi-même reprise telle quelle de Jean Ziegler (10), que l’abondance des denrées vivrières permettrait de nourrir douze milliards d’individus. Et quand bien même, ne conviendrait-il pas de juguler l’explosion démographique et de bannir toute «discrimination positive» envers les familles nombreuses, lesquelles jouissent en France de privilèges fiscaux pour le moins discutables? En sus des facteurs généralement listés par les «lanceurs d’alerte» anti-productivistes pour expliquer l’accroissement de la famine dans le Tiers-Monde, l’érudit à contre-courant n’hésite pas à briser un quasi-tabou en y ajoutant la surpopulation. Car, sans les matières du sous-sol, en instance de raréfaction, seul un milliard d’êtres humains se sustenteraient à satiété. À méditer! Rien qu’en songeant à cet aspect des dégâts provoqués par le bien mal nommé Homo sapiens, l’urgence d’amorcer une reconversion mue par une logique radicalement différente vouant les schèmes de l’ultra-libéralisme aux poubelles de l’Histoire, s’impose à tout bipède sensé, non? «L’effet rebond d’une dénatalité» évacuerait non seulement le spectre d’une pénurie, mais offrirait également à l’humanité un gain substantiel en espace ainsi qu’un surcroît d’agrément. L’Alsacien juge sidérant que l’unique espèce dotée d’un néocortex très développé s’avère incapable de discerner une limite à sa propre prolifération.
2/2) «Gabegies faramineuses»
À l’instar du sociologue helvétique précité, il s’indigne des onze mille milliards de dollars que les États occidentaux ont réuni sur trois ans pour sauver du naufrage les parasites financiers après la faillite, le 15 septembre 2008, de la banque Lehman Brothers, officiellement liée à la «crise des subprimes» (11), alors qu’ils mégotent ignominieusement pour débloquer les trente milliards qui suffiraient pour éradiquer la faim, du moins à court terme. Il s’agit donc bien d’un «assassinat» (12) qui frappe trente-six millions de personnes par an (toutes les cinq secondes, un enfant de moins de dix ans). Que l’accès à la nourriture constitue une prérogative inaliénable, gravée dans le marbre de la Déclaration universelle des droits de l’homme, adoptée le 10 décembre 1948 à Paris par l’Assemblée générale des Nations Unies, les spéculateurs et spoliateurs, ivres de cupidité, ainsi que les dirigeants politiques qui cautionnent leurs criminelles exactions s’en fichent comme d’une guigne! La moitié des victuailles produites ne rassasie qu’un milliard et demi d’individus, soit 22% de la population. 40% des céréales cultivées et 75% des surfaces arables sont dédiées aux animaux d’élevage qui finiront en tranches ou boulettes dans les assiettes des carnivores de l’hémisphère nord.
Par ailleurs, qui avait noté que l’O.N.U avait déclaré 2011 «Année internationale de la forêt» et que cette dernière est «célébrée» chaque 21 mars (13) depuis 1972, sous l’égide de l’Organisation pour l’alimentation et l’agriculture, domiciliée à Rome? Tous les ans, environ treize millions d’hectares disparaissent: coupes illégales par des trafiquants, saccages imputables à l’extraction de l’or et du cuivre, à la «libération» de pâturages pour le bétail, à la construction de routes, de barrages, d’oléoducs, ainsi qu’à la plantation de soja (Argentine Brésil, Paraguay…) ou de palmiers pour l’huile (Indonésie, Malaisie, Thaïlande…). La déforestation, qui pèse pour environ 17% dans les émissions de gaz à effet de serre, impacte très négativement le ruissellement des eaux, accentue l’érosion des sols, affecte la fertilité de ceux-ci et porte une atteinte gravissime à la biodiversité. Parmi les solutions susceptibles d’enrayer les dommages mentionnés en ces lignes et ces «gabegies faramineuses», le retour à la polyculture avec, à la clé, le recyclage des déchets organiques, et «la requalification de la production agricole en service prioritaire excluant toute accumulation de profits», en boostant l’essor du bio. La réorientation d’un secteur si déterminant pour notre survie gripperait le business et les stratégies expansionnistes des grands trusts, lesquels ont inondé le marché de 85 000 substances chimiques de synthèse. Autre signe de coupable égarement: les agrocarburants. Ainsi, pour un 4 x 4 roulant à l’éthanol, un plein de 80 litres engloutit 220 kilos de maïs, l’équivalent de la ration pour un campesino mexicain durant douze mois.
