Editions Sang de la Terre 2013, 162 pages, 14,50 €
Ce livre sur la guerre qui se déroule entre industriels et protection de l’environnement nous apporte un témoignage remarquable : ce n’est pas parce qu’on est un simple citoyen qu’on est incapable de discerner le vrai du faux dans les histoires qu’on nous raconte. Au contraire, en tant que militant de base, Jacques Ambroise nous démontre les conflits d’intérêt qui font que le débat sur les gaz de schiste est complètement faussé par l’aveuglement idéologique des tenants du business as usual. Ainsi de l’Assemblée nationale qui a organisé une table ronde sur la réforme minière avec la présidente de la Fédération des minerais, le président de l’Union française des industries pétrolières (UFIP) et le directeur général du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM). Les deux parlementaires ayant présenté un rapport sur les gaz de schiste sont qualifiés par la sénatrice socialiste Laurence Rossignol de « Dupont et Dupont » fascinés par les technologies et allergiques au principe de précaution. C’est Jacques Ambroise qui nous informe de l’existence de la commission Tuot qui planche sur le code miner, ce ne sont pas les médias : zéro occurrence sur lemonde.fr.
Ce livre doit donc être lu par tous les citoyens qui n’acceptent plus qu’on décide en leur nom du contenu de la nécessaire transition énergétique. Comme l’exprime Jacques Ambroise, « la société civile doit faire entendre sa voix » aussi bien sur les hydrocarbures de schiste que sur la réforme du code minier. Quelques extraits :
- C’est de notre capacité à exister sur la place publique, à nous faire entendre et respecter que dépendra notre avenir.
- Comment pourrions-nous être libre dès lors que nous consommons toujours plus d’énergie pour nous déplacer, travailler, consommer.
- Les gaz de schiste avec leurs prévisions optimistes s’inscrivent dans la suite de l’imposture nucléaire avec ses promesses d’électricité abondante et à bas prix.
- Encore une fois, la transition énergétique vers la sobriété et les énergies renouvelables est sabrée par l’arbitraire de l’Etat.
- Il faut prendre conscience qu’en l’espace d’un siècle environ, nous aurons prélevé la quasi-totalitéé des hydrocarbures fossiles.
- Les hydrocarbures de schistes s’opposent aux hydrocarbures conventionnels car ils sont restés piégés par la roche mère.
En 1859 en Pennsylvanie, le pétrole a été trouvé à 23 mètres de profondeur. La couche géologique appelée roche mère se situe entre 1500 et 3500 mètres de profondeur.
- Les modalités techniques, physiques et chimiques de la fracturation hydraulique sont considérées par les entreprises comme faisant partie de leurs secrets industriels.
- La ruée vers les « gaz de schiste » s’inscrit dans ce contexte de crise énergétique générale pour les puissances occidentales.
- En 1930, on extrait 100 unités de pétrole pour une unité d’énergie consommée. En 2000, on obtient 20 unités pour une unité de pétrole. Huile de schiste : 2 unités extraites pour une unité – voire une pour une. Le rendement est pratiquement nul.