L’écologie profonde se caractérise par son biocentrisme militant qui relègue l’espèce humaine au rang d’espèce animale ordinaire, dont la prolifération menace le droit des autres espèces à l’épanouissement. Le dualisme cartésien pourrait dans l’avenir être avantageusement remplacé par un holisme écologique. Cela constitue une supériorité de l’écologie profonde par rapport à l’écologie superficielle. C’est le philosophe norvégien Arne Naess qui a proposé avec George Sessions (en 1984 lors d’une randonnée dans la Vallée de la Mort en Californie) un manifeste de l’écologie profonde en huit points clés que nous avons regroupés en trois thèmes :
I) les principes
1) le bien-être et l'épanouissement de la vie humaine et non-humaine sur Terre ont une valeur intrinsèque (en eux-mêmes). Ces valeurs sont indépendantes de l'utilité que peut représenter le monde non-humain pour nos intérêts humains.
2) la richesse et la diversité des formes de vie contribuent à l'accomplissement de ces valeurs et sont également des valeurs en elles-mêmes.
3) sauf pour la satisfaction de leurs besoins vitaux, les hommes n'ont pas le droit de réduire cette richesse et cette diversité.
II) le problème
4) l'interférence actuelle des hommes avec le monde non-humain est excessive et la situation s'aggrave rapidement.
III) les solutions
5) l'épanouissement de la vie et des cultures humaines est compatible avec une diminution substantielle de la population humaine. L'épanouissement de la vie non-humaine requiert une telle diminution.
6) les politiques doivent changer, elles doivent affecter les structures économiques, techniques et idéologiques. La situation qui résultera du changement sera profondément différente de la situation actuelle.
7) le principal changement idéologique consistera en la valorisation de la qualité de la vie plutôt que de toujours promouvoir un niveau de vie supérieur.
8) ceux qui adhèrent aux points précités ont obligation de tenter de mettre en place directement ou indirectement ces changements nécessaires.
En anglais : Le premier paragraphe de la préface du livre Deep Ecology for the 21st century pose ainsi les termes du changement envisagé : « The long-range Deep Ecology movement has been characterized by a move from anthropocentrism to ecocentrism ».
EIGHT PRINCIPLES OF DEEP ECOLOGY(Based on those written by Arne Naess and George Sessions)
1. The well-being and flourishing of human and non-human life on Earth have value in themselves. These values are independent of the usefulness of the non-human world for human purposes.
2. Richness and diversity of life forms contribute to the realization of these values and are also values in themselves.
3. Humans have no right to reduce this richness and diversity except to satisfy vital needs.
4. The flourishing of human life and cultures is compatible with a substantial decrease of the human population. The flourishing of non-human life requires such a decrease.
5. Present human interference with the non-human world is excessive, and the situation is rapidly worsening.
6. The dominant socio-political living situation must therefore end. This will affect basic economic, technological, and ideological structures. The resulting state of affairs will be deeply different from the present.
7. The ideological change is mainly that of appreciating quality (dwelling in situations of inherent worth) rather than adhering to an increasingly higher standard of living. There will be a profound awareness of the difference between big and great.
8. Those who subscribe to the foregoing points have an obligation directly or indirectly to participate in the attempt to implement the necessary changes.