Il conviendrait de diviser immédiatement par quatre notre «empreinte écologique» (14) en nous recentrant vers les biens et services vraiment vitaux. Constatant que la délégation des pouvoirs à des élu(-e)s et gouvernants qui arrêtent des décisions échappant, pour l’essentiel, au contrôle des citoyen(-ne)s confine à un «régime oligarchique» (15), Hugues Stoeckel estime que «tout choix de production devra être validé en tant que réponse à un besoin prioritaire par l’échelon approprié». Il n’oublie pas de critiquer le budget militaire (16) dont l’objet consiste à «détruire des vies à grande échelle» de même que le commerce des armes (17), des objections complètement étrangères aux pontes d’Europe Écologie/Les Verts (18). Préconisant le rétablissement de frontières étanches aux capitaux et marchandises afin d’assécher les paradis fiscaux, il proclame sa foi en «un mondialisme, nullement antinomique avec le localisme, ni avec la diversité linguistique et culturelle». Les dilemmes qu’il énonce ne souffrent aucune ambiguïté: «la récession sans fin ou l’organisation démocratique d’une décroissance solidaire, la pénurie belligène ou la sobriété équitable». Combien de nos contemporain(-e)s se déclareraient disposés à accepter un partage authentique, défini comme «la proscription de la liberté de s’enrichir au détriment d’autrui», et la frugalité comme «sort commun», à «changer leurs modes de vie à l’aune des périls»?...
(1) Éditions Max Milo, janvier 2012, 319 pages, 16 €.
(2) «La politique de l’oxymore», La Découverte, avril 2009, 167 pages, 12 €.
(3) «Politique de Cassandre. Manifeste républicain pour une écologie radicale», Éditions Sang de la Terre, 1er trimestre 2009, 256 pages, 18,90 euros.
(4) «Adieu à la croissance - Bien vivre dans un monde solidaire», Les Petits Matins, décembre 2011, 214 pages, 15,20 euros.
(5) Avec Guy Sitbon, Les Petits Matins, Février 2010, 216 pages, 15,20 euros.
(6) Cf. par exemple l’excellent article «Le développement durable: une pollution mentale au service de l’industrie» de Benoît Eugène, dans le numéro 34 de la revue marseillaise «Agone», «Domestiquer les masses», 4ème trimestre 2005, 264 pages, 20 €, «Pistes pour un anticapitalisme vert», opuscule coordonné par Vincent Gay, Éditions Syllepse, Les Cahiers de l’émancipation, mars 2010, 132 pages, 7 euros, ainsi que les deux livres indiqués sous (2) et (3).
(7) Cf. le documentaire de Gilles Balbastre et Yannick Kergoat, qui, en-dehors des circuits de distribution mainstream, a attiré 202 099 spectateur(-trice)s en seize semaines.
(8) Sinon, auraient-ils (elles) avalisé «l’accord» du 15 novembre 2011 avec le Parti socialiste et se seraient-ils (elles) précipités pour obtenir deux fauteuils dans le cabinet Ayrault I?...
(9) Bourgade bas-rhinoise de 624 habitants située dans le Parc naturel régional des Vosges du Nord.
(10) Cf. «Destruction massive. Géopolitique de la faim», Le Seuil, octobre 2011, 352 pages, 20 €.
(11) Krach, dévoilé à partir de février 2007, des prêts hypothécaires à risque outre-Atlantique, que les emprunteurs, très souvent de condition modeste, ne parvenaient plus à rembourser.
(12) Jean Ziegler dans le bouquin mentionné sous (10).
(13) Gageons que cette «journée internationale» est aussi passée inaperçue que celle du lendemain, dédiée à l’eau, comme toutes les autres décrétées par l’O.N.U., sans que la thématique visée connaisse des retombées positives conséquentes!
(14) Concept forgé en 1994 par l’ingénieur en mécanique bâlois Mathis Wackernagel et l’économiste canadien de l’environnement William Rees, directeur du groupe de reflexion «Redefining progress», respectivement directeur de l’École de planification communautaire et régionale à l’Université de Colombie britannique à Vancouver. Ils explicitent leur outil d’évaluation et leur méthodologie dans «Notre empreinte écologique», livre sorti en septembre 1999 et republié aux Éditions Écosociété à Montréal en octobre 2009, 242 pages, 21,10 €.
(15) Je vous recommande l’essai de Hervé Kempf «L’oligarchie, ça suffit, vive la démocratie», Le Seuil, janvier 2011, 192 pages, 14 euros.
(16) 41,23 milliards d’euros en crédits de paiement pour 2012.
(17) Chiffre d’affaires en contrats d’armements des cent principales firmes impliquées: 418,8 milliards de dollars en 2010 (plus 4,31% par rapport à l’exercice précédent), selon le compendium 2012 du Groupe de recherche et d’information sur la paix et la sécurité, sis à Bruxelles.
(18) Sur «le changement de paradigme» qui devrait animer tout mouvement et parti écologistes dignes de ce nom, ne loupez pas le numéro 6 des «Nouveaux Cahiers du socialisme», intitulés «Écosocialisme ou barbarie!», chez Écosociété à Montréal, automne 2001, 328 pages, 22 euros.