Il n’y a pas de besoin absolu pour les humains, il n’y a que des besoins relatifs selon l’état donné d’une société. En 1890, le dictionnaire allemand Bockhaus définit ainsi l’automobile : « Nom qui a quelquefois été donné à de curieux véhicules mus par un moteur à explosion. Cette invention, aujourd’hui oubliée, n’a connu qu’échec et désapprobation des autorités scientifiques. » En 1899, le jeune Henri Ford fonde une entreprise de construction automobile à un moment où, note-t-il, « il n’y avait pas de demande, voire une répugnance du public devant cette machine jugée laide, sale et bruyante et qui met en fuite les chevaux et les enfants. » En quelques décennies Ford va changer la nature même des besoins du consommateur pour plus d’un siècle : c’est l’appareil de production qui crée dorénavant le besoin et non l’inverse. Ford a transformé le travail à la chaîne en production de masse, la baisse des prix qui en résulte ainsi que la hausse des salaires va promouvoir de son côté la consommation de masse : l’ouvrier pourra s’acheter sa propre voiture. Plus tard la publicité saura utiliser la manipulation psychologique en exaspérant les sentiments opposés de mimétisme et/ou de différenciation qui marquent les mentalités occidentales. Pourtant la classe globale pourrait être plus heureuse avec moins d’opulence. Dans une société sans distinction, il n’y a plus de besoins illimités et il n’y a plus de pauvres.
Limites tes besoins,
là est la voie de la sagesse.