En 1776, le pionnier du libéralisme Adam Smith constate que l’élimination du travail à domicile pour mettre à la place des manufactures est un avantage pour la richesse des nations. Il est vrai que dans une manufacture d’épingles, la division technique du travail ou spécialisation de chaque travailleur sur un moment particulier de la fabrication permet plus de rapidité manuelle et l’utilisation de la machine. A la fin du XIXe siècle, F.W.Taylor améliore l’efficacité de la division du travail en faisant calculer par la maîtrise la meilleure façon de produire, chronomètre à l’appui. Un peu plus tard en 1913, Henri Ford trouvera que la marche à pied n’est pas une activité rémunératrice et qu’il vaut mieux que les véhicules se déplacent sur une chaîne de montage. Mais on ne peut rien attendre d’une intelligence humaine qui a employé la plus grande partie de ses forces à faire des têtes d’épingles ; le perfectionnement de la division du travail transforme le travailleur en ouvrier mécanique. Malheureusement la croissance de la production permet un sentiment d’abondance et la hausse des salaires voulue par Ford va allier production de masse et consommation de masse : alors le travailleur se satisfait de son aliénation et remplace l’amour du travail bien fait par le confort consumériste. En dernier ressort, le problème fondamental ne se trouve pas du côté du travailleur, mais du côté des ressources naturelles qui n’ont pas du tout été prises en compte par les économistes, qu’ils soient théoriciens ou praticiens.
Seuls les rapports de proximité évitent l’extension indéfinie du marché,
la détérioration de tous les rouages de la vie sociale
et la destruction de la Nature.