Les frontières sont de curieux objets dont la manière de partager l’espace est à l’évidence un artifice. Elles sont dépourvues d’existence matérielle et pourtant on s’y fracasse la tête. En effet elles sont construites pour distinguer le « chez nous, notre citoyenneté » de ce qui doit rester étranger, c’est-à-dire exclu. Dans une optique universaliste, l’individu doit pouvoir au contraire se libérer de ses liens communautaires à tout moment, donc migrer à sa guise. Pourtant l’organisation mondiale actuelle ne donne aucun territoire libre sur une planète compartimentée par des égoïsmes nationaux enfermés dans des frontières. Le libéralisme a défini la libre circulation des marchandises et des capitaux, il s’est bien garder de proclamer la libre circulation des humains ; seuls circulent assez librement les hommes d’affaires et les touristes de la classe globale. Parce que la Biosphère est complètement déstabilisée par l’activité humaine et ses déplacements, chacun doit se sentir à nouveau rattaché à un territoire déterminé par ses marchandises, ses revenus et sa résidence, espace dans lequel doit se créer progressivement une relative autarcie. Cela n’empêche pas de se ressentir cosmopolite, ouvert au voyageur sans frontières et aux différences culturelles.
Pensez global,
Mais vivez local