Voici un petit brûlot que tout un chacun devrait lire pour comprendre l’impasse dans laquelle les pays se sont lancés avec les biocarburants. Nicolino dans un langage simple et percutant révèle les dessous de la grande machine de guerre mis en place par les pays occidentaux pour sauvegarder l’usage de leur voiture, preuve qu’ils ont pleinement conscience de la fin du pétrole. Il explique comment les lobby de l’agriculture industrielle, avec le soutient de l’État, obtiennent les droits, les subventions, les défiscalisations nécessaire à leur réussite et à leur enrichissement. Il montre aussi comment les dirigeants des pays du Sud sont en train de vendre leur âme pour satisfaire ceux du Nord, aux risques de détruire leur potentiel agricole et créant les conditions de famine qui demain entraîneront inévitablement des révoltes qui seront toujours plus violentes et meurtrières.
Nicolino nous fait comprendre que les biocarburants sont tout sauf écologique, qu’ils participent grandement au dérèglement climatique par les émissions de gaz à effet de serre qu’ils engendrent. Et que de plus leur rendement n’est même pas économiquement viable, puisque au regard d’une analyse complète de leur production, le ratio dépasse l’unité, c’est-à-dire qu’il faudrait entre 1,25 et 1,5 unité d’énergie pour en obtenir 1 (Pimentel, Patzek). C’est bien là toute la problématique mise à jour par Nicholas Georgescu-Roegen sur les sources énergétiques, et qui demande un changement profond de notre économie pour espérer survivre.
La 4e de couverture
Les biocarburants sont une formidable trouvaille, mais pour qui ? Dans le monde entier, usines et raffineries poussent comme des champignons après la pluie. Le blé, le colza, le tournesol chez nous, le palmier à huile, la canne à sucre, le soja ou le maïs dans les pays du Sud servent désormais à remplacer le pétrole. De fabuleux végétaux, utilisés depuis les débuts de l’agriculture pour nourrir les hommes, remplissent aujourd’hui les réservoirs des bagnoles et des camions.
Fabrice Nicolino a décidé d’écrire sur le sujet un pamphlet, d’envoyer un coup de poing à ceux qui prétendent que ce bouleversement est une bonne nouvelle, mais aussi aux naïfs qui croient le discours officiel sur ces nouveaux carburants présentés comme « écologiques ». Car la réalité est aux antipodes.
En France, le lobby de l’agriculture industrielle, activement soutenu par l’État, cherche depuis la réforme européenne de 1992 de nouveaux débouchés pour ses productions de masse. Le boom des biocarburants relance aussi la machine à engrais et à pesticides, et il détruira bientôt ces réservoirs de biodiversité imposés que sont les « jachères ».
Ailleurs dans le monde, c’est bien pire. De l’Indonésie au Brésil, en passant par le Cameroun, les rares forêts tropicales intactes sont dévastées pour laisser la place à ces nouvelles cultures. La demande indécente du Nord, qui veut continuer à rouler en bagnole quoi qu’il en coûte, fait exploser le prix de certains produits de base : dans un monde qui compte près d’un milliard d’affamés permanents, le système industriel préfère donc l’automobile au droit pourtant imprescriptible de manger à sa faim. Et le comble, c’est que les biocarburants ne sont nullement écologiques. Ils contribuent et contribueront toujours plus au dérèglement climatique, comme le montrent de très nombreuses études.
Ce petit livre dévoile une mystification totale. Et dénonce ses profiteurs, plus nombreux qu’on croit. Car derrière l’automobile individuelle, il y a nous.
L’auteur
Fabrice Nicolino est journaliste à Terre Sauvage et à La Croix, après avoir travaillé pour Politis, Géo, Le Canard Enchaîné, Télérama. Il est le co-auteur, avec François Veillerette, du livre “ Pesticides, révélations sur un scandale français ”
(Fayard, 2007).