C’est un exemple particulier du délire techniciste dont est atteint la classe globale : on ne fait plus une médecine de nécessité, seulement une médecine de consommation. En l’an 2001, les caisses françaises de Sécurité sociale prennent en charge trois échographies obstétricales lors d’une grossesse ne présentant pas de facteur de risque particulier, soit chaque année quatre millions d’actes techniques. Il s’agit en France de dater le début de grossesse, détecter des grossesses multiples ou étudier la vitalité de l’embryon, en fait cela consiste à rassurer artificiellement la mère sans lui garantir qu’il n’y aura aucune anomalie fœtale. Les autorités canadiennes, australiennes, britanniques, finlandaises et suédoises ne préconisent qu’un seul examen tandis que les associations médicales américaines récusent l’échographie de routine. Les humains ne peuvent pas continuer à utiliser des techniques de plus en plus fines sans que médecins et non-médecins s’interrogent sur ce qu’ils sont en train de mettre en œuvre. Cette interrogation est d’autant plus nécessaire qu’il n’y a aucune limite à l’usage des techniques, le taux d’accouchement sous péridurale est passé en France de 32 % en 1991 à 51 % en 1996 ; c’est le plus élevé au monde alors que le Danemark en reste à 5 %, et que le tiers-monde s’en passe.
Si j’étais une femme de la classe globale,
je refuserai la clinique et le médecin, le monitoring et la péridurale,
pour savoir encore ce que signifie mettre au monde sans béquilles techniques.