Du livre Homo disparitus, chacun peut faire son miel puisqu’on nous présente aussi bien les acariens demodex folliculorum qui peuvent vivre par centaines dans nos cils, que L.Knight, le fondateur du Voluntary Human Extinction Movement. Mais c’est l’hypothèse principale qui intéresse fortement la Biosphère : « Regardez votre maison, votre ville, les terres alentours… Ne touchez à rien, contentez-vous d’extraire les être humains. Et voyez ce qui reste. Comment réagirait le reste de la nature si elle se retrouvait subitement soulagée des pressions incessantes que nous lui imposons ? Combien de temps faudrait-il pour rendre à l’Eden l’allure et les parfums qui étaient les siens à la veille de l’apparition d’Adam ? »
Après les dinosaures, l’extinction de l’espèce humaine ! C’est alors que les réseaux péniblement entretenus par des myriades d’humains se briseraient rapidement, les canalisations d’eau exploseraient avec le gel, les métros souterrains seraient envahis par les eaux, les barrages et canaux engorgés de vase déborderaient, la végétation recouvrirait le bitume et le béton, tout ce qui fait les routes et les villes, les maisons et les usines disparaîtrait du regard. Ce processus ne prendrait que quelques centaines d’années. Mais les métaux lourds comme le plomb, le mercure ou le cadmium mettraient des millénaires à être recyclés et la concentration en gaz carbonique dans l’atmosphère ne retrouverait des niveaux pré-humains que dans au moins 100 000 ans. Il faudra même attendre que les processus géologiques refaçonnent la surface de la Terre pour que soit anéanti le plastique de la poupée Barbie.
La lecture du livre d’Alan Weisman incite parfois à penser que le pire aurait, pour la Biosphère, la couleur du meilleur… D’autant plus qu’Alan se situe clairement du côté de l’écologie profonde, les bons sont ceux qui viennent restaurer l’harmonie et hâter la régénération de la nature :
« Nous tous, humains, sommes redevables à d’innombrables espèces. Sans elles, nous n’existerions pas. C’est aussi simple que cela, et nous ne pouvons pas plus nous permettre de les ignorer que je ne peux me permettre de négliger ma précieuses femme – ou notre mère la Terre qui nous enfante et nous garde tous. Sans nous la Terre continuera malgré tous d’exister ; sans elle, nous , nous n’existerions même pas » (p.361)
(Flammarion)