Après la période des vagissements du nouveau-né, le bambin découvre les sons articulés dans la partie antérieure de la bouche. Il se met alors à émettre toutes sortes de sonorités, aussi bien les clics des langues zouloues que les étranges eurh du chinois, les consonnes emphatiques de l’arabe, les deux th anglais… A ce stade, la production phonétique des enfants ne se distingue pas d’un bout à l’autre de la planète. Mais l’enfant ne tarde pas à éliminer les sons qui ne sont jamais prononcés devant lui ; le processus d’imitation cristallise l’intonation autour des stéréotypes de sa propre culture, l’extérieur devient l’étrange étranger. Cette incompréhension qui résulte de la multiplicité des langues pourrait être dépassée. En 1887 Zamenhof, un jeune médecin polonais polyglotte, lance les bases de l’espéranto : 7500 mots d’usage courant, une grammaire très simplifiée de 16 règles ne connaissant pas d’exception, une langue si facile que le temps d’apprentissage en est réduit. Puisque les relations communautaires oscillent entre la haine et le mépris, il est nécessaire que l’échange verbal puisse au moins être compris par les deux parties. C’est la condition première pour pouvoir dépasser vos conflits.
Parlez la même langue,
pour pacifier vos relations,
et pouvoir vous consacrer à autre chose que vos passions humaines.